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Économie Publié le mardi 31 mars 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Commercialisation du cajou - Les FAFN au cœur de la paupérisation des producteurs

Malgré les efforts du Premier ministre, Guillaume Soro, par ailleurs secrétaire général des Forces armées des Forces nouvelles, l’espoir des producteurs de la noix de cajou semble toujours être brisé. Car, sa bonne volonté de mettre fin aux difficultés que rencontrent les acteurs de la filière de cajou achoppe aux tracasseries qui ont pignon sur rue.

La deuxième journée du cajou qui s’est tenue récemment à Katiola et qui a vu la communication officielle des prix bord champ de la noix de cajou au titre de la campagne 2008-2009, aura laissé les producteurs sur leur faim. Sortis d’une réunion d’information, ils n’ont pas caché leur déception eu égard aux nouveaux prix de la noix de cajou à eux proposés. Pour la campagne en cours, il a été décidé que le prix bord champ soit fixé à 150 FCFA contre 200 FCFA l’an dernier. Jugé non rémunérateur, ce prix fait l’objet de critiques de la part des producteurs. Le président de l’Intercajou, Abdoulaye Touré, à qui le soin a été laissé cette année d’annoncer les prix bord champ, avait une fois tenté de convaincre les acteurs en indiquant que «cette année la méthode utilisée est celle de la fixation d’un prix résiduel». Ce qui sous-entend que ce prix évoluera au fur et à mesure que la campagne va connaître en intensité. Mais une augmentation des prix du kilogramme de la noix de cajou dépend de la demande de cette matière sur le marché de consommation. Le constat général est que depuis l’annonce des prix bord champ, les producteurs sont confrontés à d’autres réalités sur le terrain. De fait, les prix ne sont pas respectés. Les difficultés des paysans proviennent aujourd’hui des tracasseries dont sont victimes les acheteurs. Au nombre des obstacles qui ne favorisent pas un meilleur prix rémunérateur, les acheteurs dénoncent le problème de la fluidité routière qui se greffait à celui des taxes imposées par les Forces nouvelles. Pour enrayer ce mal, le Premier ministre Guillaume Soro avait donné des instructions à ses hommes. Récemment encore à Bouaké, il avait mûri des réflexions en vue de la lutte contre les tracasseries routières. Malgré les bonnes intentions du chef de gouvernement, la situation demeure précaire. Les acheteurs et producteurs n’ont leurs yeux que pour pleurer. Alors qu’au port d’Abidjan, les prix de la noix de cajou oscillent entre 160 FCFA et 180 FCFA, il est demandé aux acheteurs de prendre le produit aux producteurs à 150 FCFA/kg. Ce que ceux-ci ont du mal à supporter, vu que le transport de cette matière dans un camion de 40 tonnes de Katiola jusqu’au port d’Abidjan, revient à 329.000 FCFA. Cette somme se répartit comme suit: taxe marchandise prélevée par la centrale, 120.000 FCFA, taxe du comité de suivi de la filière coton- anacarde, 60.000 FCFA. La traversée de Katiola se fait sous paiement de la somme de 20.000 FCFA. Pour la traversée de la ville Bouaké, il est exigé aux acheteurs le paiement de 32.000 FCFA, soit un total de 232.000 FCFA. Or, avant même de quitter une ville comme Korhogo, le camionneur est appelé à s’acquitter de la somme de 72.000 FCFA pour le compte de sécurisation du convoi jusqu’à Djébonoua. A ce montant, s’ajoutent les prélèvements des forces paramilitaires dirigées par le commandant Koné Messamba, ancien ministre des Victimes et déplacés de guerre qui réclament 25.000 FCFA. Ainsi de Korhogo à Bouaké, l’acheteur de noix de cajou à qui les Forces nouvelles exigent l’achat des produits aux producteurs à 150 FCFA, dépense 329.000 FCFA. A Tiébissou, la fraternité d’arme incite les Forces de défense et de sécurité du Général Mangou à se servir aussi. A ce niveau, il est exigé au camionneur la somme de 45.000 FCFA. Compte tenu de cette situation, peu sont les acheteurs qui s’intéressent encore à la filière de la noix de cajou. Au point où des produits sont abandonnés dans les champs. Aujourd’hui, pour sortir de cette misère, les producteurs demandent l’intervention du chef de l’Etat.

Honoré Kouassi
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