Zouzou Yao Gilbert a du culot. Il ne s'est pas fait prier pour voler un chiot. Et quel chiot ? Celui de race (Ross Valler), venu directement de France et appartenant à un juge. L'animal domestique bénéficiait des plus grands soins de son maître, Alson Kouassi, juge au tribunal d'Abidjan. Pour son voyage de l'Hexagone à Abidjan, ce chien a bénéficié d'un billet d'avion, d'une assurance maladie sans oublier toutes les commodités réservée à chaque passager. A son arrivée, il est parvenu tant bien que mal à s'acclimater et à prendre des habitudes. Entre le maître et son chien, des liens forts se tissent. Le vendredi 5 juin, profitant de l'inattention de la fille de ménage, le toutou sort de la cour. Le juge qui constate la disparition de son compagnon âgé d'un an se lance à sa recherche. Il se rend jusqu'à Grand-Bassam pour voir si le chiot n'a pas été vendu à d'éventuels touristes. Peine perdue pour Alson Kouassi qui revient bredouille. Il ne désarme pas pour autant et continue les recherches. Un jour, contre toute attente, le juge découvre à la cité Bceao une annonce placardée à un carrefour. On peut lire : Vente de chien de race à 70.000Fcfa. Le magistrat, la mort dans l'âme décide de remplacer son «amour de chiot» en achetant celui-là. Il prend donc contact avec le vendeur qui n'est autre que Zouzou. Sur place, le juge est stupéfait de constater que l'animal en vente est bel et bien le sien qui avait disparu. Il fait mine de ne rien voir et propose 60.000 Fcfa pour l'acquérir. Le vendeur rejette la proposition. 70.000Fcfa ou rien, lâche-t-il. Le juge cède. Zouzou est content. Mais, juste avant d'empocher l'argent qu'il venait de récolter, il s'entend demander les papiers du chien. Zouzou laisse échapper un léger signe de panique avant de se ressaisir. Il demande à son client de patienter. Mais, après une heure d'attente, point de papier. Le juge lui explique qu'à ce prix-là, l'on ne trouve aucun chien sans papier. Aussi, pour le piéger, propose-t-il au commerçant de se rendre avec lui au commissariat le plus proche pour valider l'acte d'achat. Zouzou qui ne soupçonne rien accepte. Ils se rendent au commissariat du 22ème arrondissement à Cocody-Angré. En chemin pour la police, le jeune homme prend le soin d'indiquer à l'acquéreur que le chien n'a pas mangé depuis 2 jours. Celui-ci promet d'y remédier une fois à la maison. Au 22ème arrondissement, le magistrat expose les faits à l'officier chargé du dossier. Il révèle qu'il est le propriétaire du chiot. Zouzou tremble. Mais, il choisit de se défendre en rejetant les affirmations de son client. Pour couper court, avance le juge à l'officier si le chien lui appartient vraiment qu'il l'appelle par son nom. Le jeune crie à tue tete : « Tout passe ! Tout passe ! Tout passe ! ». Mais l'animal ne répond pas à l'appel. Pis, il lui détourne sa face. Au tour de l'acquéreur de dire le nom du chiot. « Samouraï ! » Et le chien bondit sur son maître en signe de reconnaissance. Zouzou demande de se soulager et tente de prendre la fuite. Il est rattrapé par les policiers qui le mettent au frais. C'est aujourd'hui que Zouzou Yao Gilbert sera déféré au parquet d'Abidjan pour répondre de son acte.
Bahi K.
Bahi K.