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Société Publié le mardi 14 avril 2009 | Nord-Sud

Célébration de la fête de Pâques - Les nouvelles stratégies des Baoulés

Le week-end pascal, une période généralement longue, profite aux Baoulés qui se rendent massivement dans leurs villages pour y célébrer « Paquinou ». Un temps de retrouvailles et de réunion de développement que certains ressortissants du Centre ont pourtant passé cette année loin du terroir.

Fête chrétienne, Pâques commémore la résurrection de Jésus-Christ. Depuis une dizaine d`années, sa période, le week-end pascal a pris une autre connotation chez le peuple Baoulé de Côte d` Ivoire. Chaque année, ces Akans du Centre du pays se rendent dans leurs villages pour des retrouvailles et des réunions de développement. Cependant, comme tous les ans, beaucoup de Baoulés résidant à Abidjan et ailleurs dans le pays n`ont pas participé au « pèlerinage ». Ils sont restés sur place pour des raisons aussi diverses qu`ingénieuses. N`ayant pas pu se rendre dans leur terroir dans les années qui ont suivi la guerre, pour des questions de sécurité, certaines familles baoulé de capitale économique vivent la fête de Pâques dans l`esprit du « Paquinou » (qui signifie ``dans la Pâques``, en langue baoulé). Chaque année, à cette période, ils se réunissent pour la célébration traditionnelle de ce long week-end. Ce 11 avril, à Treichville, commune cosmopolite, la musique traditionnelle baoulé, des danses et des cris ont envahi la cour de Djè N`Da. Le père de famille, la soixantaine environ, est instituteur à la retraite.


Rompre avec la monotonie

Cette famille est originaire de Labokro dans le district de Yamoussoukro. « Notre village n`a pas organisé de Paquinou cette année. Ce sera l`année prochaine. Depuis quelques années, nous célébrons cette fête tous les deux ans. Et puisque nous l`avons célébrée l`année dernière, il faut attendre l`an prochain », explique Djè Florence, une des filles de la famille. Chez la famille N`Zi résidant aussi à Treichville, le voyage a été annulé pour le mariage traditionnel d`une de ses filles, célébré dimanche, dans la maison familiale. « Nous ne pouvions pas la laisser seule dans une circonstance pareille », note solidaire Mlle N`Zi Nadège, sœur cadette de la mariée. Les N`Zi ont combiné deux occasions. « Nous avons deux grands évènements à fêter : Pâques et le mariage de ma fille. C`est une grande joie pour moi de voir ma fille se marier un si grand jour», s`est réjoui le père. A Williamsville, dans la commune d`Adjamé, les Baoulés qui ne sont pas partis en pèlerinage, évoquent plusieurs raisons. Konan Jean, ébéniste à la retraite avoue être resté à Abidjan pour des raisons financières. Zédékou, son village est à quelques kilomètres de Béoumi. Selon lui, depuis le début de la guerre en 2002, les membres de l`association des ressortissants de ce village ne se rendent plus chez eux pour fêter Paquinou : « Nous organisons une cotisation et nous désignons un membre de notre bureau exécutif qui va avec l`argent au village en vue de résoudre sur place quelques problèmes sociaux: réparation ou construction de pompes hydrauliques, d`écoles primaires etc. »


Des cotisations à la place du voyage

Il révèle que « pour nous qui sommes restés à Abidjan, un festin est organisé le jour de la Pâques chez l`un d`entre nous. Nous mangeons et nous parlons du développement de notre village. Et c`est à cette même date que nous choisissons le projet que nous allons financer lors de la prochaine fête de Pâques. » Kouamé Jérémie, jardinier aux Deux Plateaux est membre de l`association des ressortissants de Sakassou. Sa structure procède comme celle de Konan Jean. « Il n`y a plus d`argent et on arrive difficilement à se nourrir normalement. C`est pour cette raison que nous déléguons quelqu`un pour nous représenter. Cette année, nous avons cotisé la somme de 200.000 Fcfa. Le délégué est allé samedi. Il doit distribuer cet argent à tous ceux qui ont perdu quelqu`un. Et c`est notre contribution ». En pays baoulé, dit-il, « il est très important d`aider ceux qui ont perdu un être cher. C`est un signe de solidarité ».

Le dimanche de Pâques, c`est la famille Yao qui nous accueille à Bingerville. Le chef de la maisonnée est cadre financier dans une entreprise de la place. La musique traditionnelle baoulé est audible depuis le portail. La famille a plusieurs invités. Une trentaine de personnes de tous âges : « Mes frères sont venus avec leurs épouses et enfants. A tour de rôle, nous nous retrouvons chaque année, à la fête de Pâques, chez l`un d`entre nous. Cette année, c`est mon épouse et moi qui accueillons toute la famille. Nous n`allons plus au village pour la fête de Pâques. Nous fêtons ici avec nos enfants et nos épouses ». La décision a été prise suite à un drame qui a endeuillé toute la famille. « Plusieurs de nos parents sont morts dans un grave accident de la circulation en se rendant à Bouaké pour Paquinou. Depuis lors, nous fêtons à Abidjan. Nous sommes sept frères et sœurs. C`est l`occasion de nous retrouver pour trouver des solutions aux problèmes de la famille», ajoute M. Yao.

A.K
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