Après l`appel du MFA - Le Rhdp peut-il quitter le gouvernement ?

L’invitation d’Anaky Kobena à ses alliés du Rhdp à quitter le gouvernement de transition remet au goût du jour un vieux débat qui est loin de faire l’unanimité au sein de l’opposition. « Il est, en effet, grand temps que les partis ou forces politiques qui décident de faire cause avec le peuple, ne continuent pas de laisser la présence de leurs représentants au gouvernement ou dans des instances de niveau élevé, semer le doute et la confusion dans l’esprit de nos braves populations ». C’est en ces termes que le président du Mfa a invité, lundi, ses pairs du Rhdp, Bédié, Ouattara et Mabri à le rejoindre dans sa « lutte directe » contre le régime au pouvoir. En son temps, Djédjé Mady, secrétaire général du Pdci et président du directoire du Rhdp avait indiqué qu’il était salutaire pour la Côte d’Ivoire que l’opposition soit au gouvernement vu la mauvaise façon de gérer dont font preuve les refondateurs. De même, au cours d’une interview qu’il nous a accordée, le président de l’Udpci a botté en touche l’idée de démissionner du gouvernement pour faire son travail d’opposant. « Ce n’est pas impossible que je démissionne, le moment venu, j’aviserai. Le temps nous permettra d’apprécier » avait laissé entendre, Mabri Toikeusse. Et d’ajouter qu’avec ou sans le gouvernement, ses militants « démontreront qu’ils ont la capacité de construire un grand parti capable de servir la Côte d’Ivoire. Avec ces hommes et femmes, nous pouvons quelles que soient les situations faire en sorte que notre parti poursuive son chemin ». Entre temps, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Aujourd’hui, c’est un des quatre grands leaders du Rassemblement des houphouétistes qui met fin à sa participation au gouvernement et invite solennellement les autres à le suivre.

Sans concertation préalable avec ses alliés de l’opposition, Anaky a annoncé de façon unilatérale sa décision « d’arrêter officiellement sa participation au gouvernement comme convenu par les Accords de Linas Marcoussis ». Il est peu probable que Bédié, Ouattara et Mabri ordonnent à leurs ministres de rendre le tablier.


Le Rhdp à l’épreuve de la cohésion

Des éléments objectifs existent qui permettent de dire que personne ne quittera ce gouvernement. La Côte d’Ivoire a assisté, médusée, à la frénésie qui s’est emparée de ses chapelles politiques chaque fois qu’il est question de remaniement ministériel. La vérité est que les ministères sont devenus des débouchés pour caser les militants sans emploi et ceux qui vivent dans la poche du président du parti. De même, certains ministres apportent, on le sait, des moyens et des fonds à leur parti. Les dons qu’ils font chaque semaine par-ci par-là sont des signes de leur contribution, même si la plupart du temps elle est jugée insignifiante par la base. Dès lors, peut-on se payer le luxe de se débarrasser d’un tel puit ? Pas sûr ! D’ailleurs, Anaky lui-même qui annonce le départ du Mfa du gouvernement ne réussira point à faire partir « sa ministre » Hamza Bamba. Tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire le savent. Un membre influent du Rhdp qui nous a parlé hier sous le couvert de l’anonymat, après une réunion, a été on ne peut plus clair : « C’est parce que le président du Mfa n’est plus au gouvernement depuis longtemps parce qu’il n’a plus aucune emprise sur celle qu’il a envoyée là-bas qu’il parle comme ça ». C’est donc une évidence la réponse à Anaky sera : « Nous pas bouger ». Dès lors, la question qui va tarauder les esprits sera de savoir s’il restera au Rhdp bien qu’étant fondamentalement opposé à ses alliés. Peut-on demeurer dans un groupe dans lequel on ne partage plus les mêmes valeurs avec les autres? C’est l’équation que devra résoudre l’ancien ministre des Transports. Aujourd’hui à 11 heures, à la maison du Pdci, on aura un début de réponse lors de la conférence de presse qui est prévue pour éclairer la lanterne des Ivoiriens.

Traoré M Ahmed