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Art et Culture Publié le samedi 28 mars 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton : Le panthéon ivoirien

Au cours de mes voyages pour promouvoir la puissance de la lecture dans mes conférences et à chaque fois que je passais, au carrefour de Lakota, j’étais rempli d’une grande colère de voir la tombe de Lougah Fraçois envahie par les herbes et des moutons broutant dans le périmètre. Je disais, à mon manager, que je si devenais un homme riche, je vais faire construire un mausolée à cet endroit. Enfin, c’est réalisé. Grâce à Monsieur Désiré Dallo, le Directeur général du Port Autonome. Comment ne pas penser en ce moment précis à la maman de Kwamé N’Krumah remerciant le Président Achampong d’avoir fait venir, de la Guinée, le corps de son fils. Au cours de cette interview, elle disait qu’elle n’oubliera jamais le geste du chef de l’Etat ghanéen de l’époque. Moi, je n’ai pas suffisamment de mots pour remercier le geste de monsieur Désiré Dallo. Seul Dieu saura le remercier. Que son ange gardien continue de veiller sur lui ! Mais le chantier est immense. Ils sont nombreux les Lougah inhumés dans des villages retirés dont personne ne se souvient plus et qui doivent, pourtant, rester des exemples pour la jeunesse ivoirienne. Ils méritent éternellement la reconnaissance de la Nation ivoirienne. Chaque jour, on doit se souvenir et s’inspirer d’eux. On ne peut pas aller chaque semaine dans leur village, mais on peut, par contre, construire un lieu qui sera un endroit visité par les élèves et toute la population. Si on ne peut pas faire revenir leur corps, par contre, il est possible d’y mettre leurs photos, leurs objets favoris, leurs vêtements. Et autres choses rappelant leur souvenir. Je dirai qu’il faut construire un panthéon à l’ivoirienne. Qui se souvient encore d’Emmanuel Diaman, l’enfant terrible du théâtre ivoirien, le plus doué de toutes les générations de comédiens. Timité Bassori écrivait de lui ceci : « Sa gentillesse, c’était effrayant. Tu demandes de l’argent, il te vide aussi sa poche, même si ça fait plus que ce que tu lui demandes. » Il est anormal le sort réservé à l’un des plus grands de la culture ivoirienne. Son rôle dans N’Zékou de Monsieur Thogô-Gnini avait montré son écrasante supériorité. Qui se souvient encore de Johny Galla, un grand musicologue ivoirien . Jamais quelqu’un ne s’est aussi battu pour la promotion d’une musique ivoirienne débarrassée des notes congolaises. Lui, je l’ai vraiment connu. Il venait me voir lors de tous ses passages à Abidjan revenant de Paris. Il est enterré et oublié dans un village de la région de Gagnoa. Rien qu’en pensant à ces deux personnes j’ai des larmes aux yeux. De gré ou de force, ils seront tôt ou tard réhabilités. Que Dieu me vienne seulement en aide ! Amen. Les grands hommes oubliés de la Nation on en trouve aussi dans le sport. Le boxeur Kouamé Yao n’existe plus dans les mémoires. Sa présence en images dans ce panthéon sera un stimulant pour notre jeunesse en quête de modèles. Qu’il était courageux et humble ce champion de lourds ! Aucun prix ne porte son nom dans les compétitions de boxe. En football, on peut citer des dizaines de joueurs qu’on ne doit-jamais oublier. Je ne citerai que deux. Jean Tokpa, l’un des meilleurs joueurs de la France avant les indépendances. Honore-t-on sa tombe et sa mémoire ? La perle de Bahibli, selon la presse spécialisée française, doit dormir dans la paix du Seigneur dans son village, ignoré totalement. Il ne représente plus rien pour le football ivoirien. Et Jo Blezziri ? Qui se souvient encore de ce joueur qui a fasciné Pélé, le roi du football et qui a failli signer un contrat à Santos, au Brésil. Grand remerciement aux journalistes ivoiriens pour avoir créé le prix Ebony. Durant toute l’année on se souvient de mon ami Noël. Il a sa place dans ce panthéon. Qu’on n’oublie pas Jean-Pierre Ayé. Quel style dans ses écrits ! Energique, vigoureux et nerveux. Les jeunes journalistes doivent s’en inspirer. Bâtissons vite un panthéon afin que son visage demeure éternellement dans les esprits et devient un guide pour nos journalistes. Qui se souvient encore d’un de nos plus grands universitaires ? Il s’appelait Barthélemy Comoé Krou. Quel savant ! Je continue d’espérer que des universitaires sauront lui rendre hommage en faisant connaître ses travaux. En politique, une femme restera un modèle pour toutes les générations. Simone Leroux. Un exemple d’engagement dans la politique et le syndicalisme. Honnête et véridique. Elle mérite le panthéon que LG doit bâtir tout comme Salomon pour le temps d’Israël. On pourra citer de nombreux exemples pour la jeunesse et notre pays. Que n’a-t-on pas dit le jour de leurs funérailles ? Dès leur inhumation, les gens retrouvaient les boîtes de nuit ou autres plaisirs de la vie. Carton rouge à tous ces démagogues. Comment ne pas terminer avec le poète russe Nikolaï Gribatchev : « A voir les choses carrément et sans malice, on comprend un jour cette vérité amère : l’âme, les faits, la gloire lentement vieillissent, et de la plus belle chanson le plus beau vers et ceux dont l’exploit est gravé dans le granit, , ceux qui nous ont laissé des monuments, des livres. Liés à nous, ils continuent toujours de vivre, et ils vivent encore. » Bâtissons vite notre panthéon afin que nos modèles, nos exemples, ceux qui ont mérité de la Nation et dont les tombes sont perdues quelque part continuent de vivre parmi nous. Merci Monsieur Dallo. Que fleurissent dans ce pays des centaines de Dallo. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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