1/- Des faits politiques désho-norants…
D’entrée, disons-le bien franchement et appelons le chat par son nom. La politique rend-elle sourd, aveugle, égoïste, orgueilleux ou idiot ? Etant entendu que l’orgueil, comme l’égoïsme, n’est pas une vertu, mais une idiotie. Sur ce triste constat, le Front po-pulaire ivoirien (FPI) serait-il devenu le berceau où prospèrent l’égoïsme et l’orgueil ; deux notions qui foulent aux pieds la critique et l’autocritique qui le fondent ? Que penser ? Que dire ?
Qui a suivi avec une attention particulière les graves et absurdes crises qui, ces temps derniers, ont secoué les Fédérations (phares) du FPI de Dabou, Soubré et Issia (l’une après l’autre) n’a pas manqué (comme moi) de se poser les interrogations supra et de se dire qu’il y a péril dans la demeure idéologique. Quelle histoire, mais aussi quelle géographie ! Et dire qu’à la base de toutes ces trois crises se trouve un unique problème (inavoué, car indécent), celui de leadership. Ah, mon Dieu, quelle vulgaire expression !
A Dabou, la vulgaire expression ébranla le parti en ruinant les rapports entre un Directeur départemental de campagne du candidat Laurent Gbagbo, nommé par le Président du FPI et un autre cadre militant de la région qui ne reconnut pas cette nomination et s’autoproclama «Directeur départemental naturel» de ladite campagne. A Soubré, la vulgaire expression, une fois encore, mélangea les rapports hiérarchiques entre le fédéral (responsable local du parti ou maître des lieux, selon les textes) et un militant de base qui a la triple particularité d’être fils de la région, Président du Conseil général de Soubré et mieux Secrétaire général du parti. Ce fut une histoire de guerre stérile entre le contenant et le contenu, chacun oubliant que l’un n’a de sens et ne peut se définir que par rapport à l’autre. A peine nous sortions de là que la vulgaire expression (du reste infatigable) déposa armes et bagages à Issia. D’un front de conflits ou de palabres à un autre, le FPI donna honteusement aux ivoiriens l’image d’un front de palabreux. A Issia, ce fut le comble. L’orgueil et l’outrance s’entremêlèrent pour diviser la fédération en deux camps prêts à en découdre dans la violence, prolongeant ainsi le conflit et l’incommunication entre deux ministres (FPI) de la région et en fonction. Dans cette situation outrancière où la raison et la sagesse cèdent le pas à l’ego et à l’orgueil, nos deux ministres ressemblaient aux personnages de Molière décrits dans la pièce de théâtre intitulée «Tartuffe», et je cite : «Et la plus noble chose (ici la politique de la Refondation), ils la gâtent souvent pour la vouloir outrer et pousser trop avant»… Une fois encore que penser ? Que dire ?
Tout cela fut bien fâcheux pour tout le parti fortement ébranlé et affaibli. Le spectacle que les cadres du parti de ces régions y donnaient était très triste et d’une médiocrité idéologique qui n’a rien d’honorable… Heureusement que la Direction du parti a su garder sa sérénité, son sens du discernement et sa capacité d’écoute devant l’épreuve à odeur de malaises (ensemble de troubles mal définis).
A Issia comme à Soubré et à Dabou, la Direction rappela avec fermeté à chacun et sa place et ses responsabilités. Aussi mobilisa-t-elle ses ressources politiques et culturelles (cf. «l’implication des chefs traditionnels ou des sages”) et joua à fond la carte de la cohésion et de la concorde. Et, comme «sur la terre, il n’y a pas de palabre qui ne finisse pas» (dixit le Président de la République, Laurent Gbagbo, en visite d’Etat dans la Région des 18 montagnes et parlant de ses rapports avec son Premier ministre Soro Guillaume ; in Frat-Mat des 13-14/06/09). Comme à Dabou, puis à Soubré, la guerre prit fin à Issia par la réconciliation (cf. la Une de Notre Voie n° 3305 du 15/06/09 qui résume tout et je cite : «Conflit de leadership à Issia. Bohoun-Tagro : la guerre est finie»). Il était temps… Preuve que les palabres finissent toujours quand le bon sens frappe ou gagne chaque camp. Ainsi chaque acteur se rend-il compte enfin que sa place dans le système (ici le FPI) ne se définit et n’a de sens que par rapport à celle de l’autre, les deux places allant ou étant liées comme le recto et le verso d’une feuille de papier. On ne peut pas faire un trou dans le recto sans toucher le verso. Moralité : quand deux personnes sont assises (même librement) sur la même branche, elles peuvent tout se permettre, sauf… la scier. Pour les socialistes que nous sommes qui savons ce que sont la solidarité, le respect de l’autre, ressaisissons-nous et ayons désormais en mémoire l’enseignement du conte ci-après que je nous propose.
2/- Un seul doigt ne peut pas prendre un caillou…
Il y avait deux camarades, que dis-je, deux amis. L’un s’appelait Tchoun et l’autre Tchakitcha. C’étaient des musiciens. Ils se promenaient de village en village pour jouer de la musique. Tchoun jouait de la grosse caisse, la basse. Savez-vous ce que dit la grosse caisse ? Elle dit : “Tchoung ! Tchoung ! Tchoung !” Quant à Tchakitcha, il joue le petit tambour pour couper le rythme. Que dit le petit tambour ? Il dit : “Tchakitcha ! Tchakitcha ! Tchakitcha !” Tous deux disent ensemble : «Tchoung tchakitcha ! Tchoung tchoung tchakitcha ! Tchoung tchakitcha ! Tchoung tchoung tchakitcha !”
Alors les villageois sortent et se mettent à danser. Tout le monde se réjouit et tout le monde est content. Quant aux deux amis, ils gagnent beaucoup d’argent.
La vie s’écoulait ainsi lorsqu’un jour, Tchoun fut assailli par certaines pensées. Il se dit : «Je me rends maintenant compte à quel point Tchakitcha m’exploite. C’est moi qui porte la grosse caisse, la promène et la joue. Sans ma grosse caisse, il ne gagnerait pas un seul franc». Il alla trouver son compagnon et lui dit : «Ô Tchakitcha, séparons-nous. Que chacun aille de son côté ». Tchakitcha lui répondit : «Malheur à toi ! Sache qu’un seul doigt ne peut prendre un caillou». Tchoun répliqua : «Je me moque de tes sornettes». Et il partit seul à Guintandougou, le village aux festivités éternelles. Dans ce village, on aime beaucoup les réjouissances. Il alla s’arrêter à la place du village et se mit à jouer. «Tchoung ! Tchoung ! Tchoung !». Aucun habitant ne sortit. Il se mit alors à jouer avec plus de vigueur. Le chef du village (exaspéré) dit alors aux jeunes villageois : «Les enfants, sortez et chassez ce fou. Qu’il parte de notre village». Alors Tchoun fut lapidé et n’échappa à la mort qu’en prenant la clé des champs. Dans sa fuite éperdue, il trouva Tchakitcha assis devant lui. Ce dernier lui dit : «Mon cher, ne t’avais-je pas prévenu ? Ne t’ai-je pas dit qu’un seul doigt ne pouvait pas prendre un caillou ? Sache aussi que c’est en chantant ensemble que les oiseaux forment un orchestre». (cf. Kalilou Tera, «Cun Cakica. Contes en dioula». Collection Alpha et Développement, Editions Edilis, Abidjan, 2002, pp. 11-13). A méditer.
Bon week-end à vous et bonne fête à tous les déjà pères et aux pères en devenir. Dieu vous bénisse abondamment.
Koné Dramane: direbien@live.fr
D’entrée, disons-le bien franchement et appelons le chat par son nom. La politique rend-elle sourd, aveugle, égoïste, orgueilleux ou idiot ? Etant entendu que l’orgueil, comme l’égoïsme, n’est pas une vertu, mais une idiotie. Sur ce triste constat, le Front po-pulaire ivoirien (FPI) serait-il devenu le berceau où prospèrent l’égoïsme et l’orgueil ; deux notions qui foulent aux pieds la critique et l’autocritique qui le fondent ? Que penser ? Que dire ?
Qui a suivi avec une attention particulière les graves et absurdes crises qui, ces temps derniers, ont secoué les Fédérations (phares) du FPI de Dabou, Soubré et Issia (l’une après l’autre) n’a pas manqué (comme moi) de se poser les interrogations supra et de se dire qu’il y a péril dans la demeure idéologique. Quelle histoire, mais aussi quelle géographie ! Et dire qu’à la base de toutes ces trois crises se trouve un unique problème (inavoué, car indécent), celui de leadership. Ah, mon Dieu, quelle vulgaire expression !
A Dabou, la vulgaire expression ébranla le parti en ruinant les rapports entre un Directeur départemental de campagne du candidat Laurent Gbagbo, nommé par le Président du FPI et un autre cadre militant de la région qui ne reconnut pas cette nomination et s’autoproclama «Directeur départemental naturel» de ladite campagne. A Soubré, la vulgaire expression, une fois encore, mélangea les rapports hiérarchiques entre le fédéral (responsable local du parti ou maître des lieux, selon les textes) et un militant de base qui a la triple particularité d’être fils de la région, Président du Conseil général de Soubré et mieux Secrétaire général du parti. Ce fut une histoire de guerre stérile entre le contenant et le contenu, chacun oubliant que l’un n’a de sens et ne peut se définir que par rapport à l’autre. A peine nous sortions de là que la vulgaire expression (du reste infatigable) déposa armes et bagages à Issia. D’un front de conflits ou de palabres à un autre, le FPI donna honteusement aux ivoiriens l’image d’un front de palabreux. A Issia, ce fut le comble. L’orgueil et l’outrance s’entremêlèrent pour diviser la fédération en deux camps prêts à en découdre dans la violence, prolongeant ainsi le conflit et l’incommunication entre deux ministres (FPI) de la région et en fonction. Dans cette situation outrancière où la raison et la sagesse cèdent le pas à l’ego et à l’orgueil, nos deux ministres ressemblaient aux personnages de Molière décrits dans la pièce de théâtre intitulée «Tartuffe», et je cite : «Et la plus noble chose (ici la politique de la Refondation), ils la gâtent souvent pour la vouloir outrer et pousser trop avant»… Une fois encore que penser ? Que dire ?
Tout cela fut bien fâcheux pour tout le parti fortement ébranlé et affaibli. Le spectacle que les cadres du parti de ces régions y donnaient était très triste et d’une médiocrité idéologique qui n’a rien d’honorable… Heureusement que la Direction du parti a su garder sa sérénité, son sens du discernement et sa capacité d’écoute devant l’épreuve à odeur de malaises (ensemble de troubles mal définis).
A Issia comme à Soubré et à Dabou, la Direction rappela avec fermeté à chacun et sa place et ses responsabilités. Aussi mobilisa-t-elle ses ressources politiques et culturelles (cf. «l’implication des chefs traditionnels ou des sages”) et joua à fond la carte de la cohésion et de la concorde. Et, comme «sur la terre, il n’y a pas de palabre qui ne finisse pas» (dixit le Président de la République, Laurent Gbagbo, en visite d’Etat dans la Région des 18 montagnes et parlant de ses rapports avec son Premier ministre Soro Guillaume ; in Frat-Mat des 13-14/06/09). Comme à Dabou, puis à Soubré, la guerre prit fin à Issia par la réconciliation (cf. la Une de Notre Voie n° 3305 du 15/06/09 qui résume tout et je cite : «Conflit de leadership à Issia. Bohoun-Tagro : la guerre est finie»). Il était temps… Preuve que les palabres finissent toujours quand le bon sens frappe ou gagne chaque camp. Ainsi chaque acteur se rend-il compte enfin que sa place dans le système (ici le FPI) ne se définit et n’a de sens que par rapport à celle de l’autre, les deux places allant ou étant liées comme le recto et le verso d’une feuille de papier. On ne peut pas faire un trou dans le recto sans toucher le verso. Moralité : quand deux personnes sont assises (même librement) sur la même branche, elles peuvent tout se permettre, sauf… la scier. Pour les socialistes que nous sommes qui savons ce que sont la solidarité, le respect de l’autre, ressaisissons-nous et ayons désormais en mémoire l’enseignement du conte ci-après que je nous propose.
2/- Un seul doigt ne peut pas prendre un caillou…
Il y avait deux camarades, que dis-je, deux amis. L’un s’appelait Tchoun et l’autre Tchakitcha. C’étaient des musiciens. Ils se promenaient de village en village pour jouer de la musique. Tchoun jouait de la grosse caisse, la basse. Savez-vous ce que dit la grosse caisse ? Elle dit : “Tchoung ! Tchoung ! Tchoung !” Quant à Tchakitcha, il joue le petit tambour pour couper le rythme. Que dit le petit tambour ? Il dit : “Tchakitcha ! Tchakitcha ! Tchakitcha !” Tous deux disent ensemble : «Tchoung tchakitcha ! Tchoung tchoung tchakitcha ! Tchoung tchakitcha ! Tchoung tchoung tchakitcha !”
Alors les villageois sortent et se mettent à danser. Tout le monde se réjouit et tout le monde est content. Quant aux deux amis, ils gagnent beaucoup d’argent.
La vie s’écoulait ainsi lorsqu’un jour, Tchoun fut assailli par certaines pensées. Il se dit : «Je me rends maintenant compte à quel point Tchakitcha m’exploite. C’est moi qui porte la grosse caisse, la promène et la joue. Sans ma grosse caisse, il ne gagnerait pas un seul franc». Il alla trouver son compagnon et lui dit : «Ô Tchakitcha, séparons-nous. Que chacun aille de son côté ». Tchakitcha lui répondit : «Malheur à toi ! Sache qu’un seul doigt ne peut prendre un caillou». Tchoun répliqua : «Je me moque de tes sornettes». Et il partit seul à Guintandougou, le village aux festivités éternelles. Dans ce village, on aime beaucoup les réjouissances. Il alla s’arrêter à la place du village et se mit à jouer. «Tchoung ! Tchoung ! Tchoung !». Aucun habitant ne sortit. Il se mit alors à jouer avec plus de vigueur. Le chef du village (exaspéré) dit alors aux jeunes villageois : «Les enfants, sortez et chassez ce fou. Qu’il parte de notre village». Alors Tchoun fut lapidé et n’échappa à la mort qu’en prenant la clé des champs. Dans sa fuite éperdue, il trouva Tchakitcha assis devant lui. Ce dernier lui dit : «Mon cher, ne t’avais-je pas prévenu ? Ne t’ai-je pas dit qu’un seul doigt ne pouvait pas prendre un caillou ? Sache aussi que c’est en chantant ensemble que les oiseaux forment un orchestre». (cf. Kalilou Tera, «Cun Cakica. Contes en dioula». Collection Alpha et Développement, Editions Edilis, Abidjan, 2002, pp. 11-13). A méditer.
Bon week-end à vous et bonne fête à tous les déjà pères et aux pères en devenir. Dieu vous bénisse abondamment.
Koné Dramane: direbien@live.fr