Plusieurs dizaines de spécialistes en provenance des quatre coins du continent sont attendus à Abidjan pour la première Conférence ouest-africaine des chirurgiens-urologues, qui se tient du 16 au 19 juin.
Décidée en février dernier, à Conakry, la première Conférence ouest-africaine des chirurgiens se tient du 16 au 19 juin à Abidjan. Quel intérêt revêt cet événement ?
Cette première conférence internationale qui regroupe les urologues de la sous-région et ceux d’autres régions africaines, revêt, pour nous urologues ivoiriens, deux intérêts. Le premier est d’abord scientifique. Nous aurons à partager nos différentes difficultés, mais aussi l’espoir que nous nourrissons de voir l’urologie, dans la sous-région ouest-africaine et dans l’Afrique entière, évoluer vers le niveau que certaines régions du monde ont atteint.
Le second intérêt est d’ordre politique. Nos collègues de la sous-région ont voulu remettre la Côte d’Ivoire à la place qui était la sienne avant que la crise n’éclate. Nous leur prouvons en même temps que ce pays, malgré tout, est debout et peut vaquer à ses occupations dans le cadre de son développement à tous les niveaux (économique, social, culturel, médical…).
Sur le plan purement scientifique, qu’est-ce qui justifie la scission qui s’opère ainsi d’avec la grande famille du Collège ouest-africains des chirurgiens qui a jusqu’ici été le cadre de rencontre des chirurgiens, toutes spécialités confondues ?
Il n’y a pas de rupture. Vous savez, la médecine a évolué vers une hyperspécialisation, qui fait que chaque spécialité se retrouve pour affiner ses moyens diagnostics et thérapeutiques. A Conakry, c’est la section purement urologique de ce Collège qui a décidé que la délégation ouest-africaine d’urologie doit organiser la première conférence régionale en Abidjan. Il est entendu que dans les autres régions, il y aura des manifestations auxquelles nous participerons pour marquer notre solidarité.
Quatre thèmes sont au menu de ces assises qui s’ouvrent ce mardi pour s’achever vendredi. Quelle est la situation des pathologies dont vous traiterez en Côte d’Ivoire en particulier et dans la sous-région en général ?
Nous allons aborder effectivement quatre thèmes dont l’un fera l’objet d’un symposium. Le premier, ce sont les fistules urogénitales. C’est une maladie qui avait été pratiquement vaincue en Côte d’Ivoire. Mais avec la guerre, les techniciens de santé ont quitté les régions nord, ouest et centre, laissant les pauvres femmes dans la misère, et cette maladie a ressurgi.
Toute la sous-région est intéressée par cette maladie, à des degrés divers. Nous allons en parler et interpeller les politiques pour que les causes qui l’engendrent (les conflits sociaux, la pauvreté, etc).
Le deuxième thème a trait à la chirurgie reconstructive en matière d’urologie. Chacun viendra avec son expérience. Les techniques abondent : il y a celle dite de Quartey au Ghana et bien d’autres encore. Ensemble, nous allons réfléchir pour voir la meilleure.
Nous parlerons aussi des nouvelles technologies en matière de diagnostic et de traitement en urologie. Aujourd’hui, il existe une nouvelle spécialité, qui permet d’aller chercher les maladies à partir des voies naturelles.
Chez nous, il n’y a que les structures privées qui ont ce matériel. Ailleurs, ce sont les structures publiques qui l’ont. Nous devons, dans le cadre d’un programme, doter les Chu de ce matériel endoscopique pour permettre aux jeunes d’apprendre. Ainsi, la chaîne des compétences va se perpétuer.
Vous parlerez aussi du cancer de la prostate, thème qui fera l’objet d’un symposium. Pourquoi ce traitement particulier ?
Il faut dire que le cancer de la prostate est une maladie qui fait peur. A tort d’ailleurs ! Puisque détecté tôt, il peut être guéri. En Afrique de l’Ouest, nous avons choisi un groupe d’experts urologues qui se sont réunis et ont réfléchi à un protocole de suivi des malades du cancer de la prostate. Au cours de ce symposium, au-delà de l’expérience de chaque pays que nous allons communiquer, il s’agira de réfléchir ensemble à ce protocole, de l’enrichir. Afin qu’il soit une sorte de bréviaire et que nous ayons tous la même conduite en fonction des stades d’évolution de ces malades, car bien géré, un cancer de prostate peut être guérie. On peut parvenir à une rémission.
Interview réalisée par
Elvis Kodjo
Décidée en février dernier, à Conakry, la première Conférence ouest-africaine des chirurgiens se tient du 16 au 19 juin à Abidjan. Quel intérêt revêt cet événement ?
Cette première conférence internationale qui regroupe les urologues de la sous-région et ceux d’autres régions africaines, revêt, pour nous urologues ivoiriens, deux intérêts. Le premier est d’abord scientifique. Nous aurons à partager nos différentes difficultés, mais aussi l’espoir que nous nourrissons de voir l’urologie, dans la sous-région ouest-africaine et dans l’Afrique entière, évoluer vers le niveau que certaines régions du monde ont atteint.
Le second intérêt est d’ordre politique. Nos collègues de la sous-région ont voulu remettre la Côte d’Ivoire à la place qui était la sienne avant que la crise n’éclate. Nous leur prouvons en même temps que ce pays, malgré tout, est debout et peut vaquer à ses occupations dans le cadre de son développement à tous les niveaux (économique, social, culturel, médical…).
Sur le plan purement scientifique, qu’est-ce qui justifie la scission qui s’opère ainsi d’avec la grande famille du Collège ouest-africains des chirurgiens qui a jusqu’ici été le cadre de rencontre des chirurgiens, toutes spécialités confondues ?
Il n’y a pas de rupture. Vous savez, la médecine a évolué vers une hyperspécialisation, qui fait que chaque spécialité se retrouve pour affiner ses moyens diagnostics et thérapeutiques. A Conakry, c’est la section purement urologique de ce Collège qui a décidé que la délégation ouest-africaine d’urologie doit organiser la première conférence régionale en Abidjan. Il est entendu que dans les autres régions, il y aura des manifestations auxquelles nous participerons pour marquer notre solidarité.
Quatre thèmes sont au menu de ces assises qui s’ouvrent ce mardi pour s’achever vendredi. Quelle est la situation des pathologies dont vous traiterez en Côte d’Ivoire en particulier et dans la sous-région en général ?
Nous allons aborder effectivement quatre thèmes dont l’un fera l’objet d’un symposium. Le premier, ce sont les fistules urogénitales. C’est une maladie qui avait été pratiquement vaincue en Côte d’Ivoire. Mais avec la guerre, les techniciens de santé ont quitté les régions nord, ouest et centre, laissant les pauvres femmes dans la misère, et cette maladie a ressurgi.
Toute la sous-région est intéressée par cette maladie, à des degrés divers. Nous allons en parler et interpeller les politiques pour que les causes qui l’engendrent (les conflits sociaux, la pauvreté, etc).
Le deuxième thème a trait à la chirurgie reconstructive en matière d’urologie. Chacun viendra avec son expérience. Les techniques abondent : il y a celle dite de Quartey au Ghana et bien d’autres encore. Ensemble, nous allons réfléchir pour voir la meilleure.
Nous parlerons aussi des nouvelles technologies en matière de diagnostic et de traitement en urologie. Aujourd’hui, il existe une nouvelle spécialité, qui permet d’aller chercher les maladies à partir des voies naturelles.
Chez nous, il n’y a que les structures privées qui ont ce matériel. Ailleurs, ce sont les structures publiques qui l’ont. Nous devons, dans le cadre d’un programme, doter les Chu de ce matériel endoscopique pour permettre aux jeunes d’apprendre. Ainsi, la chaîne des compétences va se perpétuer.
Vous parlerez aussi du cancer de la prostate, thème qui fera l’objet d’un symposium. Pourquoi ce traitement particulier ?
Il faut dire que le cancer de la prostate est une maladie qui fait peur. A tort d’ailleurs ! Puisque détecté tôt, il peut être guéri. En Afrique de l’Ouest, nous avons choisi un groupe d’experts urologues qui se sont réunis et ont réfléchi à un protocole de suivi des malades du cancer de la prostate. Au cours de ce symposium, au-delà de l’expérience de chaque pays que nous allons communiquer, il s’agira de réfléchir ensemble à ce protocole, de l’enrichir. Afin qu’il soit une sorte de bréviaire et que nous ayons tous la même conduite en fonction des stades d’évolution de ces malades, car bien géré, un cancer de prostate peut être guérie. On peut parvenir à une rémission.
Interview réalisée par
Elvis Kodjo