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Société Publié le mardi 16 juin 2009 | Nord-Sud

Eloignement prolongé des conjoints : Quand la distance conduit à la rupture

L'éloignement prolongé provoque des brouilles dans plusieurs mariages. Cela conduit même parfois au divorce. Nord-Sud Quotidien a enquêté.

Le ministère des Victimes de la guerre aura beaucoup de mal à dédommager Albertine K. Il doit lui trouver un mari parce qu'elle a perdu celui qu'elle avait à cause de la crise. Arrivée au centre des déplacés de « Mié N'Gou » à Yamoussoukro en fin 2002, en fuyant les affrontements militaires, elle a laissé à Sakassou son époux, un instituteur qui, lui, a rejoint Séguéla où l'attendaient ses élèves. Une belle dame, mais, une femme qui, comme tous les autres vivant dans le centre devait relever le défi de rester digne dans l'indigence. Son mari qui lui envoyait de temps en temps de l'argent a fini par arrêter ce soutien. « Je ne voulais plus retourner dans la zone de guerre, car j'avais été traumatisée pendant que lui insistait pour que j'y retourne », explique-t-elle. Pendant deux ans, Albertine vivra à Mié N'Gou en se débrouillant comme les autres pensionnaires, avec les appuis de généreux donateurs. Mais, la vie au centre est rude pour une jeune dame qui n'a pas d'autres soutiens. Il faut s'habiller, acheter des produits cosmétiques et autres commodités indispensables aux femmes. « Un jour de 2004, au cours d'une cérémonie, j'ai rencontré un gendarme qui m'a invitée à dîner et j'ai accepté », révèle-t-elle. Le Mdl commence alors à faire face à ses besoins. Albertine, séduite par tant de générosité, succombe au « charme ».

Ces mariages avec les «binguistes»

Elle devient la maîtresse du brigadier qui lui trouve un studio au quartier « Habitat ». C'est le nid d'un amour adultérin qui aboutira quelques mois plus tard à une grossesse…non désirée. Surtout du côté du gendarme qui refuse la paternité du garçon, fruit de leur relation. « L'enfant est mort un mois après sa naissance comme s'il savait que son père ne voulait pas de lui », regrette Albertine. Abandonnée pas son amant, la jeune dame décide enfin de rejoindre son mari (mariage selon la coutume baoulé) à Séguéla. Mal lui en pris, car, ce dernier, las de l'attendre, avait tissé une nouvelle relation. Surtout qu'il était informé des aventures de sa femme : « Il m'a chassée comme une chienne et pendant les vacances, il est venu voir mes parents pour se désengager». Depuis lors, elle est livrée à elle-même. Abandonnée par le gendarme, elle a dû regagner Mié Gou. La galère aussi. Pour différentes causes, plusieurs conjoints sont éloignés de façon prolongée au point d'en arriver au divorce sans que l'un ou l'autre ait souhaité cette séparation. Parfois, l'homme ou la femme doit se sacrifier pour sauver son mariage. C'est le cas de Dosso Ibrahim. Il vit en France depuis une vingtaine d'années. Sa famille réside dans la région de Gagnoa. En 1989, le parigot demande à ses parents de lui trouver une épouse. Ceux-ci choisissent Fanta, une fée que tout parent aurait aimée pour son fils. Quelques semaines après le mariage, Fanta a rejoint son homme. Une fois à Paris, dans son foyer, la jeune fille a d'autres ambitions : rejoindre son ex-petit ami qui était, lui aussi établi dans l'Hexagone. Elle met son projet à exécution. Après avoir couvert leur séparation pendant des mois, Dosso finit par en informer ses parents qui décident de le venger à leur manière. Ils lui promettent une femme meilleure que la première qui l'a trahi. Mariam Kanté réputée de bonne moralité est retenue. Un choix bien accueilli par les parents de la fille qui réalisaient, là, leur rêve d'avoir un gendre en Europe. L'union est célébrée, dans la plus grande simplicité. Malheureusement, les démarches pour le visa de la nouvelle mariée n'aboutissent pas avant un an. Fait inattendu, au bout de quelques mois, l'on découvre que Mariam est enceinte sans avoir jamais vu son époux. Elle portait la grossesse d'un autre homme. Son père voyant son honneur bafoué répudie sa mère. Cette femme adulte ne pouvait rejoindre son foyer qu'à une seule condition : sauver le mariage de sa fille. L'infortunée maman est allée présenter son sort à la mère d'Ibrahim. Convaincue qu'elle pouvait se retrouver à la place de sa congénère, celle-ci s'engage à convaincre son fils à accepter sa femme malgré cette grossesse de quelqu’un d’autre. Ce qui ne fut pas facile. Les pourparlers à travers des lettres et par le téléphone durent des mois. Après avoir amadoué son fils en vain, lui expliquant que la survie d'un vieux mariage dépendait de lui, la mère a décidé de ne plus rien accepter de son garçon tant que celui-ci resterait campé sur sa position. Elle a ajouté qu'il n'avait pas intérêt à ce qu'elle décède dans un tel contexte. En bon Africain, le «benguiste» a estimé que son bonheur en Europe pouvait être compromis s'il n'acceptait pas la volonté de sa mère. Mariam était à terme lorsqu’elle son visa. C'est dans cet état qu'elle embarque pour Paname où elle donne naissance à une fille qui porte le nom de son époux. Elle lui donnera d'autres enfants. Le père biologique de leur première fille, en homme raisonnable, a pour le moment disparu. Rokia Traoré, 32 ans, a vécu une situation similaire. Son mari, Bamba Karim, enseignant à l'université vit au Caire en Egypte depuis huit ans. En août 2007, il a émis le désir de se marier à une fille de sa région. Sa famille a demandé la main de Rokia, dans la famille voisine. Le père donne immédiatement son accord. Rokia était également consentante. «J'ai accepté parce que je rêvais d'une vie à l'étranger», explique-t-elle l'air nostalgique. Le mariage a été célébré en présence du mari selon les rites musulmans. D'après la jeune femme, quelques jours après la cérémonie, son mari a regagne les bords du Nil. Pour un problème de papiers, il demande à sa femme de l'attendre chez ses parents. C'est ainsi qu'elle est restée dans sa belle famille. « C'est moi qui faisait tous les travaux domestiques. Je gardais espoir parce que je me disais qu'à un moment donné j'allais rejoindre mon mari qui m'envoyait de l'argent régulièrement. Il prenait soin de moi et de ma famille», raconte Rokia. La jeune femme vivait dans l'aisance.

Toujours selon elle, après un an et demi de mariage, elle a commencé à se lasser de cette vie : « Mon mari me promettait chaque fois de revenir, mais, ne le faisait pas. Les nuits étaient difficiles pour moi. J'imaginais toutes sortes de choses : Comment il vivait là-bas ? N'a-t-il pas de relation avec une autre femme ? La solitude me pesait sur les épaules. Je voyais mes amies heureuses dans leur foyer. J'avais tout mais, j'étais malheureuse surtout lorsque les fêtes de fin d'année approchaient. J'avais un statut de femme mariée, mais, je ne vivais pas la vie de femme mariée.» Pour combler sa solitude, Rokia a vite ''succombé'' dans les bras d'un autre homme qui n'est autre que le frère de son mari.

Dur, dur de tenir

«Nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre. C'était difficile à supporter puisque je suis la femme de son frère. Nous vivions notre relation en cachette, jusqu'à ce que le pot aux roses soit découvert. Ma famille n'a pas aimé ce fait. Quant à mes beaux parents, ils nous ont demandé simplement de quitter le domicile familial et qu'ils ne voulaient plus entendre parler de moi », poursuit-elle. Les femmes ne sont pas les seules à tricher pendant les séparations prolongées. Mais, la société a tendance à tolérer ce genre d'acte aux hommes. Quand c'est une femme, elle est culpabilisée malgré les circonstances atténuantes dont elles auraient pu bénéficier. Angèle T. commerçante, totalise aujourd'hui 9 ans de mariage. Elle a passé 4 ans de vie de couple avec son mari, avant que celui-ci ne se retrouve à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca). Après un mariage pompeux, la jeune dame vivait paisiblement avec son mari Jonas chauffeur de taxi. A la suite d'une histoire de drogue, il s'est retrouvé en prison. Depuis ce jour, la vie d'Angèle est devenue difficile. Ce samedi 6 juin elle apporte le plat du jour à son mari. Habillée d'un ensemble pagne, et d'un foulard noué sur la tête, elle venait de parcourir son trajet habituel Adjamé-Yopougon Andokoi pour apporter à manger à son époux de prisonnier. « Ce n'est pas facile de vivre loin de son homme, je dois faire face à beaucoup de charges. En plus de cela ma vie de femme n'est plus épanouie. Des fois, mes proches me disent de renoncer au mariage pour construire une nouvelle vie. Surtout que je reçois plusieurs propositions de mariage. Je suis souvent tentée, mais, je n'arrive pas à me décider », avoue-t-elle. La jeune dame a fini par céder à la tentation. Elle a accepté une relation avec un homme qui la soutenait financièrement. Malheureusement, devant à un hôtel de passe elle est surprise la main dans le sac par le meilleur ami de son mari. Craignant que celui-ci se serait empressé d'aller informer le bagnard, ce qui, à son avis, lui aurait valu un divorce immédiat, elle décide d'être la première à lui en parler, en comptant sur sa clémence. Par peur de le perdre, elle est allée lui révéler un adultère qu'il n'aurait jamais su puisque son ami ne lui en a jamais fait cas. Embarrassé, le mari a consulté un des guides religieux de la maison de détention qui lui a conseillé la sagesse. Il lui a demandé de lire dans les aveux de la femme l'expression de son attachement à leur union. L'homme n'en reste pas cependant moins embarrassé. Amoussou Béatrice est l'épouse de J. B, marin de profession. Mariés depuis 1993, le couple est en instance de divorce. Les mariés vivaient de véritables moments de bonheur malgré de longues missions du marin. Selon la jeune femme, au début, ces missions ne la gênaient guère. Mais, au fur et à mesure que celles-ci sont devenues fréquentes et interminables, la vie est devenue fade, plate et sans intérêt. Une sorte de célibat : « Pour donner un peu de piment à ma vie je m'amuse de temps en temps avec mes amis dans les maquis et bars ». Lisez la suite : « Un jour, ayant bu assez d'alcool, j'ai suivi un pointeur (un prétendant) à l'hôtel. Le lendemain, en sortant bras dessous bras dessus avec mon nouvel amant, je me suis retrouvée nez à nez avec le cousin de mon mari », confie-t-elle. Celui-ci ne s'est pas fait prier pour vendre la mèche. Divorcée, Béatrice vit seule aujourd'hui, mais, sans regret. « Avec ses longues missions, je savais que cela arriverait un jour ou l'autre. Je ne suis pas faite pour ce genre de vie. Je veux avoir mon homme toujours à mon côté », conclut-elle.

Soro Sita (Stagiaire)
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