Nombre de personnes consomment de plus en plus la viande de serpent et de chien à Abidjan. Avec une dominance pour le serpent. Pour comprendre les motivations de ces mangeurs de chien et de serpent, connaître les spécificités de ces viandes, nous avons suivi leurs traces.
Il est environ 10 heures ce samedi 7 novembre à Yopougon. Précisément au quartier Maroc (Lièvre rouge extension). Devant un maquis situé à l’extrémité d’une rue non bitumée, on peut lire sur une enseigne lumineuse «Le Zoo chez Félix». A l’intérieur, le décor est constitué de manguiers, de bananiers, etc qui étalent leurs ombres.
«Docteur», la quarantaine révolue, est assis sur un tabouret dans la cuisine. Que fait-il? Il écaille imagine-t-on un poisson. A proximité de lui, l’on s’aperçoit qu’en réalité, se trouve un serpent. Son surnom Docteur, il le doit au fait qu’il est considéré comme le chirurgien de tous les animaux qui entrent au… Zoo, le bien nommé maquis. Il a pour mission de les nettoyer et de les vider de leurs boyaux et autres.
Plus loin, des hommes sont attablés. L’un mange un plat de hérisson commandé 15 minutes plus tôt. Sur la table d’à côté, un client impatient attend d’être servi. Quelques minutes après, son plat arrive. Un kédjénou de vipère accompagné de riz. Comme lui, ils sont nombreux consommateurs de serpents, en particulier la vipère et le python. Le prix moyen du plat est de 3 000 Fcfa et comprend 3 morceaux.
«Le prix des serpents varie en fonction de leur poids», fait savoir M. Boni N’Guessan Albéric, gérant du maquis. Et d’ajouter que les fournisseurs leur en livrent chaque jour. Un python moyen peut coûter entre 30 et 40.000 f CFA . On peut trouver des reptiles de 2 à 7 mètres de longueur. Les animaux qu’ils reçoivent (déjà tués) viennent des régions d’Agboville, d’Adzopé, de Tabou, d’Anyama…
La viande de serpent est très prisée. Le temps de cuisson est de 45 minutes. En général, il est proposé en kédjénou et en braisé. Pour les curieux qui se demandent ce que devient le venin, il est bon de savoir qu’il se trouve dans une cavité rigide de couleur blanchâtre logée dans la tête du serpent. Les fournisseurs prennent soin de l’extraire avant livraison. Toutes les classes sociales en consomment. « Certaines personnalités en mangent très souvent chez nous. Nos frères de la diaspora viennent en manger de passage à Abidjan. Et en achètent parfois de frais qu’ils font sécher et repartent avec», dit-il fièrement.
Pour le chien, tout y passe. Peu importe son apparence. Même si les consommateurs préfèrent les chiens errants et ceux élevés à domicile ou au village. Les maquis qui en proposent sont situés dans la commune d’Abobo. Mais généralement, le plat se fait sur commande.
Deux méthodes sont utilisées pour tuer le chien. La première consiste à l’assommer à l’aide d’un pilon. Et, l’autre à l’étouffer dans un sac. Les adeptes de cette chair affirment que le chien tué de cette manière est plus succulent.
D’où vient donc cet appétit pour la viande de chien et de serpent, dont l’un est considéré comme le compagnon de l’homme et l’autre fortement craint?
Au départ, il y a souvent la curiosité. Ensuite, la qualité de la chair du serpent est évoquée comme facteur d’attrait. «Le serpent a une chair blanche», fait observer un consommateur assidu. La qualité nutritionnelle reconnue de la chair blanche est à la base du succès des reptiles, relève-t-il. D’autres adeptes évoquent même des vertus aphrodisiaques et des propriétés qui conféreraient aux consommateurs une certaine longévité.
Le troisième est lié au goût. Cette chair est dite très succulente. La vipère s’apparente au poisson mais est plus agréable. Quant au python, son goût est réputé plus intéressant que celui du poulet. C’est ce qui ressort des témoignages de personnes interrogées. C’est le cas de M. Cissé Paul. « Je mange le serpent comme les Asiatiques pour avoir une vie plus longue», dit-il.
Mme Koné Henriette, cadre dans une entreprise de la place, raconte, qu’elle n’aurait jamais imaginé manger du serpent. «Mais un jour, mon mari très friand de serpent, m’en a fait manger chez Félix». Depuis ce jour, elle en est devenue une animatrice, au point d’en manger au moins une fois par semaine.
Ouattara Yédié Brice, grand consommateur de chien devant l’Eternel, avoue consommer la viande de chien pour de prétendues propriétés mystiques. «Je mange de la viande de chien, parce que quand tu en consommes, tu es à l’abri de toute attaque satanique : empoisonnement, mauvais sort, etc.», soutient-il. Même son de cloche chez Cyrille Ouédraogo qui fait savoir que la viande du chien est plus tendre et agréable que celle de tout autre gibier à quatre pattes.
Rosemonde Kouadio
Stagiaire
Il est environ 10 heures ce samedi 7 novembre à Yopougon. Précisément au quartier Maroc (Lièvre rouge extension). Devant un maquis situé à l’extrémité d’une rue non bitumée, on peut lire sur une enseigne lumineuse «Le Zoo chez Félix». A l’intérieur, le décor est constitué de manguiers, de bananiers, etc qui étalent leurs ombres.
«Docteur», la quarantaine révolue, est assis sur un tabouret dans la cuisine. Que fait-il? Il écaille imagine-t-on un poisson. A proximité de lui, l’on s’aperçoit qu’en réalité, se trouve un serpent. Son surnom Docteur, il le doit au fait qu’il est considéré comme le chirurgien de tous les animaux qui entrent au… Zoo, le bien nommé maquis. Il a pour mission de les nettoyer et de les vider de leurs boyaux et autres.
Plus loin, des hommes sont attablés. L’un mange un plat de hérisson commandé 15 minutes plus tôt. Sur la table d’à côté, un client impatient attend d’être servi. Quelques minutes après, son plat arrive. Un kédjénou de vipère accompagné de riz. Comme lui, ils sont nombreux consommateurs de serpents, en particulier la vipère et le python. Le prix moyen du plat est de 3 000 Fcfa et comprend 3 morceaux.
«Le prix des serpents varie en fonction de leur poids», fait savoir M. Boni N’Guessan Albéric, gérant du maquis. Et d’ajouter que les fournisseurs leur en livrent chaque jour. Un python moyen peut coûter entre 30 et 40.000 f CFA . On peut trouver des reptiles de 2 à 7 mètres de longueur. Les animaux qu’ils reçoivent (déjà tués) viennent des régions d’Agboville, d’Adzopé, de Tabou, d’Anyama…
La viande de serpent est très prisée. Le temps de cuisson est de 45 minutes. En général, il est proposé en kédjénou et en braisé. Pour les curieux qui se demandent ce que devient le venin, il est bon de savoir qu’il se trouve dans une cavité rigide de couleur blanchâtre logée dans la tête du serpent. Les fournisseurs prennent soin de l’extraire avant livraison. Toutes les classes sociales en consomment. « Certaines personnalités en mangent très souvent chez nous. Nos frères de la diaspora viennent en manger de passage à Abidjan. Et en achètent parfois de frais qu’ils font sécher et repartent avec», dit-il fièrement.
Pour le chien, tout y passe. Peu importe son apparence. Même si les consommateurs préfèrent les chiens errants et ceux élevés à domicile ou au village. Les maquis qui en proposent sont situés dans la commune d’Abobo. Mais généralement, le plat se fait sur commande.
Deux méthodes sont utilisées pour tuer le chien. La première consiste à l’assommer à l’aide d’un pilon. Et, l’autre à l’étouffer dans un sac. Les adeptes de cette chair affirment que le chien tué de cette manière est plus succulent.
D’où vient donc cet appétit pour la viande de chien et de serpent, dont l’un est considéré comme le compagnon de l’homme et l’autre fortement craint?
Au départ, il y a souvent la curiosité. Ensuite, la qualité de la chair du serpent est évoquée comme facteur d’attrait. «Le serpent a une chair blanche», fait observer un consommateur assidu. La qualité nutritionnelle reconnue de la chair blanche est à la base du succès des reptiles, relève-t-il. D’autres adeptes évoquent même des vertus aphrodisiaques et des propriétés qui conféreraient aux consommateurs une certaine longévité.
Le troisième est lié au goût. Cette chair est dite très succulente. La vipère s’apparente au poisson mais est plus agréable. Quant au python, son goût est réputé plus intéressant que celui du poulet. C’est ce qui ressort des témoignages de personnes interrogées. C’est le cas de M. Cissé Paul. « Je mange le serpent comme les Asiatiques pour avoir une vie plus longue», dit-il.
Mme Koné Henriette, cadre dans une entreprise de la place, raconte, qu’elle n’aurait jamais imaginé manger du serpent. «Mais un jour, mon mari très friand de serpent, m’en a fait manger chez Félix». Depuis ce jour, elle en est devenue une animatrice, au point d’en manger au moins une fois par semaine.
Ouattara Yédié Brice, grand consommateur de chien devant l’Eternel, avoue consommer la viande de chien pour de prétendues propriétés mystiques. «Je mange de la viande de chien, parce que quand tu en consommes, tu es à l’abri de toute attaque satanique : empoisonnement, mauvais sort, etc.», soutient-il. Même son de cloche chez Cyrille Ouédraogo qui fait savoir que la viande du chien est plus tendre et agréable que celle de tout autre gibier à quatre pattes.
Rosemonde Kouadio
Stagiaire