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Politique Publié le jeudi 7 mai 2009 | Notre Voie

A propos des 75 ans du président du PDCI : Niamkey Koffi expose Bédié et insulte les Ivoiriens

Les Ivoiriens le savent. Depuis le mardi 5 mai 2009, Aimé Henri Konan Bédié a 75 ans. Et l’ancien chef d’Etat ivoirien, chassé par de jeunes militaires au grand soulagement des Ivoiriens, revient en tant que candidat à la prochaine élection présidentielle. Ses suiveurs comme Bédié les nomme lui-même dans son livre «Les chemins de ma vie» ne manquent pas de talent pour présenter le candidat du PDCI sous de beaux jours. A l’occasion de ce 75ème anniversaire de Bédié, des intellectuels et bien d’autres cadres dudit parti ont produit des écrits dans le quotidien Le Nouveau Réveil du mardi dernier pour montrer aux Ivoiriens que Henri Konan Bédié est bien pour être élu à 75 ans parce que seul lui peut faire la vie des Ivoiriens. Le professeur titulaire de philosophie Niamkey Koffi et le professeur Koby Assa Théophile ont tout dit sur Bédié et ont volontairement omis le passé obscur de Bédié. A force de le défendre avec un zèle sans pareil, ces avocats enfoncent Bédié et, au-delà, ils font une insulte aux Ivoiriens. Morceaux choisis de leurs productions.

Niamkey Koffi souligne : «Henri Konan Bédié apparaît, à nouveau, comme la seconde chance de notre pays». Et il s’interroge en ces termes : «Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir s’il y a un âge pour faire la politique ?» Et de répondre : «Il faut épargner aux Ivoiriens la polémique sur l’âge qui n’a pas lieu d’être, car il n’y a pas d’âge pour faire de la politique. Ce qui compte, c’est le caractère porteur des idées et la vision politique dans un contexte donné. Car, après tout, les vieux dans l’histoire politique sont légion. Michel-Ange a réalisé ses œuvres les plus marquantes alors qu’il avait atteint le quatrième âge. Clémenceau a été député à 70 ans. L’Italie et la France ont compté Sandro Pertini, Charles de Gaulles, François Mitterrand qui n’étaient pas de toute jeunesse».

Le philosophe du PDCI ne s’arrête pas là. Pour lui, les statuts du PDCI, parti politique qui présente Bédié à la présidentielle, «n’a pas fait de l’âge de 75 ans un motif d’empêchement qui aurait contraint éventuellement le président en exercice à la démission». Selon Niamkey Koffi, devenir adulte, grandir en âge, vieillir, ce n’est nullement déchoir. C’est accumuler et partager de l’expérience.

Revenant sur les raisons qui motivent la candidature de Bédié à 75 ans, celui qui est chargé d’écrire ses discours ne sourcille pas. «A 27 ans ambassadeur de Côte d’Ivoire aux Etats-Unis, ministre de l’Economie et des Finances à 32 ans, par la suite sa carrière se passe de commentaire…L’important est de revenir à son programme de gouvernement malencontreusement interrompu par le coup d’état stupide de décembre 1999. Tous les Ivoiriens ont eu une connaissance claire de l’importance de ce programme qui trouve grâce même aux yeux de nos adversaires, puisqu’aucun d’eux n’a jamais conçu de telles projections pour notre pays», estime Niamkey Koffi. Vu tout ce qui précède, n’y a-t-il pas lieu de se demander s’il ne vend pas moins cher la peau de Bédié ? Sinon à quoi répond une telle démarche de la part d’un universitaire de sa trempe ? Qu’arrive-t-il au professeur Niamkey Koffi de la philosophie africaine ?

Comme lui, le professeur Théophile Koby Assa est prolixe. «Avant Obama en 2008, son slogan de campagne en 1995 était “Yes we can” (oui nous le pouvons), traduit dans les langues du pays… son projet de l’Eléphant d’Afrique n’était pas une vue de l’esprit. Il était en train de l’exécuter lorsque le coup d’état a interrompu sa mise en œuvre», renchérit Koby Assa.
Dans le même ton, un certain Christ Saint Amane souligne avec audace: «Henri Konan Bédié a exercé le pouvoir d’Etat en se contentant d’un budget de souveraineté de 15 milliards, là où certains exigent aujourd’hui le quadruple et même plus du quintuple. Dans une Côte d’Ivoire où certains ont accaparé la marmite d’arachides, sans laisser tomber aucun grain pour les poussins et les poulets. Henri Konan Bédié continue de gagner honnêtement sa vie, à la sueur de son front, après avoir occupé de hauts postes de responsabilité pendant près de 50 ans», a conclu cet autre avocat de N’Zuéba.

Et les non-dits Monsieur le philosophe ?

Peut-on honnêtement parler de Bédié et faire comme s’il venait de naître ? Le professeur Niamkey Koffi est bien libre de vanter Bédié et faire excessivement ses éloges, mais il doit dire à la nouvelle génération qui est cet homme qui a été chassé en juillet 1977 du gouvernement par feu Félix Houphouet-Boigny, son père, qui, longtemps après, a façonné la Constitution pour lui livrer le pays. C’est faire de l’injure à la mémoire des Ivoiriens quand des enseignants essaient de raturer le passé de Bédié. Ce n’est pas saint de la part du philosophe Niamkey Koffi de mettre une couche épaisse sur les affaires sales qui ont éclaboussé son candidat durant son parcours. Il dit facilement qu’il a été ministre de l’Economie et des Finances sans toutefois expliquer comment il a été remercié du gouvernement. En effet, à son égard, Félix Houphouet-Boigny a dit qu’il n’avait pas à protéger les grilleurs d’arachides. Quand Christ Saint Amane parle de certains qui s’accaparent les marmites d’arachides sans laisser tomber un grain aux poussins, c’est à Bédié que les Ivoiriens de cette époque font allusion. Puisque cette phrase humiliante a été prononcée par Houphouet pour désigner Bédié. Pour rafraîchir la mémoire à ces enseignants, il est bon de rappeler qu’en 1977, conduisant les chantiers de construction de 10 complexes sucriers en sa qualité de ministre de l’Economie et des Finances, Henri Konan Bédié s’était rempli les poches avec l’argent qui était alloué à ces travaux. Sur la question, le témoignage de M. Serge Guetta est sans appel. Cet ancien directeur de la mission régionale de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest de 1979 à 1985 a dit : «En 1977, Houphouet apprend que la construction des sucreries a donné lieu à une large corruption. Réaction violente, il limoge les trois barons du régime responsables de la gestion économique et que l’on croyait pourtant intouchables : Mohamed Diawara, le ministre du Plan ; Abdouaye Sawadogo, ministre de l’Agriculture ; et Henri Konan Bédié, alors ministre de l’Economie et des Finances. Pour ce dernier (Bédié), Houphouet est intervenu personnellement auprès de Robert McNamara, alors président de la Banque mondiale, pour l’abriter un temps à la Banque mondiale. Et Konan Bédié y fera sa traversée du désert en qualité de conseiller pour l’Afrique de la Société financière internationale (SFI)». Voir Jeune Afrique n° 1726 du 3 au 9 février 1994. C’est cela la vérité qui ne doit pas être masquée pour faire admettre que Bédié a été conseiller du président de la Banque mondiale pour sa compétence.

Ne pas dire les faits tels qu’ils sont, c’est falsifier le passé de N’Zuéba et c’est faire une insulte à l’intelligence des Ivoiriens. Comment peut-on soutenir qu’un tel homme a gagné honnêtement sa vie à la sueur de son front ? N’est-ce pas d’Henri Konan Bédié que parlent les Ivoiriens quand ils évoquent celui qui a fait une fête pour ses 7 milliards et a fait faire une cigarette aux initiales de son nom? Et le scandale des 18 milliards de l’Union européenne qui ont disparu quand il était chef de l’Etat ? Ignorer tout ces maladresses et faire passer Bédié pour un corps pur, c’est aussi se moquer des Ivoiriens. Et faire une grave insulte à Bédié lui-même en laissant entendre que «Yes we can» est son slogan qui a été repris par l’actuel président américain, Obama. Au nom de quoi peut-on comparer cet individu à Obama ?

Quant à l’âge de Bédié, Niamkey Koffi doit dire aux Ivoiriens que s’il n’y a pas d’âge pour faire de la politique, pourquoi instaure-t-on l’âge avec lequel on doit être candidat ? Parce que, dans la logique du philosophe, à 10 ans, 20 ans, 30 ans, on peut être candidat à l’élection présidentielle. Et aussi, au-delà de 100 ans, on peut être toujours au pouvoir. C’est beau de citer Mitterrand, De Gaulle et autres, et oublier de dire que ces personnalités se sont retirées de la scène politique quand elles ont atteint l’âge que Bédié a aujourd’hui et qu’il se débat pour revenir au pouvoir. Cette comparaison ne tient pas. Et, en Afrique, pourquoi Mandela s’est-il retiré alors qu’il était encore vivant. Les cas de Senghor tout près de nous sont éloquents pour battre en brèche les argumentations de Niamkey Koffi. Pour lui, peu importe l’âge. Bédié va demeurer le président du PDCI et l’unique candidat de ce parti tant qu’il vit. Sinon, à 75 ans, être coûte que coûte candidat même en s’écroulant en plein meeting sous le prétexte que les statuts du PDCI ne limitent pas l’âge ne convainc pas et il faut être au PDCI pour aller contre le bon sens. On comprendrait bien ces avocats du PDCI s’ils disaient clairement que leur parti n’a plus de réserve en matière de cadres capables de se porter candidats.

Benjamin Koré: benjaminkore@yahoo.fr
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