L’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Nigeria et au Bénin fait le point sur la coopération entre les deux pays.
Il se prononce sur les enjeux de l’intégration de la sous-région et analyse les résultats du 36e sommet des Chefs d’État de la Cedeao.
Excellence, comment se portent les relations entre la Côte d’Ivoire et le Nigeria où vous avez été accrédité comme ambassadeur depuis un an?
Les relations entre les deux pays sont des relations entre pays frères. Ces relations sont anciennes, elles datent d’avant les indépendances et elles se sont formalisées à l’indépendance notamment avec l’ouverture des ambassades à Abidjan et à Lagos dès 1960 et 1961. Les deux pays entretiennent des relations de coopération bilatérale et multilatérale au sein des organisations internationales auxquelles ils appartiennent. Quand bien même des incompréhensions et difficultés seraient intervenues, comme cela se passe dans toutes les relations humaines, le dialogue et l’approche africaine ont toujours permis au Nigeria et à la Côte d’Ivoire de surmonter leurs différends et d’être les piliers de l’intégration sous-régionale ouest-africaine. Les présidents Obasanjo hier et Umaru Yar’Adua aujourd’hui ont eu et ont de bonnes relations avec le Président Gbagbo. Je dois dire que depuis un an que je suis en poste au Nigeria, le Président Laurent Gbagbo y a assisté à trois sommets de la Cedeao dont un sommet extraordinaire sur la situation politique en Guinée; c’est la preuve remarquable de l’attachement de notre Président à ces relations et le Nigeria nous le rend bien. Chacune des initiatives que prend et des propositions que fait le Président Laurent Gbagbo au sommet des chefs d’Etat de la Cedeao est soutenue, par le Nigeria. Comme, par exemple, le Fonds de développement pour les infrastructures et l’énergie.
En est-il de même pour les relations économiques?
La Côte d’Ivoire et le Nigeria sont les deux pôles de l’économie de la sous-région ouest-africaine. Au niveau bilatéral, le Nigeria est le premier partenaire africain de la Côte d’Ivoire. Il est le troisième partenaire commercial de la Côte d’Ivoire (8% des exportations de la Côte d’Ivoire se font avec le Nigeria, après la France 20,4%, les Pays-Bas 9,1% et avant les Etats-Unis 6,4%). Le Nigeria demeure également le premier fournisseur de la Côte d’Ivoire avec 24,1% avant la France 21,7% et la Chine populaire 6,6%. Le volume des importations totales entre les deux pays en 2007 s’élevait à 1.077.182.369.822 de francs Cfa soit environ 226.292.817000 de naira et celui des exportations à 307.907.048.835 de fcfa soit environ 64.686.354.797 naira. La balance commerciale de nos échanges était en faveur du Nigeria et s’élevait à 769.175.320.982 de fcfa soit 192.293.830.245,5 naira. Les principaux produits exportés au Nigeria sont le poisson, les fruits de mer, le pétrole raffiné et le bitume qu’accompagnent quelques tonnes de café moulu et les produits manufacturés. Le Nigeria à son tour exporte en Côte d’Ivoire deux produits: le pétrole brut et le sel. Il faut dire que ce pays à un déficit de 50% avec ses 150 millions d’habitants et au plan agricole, la Côte d’Ivoire comble bien ce déficit.
Au niveau des relations culturelles (éducation, science, tourisme) et militaires et sécuritaires, les deux pays ont de réels efforts à déployer pour remettre les choses à un niveau plus appréciable. Quoique le brassage des populations soit très ancien et très poussé entre le Nigeria et la Côte d’Ivoire, la barrière linguistique (Français / Anglais) a maintenu les relations culturelles à un niveau en deçà des possibilités. Néanmoins, l’Université d’Abidjan reçoit régulièrement des étudiants de diverses universités nigérianes pour leur stage de fin Etudes supérieures en langue française au Centre universitaire d’études françaises (Cuef). Les voyages d’étudiants sont aussi réguliers de part et d’autre pour découvrir la sous-région ouest- africaine. Les possibilités à explorer et à développer sont encore immenses. Les échanges sont très inférieurs ici au niveau des relations militaires et sécuritaires par rapport aux possibilités. Toutefois, les organismes sous-régionaux et les mécanismes spécialisés de l’Ua et de la Cedeao ouvrent des opportunités pour renforcer cet aspect de notre coopération dans l’intérêt de la sous-région.
Le Nigeria est la capitale de la Cedeao qui préconise le marché commun, la libre circulation des personnes et des biens. Et pourtant, ce pays exige aux visiteurs membres de la Cedeao, un passeport là où les autres pays les accueillent avec une pièce d’identité nationale. N’est-ce pas une entrave au processus d’intégration et une atteinte aux textes de la Cedeao?
La Côte d’Ivoire, le Niger, le Burkina-Faso, le Mali, le Sénégal ont des liens historiques et culturels si forts parce qu’ayant le même passé colonial que l’on ferme les yeux sur les rigueurs des textes et l’exception finit par devenir la règle. Nous n’avons pas avec le Nigeria et les autres pays anglophones de l’espace Cedeao un même passé colonial. Le traité de la Cedeao signé qui n’exige pas de visa, de certificat de résidence ne stipule pas que les ressortissants de cette communauté économique ne doivent pas disposer d’un passeport qui est un document de voyage. La Cedeao a mis en circulation un passeport commun aux ressortissants des 15 pays membres. Effectuer des voyages dans les pays francophones sans passeport et avec une pièce d’identité n’est pas la règle. Le passeport est une nécessité dans la Cedeao comme dans l’Espace Schengen.
Voyager en Afrique depuis la disparition d’Air Afrique est un défi et notamment voyager au Nigeria est un parcours du combattant. On passe pratiquement une journée pour rallier Abidjan et Abuja. Comment faire autrement pour accélérer le processus d’intégration sous-régionale?
Au niveau de l’aviation, des accords bilatéraux permettent aux flottes nationales de desservir l’un ou l’autre territoire des pays contractants. Je ne sais pas si la Côte d’Ivoire et le Nigeria ont signé un tel accord pour permettre à Air Ivoire de venir au Nigeria et jusqu’à Abuja, qui est enclavé. Le Président Gbagbo qui a fait ressentir à ses pairs les difficultés à voyager entre nos Etats depuis la disparition de la compagnie Air Afrique a été chargé lors d’un sommet de la Cedeao de conduire un projet sur les infrastructures (transports aérien, terrestre, ferroviaire, maritime) et la crise énergétique en Afrique de l’Ouest. Lors de la 36è Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui vient de se tenir, il a fait adopter l’idée de la création d’un Fonds de développement des transports et de l’énergie. Il sera alimenté par les prélèvements qui seront faits sur tous les produits d’exportation des pays. Les chefs d’Etat et de Gouvernement pour marquer leur totale adhésion à cette idée ont demandé à la Commission de la Cedeao de présenter pour l’établissement du Fonds régional des infrastructures, en collaboration avec la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) et l’Unité de préparation des projets de développement des projets de développement (Ppdu). Pour une meilleure desserte aérienne, entre les capitales des Etats membres de la Cedeao, les chefs d’Etat se sont engagés à accélérer la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro pour la libéralisation du transport aérien. La Conférence a demandé, pour ce faire, l’institutionnalisation d’une réunion annuelle des Directeurs généraux de l’aviation civile et des dirigeants des Compagnies aériennes de l’espace Cedeao. Aussi a-t-elle invité les Autorités aériennes de l’espace Cedeao à faire diligence pour la délivrance des certificats techniques nécessaires à l’exploitation des compagnies aériennes de la région, dans le respect des normes et pratiques recommandées par l’Organisation civile internationale (Oaci). La conférence a instruit la Commission de la Cedeao de prendre les dispositions nécessaires pour l’application des décisions et recommandations susmentionnées, en rapport avec le Président de la République de Côte d’Ivoire.
Le processus d’identification des populations et d’enrôlement des électeurs a débuté seulement le mercredi 24 juin, ici, au Nigeria. Tous les Ivoiriens seront-ils enrôlés avant le 30 juin?
Le Nigeria n’avait pas été retenu par la Commission électorale indépendante pour l’enrôlement des Ivoiriens de l’étranger. J’ai trouvé curieux que le siège de la Cedeao et de l’intégration régionale soit ignoré. J’ai alors écrit au président de la Cei pour lui demander de faire diligence parce que notre ambassade couvre le Nigeria et le Bénin. Si nous avons peu de ressortissants au Nigeria, nous comptons une population suffisamment importante au Bénin avec au moins 5000 Ivoiriens dont au moins 2000 pourront figurer sur la liste électorale parce qu’il est peu probable que les 5000 Ivoiriens disposent des papiers exigés dans le temps. Généralement lorsque les gens vont à l’aventure, ils ont en leur possession de façon prioritaire, leurs passeports et ils cherchent pour une nécessité d’emploi et pour éviter les tracasseries policières de se trouver des papiers. J’ai demandé à la Cei, à défaut de créer un bureau d’enrôlement au Benin, de coupler le Bénin avec le Nigeria. Les Ivoiriens du Togo s’il existait un centre au Bénin, pourraient venir s’y faire enrôler et il serait plus facile pour les Ivoiriens vivant dans le nord du Nigeria d’aller se faire recenser à Cotonou. Mais nous ne nous mêlons pas de l’organisation de la Cei. Nous lui offrons seulement nos locaux et partageons si possible des repas.
Les Ivoiriens du Nigeria et du Bénin officient dans quel secteur d’activité?
Nous avons environ 1000 Ivoiriens au Nigeria dont les 3/4 sont des tailleurs. Les femmes nigérianes affectionnent la mode ivoirienne et elles vont recruter de jeunes Ivoiriens chez nous qu’elles emploient comme tailleurs et qui finissent par s’installer à leurs propres comptes. Il y a à côté d’eux 50 à 60 fonctionnaires internationaux qui travaillent dans les organismes comme la Banque mondiale, le Pnud, Afreximbank, la Cedeao. Au Benin, nous avons 150 cadres Ivoiriens qui sont dans l’administration publique et privée de ce pays comme des consultants. De nombreux Ivoiriens sont dans le secteur informel et ils exercent comme maçon, transporteur et pompier. Au contraire du Nigeria où nous avons environ 100 étudiants Ivoiriens; au Bénin, ils sont plus nombreux qui étudient la médecine à l’université de Parakou dans le nord du pays.
Excellence, à l’issue de cette 36e Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cedeao, l’organisation de la Foire et du Forum des investisseurs a été confiée à la Côte d’Ivoire pour novembre 2010.
Cette foire se tient tous les deux ans. Ainsi après le Burkina et le Mali, cette foire qui est un cadre d’intégration a été confiée à notre pays qui est la pionnière de l’intégration en Afrique de l’Ouest. La Cedeao a fait droit à la demande insistante de notre ministre de l’Intégration africaine Amadou Koné. Ce sera l’occasion de faire le bilan de l’intégration et de montrer qu’après les élections, la Côte d’Ivoire reste toujours un pays debout.
Le sommet des chefs d’Etat, soucieux des défis du développement de la région, s’est penché sur les négociations Ape entre la Cedeao et l’Union Européenne en vue de la création d’une zone de libre échange.
La Côte d’Ivoire a-t-elle trop tôt eu raison?
La Côte d’Ivoire a toujours été une pionnière. Et avec notre position de premier partenaire de l’Europe en Afrique de l’ouest en dehors des produits pétroliers avec 90% des exportations, nous ne pouvions pas ne pas signer cet accord intérimaire de partenariat économique qu’annonçait déjà la révision des Accords de Cotonou. Si les chefs d’Etat et de Gouvernement ont souligné le ferme engagement de l’UE à financer le programme de développement de l’Ape en Afrique de l’Ouest, qui vise à améliorer la compétitivité de l’économie régionale et à atténuer les effets de l’accord anticipé sur les économies des Etats membres, nous nous en félicitons. Mais nous devons rester vigilants et ne pas perdre nos acquis dans ce cadre global mais plutôt chercher à les renforcer avec cet accord régional sur les Ape avec l’Union européenne.
Propos recueillis Par
Franck A. Zagbayou
A Abuja (Nigeria)
Il se prononce sur les enjeux de l’intégration de la sous-région et analyse les résultats du 36e sommet des Chefs d’État de la Cedeao.
Excellence, comment se portent les relations entre la Côte d’Ivoire et le Nigeria où vous avez été accrédité comme ambassadeur depuis un an?
Les relations entre les deux pays sont des relations entre pays frères. Ces relations sont anciennes, elles datent d’avant les indépendances et elles se sont formalisées à l’indépendance notamment avec l’ouverture des ambassades à Abidjan et à Lagos dès 1960 et 1961. Les deux pays entretiennent des relations de coopération bilatérale et multilatérale au sein des organisations internationales auxquelles ils appartiennent. Quand bien même des incompréhensions et difficultés seraient intervenues, comme cela se passe dans toutes les relations humaines, le dialogue et l’approche africaine ont toujours permis au Nigeria et à la Côte d’Ivoire de surmonter leurs différends et d’être les piliers de l’intégration sous-régionale ouest-africaine. Les présidents Obasanjo hier et Umaru Yar’Adua aujourd’hui ont eu et ont de bonnes relations avec le Président Gbagbo. Je dois dire que depuis un an que je suis en poste au Nigeria, le Président Laurent Gbagbo y a assisté à trois sommets de la Cedeao dont un sommet extraordinaire sur la situation politique en Guinée; c’est la preuve remarquable de l’attachement de notre Président à ces relations et le Nigeria nous le rend bien. Chacune des initiatives que prend et des propositions que fait le Président Laurent Gbagbo au sommet des chefs d’Etat de la Cedeao est soutenue, par le Nigeria. Comme, par exemple, le Fonds de développement pour les infrastructures et l’énergie.
En est-il de même pour les relations économiques?
La Côte d’Ivoire et le Nigeria sont les deux pôles de l’économie de la sous-région ouest-africaine. Au niveau bilatéral, le Nigeria est le premier partenaire africain de la Côte d’Ivoire. Il est le troisième partenaire commercial de la Côte d’Ivoire (8% des exportations de la Côte d’Ivoire se font avec le Nigeria, après la France 20,4%, les Pays-Bas 9,1% et avant les Etats-Unis 6,4%). Le Nigeria demeure également le premier fournisseur de la Côte d’Ivoire avec 24,1% avant la France 21,7% et la Chine populaire 6,6%. Le volume des importations totales entre les deux pays en 2007 s’élevait à 1.077.182.369.822 de francs Cfa soit environ 226.292.817000 de naira et celui des exportations à 307.907.048.835 de fcfa soit environ 64.686.354.797 naira. La balance commerciale de nos échanges était en faveur du Nigeria et s’élevait à 769.175.320.982 de fcfa soit 192.293.830.245,5 naira. Les principaux produits exportés au Nigeria sont le poisson, les fruits de mer, le pétrole raffiné et le bitume qu’accompagnent quelques tonnes de café moulu et les produits manufacturés. Le Nigeria à son tour exporte en Côte d’Ivoire deux produits: le pétrole brut et le sel. Il faut dire que ce pays à un déficit de 50% avec ses 150 millions d’habitants et au plan agricole, la Côte d’Ivoire comble bien ce déficit.
Au niveau des relations culturelles (éducation, science, tourisme) et militaires et sécuritaires, les deux pays ont de réels efforts à déployer pour remettre les choses à un niveau plus appréciable. Quoique le brassage des populations soit très ancien et très poussé entre le Nigeria et la Côte d’Ivoire, la barrière linguistique (Français / Anglais) a maintenu les relations culturelles à un niveau en deçà des possibilités. Néanmoins, l’Université d’Abidjan reçoit régulièrement des étudiants de diverses universités nigérianes pour leur stage de fin Etudes supérieures en langue française au Centre universitaire d’études françaises (Cuef). Les voyages d’étudiants sont aussi réguliers de part et d’autre pour découvrir la sous-région ouest- africaine. Les possibilités à explorer et à développer sont encore immenses. Les échanges sont très inférieurs ici au niveau des relations militaires et sécuritaires par rapport aux possibilités. Toutefois, les organismes sous-régionaux et les mécanismes spécialisés de l’Ua et de la Cedeao ouvrent des opportunités pour renforcer cet aspect de notre coopération dans l’intérêt de la sous-région.
Le Nigeria est la capitale de la Cedeao qui préconise le marché commun, la libre circulation des personnes et des biens. Et pourtant, ce pays exige aux visiteurs membres de la Cedeao, un passeport là où les autres pays les accueillent avec une pièce d’identité nationale. N’est-ce pas une entrave au processus d’intégration et une atteinte aux textes de la Cedeao?
La Côte d’Ivoire, le Niger, le Burkina-Faso, le Mali, le Sénégal ont des liens historiques et culturels si forts parce qu’ayant le même passé colonial que l’on ferme les yeux sur les rigueurs des textes et l’exception finit par devenir la règle. Nous n’avons pas avec le Nigeria et les autres pays anglophones de l’espace Cedeao un même passé colonial. Le traité de la Cedeao signé qui n’exige pas de visa, de certificat de résidence ne stipule pas que les ressortissants de cette communauté économique ne doivent pas disposer d’un passeport qui est un document de voyage. La Cedeao a mis en circulation un passeport commun aux ressortissants des 15 pays membres. Effectuer des voyages dans les pays francophones sans passeport et avec une pièce d’identité n’est pas la règle. Le passeport est une nécessité dans la Cedeao comme dans l’Espace Schengen.
Voyager en Afrique depuis la disparition d’Air Afrique est un défi et notamment voyager au Nigeria est un parcours du combattant. On passe pratiquement une journée pour rallier Abidjan et Abuja. Comment faire autrement pour accélérer le processus d’intégration sous-régionale?
Au niveau de l’aviation, des accords bilatéraux permettent aux flottes nationales de desservir l’un ou l’autre territoire des pays contractants. Je ne sais pas si la Côte d’Ivoire et le Nigeria ont signé un tel accord pour permettre à Air Ivoire de venir au Nigeria et jusqu’à Abuja, qui est enclavé. Le Président Gbagbo qui a fait ressentir à ses pairs les difficultés à voyager entre nos Etats depuis la disparition de la compagnie Air Afrique a été chargé lors d’un sommet de la Cedeao de conduire un projet sur les infrastructures (transports aérien, terrestre, ferroviaire, maritime) et la crise énergétique en Afrique de l’Ouest. Lors de la 36è Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement qui vient de se tenir, il a fait adopter l’idée de la création d’un Fonds de développement des transports et de l’énergie. Il sera alimenté par les prélèvements qui seront faits sur tous les produits d’exportation des pays. Les chefs d’Etat et de Gouvernement pour marquer leur totale adhésion à cette idée ont demandé à la Commission de la Cedeao de présenter pour l’établissement du Fonds régional des infrastructures, en collaboration avec la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (Bidc) et l’Unité de préparation des projets de développement des projets de développement (Ppdu). Pour une meilleure desserte aérienne, entre les capitales des Etats membres de la Cedeao, les chefs d’Etat se sont engagés à accélérer la mise en œuvre de la Décision de Yamoussoukro pour la libéralisation du transport aérien. La Conférence a demandé, pour ce faire, l’institutionnalisation d’une réunion annuelle des Directeurs généraux de l’aviation civile et des dirigeants des Compagnies aériennes de l’espace Cedeao. Aussi a-t-elle invité les Autorités aériennes de l’espace Cedeao à faire diligence pour la délivrance des certificats techniques nécessaires à l’exploitation des compagnies aériennes de la région, dans le respect des normes et pratiques recommandées par l’Organisation civile internationale (Oaci). La conférence a instruit la Commission de la Cedeao de prendre les dispositions nécessaires pour l’application des décisions et recommandations susmentionnées, en rapport avec le Président de la République de Côte d’Ivoire.
Le processus d’identification des populations et d’enrôlement des électeurs a débuté seulement le mercredi 24 juin, ici, au Nigeria. Tous les Ivoiriens seront-ils enrôlés avant le 30 juin?
Le Nigeria n’avait pas été retenu par la Commission électorale indépendante pour l’enrôlement des Ivoiriens de l’étranger. J’ai trouvé curieux que le siège de la Cedeao et de l’intégration régionale soit ignoré. J’ai alors écrit au président de la Cei pour lui demander de faire diligence parce que notre ambassade couvre le Nigeria et le Bénin. Si nous avons peu de ressortissants au Nigeria, nous comptons une population suffisamment importante au Bénin avec au moins 5000 Ivoiriens dont au moins 2000 pourront figurer sur la liste électorale parce qu’il est peu probable que les 5000 Ivoiriens disposent des papiers exigés dans le temps. Généralement lorsque les gens vont à l’aventure, ils ont en leur possession de façon prioritaire, leurs passeports et ils cherchent pour une nécessité d’emploi et pour éviter les tracasseries policières de se trouver des papiers. J’ai demandé à la Cei, à défaut de créer un bureau d’enrôlement au Benin, de coupler le Bénin avec le Nigeria. Les Ivoiriens du Togo s’il existait un centre au Bénin, pourraient venir s’y faire enrôler et il serait plus facile pour les Ivoiriens vivant dans le nord du Nigeria d’aller se faire recenser à Cotonou. Mais nous ne nous mêlons pas de l’organisation de la Cei. Nous lui offrons seulement nos locaux et partageons si possible des repas.
Les Ivoiriens du Nigeria et du Bénin officient dans quel secteur d’activité?
Nous avons environ 1000 Ivoiriens au Nigeria dont les 3/4 sont des tailleurs. Les femmes nigérianes affectionnent la mode ivoirienne et elles vont recruter de jeunes Ivoiriens chez nous qu’elles emploient comme tailleurs et qui finissent par s’installer à leurs propres comptes. Il y a à côté d’eux 50 à 60 fonctionnaires internationaux qui travaillent dans les organismes comme la Banque mondiale, le Pnud, Afreximbank, la Cedeao. Au Benin, nous avons 150 cadres Ivoiriens qui sont dans l’administration publique et privée de ce pays comme des consultants. De nombreux Ivoiriens sont dans le secteur informel et ils exercent comme maçon, transporteur et pompier. Au contraire du Nigeria où nous avons environ 100 étudiants Ivoiriens; au Bénin, ils sont plus nombreux qui étudient la médecine à l’université de Parakou dans le nord du pays.
Excellence, à l’issue de cette 36e Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cedeao, l’organisation de la Foire et du Forum des investisseurs a été confiée à la Côte d’Ivoire pour novembre 2010.
Cette foire se tient tous les deux ans. Ainsi après le Burkina et le Mali, cette foire qui est un cadre d’intégration a été confiée à notre pays qui est la pionnière de l’intégration en Afrique de l’Ouest. La Cedeao a fait droit à la demande insistante de notre ministre de l’Intégration africaine Amadou Koné. Ce sera l’occasion de faire le bilan de l’intégration et de montrer qu’après les élections, la Côte d’Ivoire reste toujours un pays debout.
Le sommet des chefs d’Etat, soucieux des défis du développement de la région, s’est penché sur les négociations Ape entre la Cedeao et l’Union Européenne en vue de la création d’une zone de libre échange.
La Côte d’Ivoire a-t-elle trop tôt eu raison?
La Côte d’Ivoire a toujours été une pionnière. Et avec notre position de premier partenaire de l’Europe en Afrique de l’ouest en dehors des produits pétroliers avec 90% des exportations, nous ne pouvions pas ne pas signer cet accord intérimaire de partenariat économique qu’annonçait déjà la révision des Accords de Cotonou. Si les chefs d’Etat et de Gouvernement ont souligné le ferme engagement de l’UE à financer le programme de développement de l’Ape en Afrique de l’Ouest, qui vise à améliorer la compétitivité de l’économie régionale et à atténuer les effets de l’accord anticipé sur les économies des Etats membres, nous nous en félicitons. Mais nous devons rester vigilants et ne pas perdre nos acquis dans ce cadre global mais plutôt chercher à les renforcer avec cet accord régional sur les Ape avec l’Union européenne.
Propos recueillis Par
Franck A. Zagbayou
A Abuja (Nigeria)