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Politique Publié le samedi 4 avril 2009 | Fraternité Matin

N’Zi Paul David après sa radiation : “Que le Pdci ne s’arrête pas en si bon chemin”

Radié” des rangs du parti cinquantenaire, le président du Conseil général de Dimbokro et directeur de cabinet du Président Laurent Gbagbo, réagit.

M. le président, dans sa parution n°2180 du samedi 28 mars 2009, le quotidien proche du Pdci-Rda a annoncé votre radiation du parti, par le conseil de discipline. Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris cela?

Ce qui me revient avant tout, c’est que le secrétaire général Djédjé Mady et le président du conseil de discipline, Némin Noël, n’ont pas eu le courage de présenter aux membres du conseil de discipline tous les éléments pour ma défense, contenus dans la lettre du 4 mars dernier. Ils auraient fait de la rétention et extrait quelques bouts de phrases. Si cela était confirmé, j’aviserais. Parce que si les membres du conseil de discipline avaient suffisamment été informés, ils comprendraient que c’est un problème personnel avec Bedié; et non un problème idéologique avec le Pdci. J’attends la réponse à la lettre que j’ai adressée à Djédjé Mady et à Némin Noël le 30 mars. Leur silence équivaudrait pour moi à un aveu. En ce moment-là, j’écrirai individuellement aux membres du conseil de discipline en leur adressant copie de ma lettre du 4 mars contenant les éléments de ma défense. Au demeurant, je souhaite que la direction du Parti ne s’arrête pas en si bon chemin et continue à traduire devant le conseil de discipline, tous les militants qui ne supportent plus la manière dont M. Bédié dirige le parti. En tout cas, je rends gloire au Seigneur, car, par la décision du Pdci, je viens ainsi d’être intégré dans le plus grand parti de Côte d’Ivoire, la République, qui n’a pas de parti pris et dans laquelle je me sens tant à l’aise.

Ne pensez-vous pas que c’est parce que vous constituez une menace au sein du PDCI que vous avez été mis à la touche?

De quelle menace parlez-vous? Il faut le reconnaître, le nouveau Pdci manque d’assurance, à tel point que ses dirigeants et Bédié pensent que ce sont les sanctions qui vont faire taire les militants qui attendent le prochain congrès pour dénoncer les dérives. M. Bédié a complètement travesti l’idéologie du père fondateur. C’est une constante chez lui parce que, lorsqu’il a, par l’article 11 de la constitution, eu accès au pouvoir, il a tenté de faire disparaître l’image et la pensée de Félix Houphouet-Boigny, par des actes et des comportements que ceux qui l’entourent, par couardise, ne peuvent dénoncer et prendre leur distance. Ecoutez-les cependant parler dans leurs salons et vous serez édifiés.

Le gros avertissement que lui a donné le vieux du fond de sa tombe, par l’épreuve du coup d’Etatde 1999 ne lui a pas servi de leçon. Les sanctions pour faire taire ceux qui, demain, vont lui porter la contradiction au prochain congrès, n’arrêtent pas notre détermination à vouloir le changement pour confier la direction du Pdci aux militants plus jeunes qui ont un projet de société pour la Côte d’Ivoire. D’ailleurs, un mouvement en gestation va naître à la veille des prochaines élections générales pour soutenir le candidat à la présidentielle dont la fin du mandat serait porteuse d’espoir, pour l’avènement d’une nouvelle classe politique rajeunie, ouverte aux 40 ans, 50 et moins de 60 ans. Et cela pour épouser les mutations qui se produisent dans le monde. Ce mouvement sera le catalyseur d’un projet de société pour la promotion des jeunes de toutes conditions pour bâtir la Côte d’Ivoire de demain. Car l’exemple que donnent les dirigeants actuels du PDCI dont le seul projet de société est d’accéder au pouvoir pour occuper les fonctions perdues avec le coup d’Etat de 1999 est d’une attristante médiocrité quand on sait ce que Houphouet Boigny a fait de la Côte d’Ivoire avec ce grand parti qu’est le Pdci.

Comment la population de Dimbokro, dont vous êtes le président du conseil général, a-t-elle accueilli la décision?

Vous avez la latitude d’aller interroger la population et en particulier la jeunesse; vous serez fixé sur leurs opinions à ce sujet. Pendant six ans au pouvoir, Bédié n’a rien fait dans le département; il contournait même la ville de Dimbokro par la rocade pour se rendre à Daoukro. Aujourd’hui, malgré les difficultés, nous faisons des efforts pour offrir un mieux-être à ces populations à travers des projets réalisés. Allez dans les villages vous en rendre compte. Je suis triste, quand j’entends certains dire que je dois démissionner. Je serais irresponsable si je le faisais car le sort des populations et les problèmes de développement sont au-dessus de toute autre considération surtout politicienne. Après la fermeture de l’Utexi, c’est le drame en ville. C’est pourquoi en dehors des projets agricoles, je voyage souvent à l’étranger pour attirer des investisseurs. N’eût été la situation socio –politique, les résultats seraient bien palpables. Très bientôt, des Indiens implanteront une usine de fabrication de barres et de plaques d’acier à Dimbokro. C’est un investissement initial de 20 000 000 de dollars (10 milliards de Fcfa). J’ai demandé au ministre de l’Economie et des Finances de faire la requête de financement auprès de l’Exim-Bank de l’Inde. Un projet qui fournira des emplois aux jeunes. Dans les prochains mois, avec des entreprises agricoles italiennes, des jeunes de Dimbokro iront en formation en Italie pour s’initier à la culture des agrumes. En retour, ces entreprises italiennes s’appuieront sur ceux-ci, pour introduire la culture d’agrumes et la transformation industrielle dans le département. Une cité des métiers est également en train d’être conçue avec une Ong canadienne, «Galaxie Jeunesse internationale». Aujourd’hui Dimbokro produit du miel. Quatre cents (400) jeunes s’adonnent à l’apiculture. Il reste à installer une unité de traitement de miel. Les ambitions que j’ai pour Dimbokro m’ont amené à construire le siège du conseil, qui en est le symbole. Cet édifice unique en Côte d’Ivoire au plan des conseils généraux fait la fierté des habitants de Dimbokro.

Nous avons des problèmes de développement qui assaillent les populations. La paupérisation gagne du terrain. Le conseil général sous ma direction a pris à bras le corps ces questions dans des conditions très difficiles. Voilà que pour nous distraire, la direction de mon parti, sous l’instigation de M. Bédié, tente de déstabiliser le président du Conseil. Les populations ne sont pas dupes. L’avenir immédiat nous le dira. La délégation de chefs de village venue me saluer m’a donné ce message pour Bédié: «dis à Bédié que la politique, ça ne se mange pas. Tu es en train de donner espoir à nos enfants pour demain, qu’il te laisse en paix pour travailler pour Dimbokro, qu’il nous dise ce qu’il a fait pour Dimbokro qui l’a nourri, sans rien recevoir en retour lorsqu’il était Chef de l’Etat pendant 6 ans».

Alors, quel est votre état d’esprit?

Vous-mêmes, vous voyez que je suis très décontracté! Je garde la sérénité. Parce que le Seigneur soutient toutes les causes justes. Les questions de développement de notre région transcendent tout. J’observe tout cela avec un grand détachement. Pour moi, c’est une tempête dans un verre d’eau. J’en profite pour lancer un message à M. Bédié à travers un adage bien de chez nous: «les poils de ses narines se consument et il ne sent pas l’odeur».

Demain, comme en décembre 1999 où il n’écoutait personne, il apprendra à ses seuls dépens que le processus engagé va le conduire à sa retraite définitive à Daoukro, où il se sentira bien seul, quand ceux qui le poussent à «couper la tête» de ses petits frères, n’iront plus lui rendre visite. «Si je savais n’a pas de queue», dit l’adage populaire.



Interview réalisée par Koffi Kouamé
Correspondant régional
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