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Société Publié le mardi 28 avril 2009 | Notre Voie

Dépravation des mœurs: Bouaké, la prostitution fait rage

Le plus vieux métier du monde gagne du terrain à Bouaké. Dans cette grande ville, la prostitution s’exerce à ciel ouvert. Des mineures comme des majeures se vendent dans des conditions qui dépassent l’entendement. Dans les quartiers d’Ahougnanssou, Commerce, Air France, les filles de joie font la loi. Les sous y passent.

Les prostituées de Bouaké se vendent à tous les prix, de 500 à 5000F la passe, selon la catégorie du client et le lieu où se déroule la partie de jambes en l’air. A l’air libre 500 Fcfa, dans les chambres de passe 1000 F, dans les toilettes des bars climatisés 5000 F. Au quartier Air France, la nuit tombée, les bancs des veudeuses de jus de fruits et autres marchandises servent de lits aux prostituées qui n’hésitent pas à s'y envoyer au septième ciel avec leurs clients. Elles sont aidées dans leur tâche par des jeunes gens qui surveillent le lieu où se déroule la scène, pour ne pas qu’un passant les surprenne. En contrepartie, les filles de joie versent à leur “garde du corps” d’un soir 200 Fcfa ou 500 F selon le montant qu’elles auront perçu de leurs clients. Mais comment arrivent-elles à faire l'amour sur ces bancs? «Nous prenons appui sur le banc, le partenaire fait sa chose et se barre», a expliqué Mariam, autour d’un pot dans une boîte de nuit de ce quartier.

A Ahougnanssou,une grande cabane en bois sert d'hôtel pour les filles de joie. Cet hôtel qui ouvre ses portes à partir de minuit est très réputé dans la ville de Bouaké parce qu’on y trouve de belles créatures qui viennent pour la plupart de la sous-région. A notre arrivée en ce lieu du sexe, nous tombons sur des cris d’une prostituée, qui n’était pas du tout contente de son client parce qu’il mettait trop de temps à se vider. Soudain, cette dernière sort du «coin», en tempêtant dans un français approximatif. Le jeune tenancier de l’hôtel lui demande ce qui se passe : «C’est pas ce missié-là, il fait, il fait depuis là, il pisse pas», lâche-t-elle. Au même moment, le client sort du coin en remontant son pantalon. Le jeune garde du corps des filles qui tenait sur lui une Kalachnikov lui dit de s’en aller. L’homme voulut s’expliquer. «Tu te barres où je t’envoie au cimetière», menaça le gros bras. Le client partit sans mot dire et la fille reprit position au bord du bitume sifflant de nouveaux clients.


Complicité entre FN et prostituées

De temps à autre, des éléments des Forces nouvelles issus de la police de ce mouvement font des descentes sur les lieux. Ce soir-là, ils étaient trois portant en bandoulière des fusils d’assaut. Mais les prostituées ne se gênaient, parce que ceux-ci reçoivent eux aussi «une dose de plaisir». «Ce sont nos frères, ils viennent ici souvent, donc nous n’avons pas peur», lance avec un large sourire une jeune fille de joie âgée de 16 ans. Sur-le-champ, un des éléments des Forces nouvelles entre dans la baraque avec deux filles de joie et y passe près de 50 minutes. Une fille de joie nous explique que les filles, une fois dans la chambre, se soumettent à des pratiques peu recommandables. «Mais, ces filles-là sont mortes aujourd’hui parce qu’elles se faisaient sodomiser». Elle avoue qu’elle a été elle-même victime de cette pratique à plusieurs reprises par certains éléments des Forces nouvelles.

Pendant ce temps, le va-et-vient des filles de joie suivi de leurs clients respectifs continue.


Les fraîchenies ou les cocos frais

Cette quête du gain facile a entraîné l’entrée des mineures dans la prostitution. Elles ont entre 10 et 13 ans et sont communément appelées «fraîchenies ou cocos frais». Chaque soir, elles déambulent aux abords des maquis de Air France vers la Coopec et aussi en face de l’agence de Frat Mat. Quand elles ont un client, non loin de là, elles se trouvent des chambres de passe dans un hôtel du coin, où l’heure est à 1000 F CFA. Ces chambres de passe font entre 300 000 F et 500 000 F CFA de recettes par semaine. «Nous faisons gagner beaucoup d’argent aux gérants d’hôtel, entre 300 000 et 500 000 par semaine», a avoué Ange, une fille de joie. Selon elle, les filles de joie font gagner cette somme à cet hôtel comme «si c’était un jeu d’enfants». Dans cet hôtel, les employés se sont transformés en proxénètes. Ils ont des numéros de téléphone des prostituées avec leurs photos dans un gros registre, qu’ils contactent en cas de besoin. En retour, la prostituée, en fonction de ce qu’elle gagne, verse un pourcentage au jeune. «La commission peut aller jusqu’à 10% de la somme», a affirmé Karim, un jeune du milieu. Cependant, dans la plupart des cas, le prix de la passe est fixé par le jeune homme à la prostituée avant qu’elle ne vienne rencontrer le client.
Les jeux sont faits. Et, chacun sait déjà combien lui rapporte la partie de jambes en l’air.

Les soldats de l’Onuci, les meilleurs clients


Les meilleurs clients des filles de joie de Bouaké sont les fonctionnaires de l’ONU et de la Force Licorne. Ils n’hésitent pas à miser gros pour s’envoyer en l’air avec les filles de joie. Nous avons surpris quelques-uns dans une boîte de nuit du quartier, en face d’un célèbre cyber café. Certaines filles n’ont pas hésité à se jeter sur les bons clients comme elles les appellent. «Ils sont vraiment bien avec nous parce qu’ils nous donnent souvent 20 000 ou 40 000 pour la passe. J’ai eu même la chance d’avoir 100 000 Fcfa avec un gars de l’ONU pour la simple raison que je devais coucher avec trois de ses amis en même temps. Ce que j’ai fait sans hésiter», révèle une étudiante qui exerce ce métier pour payer ses cours. Au moment de notre discussion avec cette fille de joie, nous avons vu entrer dans les toilettes un soldat français travaillant pour l’ONU avec deux filles de joie. Notre interlocutrice nous informe qu’elles seront soumises à des séances de photographie dans les toilettes. «Ils aiment nous prendre en photos quand nous sommes nues», soutient-elle.

A l'allure où vont les choses, Bouaké aura vite fait de voler la vedette à Abidjan à cause surtout du caractère spectaculaire et vertigineux de la prostitution qui s'y pratique.


Gervais Amany Envoyé spécial
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