La fixation du prix du kilogramme de la noix de cajou continue de faire grincer les dents. M. Touré Abdoulaye, le président de l'intercajou explique.
Qu'est-ce qui explique la fixation de différents prix du kilogramme de la noix de cajou cette année ?
Je voudrais vous remercier. Il n'y a pas eu trois prix fixés cette année. C'est la nature du prix qui a changé cette année. Les années précédentes, conformément à ce qui est demandé dans le cadre de la fixation du prix, il était annoncé le prix bord champ. Mais, il y a toujours une confusion dans la compréhension du bord champ. Le prix bord champ, c'est le prix donné aux producteurs lorsqu’ils sont regroupés dans une coopérative et se retrouvent dans leur magasin intérieur. Il fallait bien faire la différence. Parce que, le barème de fixation de prix regroupe un certain nombre de rubriques. Et chaque étape est sanctionnée par une valeur. L'étape du bord champ est sanctionnée par un coût cette année qui a été estimé à 150 Fcfa le kilogramme. Mais, l'étape qui concerne le magasin intérieur est sanctionnée aussi par un coût qui est estimée à 175 Fcfa le kilogramme. Et la dernière étape qui va du magasin au port est fixée à 210 Fcfa, pour le démarrage de la campagne.
Pourquoi cette spécificité cette année ?
La particularité de ces prix cette année, c'est que ce sont des prix résiduels. Tous les concernés sont convenus qu'il fallait tenir compte de toutes les charges, et lorsqu'on fait le détour de toutes ces charges là qu'on obtient un prix bord champ, qui est en fait un prix résiduel, qui signifie le prix à partir duquel on peut discuter avec un producteur en allant de façon croissante. C'est-à-dire que, nous avons un prix pour que cette année, quelle que soit la conjoncture et tenant compte de l'environnement actuel, la négociation avec tout acheteur au bord champ commence avec 150 Fcfa. Mais, le producteur, selon la qualité et son argument, pourra vendre son produit au-delà de 150 Fcfa le kilogramme, en fonction de l'évolution du marché. Mais, pour éviter que demain, on nous dit qu'on prend des produits à 50 Fcfa ou 75 Fcfa, bien qu'on ait annoncé des prix très élevés, il a été convenu avec l'ensemble des opérateurs que cette année, on passe sur la nature spécifique du prix résiduel. C'est la particularité cette année.
Est-ce que les producteurs à la base étaient informés de ce changement ?
Ce n'est pas les producteurs seuls. Nous avons associé tous le opérateurs à la fixation du prix. En fait, comment avons-nous procédé ? Cela fait trois ans que nous avons un barème de fixation de prix. Il y a eu les expériences de 2006 jusqu'en 2008, avec à la fois les réussites et les échecs. Cette année, nous avons estimé, et cela à la demande des opérateurs, mettre en place un comité scientifique. Ce comité avait en son sein, l'intercajou, l'Areca (l'autorité de régulation), l'Ace et chacune des catégories qui ont travaillé sur ce prix. C'est après analyse que ce barème a été maintenu. La seconde étape était de voir si les rubriques qui figurent dans ce barème sont de trop ou non. Mais, aussi de permettre aux exportateurs et aux producteurs de participer activement à cette phase. Après, il a été convenu que ce barème soit remis à chaque catégorie d'opérateur pour analyser ses charges et savoir quelles sont ses valeurs qu'il fallait affecter à chaque rubrique. Il fallait enlever ou ajouter des rubriques selon la pratique qu'ils ont depuis trois ans. C'est à travers tout ce travail que nous avions transmis les dossiers au comité scientifique. Après cela, une autre analyse a été faite pour juger de l'opportunité de ces rubriques. C'est après tout ce travail que nous avons informé l'Areca, notre tutelle et la Primature pour ne pas que quelqu'un vienne mettre en cause ce travail, pour dire que nous nous sommes retrouvés quelque part en catimini pour fixer un prix. Nous avons également travaillé sur la parafiscalité. C'est-à-dire, les taxes clandestines faites en zones rebelles. Nous avons souhaité sa disparition cette année.
Les taxes ont-elles véritablement disparu ?
Malheureusement pas. Au contraire, la situation est très grave. On continue de prendre les taxes sur les produits des pauvres producteurs. Les informations qui nous parviennent font état de ce que, ces taxes connaissent une forte croissance. Dans certaines régions, les taxes sont passées de 250000 Fcfa à 320000 Fcfa par camion. Dans les régions plus éloignées, ces taxes sont à 375000 Fcfa. Toutes ces taxes sont mauvaises. Parce qu'en vérité, c'est le producteur qui prend le coup. Quand un acheteur perd 5 Fcfa sur son camion, il le coupe automatiquement sur le producteur de base. Nous avons indiqué que cela ne peut plus se faire à cause du processus de l'unicité des caisses de l'Etat, le retour de l'administration dans les différentes zones, le transfert des responsabilités aux autorités préfectorales… Mais, avant de revenir sur ces fausses taxes, je voudrais dire que notre rôle est de faire en sorte qu'il y ait un compromis dans la fixation du prix entre les trois catégories d'opérateurs qui exercent dans la noix de cajou. Notre objectif est d'abord cela. Logiquement, au regard de toutes les rencontres, chacun devrait respecter sa part d'engagement.
Mais, des voix s'élèvent pour mettre en cause ce prix. Elles estiment qu'elles ne correspondent pas à la réalité…
De quelle réalité s'agit-il ? Ceux qui véhiculent ces genres de messages le font pour nuire au secteur. Véritablement, on se demande de quelle réalité il s'agit.
Par rapport au marché mondial…
Je peux vous dire une chose. Pour fixer ce prix, nous avons pris le cours le plus élevé sur le marché international, qui ne correspond même pas à la réalité. On était à près de 5100 Roupies, (monnaie indienne), alors que nous sommes dans une moyenne de 5800. On a tenu compte de tout cela pour ne même pas que quelqu'un puisse demain envoyer des arguments pour mettre mal à l'aise l'application du prix. Donc, il n'y a vraiment pas d'argument objectif. Il s'agit aujourd'hui, de la bonne volonté, mais aussi d'une pratique. Cette pratique, c'est que l'Inde a un programme d'approvisionnement. Dans ce programme, les mois de février et de mars sont des périodes creuses. C'est-à-dire que déjà en janvier, l'Inde réussit par sa propre production intérieure à faire des stocks qu'il utilise pour sa transformation locale. Traditionnellement, on a l'habitude d'ouvrir la campagne au mois de mars. Et vous remarquerez que quand les premières noix tombent, les producteurs se voient dans l'obligation de brader les produits, comme du piment ou de l'arachide sur le marché. Tout cela ne donne pas de la valeur. Vous savez que la noix de cajou, c'est le café- cacao de la savane. Il faut bien que nous nous comportons comme une spéculation de rentes avec de bonnes règles à respecter.
Au juste, que fait l'intercajou ?
Notre rôle, c'est la sensibilisation et la prise de mesures qui doivent nous accompagner avec l'implication de l'Etat. Que le producteur sache que les mois de février et de mars ne sont pas favorables. Ils doivent savoir aussi que la campagne ne se limite pas à ces deux mois. Elle dure jusqu'en septembre. Donc, ils doivent planifier les ventes en tenant compte du temps qui leur est reparti et refuser les faux messages du genre si vous ne vendez pas vos récoltes en mars, on ne les achètera plus. L'année dernière, ceux qui ont tenu le coup ont vendu leurs produits entre 200 et 300 Fcfa le kilogramme. A la fin de ce mois de mars, nous allons nous retrouver avec l'ensemble des opérateurs et nous sollicitons également toujours les différentes autorités pour qu’on est un regard sur ces taxes qui sont pratiquées soit en zone rebelles soit en zone gouvernementale. Parce que toutes ces taxes sont prélevées sur les producteurs. Mais, où vont-elles? Elles servent à quoi ? En quoi elles aident les régions productrices et les producteurs à la base ? C'est de cela qu'il s'agit. Quand il y a des prélèvements et des circuits pour que nous sachions les effets positifs de ces prélèvements ou de ces redevances sur les producteurs, en ce moment le producteur peut comprendre. Mais, aujourd'hui, toutes ces taxes se dirigent dans les poches d'un petit groupe d'individus.
Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr
Qu'est-ce qui explique la fixation de différents prix du kilogramme de la noix de cajou cette année ?
Je voudrais vous remercier. Il n'y a pas eu trois prix fixés cette année. C'est la nature du prix qui a changé cette année. Les années précédentes, conformément à ce qui est demandé dans le cadre de la fixation du prix, il était annoncé le prix bord champ. Mais, il y a toujours une confusion dans la compréhension du bord champ. Le prix bord champ, c'est le prix donné aux producteurs lorsqu’ils sont regroupés dans une coopérative et se retrouvent dans leur magasin intérieur. Il fallait bien faire la différence. Parce que, le barème de fixation de prix regroupe un certain nombre de rubriques. Et chaque étape est sanctionnée par une valeur. L'étape du bord champ est sanctionnée par un coût cette année qui a été estimé à 150 Fcfa le kilogramme. Mais, l'étape qui concerne le magasin intérieur est sanctionnée aussi par un coût qui est estimée à 175 Fcfa le kilogramme. Et la dernière étape qui va du magasin au port est fixée à 210 Fcfa, pour le démarrage de la campagne.
Pourquoi cette spécificité cette année ?
La particularité de ces prix cette année, c'est que ce sont des prix résiduels. Tous les concernés sont convenus qu'il fallait tenir compte de toutes les charges, et lorsqu'on fait le détour de toutes ces charges là qu'on obtient un prix bord champ, qui est en fait un prix résiduel, qui signifie le prix à partir duquel on peut discuter avec un producteur en allant de façon croissante. C'est-à-dire que, nous avons un prix pour que cette année, quelle que soit la conjoncture et tenant compte de l'environnement actuel, la négociation avec tout acheteur au bord champ commence avec 150 Fcfa. Mais, le producteur, selon la qualité et son argument, pourra vendre son produit au-delà de 150 Fcfa le kilogramme, en fonction de l'évolution du marché. Mais, pour éviter que demain, on nous dit qu'on prend des produits à 50 Fcfa ou 75 Fcfa, bien qu'on ait annoncé des prix très élevés, il a été convenu avec l'ensemble des opérateurs que cette année, on passe sur la nature spécifique du prix résiduel. C'est la particularité cette année.
Est-ce que les producteurs à la base étaient informés de ce changement ?
Ce n'est pas les producteurs seuls. Nous avons associé tous le opérateurs à la fixation du prix. En fait, comment avons-nous procédé ? Cela fait trois ans que nous avons un barème de fixation de prix. Il y a eu les expériences de 2006 jusqu'en 2008, avec à la fois les réussites et les échecs. Cette année, nous avons estimé, et cela à la demande des opérateurs, mettre en place un comité scientifique. Ce comité avait en son sein, l'intercajou, l'Areca (l'autorité de régulation), l'Ace et chacune des catégories qui ont travaillé sur ce prix. C'est après analyse que ce barème a été maintenu. La seconde étape était de voir si les rubriques qui figurent dans ce barème sont de trop ou non. Mais, aussi de permettre aux exportateurs et aux producteurs de participer activement à cette phase. Après, il a été convenu que ce barème soit remis à chaque catégorie d'opérateur pour analyser ses charges et savoir quelles sont ses valeurs qu'il fallait affecter à chaque rubrique. Il fallait enlever ou ajouter des rubriques selon la pratique qu'ils ont depuis trois ans. C'est à travers tout ce travail que nous avions transmis les dossiers au comité scientifique. Après cela, une autre analyse a été faite pour juger de l'opportunité de ces rubriques. C'est après tout ce travail que nous avons informé l'Areca, notre tutelle et la Primature pour ne pas que quelqu'un vienne mettre en cause ce travail, pour dire que nous nous sommes retrouvés quelque part en catimini pour fixer un prix. Nous avons également travaillé sur la parafiscalité. C'est-à-dire, les taxes clandestines faites en zones rebelles. Nous avons souhaité sa disparition cette année.
Les taxes ont-elles véritablement disparu ?
Malheureusement pas. Au contraire, la situation est très grave. On continue de prendre les taxes sur les produits des pauvres producteurs. Les informations qui nous parviennent font état de ce que, ces taxes connaissent une forte croissance. Dans certaines régions, les taxes sont passées de 250000 Fcfa à 320000 Fcfa par camion. Dans les régions plus éloignées, ces taxes sont à 375000 Fcfa. Toutes ces taxes sont mauvaises. Parce qu'en vérité, c'est le producteur qui prend le coup. Quand un acheteur perd 5 Fcfa sur son camion, il le coupe automatiquement sur le producteur de base. Nous avons indiqué que cela ne peut plus se faire à cause du processus de l'unicité des caisses de l'Etat, le retour de l'administration dans les différentes zones, le transfert des responsabilités aux autorités préfectorales… Mais, avant de revenir sur ces fausses taxes, je voudrais dire que notre rôle est de faire en sorte qu'il y ait un compromis dans la fixation du prix entre les trois catégories d'opérateurs qui exercent dans la noix de cajou. Notre objectif est d'abord cela. Logiquement, au regard de toutes les rencontres, chacun devrait respecter sa part d'engagement.
Mais, des voix s'élèvent pour mettre en cause ce prix. Elles estiment qu'elles ne correspondent pas à la réalité…
De quelle réalité s'agit-il ? Ceux qui véhiculent ces genres de messages le font pour nuire au secteur. Véritablement, on se demande de quelle réalité il s'agit.
Par rapport au marché mondial…
Je peux vous dire une chose. Pour fixer ce prix, nous avons pris le cours le plus élevé sur le marché international, qui ne correspond même pas à la réalité. On était à près de 5100 Roupies, (monnaie indienne), alors que nous sommes dans une moyenne de 5800. On a tenu compte de tout cela pour ne même pas que quelqu'un puisse demain envoyer des arguments pour mettre mal à l'aise l'application du prix. Donc, il n'y a vraiment pas d'argument objectif. Il s'agit aujourd'hui, de la bonne volonté, mais aussi d'une pratique. Cette pratique, c'est que l'Inde a un programme d'approvisionnement. Dans ce programme, les mois de février et de mars sont des périodes creuses. C'est-à-dire que déjà en janvier, l'Inde réussit par sa propre production intérieure à faire des stocks qu'il utilise pour sa transformation locale. Traditionnellement, on a l'habitude d'ouvrir la campagne au mois de mars. Et vous remarquerez que quand les premières noix tombent, les producteurs se voient dans l'obligation de brader les produits, comme du piment ou de l'arachide sur le marché. Tout cela ne donne pas de la valeur. Vous savez que la noix de cajou, c'est le café- cacao de la savane. Il faut bien que nous nous comportons comme une spéculation de rentes avec de bonnes règles à respecter.
Au juste, que fait l'intercajou ?
Notre rôle, c'est la sensibilisation et la prise de mesures qui doivent nous accompagner avec l'implication de l'Etat. Que le producteur sache que les mois de février et de mars ne sont pas favorables. Ils doivent savoir aussi que la campagne ne se limite pas à ces deux mois. Elle dure jusqu'en septembre. Donc, ils doivent planifier les ventes en tenant compte du temps qui leur est reparti et refuser les faux messages du genre si vous ne vendez pas vos récoltes en mars, on ne les achètera plus. L'année dernière, ceux qui ont tenu le coup ont vendu leurs produits entre 200 et 300 Fcfa le kilogramme. A la fin de ce mois de mars, nous allons nous retrouver avec l'ensemble des opérateurs et nous sollicitons également toujours les différentes autorités pour qu’on est un regard sur ces taxes qui sont pratiquées soit en zone rebelles soit en zone gouvernementale. Parce que toutes ces taxes sont prélevées sur les producteurs. Mais, où vont-elles? Elles servent à quoi ? En quoi elles aident les régions productrices et les producteurs à la base ? C'est de cela qu'il s'agit. Quand il y a des prélèvements et des circuits pour que nous sachions les effets positifs de ces prélèvements ou de ces redevances sur les producteurs, en ce moment le producteur peut comprendre. Mais, aujourd'hui, toutes ces taxes se dirigent dans les poches d'un petit groupe d'individus.
Joseph Atoumgbré
attjoseph@yahoo.fr