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Politique Publié le vendredi 17 avril 2009 | Le Nouveau Réveil

L`arbre des compétences de la Côte d`Ivoire et son devenir - Le FPI a méprisé l`héritage du PDCI-RDA

Dans son édition du jeudi 16 avril 2009, "Le Nouveau Réveil" apporte une mise au point du Président Bédié sur la campagne de dénigrement du PDCI par la FPI relativement à la dette ivoirienne. Nous saluons la clarté de cette mise au point derrière laquelle se dressent autour, du Président Bédié, de grands connaisseurs de l'évolution de la Côte d'Ivoire ; nous saluons également le caractère éminemment pédagogique du document. Dans la présente communication, FUAP, la Force universitaire d'appui au PDCI, apporte des compléments d'informations pour épauler les arguments du PDCI en se fondant sur les résultats de ses propres recherches sur la dynamique de l'économie et de la société ivoiriennes. Au cours de ses investigations, FUAP s'est posé la question suivante : Jusqu'où veut et peut aller la Côte d'Ivoire, et comment infléchir et inverser les tendances à sa régression actuelle sous le régime des profs Refondateurs avec leurs gâchis ? La réponse à cette question a été apportée en s'appuyant sur un concept opératoire assez simple à exploiter comme cadre de référence pour penser l'avenir d'une organisation. C'est le concept d'arbre des compétences. La cause essentielle du retard de l'Afrique, c'est une impuissance générale à trois niveaux : 1°) le savoir-faire et les compétences pour déclencher le processus du développement (racines : éducation, vision, valeurs) ; 2°) la cohésion et la volonté collective pour mettre l'Etat et les individus au service de la société (tronc) ; 3°) la valorisation des compétences pour créer des richesses à partager (branches) (schéma 4).
Notre avenir est devenu très incertain avec l'avènement des Refondateurs, mais heureusement encore ouvert à de multiples futures possibilités ou futuribles. Sa construction dépend des risques que nous serons appelés à prendre, après avoir, à la suite des élections dont il a peur depuis bientôt cinq ans, renvoyé démocratiquement le FPI à l'école des compétences. Des diagnostics qui seraient trop longs d'exposer permettent de planter le décor de l'évolution de l'arbre des compétences de la Côte d'Ivoire indépendante jusqu'à la prise calamiteuse du relais par le FPI.

A partir de Houphouët-Boigny, commence la phase de l'élaboration de la nation, sous le règne du PDCI. C'est en effet le point de départ de la construction d'un Etat par les Ivoiriens eux-mêmes. Le principe de la continuité de l'Etat commande que nous partions de ce point de référence à partir duquel des choix fondateurs ont posé les bases de notre évolution depuis deux générations. Les cadres institutionnels et juridiques de l'héritage colonial ne sont pas à occulter, de même que les équipements (voies de communication, infrastructures économiques, éducatives, sociales, administratives), et tout l'héritage constitué par les germes de changement au départ de la création d'une tradition de modernisation dans la colonie.

L'enjeu, en 1960, était de faire mieux que le colonisateur au lieu de l'insulter ; d'apporter un plus à un héritage mis en place par la métropole pour garantir la sécurité de ses citoyens et de ses entreprises en important des matières premières à vil prix. Le même pari se renouvelle en principe, après l'indépendance, avec l'alternance du pouvoir. L'intérêt du devenir de l'arbre des compétences de la Côte d'Ivoire réside à ce niveau. Car du PDCI au FPI et jusqu'à l'infini du futur, chaque génération a désormais la responsabilité de la survie de l'arbre. C'est donc sous cet angle qu'il faut interpréter l'arbre des compétences de la Côte d'Ivoire et son devenir.

L'histoire et la géographie des quatre premières décennies qui ont suivi notre indépendance révèlent les choix fondateurs dans la genèse du pays le plus ouvert de l'Afrique occidentale avec ses 26% d'étrangers en 1998, ainsi que l'âme que le nouvel Etat s'est forgée sous le PDCI. Ces choix fondateurs ont déclenché une croissance économique continue pendant 20 ans (1960-1980). Le développement de savoir-faire et de compétences générales fut le premier souci plein de sagesse de Félix Houphouët-Boigny, pour jeter les bases (racines) du progrès de son pays. Il a donné un signal fort avec le premier contingent de 150 jeunes Ivoiriens envoyés en France : les compagnons de l'aventure, en 1946 ; il a consacré la moitié du budget de l'Etat à l'éducation et à la formation ; il a équipé le pays en infrastructures éducatives et mis en place des établissements et centres de recherche prestigieux pour la formation scientifique et technique ; il a anticipé et projeté son pays à l'horizon 2000 (étude prospective Côte d'Ivoire 2000 en 1973); il a organisé un système économique destiné à mettre, avec le capitalisme d'Etat, son pays à l'abri d'un capitalisme sauvage ; il a construit un régime politique autour du parti unique en cherchant à grouper toutes les forces vives autour de ce parti par nécessité de survie de ce parti ; il a prêché le dialogue, la non-violence et le consensus pour bâtir autour de ce parti un pays moderne, d'hospitalité et de fraternité.

Le tronc de l'arbre des compétences de la Côte sous Houphouët-Boigny et le PDCI, c'est tout ce qui a été fait pour mettre une volonté collective au service de l'intégration des Ivoiriens : des infrastructures plus importantes et plus performantes que celles du régime colonial ; les réseaux de communication ; des outils de production centrés au départ sur l'agriculture comme moteur de croissance ; la régulation de son système par un ministère du Plan très fort au début de l'indépendance.

Les migrations amples vers la Côte d'Ivoire et à l'intérieur d'un pays d'intense mobilité peuvent être considérées comme une écriture au sol des réponses des hommes, à travers leurs activités, dans un projet ; ce sont des signaux de l'actualisation de la vision des nouveaux acteurs nationaux, avec une forte tendance à la concentration en zone forestière et sur la frange littorale. L'agriculture a été au centre des réseaux d'échanges et a dessiné un nouveau pays économiquement et humainement. Le niveau d'équipement du pays en infrastructures d'échanges et de communication, pendant quatre décennies (1960-1999), a accéléré le désenclavement et la mobilité autour de pôles d'équilibre principaux et secondaires de croissance économique programmés et effectivement organisés sur le terrain. Abidjan et San Pedro, sur le littoral ont été programmés par le planificateur pour être des pôles majeurs de croissance ; Bouaké, Korhogo-Ferké et Man ont été programmés comme pôles d'équilibre principaux et ont évolué effectivement comme tels. Ces activateurs du géo système ivoirien et de l'intégration nationale relevaient de stratégies et de moyens opérationnels mis en œuvre dans le cadre d'une économie libérale planifiée avec souplesse (perspectives décennales, plans quinquennaux votés par l'Assemblée Nationale tous les cinq ans, budgétisés et régionalisés) ; FRAR et FIAU ; programmes de développement régional intégré (AVB et ARSO). Le choix du capitalisme d'Etat a été au cœur de l'organisation de la Côte d'Ivoire de l'aube de l'indépendance avec l'injection de ressources publiques colossales qui ont endetté le pays. Cependant, l'endettement avait généré des richesses. Et c'est le plus important, c'est-à-dire ce qui a été fait de la dette, parfaitement illustré par la réponse de Bédié à Gbagbo dans "Le Nouveau Réveil" du 16 avril 2009.

Toute cette dynamique traduisait une volonté stratégique en mouvement : aller au-delà de l'héritage colonial. Houphouët-Boigny, "cerveau politique de premier ordre" (Charles de Gaulle) avait donc pensé et organisé son pays en trois décennies, en faisant mieux que l'ancien colonisateur (mais intelligemment, avec sa coopération) dans tout ce qu'il nous a légué : écoles, universités, routes, ports, villes, agriculture, industrie, communications, hôpitaux, habitat etc. ; mais il y avait aussi une fierté nationale affichée par tout citoyen ivoirien en dehors de son pays. Aujourd'hui, les Ivoiriens rasent les murs et fuient vers l'étranger. Le territoire ivoirien comme arbre des compétences en Afrique avait une audience au-delà de nos frontières.

Le projet de l'Eléphant d'Afrique de Bédié était aussi ambitieux que celui de son prédécesseur. Il visait à donner, dans "Le progrès pour tous et le bonheur pour chacun", une nouvelle dimension au pays à l'horizon d'une génération (Côte d'Ivoire 2025). Une bonne gestion de la dévaluation en 1994, la stabilisation et la relance de l'économie, l'amorce d'une politique d'indépendance énergétique et des équipements destinés à renforcer le rôle de pôle régional du pays et d'Abidjan avaient commencé à donner leurs fruits (AZITO, nouvel aéroport, port autonome, un Palais de la culture unique dans la région). L'arrêt sur image des actions de Houphouët et de Bédié dégage le tableau final suivant comme fruits au sommet de l'arbre ivoirien (branches) à la veille de la chute du régime PDCI, avec l'irruption des militaires et des rebelles sur la scène politique. Nous avons eu quatre décennies de stabilité et un poids géopolitique régional ; un grenier du cacao mondial et un pays grand exportateur de matières premières agricoles ; le principal centre d'affaires régional de L'UEMOA ; un pays en passe de tirer un trait sur la longue crise 1980-1993 à la veille du coup d'Etat ; de 1960 à 1980 (les 20 glorieuses) c'est à dire vingt années de croissance économique forte (7% et plus) et, de 1993 à 1999, six années de croissance consécutive, soit un total de 26 années de croissance sur 39 (66,6% du règne PDCI en temps de croissance positive) ; un accroissement du PIB en volume de près de 40 % de 1993 à1999 ; le regain exactement de ce qui avait été perdu de 1983 à 1993. L'évolution du PIB de 1993 à 1998 se présentait comme suit : redressement en 1994 (+2%) ; décollage en 1995 (7,1 %) ; 6,9% en 1996 ; 6% en 1997 ; 4,6% en 1998. La direction de la prévision du ministère de l'Economie tablait sur une croissance de 4% en 1999. La redistribution des secteurs dans la contribution à la croissance se présentait comme suit : secteur primaire : 34 % du PIB ; Secteur secondaire : 20 % ; Secteur tertiaire : 46 %. Par ailleurs, 51% des étudiants dans le cycle supérieur au sein des huit pays de l'UEMOA se concentraient en Côte d'Ivoire quand le PDCI était au pouvoir. Enfin la convivialité inter ethnique et l'unité nationale qui émergeait autour de la fierté de ce que nous avions construit ensemble étaient partie intégrante de notre arbre des compétences sous le régime PDCI.

Tout n'était pas rose autour de l'arbre des compétences planté par le PDCI; mais l'environnement économique, le cadre et la qualité de vie étaient préférables à ceux des référents précolonial et colonial et à ceux de la plupart des pays africains au sud du Sahara, Afrique du Sud exceptée. Malgré la dette, il faisait bon vivre en Côte d'Ivoire. Les fruits de l'arbre planté par le PDCI permettent à la Côte d'Ivoire de tenir encore debout aujourd'hui malgré les neuf années de gâchis de la refondation dont la gestion du pays a déclenché la guerre et la partition du pays. La Côte d'Ivoire demeure encore une terre d'accueil dans une conjoncture où l'avenir est incertain, et où tout est réversible, à notre détriment, compte tenu des tendances négatives mises en exergue depuis l'arrivée calamiteuse du FPI à la tête de notre pays.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le FPI a méprisé l'héritage du PDCI. Gbagbo a déclaré le premier mai 2007 aux travailleurs Ivoiriens, à la présidence, qu''il n'avait reçu aucun héritage. On en a la preuve dans ses analyses et attaques pour secouer les bases l'édifice national à travers lesquelles il a cherché à abattre le PDCI. Dans ses "Propositions pour gouverner la Côte d'Ivoire", il avait affiché sa volonté de mettre hors jeu le "Vieux Parti" en dénonçant "la tradition des contrats de dupes ayant rythmé le régime du parti unique". Il est demeuré dans la même logique dans son programme de gouvernement adopté à son congrès de 1994. A travers sa nouvelle alternative, il se proposait de "préserver le pays de l'affrontement entre hommes ; fonder une Nation Africaine Démocratique et socialiste en Côte d'Ivoire ; gouverner la Côte d'Ivoire autrement." Et il nous a apporté la guerre au bout de deux ans de règne, en gouvernant hors normes.

Est-il nécessaire d'épiloguer davantage sur les courtes vues du FPI face au bilan de l'une des plus grandes figures politiques de l'Afrique Noire indépendante qui honorait notre pays et de son successeur, Henri Konan Bédié ? L'honnêteté et l'objectivité académiques commandaient que, pour un bilan, même celui du plus farouche adversaire, une place soit réservée à ses forces, aux acquis laissés au pays.

Le cadre formel de référence de nos amis professeurs de gauche a toujours été le concept suranné de la lutte des classes qui ne fait recette que pour semer la violence et le désordre. "Gouverner autrement" du FPI est, de ce point de vue, plus un ouvrage de propagande socialiste qu'une construction élaborée rigoureusement pour défendre un projet de société. Cette logomachie socialo-trotskyste révèle que ses auteurs n'ont rien compris de la logique et du paradigme houphouétiste du développement. Le Bélier de Yamoussoukro avait axé son pari sur l'émergence d'une puissance éducative et d'une puissance agricole pour déclencher un développement global à long terme.

On assiste aujourd'hui, curieusement, quinze ans après, une condamnation ex cathedra de l'œuvre d'Houphouët-Boigny, à un revirement spectaculaire du discours du chef des Refondateurs qui se proclame soudain Houphouétiste ; mais lui-même et son entourage occultent royalement la quintessence du message de Houphouët : un comportement pacifique pour bâtir une cité.

L'absence de visibilité sur un vrai plan stratégique et d'actions concrètes du FPI pour développer la Côte d'Ivoire depuis son accession au pouvoir est criarde : la parenthèse douloureuse du règne des Professeurs n'a pas consolidé les acquis de la construction nationale, même dans le secteur de la formation, leur domaine de compétence. Au contraire, le FPI s'est attaqué à l'arbre des compétences de la Côte d'Ivoire par sa racine avec sa FESCI en mettant notre système éducatif dans une situation désastreuse. Ce fut le premier et le plus grand crime parmi les gâchis de la Refondation. L'arbre des compétences dont les Professeurs ont hérité s'est ainsi considérablement rabougri ; les Ivoiriens sont de plus en plus pauvres, tandis que nos profs au pouvoir déclarent qu'ils ne seront plus jamais pauvres.

FUAP
Force universitaire d'appui au PDCI
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