Affaire arrestation du président du MFA : Anaky Kobena entre irresponsabilité et ingratitude

“Si j’étais resté en prison jusqu’à 15 h, le RHDP aurait montré aux refondateurs ce qu’ils n’ont jamais vu”. Ces propos seraient de M. Anaky Kobenan Innocent. Il les aurait tenus, samedi, après sa libération de la Direction de la surveillance du territoire (DST) où il a été gardé à vue pendant 24 heures, suite à son appel à l’insurrection. Pendant tout le temps qu’il est resté dans les locaux de la DST où, il a dormi dans “la salle de conférence climatisée sur un petit lit”, le RHDP n’avait rien fait, ce n’est donc pas quand il aurait passé 4 heures de plus, que ce groupement politique aurait fait quelque chose. Si le ridicule tuait !

Anaky sait, en effet, très bien qu’il ne représente rien sur l’échiquier politique national. Il le sait si bien qu’il ne dit pas ce que ferait son parti, s’il avait été maintenu dans les liens de la détention à la DST. Il parle plutôt de ce que ferait le RHDP. Faut-il rappeler à Anaky que, quand Sangaré Aboudrahamne avait été bastonné par Ouassenan Koné, alors ministre de la Sécurité intérieure, le FPI qui était pourtant en alliance avec le RDR et d’autres partis dans le “Front Républicain”, avait appelé seul ses militants à descendre dans la rue.

Voilà donc Anaky, un homme politique qui mène des actions subversives et qui curieusement compte sur les militants des autres partis pour défendre sa cause. Ce que Anaky ignore, c’est que les autres partis membres du RHDP, à savoir le PDCI, le RDR et l’UDPCI savent parfaitement qu’il est un tonneau vide. Ce n’est donc pas pour un homme de qui ils ne peuvent rien attendre, qu’ils vont envoyer leurs militants à l’abattoir.

Tous ceux qui ont suivi l’émission de Brou Aka Pascal, ont écouté Anaky lancer un appel à l’insurrection. Vendredi dernier, interrogé à la DST, le président du MFA n’a pas assumé ses propos. Il les a niés en bloc. Il a dit n’avoir jamais demandé de faire comme à Madagascar pour chasser Gbagbo du pouvoir. Ce revirement d’Anaky fait penser aux propos d’un penseur français qui disait : “Les crises sont créées par des médiocres, mais elles révèlent toujours des grands hommes”.

La crise ivoirienne a été créée par des médiocres. Mais elle a révélé un grand homme, en la personne du président Gbagbo. Anaky apparaît donc comme un irresponsable, qui veut qu’on le compte au nombre des responsables des malheurs des ivoiriens.

C’est aussi le lieu de lui rappeler que, quand on est un homme politique responsable, on assume ses actes et propos. C’est le cas de Laurent Gbagbo qui, à la suite du boycott actif, avait dit à Bédié : “C’est moi qui ai décrété le boycott actif. J’en assume toutes les conséquences. Venez donc m’arrêter et libérez tous ceux que vous avez arrêté pendant les manifestations”.


L’ingratitude faite homme

Anaky est en réalité l’illustration achevée de l’ingratitude faite homme. Car il ne sait même pas d’où il vient. Et certainement où il va.

Qui ne se souvient pas, en effet, de 1990, où à l’appel de Laurent Gbagbo, alors secrétaire général du FPI, les militants de ce parti avaient organisé des marches pour exiger la libération d’un certain Anaky Kobena totalement inconnu d’eux ? C’est donc grâce à l’action de Laurent Gbagbo qu’il a été libéré et c’est encore lui qui l’a fait connaître.

Mais ce n’est pas tout ! Si Anaky a été ministre d’Etat, c’est grâce à Gbagbo. Ce n’est pas seulement parce que c’est lui qui a signé le décret, mais c’est surtout parce que c’est lui qui lui a frayé le chemin qui l’a conduit au gouvernement.

Tout est parti des élections législatives. Pour être candidat, il fallait produire une attestation de régularité fiscale. Or, depuis l’ère de son entreprise Inter-Transit, Anaky Kobena reste devoir à l’Etat de Côte d’Ivoire, plusieurs dizaines de millions de FCFA. Anaky a donc dû solliciter par écrit, l’intervention du président de la République, Laurent Gbagbo, avec qui il s’était réconcilié entre-temps. Le chef de l’Etat lui a accordé par dérogation, l’attestation de régularité fiscale. C’est ce qui a permis à Anaky d’être candidat à la députation à Kouassi-Datékro.

Mieux, pour permettre à Anaky d’être élu, le même Laurent Gbagbo a demandé au FPI de ne pas présenter de candidat contre lui.

Enfin, quand il s’est agi d’aller à Linas-Marcoussis, la France qui en était l’initiatrice n’avait convoqué que quatre organisations politiques et mouvements de rébellion. Le FPI, le PDCI, le RDR et les FN avec tous leurs démembrements. C’est encore une fois, le président Laurent Gbagbo qui a exigé et obtenu de la France que les partis politiques qui ont au moins un élu, soient associés à la table ronde de Marcoussis. C’est comme cela qu’Anaky et bien d’autres responsables de parti comme le PIT se sont retrouvés à cette table ronde.

Il est bon de rappeler qu’avant d’aller à Linas-Marcoussis en janvier 2003, tous les partis, au cours d’une réunion tenue avec le chef de l’Etat au palais de la République au Plateau, avaient par écrit pris l’engagement de défendre les institutions de la République. C’est une fois en France que la plupart des partis se sont laissés “corrompre” par Jacques Chirac, dont l’objectif était de réaliser un coup d’Etat constitutionnel après l’échec des armes. En plus des espèces sonnantes et trébuchantes, les postes de ministres leur avaient été promis. Voilà comment Anaky est entré au gouvernement. Il doit donc tout à Gbagbo. On ne comprend donc pas comment on peut être haineux contre son bienfaiteur alors que rien ne justifie un tel comportement.

Boga Sivori:bogasivo@yahoo.fr