"(…) Quelqu'un qui est parlementaire, quelqu'un qui est ancien ministre, quelqu'un qui est chef de parti, signataire des accords de Marcoussis supposés être le socle de ce qui mène la vie publique ivoirienne jusqu'à ce que nous arrivions à des élections, si l'armée à ce genre de courage, le sort qui peut être réservé à la ou aux personnes concernées c'est ce que j'ai eu à encourir. Mais je crois savoir que le ministre de l'Intérieur a pris le relais et a décidé d'engager des poursuites, c'est vous dire que ce n'est que le premier épisode. Nous allons nous acheminer vers les autres épisodes. Mais sachez qu'au niveau de ma propre personne comme de mon parti, nous sommes totalement tranquilles, sereins. Nous attendons la suite. En aucune manière, nous ne chercherons à nous dérober. Simplement que la loi soit la loi et qu'elle soit respectée surtout par ceux qui sont chargés de l'appliquer. Je profite également de l'occasion pour remercier tous les partis politiques qui ont compati à notre problème et ont manifesté leur solidarité. A toutes les associations également, à la notabilité traditionnelle, aux autorités religieuses et surtout le corps diplomatique ". Il a vivement réagi devant cette situation. " Je crois savoir aussi qu'au niveau international, beaucoup a été fait pour que assez vite, je recouvre la liberté et c'est ce qui me vaut d'être ici aujourd'hui en face de vous. Pour ce qui est de mon arrestation, mon interpellation et des circonstances, je pense que nous n'allons pas trop nous attarder dessus. On vous a déjà dit ce qui s'est passé. Je pense qu'il y a juste une chose qui est le problème de fond. Pour ce qui est du problème de fond à savoir, est-ce qu'il était ou est-ce qu'il est justifié suite à mon passage à la télévision 1ère chaîne du mercredi 18 mars et des propos que j'ai eu à tenir pour que je sois quelqu'un qui doit être poursuivi ou pas pour atteinte à la sûreté de l'Etat, je pense que nous allons laisser la justice s'emparer de l'affaire. Nous attendons avec un sentiment de patience que le tribunal nous assigne pour aller répondre aux questions et tout donner de ce qui détermine le fond de notre pensée. Je pense qu'il est important surtout lorsqu'on est devant vous, qu'on signale que, pour ce qui est de la forme, il y a quelque chose d'extrêmement inquiétant. Je n'invente rien. Je m'en tiens à la déclaration lue par le porte-parole des Forces armées de Côte d'Ivoire, le vendredi soir qui a instruitt la DST de m'interpeller pour m'interroger. Pour les uns et les autres, vous me direz comment c'est grave surtout que pour le moment, on est supposé être dans un pays où il n'y a plus de guerre. La déclaration de la loi de la guerre, rappelez-vous, a été signée et sue de tous. On n'est pas dans un été d'exception en ce moment ici à Abidjan. Et même, à mon avis, sur l'ensemble du territoire ivoirien par rapport aux déclarations officielles. Alors, à quel titre l'armée peut prendre sur elle, ce genre d'initiative ? Est-ce qu'il faut dire que désormais, tous les partis politiques et associations qui se trouveraient à faire une déclaration publique, doivent se dire qu'il y a une espèce d'épée de Damoclès qui est au dessus de leur tête ? A savoir que l'armée veut estimer que les propos tenus par eux sont anormaux ou de nature subversive ou ont une teneur pouvant porter atteinte à l'équilibre de l'Etat, chose inquiétante et j'aimerais que cette préoccupation soit partagée par tous. Et que vous, de la presse, ici présents, vous puissiez largement vous appesantir là-dessus. Pour que les Ivoiriens puissent réaliser quel est ce danger, quelle est l'ampleur de ce danger. Je ne sais pas s'il nous a échappé à nous que des textes de loi autorisent l'armée ivoirienne à prendre ce genre d'initiative. Même si ce genre de texte existait, il incombe que tout le monde se mette immédiatement à l'œuvre pour obtenir son abolition. C'est comme si quelque part en Côte d'Ivoire après près d'un demi siècle de souveraineté, nous acceptions de retourner à une véritable dictature militaire. Ce qui pourrait être très grave. C'est ce que je voulais dire concernant cette arrestation. Maintenant pour le reste, je vous dirai, l'essentiel du message du MFA, lors de cette intervention télévisée, c'est un message qui d'ailleurs, n'est pas nouveau. En janvier, nous avons adressé nos vœux à la population qui reposait à peu près sur ceci, sur un constant. C'est que, nous avions après analyse, estimé qu'il était quasi impossible, en 2008, de tenir les élections. Je pense que je n'ai pas beaucoup argumenté devant vous ce matin parce qu'en venant, vous avez tous vu que le grand quotidien Fraternité-Matin a commencé lui-même à exprimer ce genre de doute. Ce qui fait l'objet de sa Une d'aujourd'hui. Le ministre Français des Affaires étrangères Bernard Kouchner qui est très attentif quant à ce qui se passe ici en Côte d'Ivoire, a eu à exprimer le même doute. Alors le MFA parlait de ceci. Si les élections ne peuvent se tenir en 2009, si certainement en 2010, il y aura toujours les mêmes manœuvres d'atermoiements pour les repousser jusqu'en fin d'année, si nous devons attendre encore 18 à 24 mois pour qu'il y ait les élections, est-ce qu'il ne faut pas penser à autre chose ? Est-ce qu'il n'y a pas autre chose à faire pour soulager la population ivoirienne par rapport à la misère dans laquelle elle s'enfonce de plus en plus tous les jours ? A telle enseigne que maintenant, manger est devenu tous les jours un problème pour plus de la moitié de notre population. Et donc le MFA s'est dit que dans ces conditions, il est possible surtout plus justifié et plus important pour la population et pour la Côte d'Ivoire qu'on opte immédiatement pour un nouveau cadre institutionnel. Un nouveau cadre institutionnel veut dire quoi ? Qu'on se dise que pour ce qui est de la légitimité au plus haut sommet de l'Etat, elle n'existe plus. Le Président de la République n'a plus de légitimité, parce qu'il a été élu pour cinq ans. Les cinq ans sont passés. L'Assemblée nationale à laquelle d'ailleurs j'appartiens est forclose dans les mêmes délais. Pourquoi ne pas voir un nouveau cadre pour transmettre la souveraineté nationale, pour trouver une nouvelle personne pour former un gouvernement auquel on fixera des tâches précises, une feuille de route très stricte avec un chronogramme bien précis. Voici au fond ce que c'est que cette idée de transition. Nous avions proposé, pour commencer, un haut conseil de transition. Il n'y avait rien de posé ou de figé parce que nous attendions les apports, les amendements et les propositions des uns et des autres. Notre grand plaisir a été que, lorsqu'une telle situation s'est présentée au niveau de Madagascar, ils ont pratiquement repris les mêmes termes des propositions que nous avions faites. Je tiens donc à vous dire que nous ne copions pas Tananarive. Mais c'est Tananarive qui s'est inspirée d'Abidjan. C'est donc une fierté pour l'ensemble de la Côte d'Ivoire.
Alors, ça nous parait important qu'il y ait un nouvel ordre institutionnel en Côte d'Ivoire. Ce n'est pas une idée unique ou qui émane du seul MFA. Je vous rappellerai à tous que le 18 décembre 2008, il y a de cela 4 mois donc, s'est tenue au siège du PDCI-RDA à Cocody, une réunion des 4 partis du RHDP, à savoir le PDCI-RDA avec le Président Konan Bédié, le RDR avec M. Alassane Ouattara, l'UDPCI avec M. Albert Mabri Toikeusse et le MFA avec moi-même Anaky Kobena. A cette réunion, il a été convenu que, si des élections n'étaient pas effectives fin avril 2009, il faudra qu'on arrête l'attelage et qu'on opte pour un nouveau cadre institutionnel. Nous sommes aujourd'hui pratiquement à fin mars. Tous les indicateurs portent à croire que les élections n'auront pas lieu fin avril, peut-être dans un an après fin avril. Il est temps donc que résolument, on œuvre, on s'engage dans un nouveau cadre institutionnel. Cette proposition de transition du MFA n'est que le pré-projet de ce que pourrait être le nouveau cadre institutionnel vers lequel le pays va s'engager désormais. C'est ce que je tenais à dire. Je tenais à dire aussi qu'au MFA, il est peut-être temps que l'opposition comprenne que, vis-à-vis du peuple ivoirien, elle est depuis longtemps dans une situation d'ambiguïté qui laisse le peuple dans l'embarras sinon même dans la complexité. Le peuple ivoirien, je le comprends très bien et je suis d'accord avec lui, ne peut pas comprendre que de jour en jour, ses conditions se détériorent, qu'il souffre. Mais qu'en même temps, l'ensemble des partis accepte, soit de faire partie du jeu, soit d'accompagner le jeu. Le MFA pense qu'il est temps aujourd'hui que ceux qui se disent réellement de l'opposition et qui étaient de l'opposition vont prendre fait et cause pour le peuple, ces conditions difficiles et de tout ce qui doit être fait pour améliorer sa condition et en même temps, redresser le pays. Que ceux-là se démarquent de manière ouverte. C'est pour cela que, je crois qu'il vous a été remis une copie d'une lettre ouverte que nous faisons aujourd'hui au peuple ivoirien. Et nous annonçons dans cette lettre qu'aujourd'hui, le MFA ne fait plus partie de l'équipe gouvernementale. Le MFA se retire donc de cette coalition gouvernementale. Le MFA estime qu'il est temps que le peuple ivoirien commence à savoir qui est de son côté, qui est de l'autre bord. Il n'y a pas mille bords dans ce genre de situation. Il y a deux bords. Il y a le bord du peuple qui souffre et le bord de ceux qui ont tous les revenus, toutes les ressources de l'Etat et qui en tirent profit. C'était le dernier point que nous voulions donner. Et nous invitons, bien entendu, l'ensemble des partis politiques ayant signé l'accord politique de Linas-Marcoussis, ceux qui se réclament de l'opposition politique, à nous suivre dans la voie que nous venons de prendre. Mesdames et messieurs les journalistes, c'est les quelques mots que je voulais vous donner avant de me soumettre à vos questions.
Propos recueillis par
Marc Koffi et Djè KM
Alors, ça nous parait important qu'il y ait un nouvel ordre institutionnel en Côte d'Ivoire. Ce n'est pas une idée unique ou qui émane du seul MFA. Je vous rappellerai à tous que le 18 décembre 2008, il y a de cela 4 mois donc, s'est tenue au siège du PDCI-RDA à Cocody, une réunion des 4 partis du RHDP, à savoir le PDCI-RDA avec le Président Konan Bédié, le RDR avec M. Alassane Ouattara, l'UDPCI avec M. Albert Mabri Toikeusse et le MFA avec moi-même Anaky Kobena. A cette réunion, il a été convenu que, si des élections n'étaient pas effectives fin avril 2009, il faudra qu'on arrête l'attelage et qu'on opte pour un nouveau cadre institutionnel. Nous sommes aujourd'hui pratiquement à fin mars. Tous les indicateurs portent à croire que les élections n'auront pas lieu fin avril, peut-être dans un an après fin avril. Il est temps donc que résolument, on œuvre, on s'engage dans un nouveau cadre institutionnel. Cette proposition de transition du MFA n'est que le pré-projet de ce que pourrait être le nouveau cadre institutionnel vers lequel le pays va s'engager désormais. C'est ce que je tenais à dire. Je tenais à dire aussi qu'au MFA, il est peut-être temps que l'opposition comprenne que, vis-à-vis du peuple ivoirien, elle est depuis longtemps dans une situation d'ambiguïté qui laisse le peuple dans l'embarras sinon même dans la complexité. Le peuple ivoirien, je le comprends très bien et je suis d'accord avec lui, ne peut pas comprendre que de jour en jour, ses conditions se détériorent, qu'il souffre. Mais qu'en même temps, l'ensemble des partis accepte, soit de faire partie du jeu, soit d'accompagner le jeu. Le MFA pense qu'il est temps aujourd'hui que ceux qui se disent réellement de l'opposition et qui étaient de l'opposition vont prendre fait et cause pour le peuple, ces conditions difficiles et de tout ce qui doit être fait pour améliorer sa condition et en même temps, redresser le pays. Que ceux-là se démarquent de manière ouverte. C'est pour cela que, je crois qu'il vous a été remis une copie d'une lettre ouverte que nous faisons aujourd'hui au peuple ivoirien. Et nous annonçons dans cette lettre qu'aujourd'hui, le MFA ne fait plus partie de l'équipe gouvernementale. Le MFA se retire donc de cette coalition gouvernementale. Le MFA estime qu'il est temps que le peuple ivoirien commence à savoir qui est de son côté, qui est de l'autre bord. Il n'y a pas mille bords dans ce genre de situation. Il y a deux bords. Il y a le bord du peuple qui souffre et le bord de ceux qui ont tous les revenus, toutes les ressources de l'Etat et qui en tirent profit. C'était le dernier point que nous voulions donner. Et nous invitons, bien entendu, l'ensemble des partis politiques ayant signé l'accord politique de Linas-Marcoussis, ceux qui se réclament de l'opposition politique, à nous suivre dans la voie que nous venons de prendre. Mesdames et messieurs les journalistes, c'est les quelques mots que je voulais vous donner avant de me soumettre à vos questions.
Propos recueillis par
Marc Koffi et Djè KM