Ils sont sortis massivement, dignes dans la douleur. Les paupières lourdes, les yeux suintant de larmes, pour accompagner le jeune Konaté Abdramane à sa dernière demeure. Amis, collègues chauffeurs, responsables syndicaux et parents, tous, le cœur meurtri par la douleur, ont procédé hier, à la levée de corps suivie de l’enterrement du jeune chauffeur de taxi tué sauvagement par une patrouille de police de proximité à Koumassi Remblais dans la nuit du mercredi au jeudi 21 mai dernier. Après moult tractations de la famille et des responsables syndicaux, le père Konaté Youssouf parvient à obtenir le corps de son fils criblé de balles. Les services mortuaires de l’Ivosep lui exigeant de payer les frais de conservation. Les jeunes chauffeurs très en colère menacent. Les responsables syndicaux appellent au calme. La Direction de la police générale est automatiquement saisie. La hiérarchie dépêche le commissaire Soualio Bamba du 4ème Arrondissement de Marcory auprès de la famille. Les tensions baissent, lorsque la direction de la police s’engage à payer les frais de la conservation du corps, qui a été autopsié par les services de la police criminelle en charge de l’enquête. A la vue du corps sans vie du jeune Konaté troué de balles, exposé à l’esplanade de l’Ivosep, parents et amis quoique en majorité musulmans ne peuvent s’empêcher d’écraser des larmes traitresses. Quinze minutes après, en véritable chauffeur de taxis, Konaté Abdramane entame son dernier tour de volant. Le cortège serpente entre les nombreux véhicules stationnés et démarre en trombe pour la cour familiale à Abobo Banco. Sur les lieux, l’Imam Bamba de la Mosquée d’Abobo Segbé procède à la prière mortuaire. La mère du défunt Mme konaté Sita, sous le poids de la douleur s’écroule à la vue du corps de son fils. Les proches parents venus la consoler, fondent littéralement en larmes. Emotion et douleur sont au rendez-vous. Cap est ensuite mis sur le cimetière d’Abobo. Le Commissaire de police Bamba Soualio dépêché auprès de la famille, fraie un chemin à l’aide de gyrophares et de sirène au cortège. Une fois au cimetière d’Abobo, le corps du jeune Konaté, après les cérémonies de prières est porté en terre. Tué dans la fleur de l’âge, 20 ans, par une patrouille de police, Konaté Abdramane laisse derrière lui sa fille d’un an, Awa Konaté. Les responsables syndicaux, en l’occurrence le président de la coordination des gares routières, Touré Adama et Coulibaly Ladji, secrétaire du syndicat des conducteurs de taxi de Côte d’Ivoire (SCTCI) constatant l’indignation des chauffeurs, les invitent au calme : « Nous demandons à nos chauffeurs de demeurer dignes dans la douleur, car nous allons rencontrer les autorités, pour que plus jamais un crime aussi odieux ne se répète », indique au bord des larmes Coulibaly Ladji.
Moussa Kéita
Moussa Kéita