Une demie douzaine de cargos de police. Ses occupants armés, l’air sévère et méchant, dont certains portent des casques, tandis que d’autres sont en tenues d’apparat. Les alentours du palais de justice désert. Puis, à quelques encablures de là, plusieurs groupes de militants du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) en général et du PDCI en particulier, des badauds mais aussi et surtout des visiteurs et des personnes venues honorer des rendez-vous, qui pour voir un parent ou une connaissance, qui pour retirer ou se faire délivrer des documents. Hier, l’atmosphère était très lourde aux alentours du tribunal de première instance du Plateau. Dans l’enceinte même du tribunal et dans les salle des pas perdus, ceux qui ont eu la chance de ‘’percer’’ le cordon de sécurité des policiers ont pris d’assaut la salle d’audience. L’ambiance et l’atmosphère y sont très chaudes, au sens propre du terme. Ici aussi, les policiers sont présents en grand nombre. Assis dans un des boxes à gauche, les journalistes Eddy Péhé, Directeur de Publication de l’hebdomadaire ‘’Le Repère’’ et son collaborateur, Nanankoua Gnamantêh. Tous deux sont d’une sérénité qui rassure leurs collègues du groupe ‘’Le Réveil’’ venus en grand nombre pour les soutenir. Dans la salle, l’on reconnaît les premiers responsables de la JPDCI, Kouadio Konan Bertin (KKB) et des membres de son bureau, Jean Blé Guirao, le numéro trois de l’UDPCI, et le président de la jeunesse du parti, Yao Kouadio Séraphin accompagné lui aussi des certains membres de son bureau. Des dirigeants du PDCI, le parti dont est proche le journal, ont également effectué le déplacement. Pèle mêle, l’on peut citer Emile Ebrottié N’Zelibèssè, le chargé de communication du président du PDCI Henri Konan Bédié, Yobou Benoît Guirabou, un des délégués PDCI de la commune de Yopougon, Mme Dao Henriette (Présidente de l’UFPDCI). Dans ce tohu-bohu, les avocats des prévenus, Maîtres Jean Chrysostome Blessy, Luc Adjé et Narcisse Aka échangent. Sous le regard de certains de leurs confrères. Puis soudain, une voix annonce l’arrivée de la présidente du Tribunal, et ses accesseurs ainsi que du parquet. A cet instant précis, le vacarme fait place à un silence de cimetière. Et une toute petite bousculade se fait sentir. Les uns et les autres voulant se faire une bonne place pour mieux voir le déroulement du procès. Il est alors exactement 13 H 52. Et le procès tant attendu peut commencer. Mais les journalistes et certaines personnes n’auront pas la chance de suivre ce procès jusqu’au bout. Lors de la pause demandée par la présidente du tribunal à 14 H 26, et sur instruction, on ne sait trop de qui, des policiers zélés intiment l’ordre à une bonne partie des journalistes et à des parents, amis et connaissances venus suivre le procès, de ‘’vider la salle’’. Pourquoi? La réaction du policier en question est violente. ‘’Je n’ai pas d’explications à vous donner. J’ai reçu des ordres que je dois appliquer’’ répond notre interlocuteur. Les uns et les autres pensent à une blague et tentent de raisonner le policier. Peine perdue. Bien au contraire, ce dernier appelle du renfort. En en clin d’œil, une escouade de policiers, kalachnikovs en bandoulière et matraques à la main, les visages noirs et ruisselant de sueur, avancent nerveusement vers les ‘’indésirables’’. Ils les font sortir de la salle d’audience. Puis de la salle des pas perdus. Et enfin du tribunal. Tout ce beau monde est repoussé jusqu’à la devanture de la Cathédrale Saint Paul du Plateau. Sous la menace des matraques. Ni les complaintes, ni les tentatives de ramener ces policiers remontés, à la raison, encore moins les discussions et le dialogue avec les journalistes n’ont pu faire fléchir les flics. Qui a dit que la justice était au Palais de justice?
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET