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Société Publié le jeudi 28 mai 2009 | Nord-Sud

« Affaire taximan et un policier tués » : Les proches de Abou demandent justice

L'enterrement de Konaté Aboudramane, le chauffeur tué par la police le 21 mai, a eu lieu hier au cimetière municipal d'Abobo.

Konaté Aboudramane repose depuis hier, au cimetière municipal d'Abobo. Que d'émotion autour du corps de ce jeune chauffeur de taxi qui a perdu la vie le 21 mai ! Après l'autopsie le mardi, mercredi la famille tente de retirer le corps de la morgue de Treichville. Elle est accueillie par une facture de 450.000 Fcfa que lui présente la morgue. Il faut l'intervention de Ange Kessi, le commissaire du gouvernement, pour régler la note. Pendant ce temps, un grand monde attend au domicile de la famille d'Abou à Abobo-Sagbé, près de l'Epp Banco 2 et 3. Dans la cour, la mère d'Abou, Cissé Sita, un voile autour de la tête, est assise entre une cinquantaine de femmes venues la consoler. Elle est incapable de parler. Il est 14h lorsqu'un cortège, précédé par un véhicule de police sirène tournante, fait son entrée. Ensuite le corbillard. Cissé Sita tombe en pleurs. Des femmes la consolent; Elle s'écroule, on l'aide à se relever. La tension monte dans la foule lorsque des jeunes font sortir le cercueil d'Abou du véhicule funèbre. Les pleurs fusent de partout. Des femmes tombent en pleurs. Des jeunes révoltés se mettent à hurler contre la police qui a escorté la dépouille. « Abou n'était pas un voleur ! » scandent-ils. Des adultes les calment. « Ici les gens sont mal informés, ils ne savent pas ce qui s'est réellement passé. On leur a dit que la police a abattu Abou, l'ayant confondu à un voleur », explique Koné Parsoro, président des jeunes du quartier. Selon lui, dès les premiers jours de la mort du chauffeur, il a fallu calmer ses amis pour éviter que ceux-ci tentent de le venger. Après s'être assuré qu'Abou était musulman, l'imam Bamba, prie sur la dépouille. A 14h20, un long cortège se rend au cimetière municipal d'Abobo. Adama Touré, président de la Coordination nationale des gares routière (Cngrci) et une forte délégation de transporteurs tiennent les devants. Les chauffeurs de taxi, les proches de la famille suivent. Ce sont une dizaine de véhicules personnels, des taxis compteurs et des gbakas qui traversent la gare d'Abobo. La sirène tournante de la police qui tient la tête du cortège, alerte les passants. 14h 45, le cortège arrive au cimetière. 14h55, Abou est enseveli. Les amis du défunt chauffeur sont venus nombreux. Ils réclament que justice soit rendue. Koné Brahima, amis du garçon et membre de l'Association des chauffeurs de taxi compteur en témoigne par sa mauvaise humeur: « On est choqué. Nous voulons avoir la suite de cette affaire. Nous voulons que ceux qui ont fait cela soient punis », affirme-t-il. Bakayoko Youssouf, un chauffeur qui fréquentait Abou, l'appuie dans ce sens. « Sa mort nous fait mal au cœur. Nous espérons que le gouvernement va prendre des mesures pour punir ce crime », ajoute-t-il. Konaté Oumarou, l'homme qui employait Abou était également au cimetière d'Abobo. Il raconte le malheur. « Le jeudi, Abou est sorti avec le taxi pour aller rouler. Il devait revenir me le rendre à 14h. Lorsque l'heure est arrivée, il m'a appelé pour me dire qu'il allait finalement continuer de rouler jusqu'à 22h. Je l'attendais donc à cette heure-là, lorsque j'ai reçu un coup de fil d'une cabine de Koumassi. Des jeunes qui avaient assisté à la fusillade, m'ont appelé grâce au numéro de téléphone qui était sur le véhicule. Ils m'ont dit qu'Abou venait d'être tué. J'étais abattu», raconte-t-il. Oumarou s'est alors rendu sur les lieux. « Le véhicule était troué de plombs. Les sièges, le tableau de bord, les vitres, la carrosserie », explique-t-il. Il demande que justice soit rendue et que sa voiture lui revienne. Coulibaly Ladji, représentant le Conseiller national des conducteurs de Côte d'Ivoire était aussi sur le lieu funèbre. Il ne cache pas sa colère. « Les tueries des chauffeurs avaient cessé, nous constatons qu'elles reviennent. Nous ne pouvons pas accepter que les armes que nous payons pour les policiers soient utilisées contre nous », déclare-t-il. Il demande au ministre de l'Intérieur de prendre ses responsabilités. Jeudi Konaté Aboudramane et l'adjudant Konan ont été abattus dans un taxi par des éléments de la Blcp (Brigade de lutte contre la criminalité) au niveau de Marcory-Remblais. Ils ont été confondus à des braqueurs.


Raphaël Tanoh
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