Au cinéma, l'on parlerait de vols en série. La liste de ses victimes est longue : N. Wisdom, O.K. Ali, A.L. Esther et bien d'autres. Toutes ont fait les frais du gangstérisme de Nasrade Ali Souéidane, 37 ans. L'homme se présente le plus souvent comme un commerçant. Sauf que récemment, l'on a découvert qu'il ne vendait que des illusions à ses partenaires. Son histoire, digne d'un scénario hollywoodien, commence à Abobo-Zoo. Dans cette commune, Soueidane, alias «Bédié Stop» arrive chez une de ses nombreuses victimes et voit une Mercedes. « J'ai appris que tu vends ta voiture. Je suis intéressé. Je vais faire un essai», propose l'imposteur. Le vendeur, O.K. Ali, accepte pensant que son «client» voulait juste faire le tour du quartier. L'essai a duré plus d'une semaine, sans aucune nouvelle du client et de la voiture. Pendant ce temps, Soueidane qui a fini de «jouir» suffisamment de la Merco, décide de s'en débarrasser i. Le voilà à la recherche d'un nouveau pigeon qu'il ne tardera pas à trouver. Toujours dans la même commune d'Abobo, mais, cette fois-ci, au quartier Abobo-Banco. Soueidane change légèrement de scénario. Il gare la Mercedes avec laquelle il est en cavale devant le magasin de N. Wisdom, et lui propose d'essayer sa voiture de marque Toyota, type Carina E sur laquelle l'on pouvait lire : «A vendre». N. Wisdom n'y voit aucun inconvénient. Il ignore qu'il vient de troquer sa Toyota contre une Mercedes volée. Il attend des minutes, des heures, des jours, pas de Soueidane. Ayant finalement compris la supercherie, il court à la police pour signaler le vol et donne le signalement de Soueidane et du véhicule. Le « frimeur » visiblement requinqué par le succès du deuxième coup est loin de se douter de la suite des évènements. Il se met alors à narguer ses victimes. Il compose le numéro de téléphone d'O.K. Ali et lui dit de passer récupérer sa Mercedes devant un magasin à Abobo-Banco. Pendant deux semaines, Soueidane se la coule douce avec la Toyota qu'il finit par abandonner aussi au profit de la voiture d'une troisième victime, dans la commune d'Attécoubé. Cette fois, Stop Bédié échange la Toyota contre une autre Toyota de type Compact. Comme il l'avait fait avec OK. Ali, le voleur en série appelle Wisdom au téléphone et lui indique que sa voiture est stationnée à Attécoubé. Devenu désormais un « touriste américain », le malfrat change de véhicule comme de chemise. Sa prochaine escale : Yamoussoukro. C'est là qu'il abandonne la Toyota Compact pour « essayer », cette fois, une Peugeot 306 avec laquelle il disparait. C'est à Treichville, finalement que cette autre voiture sera retrouvée par les gendarmes chargés de l'enquête. Comme d'habitude, Soueidane appelle le propriétaire de la Peugeot 306 pour l'informer que les gendarmes viennent d'embarquer son bien. Deux semaines après, notre amateur de voitures volées se rend à Grand-Bassam où, il soustrait une Mitsubishi 4X4 à bord de laquelle il retourne dans la cité des Lacs. Une fois sur place, il abandonne le 4X4 chez un mécanicien qui accepte de lui prêter sa moto de marque Yamaha «en attendant la fin des réparations» de la voiture. La moto sera retrouvée à Abidjan par des policiers du 12ème arrondissement du Vallon, à Cocody. Le 10 février 2008, le faux acheteur de voiture réussit à s'offrir, cette fois sans monnaie d'échange, une Toyota « Ben Laden ». Il fonce sur la petite ville de Bonoua. Où il se « repose ». C'est aussi là que prendra fin sa randonnée. Il est cueilli par la police suite à un mandat d'arrêt lancé par le directeur de la police criminelle. Le 28 avril, à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, « la star » explique ses hauts faits d'armes en ces termes : «Je prenais simplement les véhicules en vente pour faire mes courses avant de les abandonner». Le juge lui a « simplement» donné 5 ans d'emprisonnement ferme et 100.000 Fcfa d'amende. Histoire de tempérer son goût pour les bolides à l'ombre.
Bahi K.
Bahi K.
