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Art et Culture Publié le mardi 12 mai 2009 | Fraternité Matin

Anniversaire : La résistance intellectuelle de l’homme

Les grands hommes ne meurent jamais. Et les vivants, ceux qui les ont connus, savent, à l’occasion, témoigner d’eux. Ainsi de ces cérémonies d’hommage dédié à cet autre nègre majeur, Harris Memel-Fotê, décédé, jour pour jour, le 11 mai 2008.

Après le déplacement samedi dernier à Mopoyem, son village natal, pour une cérémonie qui a eu valeur de pèlerinage des lamantins qui ne vont plus boire à la source, mais se souvenir, hier, à Abidjan, à la Fondation éponyme, une conférence de haut vol a été prononcée par Pr Alphonse Voho Sahi.

Le conférencier a brossé le portrait de l’illustre disparu, “faiseur d’hommes et de cultures” qui figure dans “l’histoire individuelle de nombreuses personnes (et dans celle) collective des militants pour la liberté des Africains” sur quatre fronts de la résistance. Les résistances intellectuelle, politique, morale et physique. Aujourd’hui, le Résistant intellectuel.

Cette résistance a été forgée par l’éducation d’un enfant “condamné à aller à l’école des Blancs”, inapte aussi à “mériter sa vie à la force de ses bras (comme les Odjoukru dont il est issu) – il ne pouvait même pas monter au palmier !”.

Ni Blanc, ni tout à fait comme ses frères de race, Memel-Fotê doit se frayer son chemin à partir d’un “double intolérable”. Résultat ? Il cherchera “à maîtriser les valeurs des deux cultures (blanche et de l’Odjukru) dont sa vie sera une synthèse réussie”. En a témoigné, entre autres, sa thèse de troisième cycle consacrée à Le système politique de l’Odjoukrou. “Harris Memel-Fotê, dira Pr Voho Sahi, s’est acquitté de sa part de dette envers l’Odjoukrou en mettant à son service le savoir qu’il a acquis à l’école”. C’était sa part de dette à rendre aux siens et à la terre de ses pères. Ce n’était guère non plus par nombrilisme, comme le fait remarquer le conférencier. Car, “c’est par la petite patrie que le cœur s’attache à la grande… Il s’est lancé le défi de faire mieux dans la connaissance de l’Odjoukrou que les scientifiques étrangers ou autochtones qui s’y sont essayés avant lui”. En le faisant, il traçait ainsi “le contour de nos devoirs d’intellectuels envers nous-mêmes”. Aussi militera-t-il, constate Pr. Voho, face à l’entreprise de “zombification des mentalités” pour la réhabilitation des savoirs endogènes en se mettant au service de ceux des experts africains dont le savoir ne pouvait être homologué par le modèle académique hérité de la colonisation, mais qui n’en sont pas moins des savants ou des philosophes authentiques. De là son engagement pour une théorisation et une réhabilitation de l’esthétique africaine, en créant avec ses collègues Christophe Dailly, B. Kotchy… l’Institut de Littérature et d’Esthétique Négro-africaine (ILENA) ; et publiant de nombreuses études consacrées à la conception de la fête et du beau en Afrique, etc. Couronnement : Memel-Fotê fut, entre autres, professeur d’université à Abidjan, président de l’Académie ivoirienne (Ascad), membre du Comité exécutif du Conseil africain des sociologues et anthropologues, professeur associé à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris; au Collège de France, etc. Au titre du calendrier de célébrations des anniversaires, au niveau de l’Unesco, pour (2010-2011), après Niangoran Bouah, la candidature de Memel-Fotê vient d’être acceptée par la prestigieuse Institution. L’information a été livrée par Pr Lou Bamba, secrétaire national de l’Unesco.

Le public pourra admirer, à la Fondation, une modeste exposition de photos du disparu de cette heureuse initiative, synthèse d’une collaboration de la Fondation avec l’Académie ivoirienne (Ascad), le Leboutou, la Curpf, le Cerap et Inades. La suite demain.



Michel Koffi
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