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International Publié le jeudi 18 juin 2009 | Nord-Sud

Vente de pièces de rechange : Les Guinéens règnent sur la casse

La communauté guinéenne de Côte d'Ivoire représente un poids économique certain. Au nombre de ses secteurs d’activités, la vente des pièces de rechange pour auto.

Samedi, Abobo Anador. Comme tous les jours de la semaine, les gbakas, les bus de la Sotra et autres véhicules personnels se disputent la chaussée avec des vendeurs de pièces détachées. Des centaines de maisons construites en dur et des baraques leur servent de magasins. Mais pour multiplier les chances d'avoir des clients, ils vont au contact. C'est la casse. Le célèbre marché des pièces détachées et des voitures d'occasion. Ici, à l'image de plusieurs de ses compatriotes guinéens, travaille Koné Mandjou. Devant son magasin, deux véhicules de marque Mercedes et Peugeot à vendre sont stationnés. C'est une maison à deux entrées aux portes en fer. Au fronton, une pancarte informe le client sur la nature du service offert. «Vente de pare-brise, lunettes arrières …» peut-on lire. Koné est dans le métier de la casse depuis 15 ans. «Je suis dans ce métier depuis l'ancienne casse. Là-bas ça marchait. Ici, avec la situation du pays, c'est difficile. Souvent on peut faire deux semaines sans avoir quelque chose», confie-t-il. Venu de la Guinée sans avoir appris un autre métier, Koné s'est orienté vers la casse. Sur le tas, il a appris à connaître le nom des pièces et à reconnaître celles qui sont de bonne qualité. Ainsi que l'évolution des prix. Aujourd'hui, il est installé à son propre compte. Chaque semaine, du lundi au samedi, de 8 heures à 17 heures 30, il se rend à Abobo pour son business. A quelques mètres de lui, dans le sens Adjamé-Abobo se trouve le magasin de Mamadou Doumbouya. Un large espace occupé par des épaves de toutes marques. L'on se croirait dans un cimetière de voitures. Mamadou Doumbouya se présente comme «le secrétaire de la Sorbonne de Guinée. Le bureau est l'endroit où il reçoit et le « parlement » est plus loin. « Ici, on ne parle pas de politique. On n'a pas de parti pris. On échange sur la vie de la Guinée en exprimant notre espoir de la voir dirigée par quelqu'un qui va booster son développement», précise-t-il. Le secrétaire des sorbonnards guinéens est le patron d'un magasin qui emploie 7 personnes. Tout comme Koné, il est à la casse depuis une quinzaine d'années.


Des accusations de vols…

Arrivé sans métier, il a suivi son oncle à la casse. Mamadou se présente comme «un touche-à-tout». Il n'a pas de spécialité. «Ici à la casse, on fait tout. On vend les pièces détachées, les carcasses de voitures. Ici c'est notre bureau. De 7 heures du matin à 18 heures, on est là», confie-t-il. Interrogé sur la provenance des pièces qu'il revend, le sorbonnard affirme qu'il en achète avec des vendeurs de carcasses de voitures. Et chez les grossistes qui importent de l'Occident, du Ghana et du Nigéria. Camara Mory, un voisin à lui, est à la casse depuis 1996. Ancien tapissier, il dit être venu dans cette activité pour avoir plus d'argent. «A l'époque où j'étais tapissier, j'étais célibataire. Quand je me suis marié, j'arrivais difficilement à subvenir aux charges familiales. J'ai changé de métier. Et ça va mieux.» Aujourd'hui, Mory a, à sa charge, une famille de 10 personnes qu'il arrive à nourrir grâce ses activités à la casse. Il achète des voitures d'occasion qu'il revend ensuite en pièces détachées. Malgré leur contribution significative à l'économie, les travailleurs de la casse font l'objet de nombreuses critiques.

Notamment des accusations de vols. A cela, Koné répond sans hésitation. «Ici à la casse, nous ne sommes pas des voleurs. Au contraire, si un bandit arrive ici, il devient sérieux. Nous sommes majoritairement musulmans. Si un individu arrive ici et qu'il ne suit pas le groupe pour les prières, on le rejette», assure-t-il. A l'en croire, ce sont des mécaniciens qui volent des pièces pour venir les leur vendre.


…rejetées en bloc

«S'il vole une pièce pour venir nous la vendre, comment pouvons-nous le savoir ?» s'interroge-t-il. Mamadou Doumbouya est moins catégorique. Pour lui, ce sont des brebis galeuses qui ternissent l'image de leur corporation. «Les ferrailleurs ne sont pas des voleurs. Mais dans tous les corps de métier, il y a des bons et des mauvais», soutient-il. Cette étiquette de voleurs fait partie des difficultés que rencontrent Doumbouya et ses compatriotes. Le sorbonnard guinéen» confie que les frais de dédouanement sont un véritable souci pour les travailleurs. Ce qui, à l'en croire, se reflète sur le prix des pièces. Pour sa part, Camara Mory a dénoncé la mauvaise foi de certains clients. «Souvent, il y a des gens qui viennent acheter des pièces. Et qui les ramènent plusieurs jours après sous prétexte qu'on leur a vendu un produit de mauvaise qualité. On est obligé de nous excuser pour éviter les ennuis», regrette-t-il. Koné pense que les gens prennent plaisir à faire cela parce qu'ils savent qu'à la casse, les travailleurs sont solidaires. Selon lui, lorsque l'un des leurs a des ennuis, tous les autres se cotisent pour venir à son secours. Heureusement, se réjouissent-ils, que l'époque où les forces de l'ordre venaient les racketter est un lointain souvenir. Permettant à la communauté guinéenne de continuer à contribuer au développement de l'économie ivoirienne.

BKI
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