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Faits Divers Publié le mardi 26 mai 2009 | Nord-Sud

Les “Philomanes” : Quand ils parlent, vous perdez de l`argent !

Ils ne cambriolent pas, ils ne s`attaquent pas aux domiciles, mais ce sont des individus dangereux. A la gare routière de Yamoussoukro, on les appelle les « philomanes ». Leur arme, c`est la parole ou plutôt le baratin. Le lieu de prédilection des philomanes est la gare routière de la capitale. Mais, depuis la fin des voyages de « Paquinou », on les retrouve entre la gare de la compagnie Utb et le Trésor public, sur la route d`Abidjan. Car cette zone regroupe les voyageurs, mais aussi les fonctionnaires, les pensionnaires et tous ceux qui fréquentent les banques. Les pigeons éventuels, en somme. Ils écument aussi « Tatchienbougou », haut lieu de la prostitution à la gare, en face de l`Eglise protestante Cma. Ils sont aussi présents à la rue qui fait face à la présidence et la cathédrale St Augustin de Yamoussoukro, non loin du commissariat du 1er arrondissement ! Il leur arrive même d`arpenter les rues des quartiers. Ce sont généralement des jeunes gens bien habillés avec sous la main une Bible. De vrais psychologues qui repèrent facilement parmi les voyageurs ceux qui sont rongés par un souci. Mme D. S. raconte sa mésaventure : « Je suis descendue d`un minicar « Massa » en provenance de Daloa, en route pour Abidjan où, on m`a appelée auprès de mon frère gravement malade. Un jeune homme m`a accostée et m`a parlé du Seigneur. Ensuite, il m`a dit que je voyageais pour une affaire dramatique. Je lui ai alors expliqué ce que je savais sur mon frère. Il m`a dit qu`il pouvait m`aider à le guérir par la prière. Il m`a invitée à le suivre dans un coin pour prier », raconte-t-elle. Là, l`escroc lui dit de mettre sa main sur la Bible. Peu après, il lui déclare que les bijoux qu`elle porte ne permettaient pas d`être en contact avec les anges et qu`il lui faut s`en défaire avant la fin de la prière. Ce que fait la malheureuse qui dépose ses bijoux et ses deux téléphones portables sur une table, à côté du Livre saint. « Ensuite, il m`a demandé d`inspirer profondément et d`expirer les yeux fermés, la main sur la Bible. Ça n`a duré que quelques secondes. Lorsque j`ai rouvert les yeux, le jeune homme n`était plus là ! Il avait disparu avec tout ce que j`avais mis sur la table et mon portefeuille», relate amèrement D. S. Cette dame n`est pas la seule victime de ces individus de mauvaise foi. Selon un vendeur, ce type de scène est très fréquent à la gare. « Même les intellectuels se laissent piéger », note-t-il. C`est ce qu`est arrivé à T. S. N`Goran, un instituteur à la retraite, venu prendre sa pension au trésor de Yamoussokro. « Ils lui ont fait miroiter un avenir radieux et l`ont entraîné à l`intérieur de la gare, vers l`ancien magasin de Toyota. On l`a vu revenir comme un fou, cherchant les jeunes qui l`avaient dépouillé de sa pension », raconte le vendeur. Lorsqu`ils manquent de pigeons, ces bandits entrent dans les quartiers. A. H. Traoré, un homme d`affaires de la ville a déjà eu affaire à l`un d`entre eux. Un homme bien habillé a accosté son neveu qui lavait sa voiture. Il lui a demandé si son père s`était réveillé. A la réponse positive du garçon, il est entré dans la cour après avoir demandé le nom de sa future victime. Il a frappé à la porte de ce dernier. « Il m`a salué en m`appelant par mon nom comme s`il était un ancien copain. Puis, il m`a dit qu`il avait rêvé et que je devais faire un sacrifice sans quoi, j`aurais des problèmes. Comme envoûté, je lui ai donné tout ce que j`avais en poche. Je me serais endetté auprès de mon épouse si cette dernière n`avait pas dit qu`elle n`avait plus d`argent. C`est à son départ que j`ai réalisé que non seulement, je ne le connaissais pas, mais surtout, que je venais de me faire plumer comme un niais», explique A.H. Traoré. Ces arnaqueurs sèment le désarroi dans la capitale politique. Le commissaire Yapi Sosthène, adjoint au 1er arrondissement et porte-parole de la police locale, demande à la population une vigilance accrue. La police, assure-t-il, pense à l`éradication de ce fléau dans la cité des Lacs. Le plan des philomanes est toujours le même. Ils saluent poliment. Si la victime répond, elle a déjà un pied dans le piège de l`escroc qui commence alors son baratin. Ils détectent préalablement un mal qui ronge leur victime. Ce sont généralement des problèmes de santé ou d`argent. L`aigre fin qui captive ensuite l`attention de sa victime lui prédit une catastrophe. Sur la base de cette peur suscitée chez le pigeon, il lui propose une séance de prière. Le malheureux est alors entrainé vers un coin tranquille, comme ce fut le cas pour D.S. Le plus souvent en chemin, le bandit et sa victime croisent un autre homme qui le remerciera de l`avoir sauvé. Ce qui met le pigeon en confiance. Et bonjour les dégâts !

Ousmane Diallo
Correspondant régional
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