L’un des débats les plus enrichissants enregistrés au cours des dernières réunions de printemps a porté sur l’opportunité ou non de confier la réalisation des infrastructures au secteur privé dans le cadre d’un partenariat entre l’Etat et les opérateurs privés dans l’optique d’une soutenabilité de la dette publique. La table ronde sur « les seuils de dette et partenariats public-privé », organisée par le département Afrique du Fmi, a donné l’occasion aux ministres de l’Economie et des Finances du continent, de montrer globalement leur scepticisme pour cette initiative. Nombre d’entre eux comprenant difficilement que les opérateurs privés qui, en général, sont mus par la réalisation rapide de retour sur investissement, puissent se lancer, dans la construction des infrastructures sociales ou économiques dont la rentabilité n’est pas évidente ou si elle l’était, l’horizon temporel dans lequel elle interviendrait est long. Très long même. Par exemple, le ministre camerounais des Finances s’est demandé quel intérêt aurait un opérateur privé à aller désenclaver des villages, à construire des ponts, et bien d’autres? Comme lui, d’autres participants à cette table ronde se sont étonnés qu’au moment où la crise financière sonne le retour d’un Etat fort dans les pays développés au nez et à la barbe des experts du Fmi et de la Banque mondiale, qu’on en soit à demander aux économies africaines de faire appel au secteur privé pour des investissements infrastructurels sous le prétexte que cela participera de la soutenabilité de la dette publique, et réduira le déficit en infrastructures. En réalité, les Africains semblent, à les écouter, être fatigués de s’abreuver de trop de concepts qui suivent depuis les Programmes d’ajustement structurel (PAS) et qui ont parfois contribué à créer des monopoles privés difficilement maîtrisables par les Etats dans les pays en développement. Pour les partenariats public-privé ou encore Public-private partnerships (Ppp) pour la soutenabilité de la dette, les ministres africains veulent bien voir avant de s’y engager. Pour l’instant, leurs attentes portent sur l’accroissement des appuis budgétaires pour affronter les effets pervers de la crise financière et économique sur leurs économies.
G. B. Hué
G. B. Hué