Au Chu de Cocody, le tiers des patients du service de neurologie sont atteints d'épilepsie. Une maladie chronique liée à un dysfonctionnement du cerveau. Une forme de court-circuit cérébral qui se manifeste par des crises à répétition.
Comme tous les parents, Mme Ebrottié avait de grandes ambitions pour sa fille. Tout paraissait normal jusqu'à ce que la fillette de 10 ans pique sa première crise d'épilepsie. L'institutrice, la trentaine relate son quotidien et celui de son enfant malade. Danielle, c'est son nom, n'avait que six ans lorsque sa maladie s'est déclarée. C'était en 2005 quand elle était au CE1. En plein cours, sa maitresse court m'appeler : « Ma sœur, viens vite, ta fille a une crise ». La gamine s'agitait à même le sol. « Je l'ai prise contre moi, malgré son refus. Elle m'a même griffée. Mais, j'étais obligée de la tenir. Je ne voulais pas la voir se rouler au sol », se souvient la mère. Durant le trajet pour rallier le Chu (Centre hospitalier universitaire) de Cocody, elle semblait avoir retrouvé ses esprits. « Elle me posait plusieurs questions : maman, pourquoi pleures-tu ? Où allons-nous ? La gorge nouée, je ne disais rien »ajoute l'enseignante. Après deux jours d'hospitalisation et de nombreux examens, le diagnostic tombe. C'est une épilepsie. Ce que redoutait la génitrice depuis qu'elle a découvert sa fille en transe. Désormais, elle devait être suivie de près.
J. B. autre épileptique a connu sa première crise quand il était plus âgé : « J'étais en classe de troisième. Cette crise a été précédée d'une humiliation. J'étais amoureux d'une jeune fille. Mon ami m'a trahi en allant le révéler à la jeune fille. C'est lorsqu'elle est venue me voir que j'ai piqué la crise ». Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la plupart des malades sont inconscients lors de la manifestation des complications. Comme J.B affirme avoir eu une sensation d'étourdissement. « Quand j'ai retrouvé mes esprits, j'étais à même le sol, entouré d'élèves. Certains me regardaient avec peur, d'autres, surtout les filles, pleuraient. J'avais du sang sur mes lèvres. Lorsque je leur ai demandé ce qui s'était passé, ils m'ont répondu que j'étais tombé et que je me débattais », explique-t-il. Quelque instants après, certains de ses camarades l'ont aidé à se relever et c'est au même moment que sa mère est arrivée en pleurs. Il ne savait pas pourquoi, mais, se souvient encore de ses propos. Elle a dit : « Seigneur, pas mon fils, pas lui ». A l'hôpital, les examens ont révélé qu'il a l'épilepsie.
Rejetés, marginalisés
Traitement difficile, crises à répétition, avenir incertain, les malades de l'épilepsie vivent eux et leurs proches une véritable galère. C'est cette vie turbulente que traverse Mme Ebrottié quand a appris que sa fille était atteinte d'épilepsie. Selon elle, toutes ses amies l'ont fuie : «Elles racontaient à leurs enfants que la maladie était contagieuse et qu'il ne fallait pas qu'ils approchent ma fille. » Pareil pour J.B «Tous mes amis m'ont fui depuis qu'ils on su que j'avais l'épilepsie. Seule la fille dont j'étais amoureux me fréquentait », a-t-il confié. Il est convaincu qu'elle le fréquentait par pitié.
Les causes de la maladie
Les causes de l'épilepsie sont diverses. Mais, toutes ont un rapport avec le cerveau. Selon Professeur Akagny François, neurologue lors d'un accouchement, l'enfant peut présenter un manque d'oxygène qui peut entrainer des lésions au niveau du cerveau et favoriser la maladie plus tard. Par ailleurs, ajoute-t-il, mal soignées, les ''maladies générales'' ou infectieuses comme l'hypertension et l'hyper lipidique (excès de graisse dans le corps), le diabète, la méningite ou encore le vih sida, peuvent entrainer l'épilepsie. Lorsqu'on contracte une de ces maladies, la zone du cerveau qui commande la partie atteinte est également affectée. Elle subit des lésions. Si la pathologie n'est pas bien traitée, elle laisse des séquelles au niveau de la zone cérébrale concernée. Les traumatismes crâniens dus à des accidents divers, certains médicaments modernes et traditionnels, les tumeurs cérébrales favorisent aussi au niveau du cerveau des lésions qui entrainent plus tard la maladie. L'épilepsie peut être aussi héréditaire. Mais, ces cas sont rares, selon le spécialiste : « A peu près 10% des enfants prédisposés sur le plan héréditaire deviennent épileptiques » Toutefois, il est difficile pour un médecin de diagnostiquer après la première crise, la cause de la maladie », précise-t-il.
Des crises imprévisibles
La petite Désirée a souvent des crises. Selon sa mère, elle n'a aucun signe d'alerte qui peut lui permettre de savoir qu'elle va piquer une crise. Selon sa mère, en classe, sans être sous la pression, elle pique des crises. Cependant, le jour de son baptême où ses parents s'attendaient au pire parce qu'elle était fatiguée et sous pression, elle n'a pas eu de problème ». C'est pareil pour J. B qui dit aussi que la crise n'a aucun lien avec l'environnement. Ses crises surviennent parfois alors qu'il est assis, tranquille. C'est dans cette condition qu'il a subi sa dernière crise. Les crises d'épilepsie sont classées en fonction de leurs caractéristiques.
Les différents types de crise
Les crises partielles touchent une région particulière du cerveau. Et, les symptômes du malade, lors de la crise, varient en fonction de la région touchée. Les crises partielles sont subdivisées en catégories selon la lucidité du malade. Lors des crises partielles simples, le malade n'est pas évanoui, mais, il a soit des troubles de vue, soit des spasmes (contorsions) dans les membres. A la suite de la crise, le sujet peut lui-même la raconter. La crise partielle complexe, comme son nom l'indique, est difficile à gérer. Le malade a une perte de conscience soudaine. Il peut émettre des sons et des phrases insensés. Il peut aussi, en s'agitant, blesser ceux qui s'approchent de lui. Les malades qui ont des crises partielles sont environ 30% en Côte d'Ivoire.
La crise générale est la plus fréquente en Côte d'Ivoire. Elle constitue environ 60% des cas de crise. L'individu se débat et perd conscience. C'est de cette crise que souffrent la petite Désirée et J.B à en croire leurs proches. Ils se débattent et sont inconscients. J.B se souvient avoir blessé sa grande sœur qui avait l'intention de l'attraper pour éviter qu'il fasse une chute. Elle est sortie de là avec une fracture du bras, raconte-t-il.
La maladie se guérit
Selon le Professeur Akagny, président de l'Association ivoirienne de lutte contre l'épilepsie(Aile), cette maladie se guérit. Il faut pour cela un bon traitement et un bon suivi qui peut durer trois ans. Les médicaments prescrits permettent d'éliminer ou de réduire la fréquence des crises. Ils se présentent sous plusieurs formes et ne sont pas efficaces chez tous les patients. Le médecin doit parfois en essayer quelques-uns afin de déterminer celui qui convient le mieux à un patient donné.
A.K
Comme tous les parents, Mme Ebrottié avait de grandes ambitions pour sa fille. Tout paraissait normal jusqu'à ce que la fillette de 10 ans pique sa première crise d'épilepsie. L'institutrice, la trentaine relate son quotidien et celui de son enfant malade. Danielle, c'est son nom, n'avait que six ans lorsque sa maladie s'est déclarée. C'était en 2005 quand elle était au CE1. En plein cours, sa maitresse court m'appeler : « Ma sœur, viens vite, ta fille a une crise ». La gamine s'agitait à même le sol. « Je l'ai prise contre moi, malgré son refus. Elle m'a même griffée. Mais, j'étais obligée de la tenir. Je ne voulais pas la voir se rouler au sol », se souvient la mère. Durant le trajet pour rallier le Chu (Centre hospitalier universitaire) de Cocody, elle semblait avoir retrouvé ses esprits. « Elle me posait plusieurs questions : maman, pourquoi pleures-tu ? Où allons-nous ? La gorge nouée, je ne disais rien »ajoute l'enseignante. Après deux jours d'hospitalisation et de nombreux examens, le diagnostic tombe. C'est une épilepsie. Ce que redoutait la génitrice depuis qu'elle a découvert sa fille en transe. Désormais, elle devait être suivie de près.
J. B. autre épileptique a connu sa première crise quand il était plus âgé : « J'étais en classe de troisième. Cette crise a été précédée d'une humiliation. J'étais amoureux d'une jeune fille. Mon ami m'a trahi en allant le révéler à la jeune fille. C'est lorsqu'elle est venue me voir que j'ai piqué la crise ». Aussi étonnant que cela puisse paraitre, la plupart des malades sont inconscients lors de la manifestation des complications. Comme J.B affirme avoir eu une sensation d'étourdissement. « Quand j'ai retrouvé mes esprits, j'étais à même le sol, entouré d'élèves. Certains me regardaient avec peur, d'autres, surtout les filles, pleuraient. J'avais du sang sur mes lèvres. Lorsque je leur ai demandé ce qui s'était passé, ils m'ont répondu que j'étais tombé et que je me débattais », explique-t-il. Quelque instants après, certains de ses camarades l'ont aidé à se relever et c'est au même moment que sa mère est arrivée en pleurs. Il ne savait pas pourquoi, mais, se souvient encore de ses propos. Elle a dit : « Seigneur, pas mon fils, pas lui ». A l'hôpital, les examens ont révélé qu'il a l'épilepsie.
Rejetés, marginalisés
Traitement difficile, crises à répétition, avenir incertain, les malades de l'épilepsie vivent eux et leurs proches une véritable galère. C'est cette vie turbulente que traverse Mme Ebrottié quand a appris que sa fille était atteinte d'épilepsie. Selon elle, toutes ses amies l'ont fuie : «Elles racontaient à leurs enfants que la maladie était contagieuse et qu'il ne fallait pas qu'ils approchent ma fille. » Pareil pour J.B «Tous mes amis m'ont fui depuis qu'ils on su que j'avais l'épilepsie. Seule la fille dont j'étais amoureux me fréquentait », a-t-il confié. Il est convaincu qu'elle le fréquentait par pitié.
Les causes de la maladie
Les causes de l'épilepsie sont diverses. Mais, toutes ont un rapport avec le cerveau. Selon Professeur Akagny François, neurologue lors d'un accouchement, l'enfant peut présenter un manque d'oxygène qui peut entrainer des lésions au niveau du cerveau et favoriser la maladie plus tard. Par ailleurs, ajoute-t-il, mal soignées, les ''maladies générales'' ou infectieuses comme l'hypertension et l'hyper lipidique (excès de graisse dans le corps), le diabète, la méningite ou encore le vih sida, peuvent entrainer l'épilepsie. Lorsqu'on contracte une de ces maladies, la zone du cerveau qui commande la partie atteinte est également affectée. Elle subit des lésions. Si la pathologie n'est pas bien traitée, elle laisse des séquelles au niveau de la zone cérébrale concernée. Les traumatismes crâniens dus à des accidents divers, certains médicaments modernes et traditionnels, les tumeurs cérébrales favorisent aussi au niveau du cerveau des lésions qui entrainent plus tard la maladie. L'épilepsie peut être aussi héréditaire. Mais, ces cas sont rares, selon le spécialiste : « A peu près 10% des enfants prédisposés sur le plan héréditaire deviennent épileptiques » Toutefois, il est difficile pour un médecin de diagnostiquer après la première crise, la cause de la maladie », précise-t-il.
Des crises imprévisibles
La petite Désirée a souvent des crises. Selon sa mère, elle n'a aucun signe d'alerte qui peut lui permettre de savoir qu'elle va piquer une crise. Selon sa mère, en classe, sans être sous la pression, elle pique des crises. Cependant, le jour de son baptême où ses parents s'attendaient au pire parce qu'elle était fatiguée et sous pression, elle n'a pas eu de problème ». C'est pareil pour J. B qui dit aussi que la crise n'a aucun lien avec l'environnement. Ses crises surviennent parfois alors qu'il est assis, tranquille. C'est dans cette condition qu'il a subi sa dernière crise. Les crises d'épilepsie sont classées en fonction de leurs caractéristiques.
Les différents types de crise
Les crises partielles touchent une région particulière du cerveau. Et, les symptômes du malade, lors de la crise, varient en fonction de la région touchée. Les crises partielles sont subdivisées en catégories selon la lucidité du malade. Lors des crises partielles simples, le malade n'est pas évanoui, mais, il a soit des troubles de vue, soit des spasmes (contorsions) dans les membres. A la suite de la crise, le sujet peut lui-même la raconter. La crise partielle complexe, comme son nom l'indique, est difficile à gérer. Le malade a une perte de conscience soudaine. Il peut émettre des sons et des phrases insensés. Il peut aussi, en s'agitant, blesser ceux qui s'approchent de lui. Les malades qui ont des crises partielles sont environ 30% en Côte d'Ivoire.
La crise générale est la plus fréquente en Côte d'Ivoire. Elle constitue environ 60% des cas de crise. L'individu se débat et perd conscience. C'est de cette crise que souffrent la petite Désirée et J.B à en croire leurs proches. Ils se débattent et sont inconscients. J.B se souvient avoir blessé sa grande sœur qui avait l'intention de l'attraper pour éviter qu'il fasse une chute. Elle est sortie de là avec une fracture du bras, raconte-t-il.
La maladie se guérit
Selon le Professeur Akagny, président de l'Association ivoirienne de lutte contre l'épilepsie(Aile), cette maladie se guérit. Il faut pour cela un bon traitement et un bon suivi qui peut durer trois ans. Les médicaments prescrits permettent d'éliminer ou de réduire la fréquence des crises. Ils se présentent sous plusieurs formes et ne sont pas efficaces chez tous les patients. Le médecin doit parfois en essayer quelques-uns afin de déterminer celui qui convient le mieux à un patient donné.
A.K