Radiodiffusion et télévision numériques dans quelques années : Des menaces réelles sur notre radio et notre télévision nationales

A l'heure de la société de l'Information et de la Communication, et plus particulièrement de la libéralisation du secteur de l'Audiovisuel au niveau planétaire, l'Union Internationale des Télécommunications (UIT) avait organisé la Conférence Régionale des Radiocommunications (CRR) en deux sessions;

La première session, tenue en 2004 à Genève (CRR-04), a consacré ces travaux sur des questions réglementaires et de procédures pouvant conduire à élaborer le plan de la Radiodiffusion numérique de terre.

La seconde session a eu lieu à Genève, en 2006 (CRR-06), a élaboré le plan de fréquences de Radiodiffusion Numérique de Terre (TNT) dans la bande VHF (ondes métriques) et UHF (ondes décimétriques). Il s'agit pour la communauté des radiodiffuseurs, à l'instar des Télécommunications en général, d'atteindre les objectifs du millénaire, à savoir "réduire la fracture numérique" de manière significative dans la prochaine décennie, dans les pays en développement. La CRR-06 a établi le résultat de ces travaux sur les questions relevant de trois conférences, à savoir:

1- La Conférence Régionale des Radiocommunications chargée d'établir le plan de fréquences dans les bandes de fréquences (174-230 MHZ) et de (470-862 MHZ) de la Radiodiffusion numérique de Terre dans les Régions 1 et 3 de Radiodiffusion.

2- La Conférence Régionale des Radiocommunications chargée de réviser l'accord de STOCKHOLM de 1961 (ST-61), dans certaines parties de la bande de fréquences de Radiodiffusion, dans la zone européenne de Radiodiffusion.

3- La Conférence Régionale des Radiocommunications chargée de réviser l'accord de Genève 1989 (GE-89) dans certaines parties de la bande de fréquences, dans la zone de Radiodiffusion concernée par l'Afrique.


RESULTATS DES TRAVAUX DE LA CRR-06 POUR LA CÔTE D'IVOIRE

A l'issue des cinq (5) semaines de travaux, de jours et de nuits de séances, les résultats suivants ont été obtenus:

1- Radiodiffusion numérique sonore, en onde métrique, c'est-à-dire la bande de fréquences (174­230 MHZ), T-DAB : 105 fréquences. 2- Radiodiffusion numérique télévisuelle en onde métrique (174-230 MHZ), DVB-T : 27 fréquences. 3- Radiodiffusion numérique sonore en onde décimétrique c'est-à-dire dans la bande de fréquences (480-862 MHZ), DVB-T : 207 fréquences.
Toutes ces fréquences ont fait l'objet de coordination entre la Côte d'Ivoire et les pays voisins frontaliers, dont les stations d'émission ont été géographiquement identifiées.

Au total, la Côte d'Ivoire dispose, à l'issue de l'exercice de planification, de 339 fréquences de Radiodiffusion sonore et télévisuelle numérique de Terre dans les bandes de fréquences VHF et UHF.


ANALYSE ET ENJEUX

Le Sommet Mondial sur la Société de l'Information (SMSI) tenu à Tunis du 16 au 18 novembre 2005 a justement fixé l'échéance de 2015 pour concrétiser les objectifs de développement de TIC pour le millénaire. L'accord conclu à la CRR-06 ouvre donc la voie à l'utilisation de toutes les possibilités offertes par les technologies de l'Information et de la Communication dans la réalisation des objectifs de développement reconnus à l'échelle internationale.

Le Secrétaire Général de l'UIT d'alors, le Japonais YOSHIO UTSUMI faisait remarquer que "le nouveau plan numérique offre non seulement des possibilités nouvelles pour un développement structuré de la radiodiffusion numérique de terre, mais aussi des aménagements suffisants pour pouvoir être adapté en fonction de l'évolution de l'environnement des télécommunications. Ainsi donc cet accord signé provisoirement par les experts, délégués dûment mandatés par le Gouvernement de Côte d'Ivoire, et qui a valeur de traité international, est le signe de l'avènement des services de radiodiffusion sonore et télévisuelle numérique de terre vers le " tout numérique" c'est-à-dire là où la production, la transmission (ou le transport) et la diffusion sont entièrement numérisées.

La généralisation de la radiodiffusion numérique en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient et en République Islamique d'Iran d'ici à 2015 sera un progrès majeur dans l'édification d'une société de l'Information plus équitable, plus juste et à dimension humaine.

Le passage de l'analogique au numérique de la Radiodiffusion permettra de brûler les étapes technologiques pour connecter celles des communautés rurales qui ne sont pas encore desservies ou qui sont isolées, et pour réduire la fracture numérique, c'est-à-dire le fossé qui sépare les connections des pays du Nord et ceux du sud ou en développement.


LES AVANTAGES DU NUMERIQUE

Au regard des travaux des deux sessions, la CRR-04 (1ère session) et la CRR-06 (2ème session), l'on fait observer que la migration de la Radiodiffusion analogique vers la Radiodiffusion numérique de terre donnera naissance à de nouveaux réseaux de distribution et permettra de nouvelles avancées dans le traitement de l'information en ouvrant de nouveaux horizons pour les services hertziens. Les avantages du numérique, qui résultent des gains d'efficacité dans l'utilisation du spectre des fréquences radioélectriques en ondes métriques et décimétriques, traduiront le fait que l'on pourra acheminer plus de canaux avec moins de fréquences, et par une convergence accrue des technologies de l'information et de la communication, avec celle de Radiodiffusion.

La souplesse inhérente à la Radiodiffusion numérique de terre permettra de recevoir, et c'est déjà fait, sur des dispositifs mobiles des données vidéo, Internet et multimédias, ce qui rend ainsi les applications, les services et l'information accessibles et utilisables à tout moment et en tout lieu.
La radiodiffusion numérique de terre ouvre également la voie à de nouvelles applications telles que la diffusion de programme de télévision sur des dispositifs portables (DVB-H) parallèlement à la télévision haute définition (TVHD), tout en offrant davantage de largeur de bande pour les services, mobiles, fixe et de radionavigation existants. Les services auxiliaires de la radiodiffusion (micro sans fil, liaison de retour) sont eux aussi planifiés sur une base nationale et doivent être élargis. La radiodiffusion numérique de terre offre donc de nombreux avantages par rapport aux systèmes analogiques, à savoir:

- services élargis;

- meilleure qualité audio et vidéo ;

- débit de transmission de données plus variées et plus élevées;

- fiabilité de flux de données sur de longues distances;

- plus grande efficacité d'utilisation du spectre donc davantage de canaux.

Enfin, une des tâches essentielles de la Conférence (CRR-06) était de trouver les mécanismes et moyens pour permettre la coexistence sans brouillage de la radiodiffusion numérique et de la radiodiffusion analogique, jusqu'à la fin de la période transitoire, c'est-à-dire 2015.


FIN DU SYSTEME ANALOGIQUE

Après de longues heures de discussions et de négociations ininterrompues durant cinq semaines, de jours et de nuits, consacrées à la question de planification (en commission 5 de la CRR-06 a adopté la date du 17 juin 2006 à 00 heure 01 minute UTC comme date de début de la période de transition, et le 17 juin 2015 comme date de fin de la période de transition. Cependant certains pays, dont la Côte d'Ivoire, au nombre de 34 ont souhaité et obtenu de disposer d'un délai supplémentaire de cinq ans pour éventuellement amortir les équipements qui seraient en service. Autrement, la conférence a adopté un délai supplément jusqu'au 17 juin 2020 à 00 heure 01 UTC. La côte d'Ivoire devrait cependant se donner les moyens de démarrer la numérisation effective de ses installations de diffusion, dans le cadre global du Plan de 2006 et pour la modernisation de réseau de radiodiffusion numérique de terre.

KOFFI Kouman Alexis
Inspecteur Général de la Communication