Les ressortissants du «V» baoulé ont sacrifié à la tradition, en décidant cette année encore de célébrer la fête de Pâques dans leurs villages respectifs. La gare routière d’Adjamé a refusé du monde hier, au point que tout observateur pouvait être tenté de croire que Abidjan se vidait de tous les Baoulé. Il était un peu plus de 11h. Les gares des sociétés de transport qui desservent les villes du «V» baoulé étaient noires de monde. Chacun s’activant à trouver une place dans un car pour se rendre dans son village. Dans une compagnie très réputée qui dessert le centre du pays, l’ambiance étaient surchauffée. Les nombreux voyageurs se plaignaient de la longue attente. «Depuis 8h, je suis à la gare avec mon épouse et mes enfants. Il était prévu qu’on prenne le 5ème départ, mais jusqu’à 11h, nous n’avons pas encore quitté Abidjan», se plaint Kouakou N’guessan, un ressortissant de Djèbonoua. Et pour cause. Au-delà de 16h, il lui serait difficile de rallier son village, une fois à Djèbonoua. Pour les responsables de ladite compagnie de transport, toutes les dispositions ont été prises pour faciliter le déplacement des populations. «Nous avons réquisitionné tous les cars de l’intérieur, pour prendre leur départ à Abidjan. Mais avec l’affluence que vous voyez, il est difficile de satisfaire tout le monde en même temps. Nous faisons de notre mieux», explique Kouakou N’dri, le chef de ligne de cette compagnie. Qui révèle que nombre de cars de la compagnie ont été aussi réquisitionnés par les mutuelles de développement de plusieurs villages, pour organiser les différents convois. Ce qui explique les difficultés auxquelles il se trouve confronté. Le spectacle est le même dans toutes les gares des villes du centre du pays. Pour répondre à la forte demande, plusieurs points de la ville d’Abidjan ont été transformés en gares de circonstance. Yopougon Ficgayo, Adjamé 220 logements, la maison des jeunes de Koumassi, le rond-point d’Abobo… ont tous refusé du monde. «La Pâques est le seul moment où nous avons l’occasion de rencontrer tous nos frères du village. Ne pas y aller veut dire que vous voulez attendre une année de plus pour vous retrouver dans la chaleur familiale», explique Koffi Diby, rencontré à la place Ficgayo. Ce dernier qui dit être le secrétaire général de la mutuelle de son village, était préoccupé par le retard du car qu’il a réquisitionné et qui devait quitter Abidjan à 11h. Jusqu’à 14h, le chauffeur et le convoyeur du car étaient injoignables. De l’avis des responsables des compagnies de transport visitées, la Pâques de cette année a battu le record de mobilisation des populations du centre.
Marc Yevou