Le chef de la junte guinéenne menace d' « ôter la tenue » pour être candidat si les leaders politiques ne mettent pas de l’eau dans leur vin. Il estime que les politiciens lui manquent de respect. Des propos diversement interprétés.
Le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte guinéenne, estime que la classe politique lui manque de respect depuis sa prise de pouvoir en décembre 2008. Il a menacé, mercredi, au cours d’un meeting à Conakry d’ôter la tenue militaire pour se présenter à l’élection présidentielle prévue en décembre. Il avait dès sa prise de pouvoir déclaré n’être pas un « ambitionné » du pouvoir. « S'ils (les leaders politiques) ne reconnaissent pas le Cndd comme nous les avons reconnus, s'ils ne mettent pas de l'eau dans leur vin, je vais ôter la tenue et je vais me présenter aux élections prochaines contre eux », a menacé le président autoproclamé, sous les applaudissements de quelque 1.500 personnes. Comment comprendre aujourd’hui ces menaces proférées par le capitaine-président ? Osera-t-il franchir le Rubicond en descendant dans l’arène pour ruiner le capital sympathie qu’il a construit depuis sa prise de pouvoir comme l’avait fait en Côte d’Ivoire le général Robert Guéï ? Ou bien suivra-t-il l’exemple du général ATT au Mali ? Difficile à savoir. Tout compte fait, cette sortie virulente du chef de la junte fait couler beaucoup d’encre et de salive aussi bien dans la classe politique guinéenne qu’à l’extérieur du pays. La menace d’ôter son uniforme et d’aller aux élections est prise très au sérieux par une importante frange de la classe politique, contrairement à d’autres qui la mettent au compte de «sautes d’humeur» du capitaine-président. Quelle mouche a piqué Dadis Camara, s’interrogent certains observateurs à Abidjan? Mais on comprendra très vite qu’il s’agit d’une frustration mal contenue. « Ils veulent nous faire croire qu’ils sont supérieurs à nous tous, qu’ils sont bardés de diplômes internationaux, que nous ne sommes que des faire-valoir », a-t-il vitupéré. Mais, nous leur prouverons qu’ils ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan ». Le chef de la junte a encore déclaré: « Ils ont cherché le pouvoir pendant 24 ans sous le régime du général Lansana Conté, ils ne l’ont pas eu, maintenant que c’est à portée de main, ils se moquent de nous et veulent nous prendre pour des je-ne-sais-quoi ». « Qu’ils sachent que tous les citoyens ont le droit de se présenter à la présidentielle et que personne n’est né militaire. Donc, si je veux, je me présente et personne ne pourra me l’interdire », a-t-il conclu. Pour le président, «ces leaders ne sont pas plus Guinéens et plus représentatifs des forces vives que les jeunes qui sont sortis» le soutenir au stade. «Alors, qu’ils cessent de nous frustrer» sans quoi tous les engagements pris par son équipe risquent de s’en aller à vau-l’eau. A Conakry, on explique que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase proviendrait d’un «rapport secret» fait à Moussa Dadis Camara, au lendemain d’un entretien entre les leaders politiques et des responsables de la Banque mondiale qui se sont rendus à Conakry à la fin du mois de mars. Frustré, ou prétendant l’être, accusent certains guinéens, le chef de l’Etat ne cherche que des prétextes pour s’éterniser au pouvoir. Il aurait insinué à une autre occasion, ajoutent les mêmes personnes, que son successeur ne sera rien d’autre qu’un jeune comme lui pour suivre la dynamique déjà engagée. «Autrement, le prochain président, comme il le décrit lui-même, ne sera que celui qu’il veut», accuse-t-on. «Même si la jeunesse lui demandait de se présenter à ces élections, Dadis Camara doit refuser poliment cette sollicitation afin de demeurer l'arbitre du jeu guinéen. Il n'en sortira que très grandi. Je l'exhorte à davantage de sagesse et de retenue: il y a des choses qu'on peut faire mais qu'on doit se réserver de faire», conseille un observateur.
Bakayoko Youssouf
Le capitaine Moussa Dadis Camara, chef de la junte guinéenne, estime que la classe politique lui manque de respect depuis sa prise de pouvoir en décembre 2008. Il a menacé, mercredi, au cours d’un meeting à Conakry d’ôter la tenue militaire pour se présenter à l’élection présidentielle prévue en décembre. Il avait dès sa prise de pouvoir déclaré n’être pas un « ambitionné » du pouvoir. « S'ils (les leaders politiques) ne reconnaissent pas le Cndd comme nous les avons reconnus, s'ils ne mettent pas de l'eau dans leur vin, je vais ôter la tenue et je vais me présenter aux élections prochaines contre eux », a menacé le président autoproclamé, sous les applaudissements de quelque 1.500 personnes. Comment comprendre aujourd’hui ces menaces proférées par le capitaine-président ? Osera-t-il franchir le Rubicond en descendant dans l’arène pour ruiner le capital sympathie qu’il a construit depuis sa prise de pouvoir comme l’avait fait en Côte d’Ivoire le général Robert Guéï ? Ou bien suivra-t-il l’exemple du général ATT au Mali ? Difficile à savoir. Tout compte fait, cette sortie virulente du chef de la junte fait couler beaucoup d’encre et de salive aussi bien dans la classe politique guinéenne qu’à l’extérieur du pays. La menace d’ôter son uniforme et d’aller aux élections est prise très au sérieux par une importante frange de la classe politique, contrairement à d’autres qui la mettent au compte de «sautes d’humeur» du capitaine-président. Quelle mouche a piqué Dadis Camara, s’interrogent certains observateurs à Abidjan? Mais on comprendra très vite qu’il s’agit d’une frustration mal contenue. « Ils veulent nous faire croire qu’ils sont supérieurs à nous tous, qu’ils sont bardés de diplômes internationaux, que nous ne sommes que des faire-valoir », a-t-il vitupéré. Mais, nous leur prouverons qu’ils ne sont que des gouttes d’eau dans l’océan ». Le chef de la junte a encore déclaré: « Ils ont cherché le pouvoir pendant 24 ans sous le régime du général Lansana Conté, ils ne l’ont pas eu, maintenant que c’est à portée de main, ils se moquent de nous et veulent nous prendre pour des je-ne-sais-quoi ». « Qu’ils sachent que tous les citoyens ont le droit de se présenter à la présidentielle et que personne n’est né militaire. Donc, si je veux, je me présente et personne ne pourra me l’interdire », a-t-il conclu. Pour le président, «ces leaders ne sont pas plus Guinéens et plus représentatifs des forces vives que les jeunes qui sont sortis» le soutenir au stade. «Alors, qu’ils cessent de nous frustrer» sans quoi tous les engagements pris par son équipe risquent de s’en aller à vau-l’eau. A Conakry, on explique que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase proviendrait d’un «rapport secret» fait à Moussa Dadis Camara, au lendemain d’un entretien entre les leaders politiques et des responsables de la Banque mondiale qui se sont rendus à Conakry à la fin du mois de mars. Frustré, ou prétendant l’être, accusent certains guinéens, le chef de l’Etat ne cherche que des prétextes pour s’éterniser au pouvoir. Il aurait insinué à une autre occasion, ajoutent les mêmes personnes, que son successeur ne sera rien d’autre qu’un jeune comme lui pour suivre la dynamique déjà engagée. «Autrement, le prochain président, comme il le décrit lui-même, ne sera que celui qu’il veut», accuse-t-on. «Même si la jeunesse lui demandait de se présenter à ces élections, Dadis Camara doit refuser poliment cette sollicitation afin de demeurer l'arbitre du jeu guinéen. Il n'en sortira que très grandi. Je l'exhorte à davantage de sagesse et de retenue: il y a des choses qu'on peut faire mais qu'on doit se réserver de faire», conseille un observateur.
Bakayoko Youssouf