Le cacao est insaisissable. Comme celui des autres matières premières, son cours avait grimpé en 2008 à des hauteurs inouïes : 3 360 dollars la tonne à New York, le 1er juillet 2008 ! Comme pour les autres, la dégringolade a été vertigineuse : 1 912 dollars, le 12 novembre.
A partir de là, tout s'embrouille. Le chocolat repart à la hausse en solitaire, mais avec des coups de blues et des poussées de fièvre qui l'ont mené, vendredi 19 juin, à 2 505 dollars la tonne à New York. Ce parcours cabossé s'explique par les aléas qui s'imposent aux négociants. D'abord il y a la crise qui pousse à moins dévorer de chocolat, douceur indispensable pour remonter le moral des consommateurs riches, mais pas aussi vitale que les céréales ou les huiles pour les populations défavorisées.
"La demande industrielle de fèves broyées était en croissance de 3 % au cours de la saison précédente, explique Emmanuel Jayet, responsable de la recherche sur les produits agricoles à la Société générale. Elle est en recul de 3 %." Ce qui tend à déprimer les cours. Ensuite, il y a la pluie. Début janvier, la météo est mauvaise, et la récolte escomptée s'annonce médiocre : les prix montent. Trois mois plus tard, les ondées favorisent la pousse : les prix baissent.
Troisième facteur de pagaille : la Côte d'Ivoire où les planteurs sont littéralement "tondus" par un fisc qui cherche avidement des recettes. Au Nigeria, l'agriculteur perçoit 90 % du prix de vente de la fève. En Côte d'Ivoire, il ne lui reste que 40 % une fois les prélèvements effectués. "Le gros souci n'est plus que la guerre civile empêche le premier producteur mondial d'exporter sa récolte, commente M. Jayet, mais que ses planteurs découragés n'entretiennent pas leurs cacaoyères, comme c'est le cas."
Bien sûr, pour combler la production ivoirienne en recul, les opérateurs peuvent compter sur le deuxième producteur mondial, le Ghana, dont la cacaoyère est en pleine forme ; mais pas sur le troisième, l'Indonésie, qui n'arrive pas à débarrasser ses cabosses d'un méchant insecte du nom de Conopomorpha cramerella.
Pronostic ? "En 2009 et en 2010, les stocks de 1,4 million de tonnes ne devraient pas pousser les cours à la hausse, conclut M. Jayet. En revanche, nous prévoyons que les incertitudes qui pèsent sur la production mondiale renchériront à moyen terme le cacao." Une équation à quatre inconnues : le fisc ivoirien, la pluie tropicale, un lépidoptère indonésien et la gourmandise mondiale. Pas simple.
Article paru dans l'édition du 21.06.09.
A partir de là, tout s'embrouille. Le chocolat repart à la hausse en solitaire, mais avec des coups de blues et des poussées de fièvre qui l'ont mené, vendredi 19 juin, à 2 505 dollars la tonne à New York. Ce parcours cabossé s'explique par les aléas qui s'imposent aux négociants. D'abord il y a la crise qui pousse à moins dévorer de chocolat, douceur indispensable pour remonter le moral des consommateurs riches, mais pas aussi vitale que les céréales ou les huiles pour les populations défavorisées.
"La demande industrielle de fèves broyées était en croissance de 3 % au cours de la saison précédente, explique Emmanuel Jayet, responsable de la recherche sur les produits agricoles à la Société générale. Elle est en recul de 3 %." Ce qui tend à déprimer les cours. Ensuite, il y a la pluie. Début janvier, la météo est mauvaise, et la récolte escomptée s'annonce médiocre : les prix montent. Trois mois plus tard, les ondées favorisent la pousse : les prix baissent.
Troisième facteur de pagaille : la Côte d'Ivoire où les planteurs sont littéralement "tondus" par un fisc qui cherche avidement des recettes. Au Nigeria, l'agriculteur perçoit 90 % du prix de vente de la fève. En Côte d'Ivoire, il ne lui reste que 40 % une fois les prélèvements effectués. "Le gros souci n'est plus que la guerre civile empêche le premier producteur mondial d'exporter sa récolte, commente M. Jayet, mais que ses planteurs découragés n'entretiennent pas leurs cacaoyères, comme c'est le cas."
Bien sûr, pour combler la production ivoirienne en recul, les opérateurs peuvent compter sur le deuxième producteur mondial, le Ghana, dont la cacaoyère est en pleine forme ; mais pas sur le troisième, l'Indonésie, qui n'arrive pas à débarrasser ses cabosses d'un méchant insecte du nom de Conopomorpha cramerella.
Pronostic ? "En 2009 et en 2010, les stocks de 1,4 million de tonnes ne devraient pas pousser les cours à la hausse, conclut M. Jayet. En revanche, nous prévoyons que les incertitudes qui pèsent sur la production mondiale renchériront à moyen terme le cacao." Une équation à quatre inconnues : le fisc ivoirien, la pluie tropicale, un lépidoptère indonésien et la gourmandise mondiale. Pas simple.
Article paru dans l'édition du 21.06.09.