La réalisation des travaux de pipeline sur le tronçon Yopougon-Adjamé de l'autoroute du Nord cause d'énormes désagréments aux usagers. Les longs embouteillages sont devenus une véritable galère pour les opérateurs économiques.
Le parcours Yopougon-Adjamé, marqué par les travaux de pipeline est devenu une sanction pour les automobilistes. Pour les véhicules en provenance de Toits rouges et Camp militaire, le calvaire des embouteillages commence aux environs de l'institut des aveugles. Pour ceux qui viennent de la Sicogi, Sideci, le supplice débute aux feux de Siporex. En ce qui concerne les gros camions et autres voitures venant de l'autoroute du Nord, le « go slow » et les blocages prennent pied au niveau du troisième pont. Dur, dur… en ce moment d'être travailleurs résidant dans la commune de la Joie. La principale voie d'accès est prise en otage par les travaux de réalisation de l'oléoduc Abidjan-Bouaké. Les usagers de cette partie de l'autoroute n'en peuvent plus de se retrouver chaque matin englués dans des embouteillages monstres. Ils sont d'autant plus désabusés que les éléments de la police, postés sur les différents tronçons pour réguler la circulation, sont parfois débordés par le flux des engins, multipliant les goulots. Dans cette fournaise à ciel ouvert, certains automobilistes ne font rien pour faciliter la tâche aux forces de l'ordre qui, avouons-le, éprouvent beaucoup de mal à contenir les humeurs des uns et des autres. Parfois, ils en viennent aux mains avec certains usagers particulièrement zélés. Ces «espèces», on en voit de toutes les couleurs depuis le démarrage des travaux. Quand certains se prévalent un «laissez-passer présidentiel» pour alimenter le désordre, d'autres brandissent le fait qu'ils ont une urgence et qu'à ce titre, ils doivent brûler toutes les étapes. La semaine dernière, un sous-officier a été pris à partie au niveau des feux tricolores de Yopougon-Sable. Des automobilistes, se disant excédés par l'attente ont décidé d'emprunter le sens inverse.
Embouteillages monstres
Malgré la dissuasion de l'agent de sécurité, les indélicats n'ont pas voulu entendre raison. La jeune dame a dû se positionner en pleine chaussée pour les empêcher d'emprunter le sens interdit. Cette situation a entraîné une rixe qui heureusement a été vite circonscrite. Conspués par les passagers des véhicules de transport en commun, « les indisciplinés » ont dû lâcher prise. L'autre jour, une scène pareille a eu lieu, cette fois en pleine autoroute. Des camions en provenance de Gesco ont emprunté le sens inverse en se mettant sur les côtés. Conséquence, un camion transportant des fèves de cacao est entré en collision avec un car de transport reliant San Pedro à Abidjan, causant des blessés graves. Ils ont été évacués plus d'une heure après l'accident parce que les ambulanciers n'ont pas pu se frayer à temps un chemin pour faire leur travail. Le projet de construction de pipeline est en train de se transformer en cauchemar pour les usagers de cette partie d'Abidjan. « Les travaux provoquent de gigantesques embouteillages», rumine Issaka Bouaré un chauffeur de remorque qui affirme avoir passé plus de deux heures d'horloge sur un trajet de 2 kilomètres. Difficile à supporter pour ce travailleur à qui le patron fait obligation d'être au port avant 9 heures. «Si on n'y prend garde, l'oléoduc risque de devenir un frein à la vie économique», enfonce le président du « collectif des chauffeurs des Toits-rouges », Abdoulaye Sangaré. Ce qui irrite les usagers de ce tronçon, c'est moins la construction de l'ouvrage dont tout le monde reconnaît la portée économique dans le développement que les horaires des travaux. En effet, les heures de travail des entreprises opérant sur la plateforme coïncident avec celles des travailleurs, des fonctionnaires et autres agents de l'Etat. Il en résulte des files interminables de véhicules qui s'étendent sur plusieurs kilomètres. Quand on y ajoute le désordre habituel engendré par les chauffeurs de gbakas, cela donne un cocktail explosif. Plus grave est que les engins sont obligés de rouler à pas de tortue occasionnant des retards préjudiciables au bon fonctionnement des différents services et administrations. Et au rythme où les travaux avancent, il ne serait pas étonnant que le calvaire dure encore plusieurs mois. Le ministre des Mines et de l'Energie, maître d'ouvrage, Léon Emmanuel Monnet, n'en sait pratiquement rien. Les travaux prévus pour prendre fin en août ne le seront probablement plus à cause notamment des retards enregistrés entre Yamoussoukro et Toumodi. Selon Abdoulaye Sangaré, il est inadmissible que les entreprises se comportent comme des travailleurs ordinaires pour obstruer les voies. «Pourquoi, on ne fait pas ces genres d'ouvrages aux heures creuses et même la nuit », se demande-t-il. En effet, le constat est que les ouvriers ne travaillent pas les dimanches. Pas plus que les jours fériés où la circulation est moins dense. Selon les ouvriers rencontrés sur place, les contrats qu'ils ont signés avec Franzetti, l'entreprise en charge des travaux, ne prévoient pas cela. Toutefois, ils ne seraient pas malheureux qu'il en soit ainsi vu que travailler au-delà des horaires réguliers engendre des rétributions supplémentaires. Selon toute vraisemblance, la question du profit est le nœud de tous ces désagréments causés aux usagers. Un dirigeant de Franzetti rencontré sur le chantier affirme que les heures supplémentaires vont gonfler les charges, émiettant par ailleurs les gains. Bien plus, le prolongement du délai de livraison est une occasion d'exiger des rallonges. «Imaginez que nous devons financer des lampadaires pour éclairer les ouvriers pendant la nuit. On ne peut pas se permettre cela », se défend-il. Quant à l'Etat, il examine la possibilité d'intégrer ce volet dans les termes du contrat. En attendant, les usagers continuent de souffrir le martyr.
Lanciné Bakayoko
Le parcours Yopougon-Adjamé, marqué par les travaux de pipeline est devenu une sanction pour les automobilistes. Pour les véhicules en provenance de Toits rouges et Camp militaire, le calvaire des embouteillages commence aux environs de l'institut des aveugles. Pour ceux qui viennent de la Sicogi, Sideci, le supplice débute aux feux de Siporex. En ce qui concerne les gros camions et autres voitures venant de l'autoroute du Nord, le « go slow » et les blocages prennent pied au niveau du troisième pont. Dur, dur… en ce moment d'être travailleurs résidant dans la commune de la Joie. La principale voie d'accès est prise en otage par les travaux de réalisation de l'oléoduc Abidjan-Bouaké. Les usagers de cette partie de l'autoroute n'en peuvent plus de se retrouver chaque matin englués dans des embouteillages monstres. Ils sont d'autant plus désabusés que les éléments de la police, postés sur les différents tronçons pour réguler la circulation, sont parfois débordés par le flux des engins, multipliant les goulots. Dans cette fournaise à ciel ouvert, certains automobilistes ne font rien pour faciliter la tâche aux forces de l'ordre qui, avouons-le, éprouvent beaucoup de mal à contenir les humeurs des uns et des autres. Parfois, ils en viennent aux mains avec certains usagers particulièrement zélés. Ces «espèces», on en voit de toutes les couleurs depuis le démarrage des travaux. Quand certains se prévalent un «laissez-passer présidentiel» pour alimenter le désordre, d'autres brandissent le fait qu'ils ont une urgence et qu'à ce titre, ils doivent brûler toutes les étapes. La semaine dernière, un sous-officier a été pris à partie au niveau des feux tricolores de Yopougon-Sable. Des automobilistes, se disant excédés par l'attente ont décidé d'emprunter le sens inverse.
Embouteillages monstres
Malgré la dissuasion de l'agent de sécurité, les indélicats n'ont pas voulu entendre raison. La jeune dame a dû se positionner en pleine chaussée pour les empêcher d'emprunter le sens interdit. Cette situation a entraîné une rixe qui heureusement a été vite circonscrite. Conspués par les passagers des véhicules de transport en commun, « les indisciplinés » ont dû lâcher prise. L'autre jour, une scène pareille a eu lieu, cette fois en pleine autoroute. Des camions en provenance de Gesco ont emprunté le sens inverse en se mettant sur les côtés. Conséquence, un camion transportant des fèves de cacao est entré en collision avec un car de transport reliant San Pedro à Abidjan, causant des blessés graves. Ils ont été évacués plus d'une heure après l'accident parce que les ambulanciers n'ont pas pu se frayer à temps un chemin pour faire leur travail. Le projet de construction de pipeline est en train de se transformer en cauchemar pour les usagers de cette partie d'Abidjan. « Les travaux provoquent de gigantesques embouteillages», rumine Issaka Bouaré un chauffeur de remorque qui affirme avoir passé plus de deux heures d'horloge sur un trajet de 2 kilomètres. Difficile à supporter pour ce travailleur à qui le patron fait obligation d'être au port avant 9 heures. «Si on n'y prend garde, l'oléoduc risque de devenir un frein à la vie économique», enfonce le président du « collectif des chauffeurs des Toits-rouges », Abdoulaye Sangaré. Ce qui irrite les usagers de ce tronçon, c'est moins la construction de l'ouvrage dont tout le monde reconnaît la portée économique dans le développement que les horaires des travaux. En effet, les heures de travail des entreprises opérant sur la plateforme coïncident avec celles des travailleurs, des fonctionnaires et autres agents de l'Etat. Il en résulte des files interminables de véhicules qui s'étendent sur plusieurs kilomètres. Quand on y ajoute le désordre habituel engendré par les chauffeurs de gbakas, cela donne un cocktail explosif. Plus grave est que les engins sont obligés de rouler à pas de tortue occasionnant des retards préjudiciables au bon fonctionnement des différents services et administrations. Et au rythme où les travaux avancent, il ne serait pas étonnant que le calvaire dure encore plusieurs mois. Le ministre des Mines et de l'Energie, maître d'ouvrage, Léon Emmanuel Monnet, n'en sait pratiquement rien. Les travaux prévus pour prendre fin en août ne le seront probablement plus à cause notamment des retards enregistrés entre Yamoussoukro et Toumodi. Selon Abdoulaye Sangaré, il est inadmissible que les entreprises se comportent comme des travailleurs ordinaires pour obstruer les voies. «Pourquoi, on ne fait pas ces genres d'ouvrages aux heures creuses et même la nuit », se demande-t-il. En effet, le constat est que les ouvriers ne travaillent pas les dimanches. Pas plus que les jours fériés où la circulation est moins dense. Selon les ouvriers rencontrés sur place, les contrats qu'ils ont signés avec Franzetti, l'entreprise en charge des travaux, ne prévoient pas cela. Toutefois, ils ne seraient pas malheureux qu'il en soit ainsi vu que travailler au-delà des horaires réguliers engendre des rétributions supplémentaires. Selon toute vraisemblance, la question du profit est le nœud de tous ces désagréments causés aux usagers. Un dirigeant de Franzetti rencontré sur le chantier affirme que les heures supplémentaires vont gonfler les charges, émiettant par ailleurs les gains. Bien plus, le prolongement du délai de livraison est une occasion d'exiger des rallonges. «Imaginez que nous devons financer des lampadaires pour éclairer les ouvriers pendant la nuit. On ne peut pas se permettre cela », se défend-il. Quant à l'Etat, il examine la possibilité d'intégrer ce volet dans les termes du contrat. En attendant, les usagers continuent de souffrir le martyr.
Lanciné Bakayoko