L’engouement des uns et des autres pour les services des marabouts, sorciers, amateurs de sacrifices et d’amulettes à base d’organes humains peut avoir un retour fatal pour l’utilisateur. « Dans toute activité, il y a des retours néfastes. Cela arrive qu’on veuille attaquer quelqu’un et que le médicament se retourne contre vous. Parce que vous l’avez mal utilisé ou que le langage ou l’intention est mal formulée, » prévient le marabout Ouattara. Cette pratique serait à la base de plusieurs folies de personnes dans les rues. Les récits sont nombreux. Telle femme a voulu ensorceler son mari ou sa coépouse et elle est devenue folle. Telle personne devant aller récupérer la fortune au cimetière selon son marabout est devenue folle parce qu’elle a pris peur lorsque les morts sont apparus pour la tester. Ou encore telle jeune fille ou jeune homme à eu des tics en utilisant mal des filtres d’amour. Certaines personnes font des déplacements en Guinée Bissau, au Sénégal, Mali, Burkina, des pays dit des savoirs occultes et des célèbres chasseurs traditionnels pour trouver des fétiches qui leur apporteraient les "pouvoirs" afin de goûter à la nouvelle vie rêvée. « Très souvent cela leur réussit, mais c’est le respect des totems du fétiche qui gâte tout. », explique Bouraima, mécanicien adepte des pratiques fétichistes. « J’avais pris le fétiche qui rend invisible à Mopti. Je pouvais passer dans la foule sans qu’on ne me voit. Un jour je me suis mis dans mon fétiche me croyant invisible, je dépassais les gens sans les saluer. Malheureusement cela ne marchait plus et chaque personne me demandait pourquoi je les dépassais sans les saluer. A la maison après réflexion, je me suis rendu compte que j’ai touché une femme qui avait fait ses menstrues. Le totem premier du talisman », raconte t-il. Selon lui, ce sont les interdits qui l’auraient découragé. « On peut te demander de ne pas coucher avec telle femme tel jour de la semaine, de ne pas manger ceci ou cela. D’adorer le fétiche avec du sang humain ou des choses vraiment compliquées pour nous les citadins », indique t-il. Avant d’ajouter que c’est le non respect de ces interdits pour lequel on s’est engagé devant les sorciers, marabout ou le féticheur qui est à la base de leur malheur. Pis, quand on s’engage on en devient prisonnier toute la vie. Et de conclure. « C’est idiot de sous-estimer le pouvoir des marabouts, sorciers, et guérisseurs. Leur puissance est réelle ». Des propos qui m’ont laissé songeur et pensant à ce qu’un guide religieux m’a dit au départ de l’enquête. « Mon fils laisse cette enquête. Nous sommes en Afrique. Tout est possible. Il y a des choses qu’on vit mais qu’on n’expérimente pas. La profanation des tombes à des fins commerciales ou fétichistes rime avec abomination, colère divine et malédiction.»
Abou Traoré
Abou Traoré