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Société Publié le lundi 8 juin 2009 | Nord-Sud

Fête des mères : Les larmes des femmes sans enfant

De son origine à nos jours, l`histoire de la Fête des mères a connu une longue évolution. Aujourd`hui, cette fête se célèbre le dernier dimanche du mois de mai, sauf lorsque celui-ci est également le jour de la Pentecôte. La fête des mamans est alors reportée au premier dimanche de juin. C`est actuellement l`une des fêtes païennes les plus célébrées dans le monde.


Pendant que des millions de femmes célébraient hier leur maternité, D. Mariam ne voulait pas voir la lumière du jour. Elle s`est enfermée dans sa chambre conjugale durant toute la journée. « Je ne suis pas malade, mais je n`ai aucune envie de sortir», a-t-elle lancé à son époux qui s`inquiétait devant cette attitude inhabituelle chez sa femme. Elle ne lui a rien expliqué. Mais, il sait la raison profonde de cette amertume. Après cinq ans de mariage, Mariam n`a pas encore d’enfant. Une situation qu`elle était loin d`imaginer lorsqu`elle s`engageait dans cette union avec l`homme de son rêve. Durant ces cinq longues années, le couple a approché plusieurs gynécologues et autres naturothérapeutes en quête de solution.
Blessées dans l`âme

Les médecins soutiennent unanimement que les deux conjoints ont toutes les chances d`avoir des enfants. Généralement, ils leur ont prescrit plus de conseils (abandon du stress et du pessimisme), que de médicaments. Malgré toutes les assurances, la femme, à la différence de son mari, a perdu tout espoir. Elle est surtout influencée par son environnement. Plusieurs de ses camarades qui se sont mariées après elle ont déjà connu la joie d`être mère. Certaines d`entre elles ont donné la vie deux fois. Des filles de son âge épousées par ses beaux-frères ont toutes enfanté. Samedi nuit, les signes de sa consternation étaient déjà perceptibles. Elle n`a pas suivi les émissions télévisées qu`elle a l`habitude de commenter avec passion les autres week-ends. Peu bavarde ce soir, elle est restée dans la chambre où elle a fait ses prières avant de s`endormir. La seule consolation que Mariam peut avoir, c`est le sort d`une de ses amies qui a moins de chance qu`elle. Celle-ci est arrivée chez son mari, à Adjamé deux ans après le mariage de Mariam. Après trois ans d`infertilité, elle ne pouvait plus supporter les critiques et les menaces de ses beaux parents. Un matin, elle a abandonné son foyer avec la résolution de ne plus jamais y mettre les pieds. Une décision appliquée à la lettre jusqu`à ce jour. Elle n`y est jamais revenue, même quand il s`est agi d`aller chercher ses affaires. Ce sont ses propres parents, avec qui elle vit désormais, qui s’en sont chargés. Tout comme Mariam, Mme Dion a connu ce problème jusqu`à ce que la providence ne vienne à son secours. Neuf ans de mariage, sans un enfant. A l`entendre, son foyer battait de l`aile. Cette secrétaire de direction de 31 ans s`était mariée assez jeune. Deux à trois ans après son mariage, les difficultés ont commencé. La période de la Fête des mères était très difficile à vivre, a-t- elle expliqué.

Les pressions des belles-mères

Certaines tantes au mari de Mariam lui ont commencé à se plaindre. « Nous allons donner une autre femme à notre fils », lui ont-elles promis. Ce dimanche, jour de célébration des mamans, lui rappelle plus que jamais qu`elle n`en est pas une. C`est la raison de son auto emprisonnement. Quant à dame Dion, à cette période de l`année, son mari ne lui adressait pas la parole : « il me boudait et cela pouvait durer une semaine ». A côté de la pression de son mari, il y avait les remontrances de sa belle-mère : « Chaque fois qu`elle venait à la maison, elle me chantait son envie d`être grand-mère. Mon mari étant enfant unique, il était nécessaire qu`il ait au moins un enfant pour assurer leur descendance ».

Mme Yobouet vit à Yopougon. Marié depuis six ans, cette enseignante trentainaire n`a pas encore connu la joie de la maternité. En ce jour dédié à la mère, elle avoue sa tristesse : « Je suis triste malgré le réconfort que mon mari m`apporte.» Depuis deux ans, le jour de la Fête des mères, elle reçoit ses neveux à la maison. Tout cela, avec la complicité de son mari. « Ces enfants m`aident à traverser ce moment douloureux. En face d`eux, j`oublie la tristesse et l`amertume. Même si ce moment ressurgit lorsqu`ils repartent », affirme-t-elle.

Le calvaire de Mme Dion a pris fin au décès du mari de sa sœur cadette. « Ma petite sœur venait d`avoir un enfant quand elle a perdu son conjoint. Elle nous a confié le nouveau-né. Sur insistance de ma sœur, nous avons donné notre nom à cet enfant qui a changé notre vie. » Pour sa belle-mère et son mari, ce bébé est un don du ciel : « Je n`ai plus de problème depuis l`arrivée de la petite chez nous. Je ne subis plus les tortures qu`on me faisait endurer pendant les célébrations de la Fête des mères. Nous sommes maintenant une famille unie ». Elle ne perd pas espoir. Elle croît que Dieu peut lui accorder sa faveur un jour. Si elle avait la chance d`avoir un enfant, elle promet que cela ne toucherait pas l`amour qu`elle éprouve pour sa fille adoptive.


L`espoir est permis

Mme Tagro vit une situation similaire. A 45 ans, elle n`a jamais connu la joie d`être mère. Elle a à sa charge l`éducation de deux enfants issus d`une précédente union de son mari avec une femme qui n`est plus. En ce jour de Fête des mères, c`est un sentiment de joie mêlé d`amertume qui l`anime. « Chaque année, les enfants de mon mari me font des cadeaux. J`en suis toujours heureuse. Mais, j`aurais aimé avoir mes propres enfants pour les regarder grandir. Et en même temps, je serais curieuse de voir le type de cadeaux qu`ils m`offriraient », souligne-t-elle. Les enfants du mari, sensibles à tout ce qu`elle a fait pour eux, font tout pour la rendre heureuse. Cette année, Elisabeth, l`aînée, compte lui offrir une cuisinière en complicité avec son père. Quant à Thomas le cadet, il prévoit un dîner avec elle au restaurant. A côté de ces femmes qui n`ont pas encore procréé, d`autres ont eu la chance de devenir mère après plusieurs années de patience. Après 14 ans de vie commune, Mme Yao et son époux, qui vivent à Abobo ont eu un garçon qui a maintenant 3 ans. Mme Yao a connu la douleur de la Fête des mères : « J`étais stressée, triste et je pleurais tout le temps. Mon mari ne me facilitait pas la tâche », explique-t-elle. La pression était si forte qu`à un certain moment, elle a voulu quitter son foyer. A 40 ans, ses vœux ont été exaucés. « Je peux désormais circuler dans le quartier sans qu`on ne me regarde d`un mauvais œil », se réjouit- elle. Elle conclut : « La persévérance et la foi sont les meilleures armes dans l`attente d`une grossesse.»


Adélaïde Konin (Stagiaire)
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