Dans son édition d’hier, le journal “Le Patriote”, principal quotidien de la presse proche du RDR d’Alassane Dramane Ouattara, attribue des propos au Président de la République, Laurent Gbagbo. Des propos qu’il aurait, selon notre confrère, tenus en 1998, alors qu’il était le premier responsable du Front populaire ivoirien (FPI, socialiste) et leader de l’opposition. “Si le PDCI ne veut pas organiser des élections transparentes et démocratiques, j’irai m’asseoir tranquillement au village, à Mama et il aura en face de lui, un Kabila”, écrit Le Patriote dans son article intitulé “Après l’interpellation de Anaky par la DST : Gbagbo a fait pire”.
Selon le quotidien du RDR, ces propos rapportés plus haut sont ceux de Laurent Gbagbo. Dans quel contexte aurait-il soutenu ces propos ? Où les avait-il prononcés ? Sur ces questions fondamentales, notre confrère reste aphone. Donnant du coup, une allure de rumeurs et de désinformation au contenu de son article.
Ce que Gbagbo a dit
L’opposant historique de Félix Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo, président du FPI et leader de l’opposition de l’époque, prônait “la transition pacifique à la démocratie”. Il a d’ailleurs écrit des livres pour sédimenter sa position. Contrairement à certains de ses camarades de parti, tel que Louis Dakoury-Tabley (actuel SG adjoint des Forces nouvelles, ex-rébellion armée) qui , à un moment donné réclamaient la prise des armes pour arriver au pouvoir, Gbagbo a toujours opposé la voie des urnes et la démocratie. Face à Houphouët puis Henri Konan Bédié, il a poursuivi son combat pour la démocratie en Côte d’Ivoire. Ainsi que les élections transparentes, la bonne gouvernance, la liberté d’expression dans le respect des lois, etc. C’est dans ce contexte que, dès l’arrivée au pouvoir de Bédié en 1993, suite à la mort d’Houphouët, Gbagbo a lancé une campagne pour l’organisation d’élections démocratiques en 1995. Bédié et le PDCI sont restés sourds à cet appel à la démocratie. La présidentielle de 1995 s’est déroulée dans une atmosphère d’opacité, sans commission électorale indépendante.
De 1995 à 1999, l’opposant Gbagbo a repris son bâton de pèlerin pour appeler le régime PDCI, à la discussion afin que les conditions d’élections démocratiques soient bâties. Urnes transparentes, vote à 18 ans, commission électorale indépendante, financement des candidats et des partis politiques…voilà ce que Gbagbo et le FPI demandaient. Pendant que Gbagbo appelait le PDCI à la négociation, à travers le slogan «asseyons-nous et discutons !», la tension entre Bédié et Ouattara du RDR s’envenimait. Le pouvoir PDCI devenait de plus en plus autocratique. C’est dans cet environnement qu’au cours du meeting animé, le 30 avril 1997, à Adzopé lors de la 7ème édition de la Fête de la liberté, organisée par le FPI, Laurent Gbagbo avait tenu les propos qui suivent : “S’ils (le PDCI et Bédié) ne veulent pas discuter avec nous qui prônons la transition pacifique à la démocratie, ils auront un jour en face d’eux, un Kabila. J’irai m’asseoir alors dans mon village, à Mama. C’est tout”. Comme on s’en aperçoit, ce n’est pas en 1998 que Laurent Gbagbo a évoqué la question Désiré Kabila. Mieux, il ne brandissait pas la rébellion armée menée par Kabila pour renverser le dictateur Mobutu comme un exemple à suivre en Côte d’Ivoire. Bien au contraire, Gbagbo estimait que seule la discussion pouvait faire avancer les choses. C’est à juste titre qu’il appelait le PDCI, au pouvoir à l’époque, à la négociation. D’autant plus que pour lui, la paix sociale dépendait de la responsabilité de l’opposition. Pas véritablement du pouvoir. Une opposition responsable et viscéralement attachée à l’accession au pouvoir par les urnes, comme l’était le FPI, devrait être un atout pour le PDCI. Bédié a préféré croiser le fer avec l’opposition radicale, notamment le RDR d’Alassane Ouattara. Le 24 décembre 1999, cette opposition radicale lui “a offert” un Kabila. Et Bédié fut emporté par un coup d’Etat militaire. Deux années avant 1999, Gbagbo avait, tel un prophète, mis en garde contre le danger qui guettait la Côte d’Ivoire.
Didier Depry:didierdepri@yahoo.fr
Selon le quotidien du RDR, ces propos rapportés plus haut sont ceux de Laurent Gbagbo. Dans quel contexte aurait-il soutenu ces propos ? Où les avait-il prononcés ? Sur ces questions fondamentales, notre confrère reste aphone. Donnant du coup, une allure de rumeurs et de désinformation au contenu de son article.
Ce que Gbagbo a dit
L’opposant historique de Félix Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo, président du FPI et leader de l’opposition de l’époque, prônait “la transition pacifique à la démocratie”. Il a d’ailleurs écrit des livres pour sédimenter sa position. Contrairement à certains de ses camarades de parti, tel que Louis Dakoury-Tabley (actuel SG adjoint des Forces nouvelles, ex-rébellion armée) qui , à un moment donné réclamaient la prise des armes pour arriver au pouvoir, Gbagbo a toujours opposé la voie des urnes et la démocratie. Face à Houphouët puis Henri Konan Bédié, il a poursuivi son combat pour la démocratie en Côte d’Ivoire. Ainsi que les élections transparentes, la bonne gouvernance, la liberté d’expression dans le respect des lois, etc. C’est dans ce contexte que, dès l’arrivée au pouvoir de Bédié en 1993, suite à la mort d’Houphouët, Gbagbo a lancé une campagne pour l’organisation d’élections démocratiques en 1995. Bédié et le PDCI sont restés sourds à cet appel à la démocratie. La présidentielle de 1995 s’est déroulée dans une atmosphère d’opacité, sans commission électorale indépendante.
De 1995 à 1999, l’opposant Gbagbo a repris son bâton de pèlerin pour appeler le régime PDCI, à la discussion afin que les conditions d’élections démocratiques soient bâties. Urnes transparentes, vote à 18 ans, commission électorale indépendante, financement des candidats et des partis politiques…voilà ce que Gbagbo et le FPI demandaient. Pendant que Gbagbo appelait le PDCI à la négociation, à travers le slogan «asseyons-nous et discutons !», la tension entre Bédié et Ouattara du RDR s’envenimait. Le pouvoir PDCI devenait de plus en plus autocratique. C’est dans cet environnement qu’au cours du meeting animé, le 30 avril 1997, à Adzopé lors de la 7ème édition de la Fête de la liberté, organisée par le FPI, Laurent Gbagbo avait tenu les propos qui suivent : “S’ils (le PDCI et Bédié) ne veulent pas discuter avec nous qui prônons la transition pacifique à la démocratie, ils auront un jour en face d’eux, un Kabila. J’irai m’asseoir alors dans mon village, à Mama. C’est tout”. Comme on s’en aperçoit, ce n’est pas en 1998 que Laurent Gbagbo a évoqué la question Désiré Kabila. Mieux, il ne brandissait pas la rébellion armée menée par Kabila pour renverser le dictateur Mobutu comme un exemple à suivre en Côte d’Ivoire. Bien au contraire, Gbagbo estimait que seule la discussion pouvait faire avancer les choses. C’est à juste titre qu’il appelait le PDCI, au pouvoir à l’époque, à la négociation. D’autant plus que pour lui, la paix sociale dépendait de la responsabilité de l’opposition. Pas véritablement du pouvoir. Une opposition responsable et viscéralement attachée à l’accession au pouvoir par les urnes, comme l’était le FPI, devrait être un atout pour le PDCI. Bédié a préféré croiser le fer avec l’opposition radicale, notamment le RDR d’Alassane Ouattara. Le 24 décembre 1999, cette opposition radicale lui “a offert” un Kabila. Et Bédié fut emporté par un coup d’Etat militaire. Deux années avant 1999, Gbagbo avait, tel un prophète, mis en garde contre le danger qui guettait la Côte d’Ivoire.
Didier Depry:didierdepri@yahoo.fr