A l'instar des pays du monde entier la Côte d'ivoire a célébré la joie de la Pâques, fête qui commémore la résurrection de Jésus-Christ le dimanche 11 avril dernier. A cette occasion, Monseigneur Jean Pierre Kutwa, Archevêque d'Abidjan, assisté de six (06) autres prêtres, a célébré la messe solennelle de Pâques, à la Cathédrale St Paul. C'était en présence de plusieurs personnalités administratives et politiques dont M. Emile Brou. Dans son homélie, s'appuyant sur l'évangile de Jean 6, 1-9, il a dénoncés les violences actuelles, les réticences à aller au pardon et à la réconciliation, avant d'exhorter les Ivoiriens à vivre dans l'espérance. Ci-dessous son intervention.
Marie Madeleine se rend au tombeau alors qu'il faisait encore nuit. C'est la nuit du monde. Il arrive que les ténèbres envahissent le cœur des hommes. Et alors la violence semble l'emporter, à tel point qu'elle paraît inéluctable. Certains brandissent leurs armes, d'autres manifestent une mentalité prudente comme Ponce Pilate qui a compris et qui voudrait libérer Jésus, mais décide finalement de ne pas intervenir. Les bons sentiments ne servent à rien, si nous avons peur des conséquences qu'ils peuvent engendrer. D'autres encore comme Judas, entraînés par le matérialisme, cèdent à l'appât du gain. Leur désir de posséder est tellement fort qu'ils sont prêts à vendre ce qu'ils ont de plus cher…
Et puis il y a la violence brutale et gratuite des soldats ou encore la violence meurtrière de la foule anonyme et impitoyable…Jésus est vaincu. Face à ce déchaînement de violences, les disciples ne pensent plus qu'à se sauver eux-mêmes. Ces mêmes ténèbres s'étendent sur ceux qui sont plongés dans la nuit des guerres, nourries par les intérêts de ceux qui profitent d'elles pour piller et s'enrichir et qui rendent difficile tout mouvement vers la paix.
Ces ténèbres écrasent la mèche fumante des pauvres abandonnés dans leur misère. Ces ténèbres envahissent notre cœur atteint par la résignation, incapable de trouver le chemin du pardon et de la réconciliation.
En arrivant devant le tombeau, Marie Madeleine constate que la lourde pierre qui fermait l'entrée a été ôtée. Elle court aussitôt avertir Pierre et Jean : "On a enlevé le Seigneur de son tombeau ! Crie-t-elle essoufflée. Et elle ajoute avec tristesse : "Nous ne savons pas où on l'a mis". Toute espérance semble perdue, anéantie. C'est la victoire absolue des ténèbres, la victoire du mal. C'est le désespoir. Pierre et l'autre disciple que Jésus aimait se hâtent vers le tombeau vide. Leur course exprime bien l'anxiété de chaque disciple, de chaque communauté du monde entier qui a besoin du Seigneur, du futur, de quelque chose qui ne déçoit pas, qui ne finit pas. Quelque chose a changé avec la résurrection, les ténèbres sont dissipées. Le cœur qui semblait s'arrêter s'est remis à battre, les sentiments ont retrouvé leur force. Nous aussi, notre cœur peut retrouver la joie. Mon frère, ma sœur, l'espérance n'appartient pas au passé. Elle est au rendez-vous aujourd'hui.
La joie de Pâques ne peut exister sans la souffrance de la croix, puisque c'est la victoire sur cette souffrance. La joie n'est pas une joie sans larmes, mais des larmes séchées par l'amour. C'est pourquoi Pâques est aussi la course vers celui qui aime est pressé de rejoindre l'aimé. Jean le disciple bien aimé, arrive le premier au tombeau suivi de Pierre qui entre dans le tombeau. "Il vit et il crut" note l'Evangile.
Jusque-là, "ils n'avaient pas vu que, d'après l'Evangile, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts". C'est aussi l'image de notre vie, l'image de notre pays : nous avons du mal à croire que la vie puisse ressusciter, que notre pays puisse ressusciter. Avec tout ce que nous voyons, nous nous résignons trop souvent au mal, à la logique de la violence, si évidente et si terrible dans l'histoire de Jésus comme dans notre histoire. Pâques vient ouvrir les portes de notre cœur plongé dans la tristesse, le sentiment d'échec, le désarroi, la déception. Chaque fois qu'une petite flamme d'amour s'allume dans le désespoir, que les larmes sont séchées, qu'une main est tendue à un frère, qu'un étranger devient un frère. Ce sont les ténèbres qui se dissipent un peu pour laisser poindre la lumière de la résurrection. La vie et la mort se sont affrontées en un duel prodigieux. Le Seigneur de la vie était mort, et maintenant il est vivant. Oui, nous en sommes certains. Christ est vraiment ressuscité. Roi victorieux, donne-nous ton Salut. Si seulement nous croyions un peu plus dans la force de l'amour qui a vaincu le mal. N'ayons pas peur ! Christ est ressuscité ! C'est notre force, notre joie et notre espérance. Victoire alléluia !
Mgr Jean Pierre Kutwa
Archevêque d'Abidjan
Marie Madeleine se rend au tombeau alors qu'il faisait encore nuit. C'est la nuit du monde. Il arrive que les ténèbres envahissent le cœur des hommes. Et alors la violence semble l'emporter, à tel point qu'elle paraît inéluctable. Certains brandissent leurs armes, d'autres manifestent une mentalité prudente comme Ponce Pilate qui a compris et qui voudrait libérer Jésus, mais décide finalement de ne pas intervenir. Les bons sentiments ne servent à rien, si nous avons peur des conséquences qu'ils peuvent engendrer. D'autres encore comme Judas, entraînés par le matérialisme, cèdent à l'appât du gain. Leur désir de posséder est tellement fort qu'ils sont prêts à vendre ce qu'ils ont de plus cher…
Et puis il y a la violence brutale et gratuite des soldats ou encore la violence meurtrière de la foule anonyme et impitoyable…Jésus est vaincu. Face à ce déchaînement de violences, les disciples ne pensent plus qu'à se sauver eux-mêmes. Ces mêmes ténèbres s'étendent sur ceux qui sont plongés dans la nuit des guerres, nourries par les intérêts de ceux qui profitent d'elles pour piller et s'enrichir et qui rendent difficile tout mouvement vers la paix.
Ces ténèbres écrasent la mèche fumante des pauvres abandonnés dans leur misère. Ces ténèbres envahissent notre cœur atteint par la résignation, incapable de trouver le chemin du pardon et de la réconciliation.
En arrivant devant le tombeau, Marie Madeleine constate que la lourde pierre qui fermait l'entrée a été ôtée. Elle court aussitôt avertir Pierre et Jean : "On a enlevé le Seigneur de son tombeau ! Crie-t-elle essoufflée. Et elle ajoute avec tristesse : "Nous ne savons pas où on l'a mis". Toute espérance semble perdue, anéantie. C'est la victoire absolue des ténèbres, la victoire du mal. C'est le désespoir. Pierre et l'autre disciple que Jésus aimait se hâtent vers le tombeau vide. Leur course exprime bien l'anxiété de chaque disciple, de chaque communauté du monde entier qui a besoin du Seigneur, du futur, de quelque chose qui ne déçoit pas, qui ne finit pas. Quelque chose a changé avec la résurrection, les ténèbres sont dissipées. Le cœur qui semblait s'arrêter s'est remis à battre, les sentiments ont retrouvé leur force. Nous aussi, notre cœur peut retrouver la joie. Mon frère, ma sœur, l'espérance n'appartient pas au passé. Elle est au rendez-vous aujourd'hui.
La joie de Pâques ne peut exister sans la souffrance de la croix, puisque c'est la victoire sur cette souffrance. La joie n'est pas une joie sans larmes, mais des larmes séchées par l'amour. C'est pourquoi Pâques est aussi la course vers celui qui aime est pressé de rejoindre l'aimé. Jean le disciple bien aimé, arrive le premier au tombeau suivi de Pierre qui entre dans le tombeau. "Il vit et il crut" note l'Evangile.
Jusque-là, "ils n'avaient pas vu que, d'après l'Evangile, il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts". C'est aussi l'image de notre vie, l'image de notre pays : nous avons du mal à croire que la vie puisse ressusciter, que notre pays puisse ressusciter. Avec tout ce que nous voyons, nous nous résignons trop souvent au mal, à la logique de la violence, si évidente et si terrible dans l'histoire de Jésus comme dans notre histoire. Pâques vient ouvrir les portes de notre cœur plongé dans la tristesse, le sentiment d'échec, le désarroi, la déception. Chaque fois qu'une petite flamme d'amour s'allume dans le désespoir, que les larmes sont séchées, qu'une main est tendue à un frère, qu'un étranger devient un frère. Ce sont les ténèbres qui se dissipent un peu pour laisser poindre la lumière de la résurrection. La vie et la mort se sont affrontées en un duel prodigieux. Le Seigneur de la vie était mort, et maintenant il est vivant. Oui, nous en sommes certains. Christ est vraiment ressuscité. Roi victorieux, donne-nous ton Salut. Si seulement nous croyions un peu plus dans la force de l'amour qui a vaincu le mal. N'ayons pas peur ! Christ est ressuscité ! C'est notre force, notre joie et notre espérance. Victoire alléluia !
Mgr Jean Pierre Kutwa
Archevêque d'Abidjan