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Économie Publié le mercredi 8 avril 2009 | Notre Voie

Soutien à la filière café-cacao : Le FGCCC à l’agonie

Le Fonds de garantie des coopératives café-cacao (FGCCC) est à l’agonie. Depuis le lundi 6 avril, ses travailleurs observent un arrêt de travail de 48 heures. Ils cumulent aujourd’hui plus de 5 mois de salaires impayés. Et pourtant, ce Fonds de garantie a longtemps été la fierté de la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial du cacao. Il l’était récemment encore jusqu’à la mise sous mandat de dépôt de la quasi-totalité des dirigeants des organes de gestion de la filière café-cacao, en juin 2008.

Quand la défunte Banque nationale de développement agricole (BNDA) a été défaillante, et que l’Etat ivoirien s’est rendu compte que son économie a toujours reposé sur l’agriculture, il a été décidé de mettre en place une structure pour soutenir la filière agricole. La structure trouvée, avec le soutien de l’Union européenne, a été le Fonds de garantie des coopératives café-cacao. Dans l’entendement des autorités ivoiriennes d’alors, l’agriculture était d’abord le binôme café-cacao avant d’être autre chose. Et le FGCCC a su répondre aux attentes de la nation ivoirienne en soutenant la filière du café et du cacao jusqu’à la mise en place de nouveaux organes de gestion de la filière café-cacao. En remplacement de la Caisse de stabilisation et de soutien des produits agricoles (Caistab) dissoute sur recommandation de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Le FGCCC a constamment apporté aux coopératives agricoles et aux producteurs individuels la garantie nécessaire qui leur permet d’être financés pendant les différentes campagnes agricoles par les banques commerciales. Mais les coopératives sont mauvais payeurs. Elles n’ont pas toujours remboursé l’argent qu’elles empruntent, grâce à la lettre de garantie du Fonds, aux banques commerciales. Alors, le FGCCC a toujours payé à leur place pour que le monde paysan ne s’écroule pas.

Le FGCCC en difficulté, l’Etat doit prendre ses responsabilités

Aujourd’hui, l’Etat met en place une nouvelle organisation de la filière et le FGCCC est simplement oublié. L’ordonnance qui institut le Comité de gestion de la filière café-cacao n’en fait pas cas. Alors dilemme. Les animateurs de ce comité ont-ils l’étoffe nécessaire pour apporter au FGCCC la subvention demandée qui doit lui permettre d’équilibrer son budget ? Selon certaines indiscrétions, l’hésitation constatée dans le traitement du dossier FGCCC par ce comité prendrait toute sa source là. L’ordonnance instituant le Comité de gestion étant muet sur le sujet, pourquoi ses dirigeants s’intéresseraient-ils au FGCCC sans attirer la colère de la tutelle ? C’est pourquoi nos informateurs insistent pour dire que le FGCCC n’a pas eu les moyens nécessaires pour financer les paysans au cours de la dernière campagne agricole. Et comme on devait s’y attendre, les paysans ont été abandonnés. Personne ne les a soutenus. Pas même le Comité de gestion de la filière qui a préféré mettre en place un autre système de financement en demandant aux producteurs d’aller soumettre leurs dossiers de financement à certaines banques. Or, il n’existe aujourd’hui aucune banque commerciale qui peut financer l’agriculture sans exiger de garantie forte. Juste un petit exemple pour comprendre l’importance du FGCCC.
Alors, l’Etat est en droit de le soutenir. Cela s’est vu dans les pays développés avec la crise financière mondiale. Dans ces pays, pour les structures qui sont importantes, et qui sont en difficulté, l’Etat a investi, à la faveur de cette crise, pour qu’elles soient maintenues. La Côte d’Ivoire doit en faire autant pour sauver le FGCCC. En devenant l’actionnaire majoritaire par la reprise de toutes les autres actions. Notamment des producteurs et des exportateurs qui ne peuvent prendre aucun risque pour sauver leur entreprise. L’Etat doit permettre au Fonds de continuer de jouer le rôle qu’il a toujours joué au niveau du monde paysan. Car là où la banque commerciale finance avec un taux d’intérêt de 18 % ou 19 %, le FGCCC le faisait avec un taux de 5 %. Parce qu’il fait d’abord du social.

Aujourd’hui, au moment où le FGCCC éprouve des difficultés, l’Etat de Côte d’Ivoire est en droit de prendre ses responsabilités. Parce qu’il a longtemps constitué un instrument qui a fait ses preuves dans le maintien et le développement de la filière café-cacao dans ce pays. L’Etat de Côte d’Ivoire ne doit pas laisser mourir le FGCCC, l’instrument par excellence de la promotion agricole. Car si tel devait être le destin de cette société, qui est passée aujourd’hui de la forme de projet à la forme d’établissement financier du secteur agricole avec un agrément de la BCEAO, ce serait une perte énorme pour la Côte d’Ivoire. Ses missions ne se limitant plus seulement aux seuls café et cacao.

Robert Krassault: ciurbaine@yahoo.fr
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