x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 22 mai 2009 | Le Repère

Simples instruments : La Refondation ou le dépérissement de l`Etat

Les classiques du marxisme nous disent que l'avènement de la dictature du prolétariat prépare au dépérissement de l'Etat, structure juridico-administrative dont toute la fonction en dernière instance est d'assurer la domination des bourgeois sur le prolétariat. L'Etat contient les contradictions entre des classes fondamentalement opposées grâce aux différents appareils d'Etat, dont principalement les appareils répressifs d'Etat. Schéma possible quand l'histoire interne se développe de façon endogène dans un pays donné. Mais lorsqu'une histoire nationale se confond avec l'histoire de pays étrangers, le schéma de la disparition de l'Etat prend une autre voie.

Pour parler de la Côte-d'Ivoire notre pays, que nous est-il donné de constater ? Le Président HOUPHOUET-BOIGNY, qui voulait pour son pays de figurer parmi les meilleurs, a construit un pays dont l'économie était presque totalement extravertie. Vision politique qui fut la risée de bon nombre de donneurs de leçons qui cependant vendaient leur âme pour être de ceux qui viendraient jouir des erreurs de feu notre Président. L'argent n'ayant pas d'odeur, nos théoriciens des tropiques et leurs maîtres occidentaux se sont nuitamment remplis les poches de son argent. Une extraversion économique avec bien entendu ses contraintes, dont celle de manœuvrer serré dans un univers sans pitié. Que visait HOUPHOUET ? Sinon d'inscrire son pays dans une croissance continue qui, dans son esprit, devait nécessairement déboucher sur une amorce de développement. On peut ne pas être pour le schéma, mais il faut reconnaître que l'idée n'est pas bête. D'autant que parallèlement, il a construit une administration de plus en plus fiable. Sauf aveuglement, la meilleure administration de l'Afrique noire, dirions- nous. Ce médecin paysan, au bon sens avéré, s'est jeté en même temps à corps perdu dans une politique de formation de la jeunesse de son pays. La vraie richesse devait venir de là. Instruite, la jeunesse accaparerait les instruments de production dont elle aurait déjà la maîtrise technique de par sa formation. Et servie par une administration bien en place, le tour était joué.

Houphouët fut de loin bien plus grand que nos universitaires refondateurs qui ont achevé de
réduire notre pays.

La Côte d'Ivoire possédait ainsi, l'argent des autres dans le cas d'espèce, une maîtrise technique de l'outil de production et une bonne administration en soutien. Une politique visionnaire somme toute remarquable, à laquelle il a manqué une vigilance de tous les instants, si tant est que ce fut possible. Car les ennemis étaient en embuscade, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. Il est de notoriété de dire que les Etats n'ont d'amis que leurs intérêts. Cette volonté d'un chef d'Etat africain de se sortir, sans bruit ni divorce tonitruant, du carcan de l'impérialisme économique de l'Occident ne pouvait pas rencontrer l'assentiment de ses pourtant amis occidentaux. La Côte-d'Ivoire sans le savoir représentera ainsi un très mauvais exemple en Afrique, pour la prospérité du grand capital. Pour mémoire, souvenons-nous de Pierre JALLEE, qui caractérisait le sous- développement et le développement comme deux éléments nécessaires d'un même processus économique. Dès lors, la Côte-d'Ivoire était à abattre. Et comme les Occidentaux font leur histoire dans la durée, par une continuité réelle de leur politique avec le monde, chacun à sa façon, a obligé la Côte-d'Ivoire à plier l'échine et à rentrer dans les rangs des pays sans Etat, où le pillage peut s'opérer au grand jour sans que les pantins en place ne trouvent à redire. Les Ivoiriens savent-ils seulement que les experts de la Banque mondiale, en café-cacao, ont appris leur métier, au travers les programmes d'ajustement structurel initiés pour dompter leur pays ?
Alors que penser de ceux qui ont détruit l'école, berceau de la prise en main du pays ? Détruit ce qu'il restait d'administration ? L'arrivée presque miraculeuse du FPI au pouvoir, la guerre civile initiée par les FN, relèvent toutes d'un même processus de destruction du mauvais exemple que constituait la Côte-d'Ivoire pour l'Afrique. Pauvres de ceux qui se battent la poitrine en exhibant un programme aussi insignifiant que " refonder la Côte-d'Ivoire ".


Détruire son propre pays sans en prendre conscience, est suprême pauvreté d'esprit

Ils sont devenus les alliés objectifs du grand capital et se comportent comme tels, pour peu que l'on veuille analyser leurs actes de gouvernement. Dans les rapports de forces engagés par HOUPHOUET contre l'exploitation de l'impérialisme occidental, et les rapports de forces entre les classes en Côte-d'Ivoire, laquelle des contradictions étaient-elles la principale ? Surtout que cette lutte des classes nationales s'opérait entre la grande et la moyenne bourgeoisie. On a dit un peu n'importe quoi sur HOUPHOUET, mais tout compte fait, il fut de loin bien plus grand que nos universitaires qui ont achevé de réduire notre pays, en pays " ingouvernable, ingérable, inhabitable ". HEGEL a vu juste qui disait qu'" Il n'y a pas de héros pour un valet de chambre… ". Nos dirigeants actuels seront comptables d'un pan négatif de l'histoire de notre pays, dont ils n'étaient ni les initiateurs, ni les maîtres d'œuvre, mais les simples instruments d'un processus idéologique qui les débordait totalement. L'opposition au régime de la " rebfondation ", doit être vécue comme le ferme refus de nous voir détruire par le capitalisme du centre, aujourd'hui triomphant malgré les effets négatifs de l'exacerbation des contradictions inhérentes au système lui-même. Car, le capital a su, à temps, détruire tous ceux qui auraient pu lui tenir tête dans la déroute qu'il vit actuellement. Parions que les pays pauvres du tiers- monde sans le vouloir, ne seront pas de ceux qui ne contribueront pas au redressement du grand capital. Pendant ce temps, les Ivoiriens devenus tous des politiciens, se morfondent dans les fanges de l'histoire dont ils ne sont pas les sujets, au sens idéologique du terme. Pauvre pays, pauvre peuple ! A l'histoire nous ne comprenons rien. Nous refusons de penser, nous refusons, de nous penser. Nous préférons le nombrilisme stérile d'hommes de la nature, dont nous semblons contemporains à bien des égards.

Jean LEZEBRE
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ