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Politique Publié le vendredi 3 avril 2009 | Nord-Sud

Frank Guei Sahy (Conseiller spécial de Gbagbo) :“Moi, un enfant indigne ?”

Le fils aîné du général Guei Robert, Frank remet le couvert. Il explique pourquoi le corps de son père ne peut pas être transféré ces temps-ci au village.


•La polémique autour des funérailles de votre père reprend. Y aura-t-il de nouvelles funérailles pour Guei Robert ?

Tout ce qu’on entend ça et là au sujet du général Guei n’est point surprenant. L’engouement qui habite les populations depuis que le chef de l’Etat a annoncé sa visite à l’Ouest est réel. Quelques personnes essaient donc de semer le trouble dans les esprits, mais vous savez, le chien aboie, la caravane passe. Certains parlent de nouvelles funérailles. Ce que je vous avais confié à Nord-Sud avant les obsèques reste valable. J’ai dit qu’il fallait enlever mon père de la glace, qu’on le gardait à Abidjan et après la guerre, on ferait le transfert vers Kabacouma. Ma position n’a pas changé d’un iota. Relisez ce que j’avais dit. Il n’y a rien de nouveau !


•Vous voulez dire que tant que la crise n’est pas terminée, il est hors de question de transférer le corps de Guéï à Kabacouma ?

Vous avez bien compris. Tant que la crise n’est pas terminée et qu’on n’a pas organisé les élections, cela est hors de question. Quand le pays sera totalement réunifié, j’aviserai. Les chefs de terre et de villages sont informés de toutes ces dispositions. Comme toutes les autres régions du pays, nous devons également bénéficier des retombées des visites d’Etat, donc cette agitation que nous constatons n’est pas profitable à notre région. Il ne faut point lier la visite d’Etat et les obsèques de mon père.


•D’aucuns disent qu’au niveau de votre famille, il n’y a point d’unanimité autour de la position que vous défendez ?

J’étais récemment avec tous mes frères et sœurs à Kabacouma, lorsque les émissaires du chef de l’Etat sont arrivés. Je ne sais donc pas de quoi les gens parlent. Est-ce qu’ils connaissent qui est membre de ma famille ? Je ne connais pas les membres de leurs familles donc qu’on mette fin à cette polémique stérile.


•Le préalable qui a été posé et répété plusieurs fois, c’est le corps de Guéï avant l’arrivée de Gbagbo chez vous. Avec la position que vous adoptez, le voyage présidentiel risque de ne jamais tenir.

Le président viendra. Les funérailles, on les fera après. Il n’y a pas de débat à ce niveau. Les choses sont claires. La crise ne sera terminée qu’après les élections.


•Est-il vrai qu’au cas où le président effectuerait le voyage, il n’y aurait pas de réjouissances populaires à Kabacouma?

Je suis d’accord avec cette décision. Le président vient pour présenter ses condoléances, il est donc normal qu’il n’y ait pas de danses. Ce serait contre nature s’il y avait des réjouissances. On est en Afrique, n’oubliez pas. On est en deuil.


•De plus en plus, on entend dire que vous êtes manipulé. Que répondez-vous ?

Chacun est libre de penser ce qu’il veut. Chacun est libre de faire ses commentaires. Que je sois manipulé, que je sois un fils indigne, un homme acheté… on a déjà tout dit de moi. Mais, je garde mon calme et ma sérénité.


•Apparemment, vous avez la carapace dure. D’où tenez-vous la force de tenir face à toute cette pression ?

Devant Dieu, quand on a le sentiment qu’on est dans le vrai et dans le juste, on résiste à toute sorte de pression.


•Vous avez construit un caveau familial. Vous y avez enterré votre père et récemment un de vos frères, à quoi servira ce monument si tant est que les corps doivent être transférés ailleurs ?

Tout ceci peut s’arranger, tout est faisable. Mais il faut savoir attendre le moment idéal pour trouver le juste milieu. Mon frère est enterré là. En temps opportun, il sera transféré comme mon père. Que Dieu nous donne la force et l’énergie nécessaires pour atteindre nos objectifs.


•Vos relations se seraient-elles améliorées avec l’Udpci ? De temps à autre, on vous voit avec des pontes de ce parti.

J’étais heureux de voir qu’ils étaient tous là lorsqu’on recevait les émissaires du chef de l’Etat. Le président Siki Blon Blaise a même pris la parole pour expliquer à nos hôtes la position des parents


•Le contentieux avec l’Udpci est donc vidé ?

Je pense que ce n’était pas un contentieux en tant que tel, il faut plutôt parler de malentendu. On ne se comprenait pas bien sur des sujets. Là, je pense qu’on se retrouve, on va travailler ensemble.


•En réponse à la critique selon laquelle l’Udpci aurait abandonné la famille de Guei, Mabri a soutenu qu’il a beaucoup fait pour vous. Reconnaissez-vous cela ?

Je remercie Mabri pour tout ce qu’il dit avoir fait pour moi. Mais, je ne lui dois rien. On est quittes. Mon père a aussi beaucoup fait pour lui qui n’a connu Guéï Robert que deux ans avant sa mort.


•Mabri Toikeusse estime que si l’envie de faire de la politique vous habitait vous, les enfants de Guei, il était bon que vous commenciez par le parti créé par votre père. N’a-t-il pas raison ?

Le président de l’Udpci peut le dire. Cela n’engage que lui, c’est son opinion. Je n’ai pas connu mon père en tant que politicien, je l’ai connu comme mon père. Point. Ce n’est pas sur le terrain politique que je l’ai rencontré. Si on me dit que j’aurais dû être militaire comme lui, j’aurai mieux compris cela. Je n’ai pas encore décidé de faire la politique en tant que tel. Je ne suis membre d’aucun parti politique.


•Vos accointances avec le Fpi sont pourtant évidentes ?

M’avez-vous déjà vu à un meeting ou à une réunion politique du Fpi ? Je crois que la réponse est non. Il faut éviter les conclusions hâtives. Je suis Ivoirien et patriote, j’aime mon pays, j’ai décidé de travailler dans le bon sens. Je suis en phase avec tous ceux qui travaillent dans le bon sens. Quand on est membre d’un parti, on a la carte et on participe à toutes les activités. Le fait de discuter avec quelqu’un ou, marcher un jour avec lui ne signifie pas qu’on est membre de son parti. C’est déplorable de penser ainsi.


•Mais c’est de notoriété que votre candidat pour la présidentielle c’est Laurent Gbagbo dont vous êtes un conseiller spécial.

Je pense qu’à mon âge, je peux faire un choix. Un choix correct et comme il se doit. Je sais ce qui est bien pour moi et ce qui ne l’est pas. Pour ma région, pour ma famille et moi moi-même, je pense que le meilleur candidat c’est Laurent Gbagbo.


•Est –ce pour cette raison que vous refusez qu’on trouve la réponse à la question de savoir qui a tué Guéi ? Cette question avait été posée aux émissaires du président à Kabacouma, mais la réponse a été évacuée.

Ma préoccupation majeure en rentrant à Abidjan après les événements douloureux du 19 septembre 2002 n’était pas de venir enquêter pour savoir qui a fait ceci ou cela. Je laisse cela aux hommes de justice. Moi, j’ai décidé de pardonner. Quand on embouche cette trompette, on ne cherche pas à faire mal, à remuer le couteau dans la plaie. Je laisse tout à Dieu qui est le maitre de nos destins. Ceux qui s’agitent savent que ce n’est pas leur père qu’on a tué. Ils ne peuvent pas être plus royalistes que le roi. Qui mieux que moi ressent la douleur de la mort de mon père ? Il faut arrêter les gesticulations.


•L’envoyé de Gbagbo a indiqué à vos parents que Guei n’était pas un rebelle, cela vous a-t-il soulagé ?

J’étais satisfait. Je pense que s’il avait été un rebelle, je ne serai pas là où je suis aujourd’hui. Il n’aurait pas eu droit aux honneurs militaires que la nation lui a rendus. Je suis encore plus heureux quand il est blanchi de cette façon. Publiquement.


•Avez-vous déjà rencontré ceux qui ont indiqué sur les antennes des radios que votre père allait à télé pour prendre le pouvoir lorsqu’il a trouvé la mort ?

Je n’étais pas là, j’ai suivi tout cela de très loin. J’ai rencontré ceux qui ont tenu ces propos. On échange souvent. Mais moi, j’ai pardonné. N’avez-vous jamais péché, vous ? Si eux ils discutent avec moi, c’est qu’il faut les féliciter. S’ils reconnaissent leurs erreurs, il faut pardonner. Il ne faut pas oublier les conditions dans lesquelles ces propos ont été tenus et toutes les implications du moment. De toutes les façons, la vérité sera sue un jour


•Vous avez tenu des propos qui avaient choqué les militants du Rhdp à l’époque. Vous avez dit que lors des obsèques de votre père, Bédié et Ouattara sablaient le champagne à Daoukro. Reconsidérez-vous ces propos avec du recul ?

Est-ce que c’est faux. C’est la vérité, ils étaient tous à Daoukro. Il faut ajouter Mabri Toikeusse à la liste. Je n’invente rien. Pourquoi on a peur de dire ce qui est. Peut-être que c’était une bonne ou mauvaise chose, il ne faut pas avoir peur de la vérité. Il faut qu’on arrête de se fourvoyer dans le mensonge dans ce pays. N’ayons pas peur de la vérité.

Interview réalisée par Traoré M Ahmed
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