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Politique Publié le vendredi 3 avril 2009 | Le Repère

Innocent Anaky Kobena - Portrait d`un politique à l`engagement sublimé

"Le pouvoir ne s'obtient jamais sans exigence. Il ne l'a jamais fait et ne le fera jamais. Découvre justement pourquoi un peuple va indolemment se soumettre, et tu auras découvert la mesure exacte d'injustice et de torts qui lui seront imposés, et cela va continuer jusqu'à ce qu'ils résistent soit avec des mots ou des coups, ou les deux. Les limites des tyrans sont prescrites par l'endurance de ceux qu'ils oppriment".

Frederick Douglass.


Un printemps glacial, hivernal même, au pays de Châteaubriand. Un ordinateur connecté pour garder le contact avec le monde (précisément mon pays), mais aussi, pour écrire et vider de moi mes fantômes familiers - ces idées et images têtues avec lesquelles ceux de mon espèce (les écrivains) fabriquent tant et tant d'histoires. Et puis, ces coups de fil, alarmants (venant aussi bien de mon pays - la Côte d'Ivoire) que de l'étranger :

- " TK, as-tu appris l'arrestation de Gnamantêh ? "
- L'arrestation de Gnamantêh ? Non. Et pourquoi l'aurait-on arrêté ?
- On dit qu'il a offensé le chef de l'Etat.
- Comment ça ?
- Dans un article intitulé " Ali Baba et les 40 voleurs "…

Le lendemain, d'autres coups de fil ; les contenus sont les mêmes : l'arrestation d'un autre Ivoirien, Innocent Anaky. Puis, il y a eu rfi…

Gnamantêh, Anaky. Deux hommes de conviction. Le premier fut un collègue enseignant, un brillant professeur d'Anglais. Nous avons travaillé ensemble au sein du Bureau national du Synesci au cours des années 1980, sous les directions de Laurent Akoun et de Ganin Bertin. Nous conspirions régulièrement contre le régime, sous le couvert officiel d'activités syndicales. Gnamantêh (de son vrai nom Nanan Koua) ne tarda pas à percevoir la supercherie. Honnête, il nous quitta lors de notre second mandat, non sans m'avoir alerté de cette tricherie qu'il désapprouvait. Mais je suis resté avec les camarades, à cette époque, ça faisait bien de détester le PDCI (il faut reconnaître qu'il y avait de quoi) et de conspirer contre Houphouët-Boigny ! Le second, Innocent Anaky (il s'appelle aussi Kobinan ce nom me paraît moins charmant que celui d'Innocent) est connu des Ivoiriens ; mais pas suffisamment, à mon avis.
C'est le personnage que cache ce nom, qui est le prétexte réel de cet article. Il n'a qu'une seule ambition : donner un supplément d'éclairages aux faits politiques qui se sont passés la semaine dernière, en Côte d'Ivoire, notamment les tracasseries qui sont arrivées à Innocent Anaky Kobinan.


Anaky : bref parcours d'un combattant

Peut-on, en quelques mots, dire le parcours, plein de ronces de cet homme qui, depuis les années 1980 jusqu'aujourd'hui, a inscrit son nom dans le livre des combats libertaires dans notre pays ? Transitaire de renom, grand promoteur de sports, mécène de créateurs de tous genres, Anaky est un homme d'une rare générosité ; mais surtout, un homme aux convictions fortes et non négociables ; des convictions belles comme des pétales de roses en attente d'éclosion. Une belle carrière d'homme d'affaires l'attendait sur le trajet de la vie ; et puis, contre toute attente, il y eut 1989… où la nouvelle de son arrestation (j'étais encore à l'étranger - ces coïncidences bizarres et récurrentes) par le régime d'HB, pour… délit d'activités politiques, nous parvint. Surprise générale : " Comment ? Anaky ? Activités politiques ? Non, vraiment HB et son régime exagèrent ! "…

Les choses devaient se révéler un peu plus tard sous leur véritable jour : non, Anaky n'était pas aussi innocent que cela ; il avait effectivement ''conspiré'' contre le régime en soutenant et rejoignant le combat des forces du changement. On le voit, le mot " conspiré " n'est pas approprié ; car l'homme n'avait fait qu'opter pour le changement en se mettant du côté de l'homme qui incarnait, en ces temps-là, nos espoirs de trublions clandestins (pompeusement appelés ''opposants clandestins''), désireux que nous l'étions, de voir un terme au régime (devenu inefficace) du monarque vieillissant de Yam-la-jolie (nous empruntons la belle métaphore de Bernard Zadi).

L'homme qui mobilisait ainsi nos aspirations et rêves répondait au nom devenu fantasmatique de Gbagbo Laurent. Son discours était fait de refus superbes, fermes et excessifs ; refus de la gabegie, du népotisme, du clientélisme et de la mauvaise gouvernance (le concept n'était pas encore de mode) qui avait fini par infecter le régime (pourtant si productif au cours des années 1960-1970) d'Houphouët-Boigny. Et le discours de cet homme était juste. Il disait des rêves possibles de servir autre chose à la Côte d'Ivoire, notre pays, que ces sempiternelles motions de soutien, ces insipides défilés de tribus soumises, au Palais ; autre chose que ces ennuyeuses " Editions spéciales " sur les moindres toussotements séniles d'Houphouët-Boigny (que de son illustre demeure, il me pardonne ces mots irrespectueux !). Il disait aussi (le discours de cet opposant mi clandestin mi officiel) sa volonté immaculée de créer, lorsqu'il parviendrait au pouvoir, une Côte d'Ivoire plus productive, plus performante que le passé, une Côte d'Ivoire plus admirée, plus respectable et respectée.

Nous avons porté cet homme au pouvoir, afin que le rêve se réalise. En retour, il a apporté ce que nous voyons-là : cette Côte d'Ivoire des filous et des fripons sacralisés ; cette Côte d'Ivoire des ordures de toutes natures : l'outrage à nos exaltations de rêveurs. Dois-je redire (au risque d'amplifier ma peine du jour et troubler davantage ce séjour printanier que j'avais voulu consacrer entièrement à mes activités littéraires) la grande désillusion, le réveil brutal et fardé de la poudre de la vaste trahison ? Inutile. Tout Ivoirien sérieux et lucide sait ce que nous a servi l'homme que nous croyions ''providentiel'' : les insipidités du pouvoir, vieillissant, du régime d'Houphouët-Boigny et de son PDCI ; un pouvoir (il faut le souligner) qui fut réellement productif, en comparaison avec l'insalubrité politique et éthique, et les crimes socio économiques que nous servent le pouvoir actuel et ses hommes, de quelque parti qu'ils soient. Revenons cependant au centre d'intérêt de nos propos du jour : Anaky.


Anaky, un homme entier

1989-1992. Trois années de prison sous le régime d'Houphouët. Son frère cadet, Paul Anaky, en avait fait tout autant à Assabou. Et il en ressortit avec les écorchures psychosomatiques et physiques que tout prisonnier politique sait. Anaky : des actions (protestations venant de la gauche ivoirienne, et surtout du Fpi, le parti où il militait) ; mais surtout, des négociations à n'en plus finir avec le régime d'alors pour sa libération ; les négociations virèrent aux tentatives d'arrangements. Au centre de ces démarches, feu Jean-Pierre Ayé, journaliste de renom et homme de forte carrure politique et intellectuelle, très introduit au Palais.

L'objectif était d'aboutir à la libération du prisonnier contre ce qu'Anaky refusera de toute son énergie : un désaveu qu'il devait porter à Gbagbo et au Fpi. En échange de ce désaveu, et donc de son ralliement (non expressément souligné) à Houphouët, ce dernier lui promettait de retrouver le chemin de la prospérité financière. Tout aura été utilisé pour faire Anaky : la famille biologique (frères, sœurs, cousins, oncles…), amis. Anaky opposera un refus ferme à ces ''arrangements'', au grand désappointement de ses plus proches (dont l'auteur de ces lignes) qui, par réaction affective (et non politique) préféraient le voir libre plutôt que derrière les barreaux. Qu'on me permette de révéler une part (que le grand public ne sait certainement pas) de cette histoire qui a eu son côté tragique : le divorce d'avec son épouse, alors qu'il était en prison...

Un peu plus tard, ce sera le grand événement : la libération, après trois années d'enfermement à la Maca. Accueil triomphal et délirant au stade Champeroux (j'y étais). Mais la liberté, c'est aussi les obligations sociales : logement, soins médicaux, transport, etc., bref, la tyrannie des besoins quotidiens. Mais l'homme n'avait plus l'aisance financière qui compta dans sa respectabilité : déménagements sur déménagements. Digne, il ne mendia aucune assistance ; et nous, ses amis, nous si riches d'idées, mais si désespérément vides dans la poche, avions assisté, impuissants et désarmés, à l' ''enfer'' social de l'homme prospère d'hier qui n'avait jamais toléré de voir un de ses proches dans des difficultés financières…

J'allais le voir, souvent, dans son bureau, sur les lieux de ce qui restait d'Inter transit, la société qu'il dirigeait. Toujours optimiste et combatif, il avait entrepris de revenir aux affaires, et, comme il l'avait fait hier, de donner encore du travail à tous ceux-là, de l'ex Inter transit, qui sont restés au chômage durant ses années de détention. Il me parlait d'une voix lasse de ceux d'entre eux qui étaient morts, dans le désespoir et la pauvreté...

Des contradictions, mineures, d'apparence, grippent entre-temps sa position au sein du Fpi : l'homme avait trop d'envergure, pour un militant de base. L'auréole de son poids social (quoique relevant désormais du passé), la charge symbolique de son nom et de son parcours (il était désormais le martyre de la gauche et le symbole du combat du Fpi), en faisaient progressivement la figure emblématique de la lutte. De quoi altérer la mystique du nom Gbagbo et la position des autres membres du Comité central du Fpi. Mon maître, Zadi, m'alerta très vite de cette contradiction mineure qui, mal traitée, finit toujours par se muer en contradiction principale ; tout dialecticien (et le Fpi en comptait) le sait…

La rupture entre l'ex-prisonnier de la Maca et le Fpi intervint dans ce climat de relations tendues. La rumeur et la presse l'annoncent au PIT ou à l'USD. Les rumeurs n'étaient pas sans fondement : je fus celui qui entreprit de le coopter à l'USD. La rencontre (que j'ai ''goupillée'') avec Zadi se solda par un refus honnête et affirmé d'Anaky, d'adhérer à un autre parti. C'est que l'homme avait son idée dans la tête : créer un parti. Ce qu'il fera. Au départ appelé le MUR (j'en ai oublié la définition), le parti épousera le nom définitif de MFA (Mouvement des Forces d'Avenir)...Puis survint la fracture.


La fracture décisive

C'est Marcel Gossio qui aura provoqué cette fracture inutile. 2000. Dès qu'arrivé au pouvoir, le Fpi, par Marcel Gossio, ne trouve rien de mieux à faire, qu'à s'emparer des locaux d'Inter Transit (sis au Port) et à en jeter l'illustre occupant des lieux, Innocent Anaky Kobinan, dehors ! Sidéré, l'homme m'interpella, au cours d'une rencontre. Qu'il me permette de révéler (après tout, ce ne sont pas des secrets d'Etat) aux Ivoiriens, les propos (approximatifs) qu'il m'a tenus : "Je n'arrive pas y croire, Tiburce. Houphouët que j'ai combattu, m'a laissé ma société, afin que je puisse mener des activités socio économiques et en vivre. Et ce sont les refondateurs, mes anciens compagnons et camarades de lutte, qui viennent me jeter dehors, sans ménagement ? Incroyable ! "

Persuadé que le Président de la République, le camarade Laurent Gbagbo, n'était pas informé de cela (l'affaire avait pourtant défrayé la chronique), il me chargea de lui en parler. Il demanda, par mon entremise, une audience au chef de l'Etat afin de lui exposer lui-même, le tableau complet de la situation. Ce que je fis. 2001-2002. Le camarade Gbagbo n'a pas daigné recevoir Anaky, malgré mes relances. Ma mission s'arrêtait là. J'avais compris ; Anaky, de même. Puis survint cette nuit cauchemardesque du 19 septembre 2002. On en connaît la suite : Lomé, et surtout Marcoussis. Nous sentions venir le danger qui planait sur l'institution républicaine. Pour ceux d'entre nous qui avions épousé la cause de Laurent Gbagbo et de la sauvegarde de notre constitution, il nous fallait regrouper en faveur du camp présidentiel, le maximum de figures politiques de notre pays, conviées à Marcoussis. Une fois de plus, je relançai Anaky. " Il est trop tard, Tiburce. Trop tard ". On en sait la suite : Anaky et le MFA entrent au gouvernement. Plus tard, l'homme me dira : " Pendant près de deux années, il n'a pas voulu me voir, encore moins me recevoir ; à présent, il est contraint de me voir chaque semaine, en Conseil de ministres, en face de lui ! "…

Dois-je continuer de conter Anaky ? Non. Ce sera sans doute l'objet d'autres rendez-vous avec la page blanche et les mots. Disons, pour l'heure, et pour nous résumer : cet homme est un cœur grand d'avoir donné, et gros d'avoir vu son engagement politique souillé par la frange d'ambitions mesquines, ces scélératesses inacceptables du régime des refondateurs et de leurs soutiens irresponsables du PDCI-RDA, UDPCI, MPCI et autres…. CI.

Que lui reproche-t-on ? D'avoir incité le peuple à la révolte ? Mais il est déjà révolté, ce peuple qui épouse chaque jour ruine et misères dans les ghettos de Yop-la-bruyante et d'Abobo-la-canaille. Il est déjà saturé de désespérances et de désillusions, ce peuple qui végète désormais dans les rues enfumées et toxiques de Koumassi, de Marcory et de Treichville, en trouvant mille et une astuces pour survivre dans l'informel. Et il est prêt, ce peuple. Seules retardent l'échéance, la myopie de son élite politique frileuse et scandaleusement appâtée par le butin de la capitulation, sa collaboration honteuse avec un régime de la déchéance et de l'improductivité…

Ne nous occupons pas, pour l'heure, de la déclaration menaçante de ce chef militaire. Cette déclaration révèle tout simplement un fait : la frilosité qui a gagné une part des hommes en treillis qui soutiennent encore ce régime, pour des raisons autres que républicaines. Une armée comme le sont les Fanci, est forcément truffée de contradictions larvées qui éclateront nécessairement, au grand jour, le Moment venu. Or, ce moment viendra. A l'endroit des milliers de militants anonymes pour les causes justes et bonnes (comme la libération de notre peuple des mains insalubres de ce régime mauvais), je (re) dis ceci que j'ai déjà eu à dire dans d'autres actes d'écritures : " Les rois ont toujours été abandonnés par leurs hommes de main, même les plus fidèles, quand la force et le pouvoir changent de camp ", In " Le paradis infernal "…

Ne nous occupons pas non plus des gamineries de Danielle Claverie, la belle " poupée qui fait (mécaniquement) ''non, non, non, non, non'' " à ceux qui disent intelligemment " non ". Son univers onirique et fantasmatique se limite aux préciosités vestimentaires et à ses talents de " soutien à… " celui qui est au pouvoir. On le voit : à ce stade du combat de libération que mènent les forces du changement, la belle Claverie à la parfaite diction de speakerine n'offre, politiquement, aucun intérêt. Que son show ne nous trouble guère : c'est la sortie médiatique d'une ex-vedette de la télé !...


Les événements actuels et leurs enseignements

Faut-il en vouloir à Gbagbo et aux refondateurs ? Peut-être... peut-être ; dans la mesure stricte où les réussites et échecs d'un pays sont à mettre au crédit et au passif de ses dirigeants. Mais je pense, aujourd'hui, après mûres réflexions, qu'il serait plutôt plus juste de nous en vouloir à nous-mêmes ; nous, ces exaltés d'hier qui avions cru qu'il suffisait de rêver de renouveau pour voir refleurir ce renouveau ; nous qui croyions, tout naïvement, du haut de nos tribunes de ''guides éclairés'', qu'il nous suffisait de dénoncer les tares de ceux qui nous dirigeaient alors, pour être certains que nous pouvions faire mieux qu'eux ; nous, toujours si prompts à investir et à déposer nos rêves entre les mains du premier ''gueulard'' venu, qui, à coups de verbes dénonciateurs et enflammés, promet changement, démocratie, bonheur et justice, en un soir de meeting enfiévré. Nous, enfin, qui avons investi en l'homme que nous combattons aujourd'hui, tant d'espérances.

Oui, il est grand temps que nous nous posions la question suivante : n'avons pas, en réalité, investi tous ces rêves entre ses mains, à son insu ? Après tout, ce Gbagbo auquel nous avions tant cru, quelles preuves de bonne gouvernance ou de ''dirigeance'' nous avait-il donné à voir tout au long de son parcours d'enseignant, pour que nous lui ayons fait tant confiance ? Avait-il eu à diriger une administration ? Avait-il eu à gérer des biens et de l'argent publics ? Avoir quelques bouquins dénonciateurs (théâtre et essais) suffit-il à faire de vous, un homme capable de diriger un pays ? Comment en sommes-nous, nous-mêmes, arrivés à croire que cela était possible, malgré les diplômes que nous avons eus ? Là, à mon sens, réside le grand questionnement qui doit nous ouvrir les portes de l'avenir, afin que nous ne commettions plus ces mêmes erreurs d'appréciation.

Aujourd'hui, dans ce pays, n'importe qui a des ambitions ''présidentielles''. On dirait qu'il n'y a plus d'autres fonctions dans ce pays que celui de Président de la République. Même moi, je reçois de nombreux courriers de prétendus " Fans de Tiburce Koffi " m'invitant à faire acte de candidature pour la présidentielle. Mais où allons-nous ? En quoi mes talents (d'ailleurs peu clairs) de guitariste jazzman et d'écrivain font-ils de moi, un présidentiable ? L'échec de Gbagbo et de ses refondateurs s'explique, en très grande partie, par cette affreuse méprise que nous avons faite, de nous-mêmes.

Ernest Tigori a écrit dans un de ses livres que, notre problème, en Afrique, est que nous attribuons avec trop de facilités et à tort, des missions à des gens qui, en réalité, n'ont pas les ressorts intérieurs nécessaires à l'accomplissement de ces missions, assurément trop élevées pour ces personnes-là. Et lorsque le leader vint à échouer, nous lui en voulons terriblement, alors qu'en réalité, c'est nous-mêmes qui avons échoué ; nous qui, dans l'euphorie de nos désirs et rêves de changement, confions trop facilement notre destin collectif au premier tribun courageux qui s'érige en redresseur de torts. Oui, ce Gbagbo inefficace et improductif comme un albatros sans plumes, est le résultat de nos imprévoyances, de nos vaines prétentions, de nos suffisances d'universitaires. Il est le résultat des limites optiques de nos lunettes d'intellectuels prétentieux et de militants fanatiques, sans discernement.

La rébellion du Nord a montré les limites de ses ambitions ; si tant est qu'elle en avait vraiment au-delà de son désir farouche d'arracher sa part du butin de la République que fut l'insurrection de décembre 1999, le coup d'Etat dont nous continuons de sentir les conséquences. Marcoussis (que je n'ai jamais cautionné) a montré aussi les siennes. La 1633 et la 1721 ont succombé sous les assauts du chef des refondateurs : le pacifisme de Banny se pouvait s'accommoder avec le bellicisme avéré et acéré de l'homme qui trône au Palais. C'était l'attelage du loup avec l'agneau. Conformément à la fable, le maître des fourrés a eu raison du clone de Biquette !... comme le prévoyait d'ailleurs l'opinion.

Anaky sait. Il sait que, comme le Dr Frankenstein, nous avons enfanté le monstre. Mais il sait surtout que la terrible histoire nous enseigne que le mythique médecin détenait la solution à la catastrophe qu'il avait engendrée dans le secret de son atelier de savant, sans l'avoir vraiment voulu. La solution est là, dans cette question brûlante : comment Gbagbo est-il arrivé au pouvoir ? Qui l'y a porté ? C'est de cette même manière, et avec ces mêmes moyens qu'il en partira. Où se trouve là, l'incitation à la révolte ?

Je peux donc clore mes propos du jour, en reconduisant, à bon escient, cette belle citation de Frederick Douglass : " Le pouvoir ne s'obtient jamais sans exigence. Il ne l'a jamais fait et ne le fera jamais. Découvre justement pourquoi un peuple va indolemment se soumettre, et tu auras découvert la mesure exacte d'injustice et de torts qui lui seront imposés, et cela va continuer jusqu'à ce qu'ils résistent soit avec des mots ou des coups, ou les deux. Les limites des tyrans sont prescrites par l'endurance de ceux qu'ils oppriment ".

De Paris,Tiburce Koffi
(00336) 1602-3953
tiburce_koffi@yahoo.fr/ Blog. tiburcekoffi@blogspot.com
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