Près d’un trimestre après l’apurement d’une partie de la dette des fournisseurs de l’Etat, la relance a du mal à se faire sentir. De nombreuses entreprises continuent de vivoter.
Les sommes affectées au paiement de la dette aux fournisseurs sont presque épuisées. Sur les 129,3 milliards de Fcfa débloqués par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, environ 128,9 milliards Fcfa ont été engloutis dans cette opération fortement médiatisées. Mais, en priorisant l’apurement des arriérés dus aux entreprises, le gouvernement espérait booster la relance économique dans un contexte où les fondamentaux du tissu ont été mis à rude épreuve. «Nous avons voulu donner du sang au secteur privé parce qu’il est le moteur de la sortie de crise par la relance », argumente le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Diby Koffi. Trois mois après le démarrage des paiements, les entreprises semblent éprouver des difficultés à prendre le train lancé par l’Etat. En effet, la situation des petites et moyennes entreprises reste inquiétante au regard des contraintes nées des paiements. Elles n’ont pas encore atteint les rivages calmes. Selon le tableau affiché par les organisations syndicales, les paiements de la dette aux fournisseurs restent beaucoup plus qu’un slogan. «Ils nous ont créé plus de problèmes qu’ils n’en ont résolu parce que le petit argent n’a servi à rien. Ce à quoi, les entreprises ont droit a été littéralement émietté », s’écrit le président du Syndicat national des fournisseurs de l’Etat (Synafeci). Selon Faustin Gré, les multiples prélèvements engendrés par l’obligation de régularité fiscale ont lourdement fragilisé les dus. La semaine dernière, il a sillonné plusieurs villes de l’intérieur du pays pour mesurer l’impact des procédures choisies par les autorités. Le constat n’est pas du tout flatteur. «Les petites et moyennes entreprises meurent les unes après les autres. Elles croulent sous le poids des dettes et sont obligées de mettre la clé sous le paillasson», révèle-t-il, ajoutant que les difficultés de financement demeurent entières. En effet, les décaissements au titre de la dette intérieure se sont caractérisés par une certaine inefficacité à cause notamment de l’inadaptation des mécanismes utilisés par l’administration centrale. «Les paiements ont tellement traîné qu’en fin de compte, les sommes encaissées ont servi à payer les impôts et les dettes. Nous aurions voulu qu’on défalque les impôts de ce qu’on nous doit. Or, l’obligation de régularité n’a pas tenu compte des intérêts des fournisseurs», souligne Médard Konan de la plateforme des fournisseurs et prestataires de l’Etat. Toutefois, les petites et moyennes entreprises auraient pu s’en tirer si elles bénéficiaient de financements extérieurs. M. Konan dénonce le peu de possibilités qu’ont les entreprises de trouver des financements privés. «On ne peut pas compter sur le Trésor public pour relancer nos activités. Pourtant, nous ne sommes plus crédibles aux yeux des structures de financement privées. Elles nous accusent de ne pas honorer nos engagements. C’est pénible», renchérit l’opérateur économique. Autant de récriminations qui fondent à se demander si l’objectif de relance des activités des secteurs productifs pourra être atteint. «Cela est possible si l’Etat maintient la cadence. Aujourd’hui, nous avons un peu d’air. Il est injuste de vouloir jeter l’anathème sur les autorités parce qu’une belle femme ne peut donner que ce qu’elle a », objecte le président de la plateforme, Bertin Oria, ajoutant que le gouvernement n’avait d’autres choix que de se conformer aux exigences des institutions multilatérales. Mais, pour M. Gré, ce sont plutôt les conditions de paiement qui étaient anachroniques. Conséquence, les activités des fournisseurs sont aujourd’hui en lambeaux.
128 milliards Fcfa, flop !
Selon certains spécialistes, si les entreprises ivoiriennes ont des problèmes pour se remettre sur les rails, c’est parce qu’elles sont de petites tailles. En effet, affirment-ils, les PME/PMI, sont au cœur d’une contradiction forte avec un système financier qui véhicule des logiques de court terme. Or, proposent-ils, il faut un comportement coopératif et une vision de long terme. «Pendant longtemps, la finance était au service de la production ; aujourd’hui la production est au service de la finance. Notre conception est de considérer que si les deux doivent aller de pair, la finance doit être fondamentalement au service de la production », soutient Flan Mongnéhi, ingénieur-économiste à l’université d’Abidjan-Cocody. Il ajoute que la fiscalité doit être mise au service de l’investissement, de l’emploi, et non pas exclusivement de la rente, expliquant que les PME/PMI doivent avoir la capacité à s’affirmer sur les nouveaux marchés qui sont en train de s’ouvrir, et les jeunes entreprises innovantes doivent devenir immédiatement des entreprises tournées vers l’extérieur.
Lanciné Bakayoko
Les sommes affectées au paiement de la dette aux fournisseurs sont presque épuisées. Sur les 129,3 milliards de Fcfa débloqués par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, environ 128,9 milliards Fcfa ont été engloutis dans cette opération fortement médiatisées. Mais, en priorisant l’apurement des arriérés dus aux entreprises, le gouvernement espérait booster la relance économique dans un contexte où les fondamentaux du tissu ont été mis à rude épreuve. «Nous avons voulu donner du sang au secteur privé parce qu’il est le moteur de la sortie de crise par la relance », argumente le ministre de l’Economie et des Finances, Charles Diby Koffi. Trois mois après le démarrage des paiements, les entreprises semblent éprouver des difficultés à prendre le train lancé par l’Etat. En effet, la situation des petites et moyennes entreprises reste inquiétante au regard des contraintes nées des paiements. Elles n’ont pas encore atteint les rivages calmes. Selon le tableau affiché par les organisations syndicales, les paiements de la dette aux fournisseurs restent beaucoup plus qu’un slogan. «Ils nous ont créé plus de problèmes qu’ils n’en ont résolu parce que le petit argent n’a servi à rien. Ce à quoi, les entreprises ont droit a été littéralement émietté », s’écrit le président du Syndicat national des fournisseurs de l’Etat (Synafeci). Selon Faustin Gré, les multiples prélèvements engendrés par l’obligation de régularité fiscale ont lourdement fragilisé les dus. La semaine dernière, il a sillonné plusieurs villes de l’intérieur du pays pour mesurer l’impact des procédures choisies par les autorités. Le constat n’est pas du tout flatteur. «Les petites et moyennes entreprises meurent les unes après les autres. Elles croulent sous le poids des dettes et sont obligées de mettre la clé sous le paillasson», révèle-t-il, ajoutant que les difficultés de financement demeurent entières. En effet, les décaissements au titre de la dette intérieure se sont caractérisés par une certaine inefficacité à cause notamment de l’inadaptation des mécanismes utilisés par l’administration centrale. «Les paiements ont tellement traîné qu’en fin de compte, les sommes encaissées ont servi à payer les impôts et les dettes. Nous aurions voulu qu’on défalque les impôts de ce qu’on nous doit. Or, l’obligation de régularité n’a pas tenu compte des intérêts des fournisseurs», souligne Médard Konan de la plateforme des fournisseurs et prestataires de l’Etat. Toutefois, les petites et moyennes entreprises auraient pu s’en tirer si elles bénéficiaient de financements extérieurs. M. Konan dénonce le peu de possibilités qu’ont les entreprises de trouver des financements privés. «On ne peut pas compter sur le Trésor public pour relancer nos activités. Pourtant, nous ne sommes plus crédibles aux yeux des structures de financement privées. Elles nous accusent de ne pas honorer nos engagements. C’est pénible», renchérit l’opérateur économique. Autant de récriminations qui fondent à se demander si l’objectif de relance des activités des secteurs productifs pourra être atteint. «Cela est possible si l’Etat maintient la cadence. Aujourd’hui, nous avons un peu d’air. Il est injuste de vouloir jeter l’anathème sur les autorités parce qu’une belle femme ne peut donner que ce qu’elle a », objecte le président de la plateforme, Bertin Oria, ajoutant que le gouvernement n’avait d’autres choix que de se conformer aux exigences des institutions multilatérales. Mais, pour M. Gré, ce sont plutôt les conditions de paiement qui étaient anachroniques. Conséquence, les activités des fournisseurs sont aujourd’hui en lambeaux.
128 milliards Fcfa, flop !
Selon certains spécialistes, si les entreprises ivoiriennes ont des problèmes pour se remettre sur les rails, c’est parce qu’elles sont de petites tailles. En effet, affirment-ils, les PME/PMI, sont au cœur d’une contradiction forte avec un système financier qui véhicule des logiques de court terme. Or, proposent-ils, il faut un comportement coopératif et une vision de long terme. «Pendant longtemps, la finance était au service de la production ; aujourd’hui la production est au service de la finance. Notre conception est de considérer que si les deux doivent aller de pair, la finance doit être fondamentalement au service de la production », soutient Flan Mongnéhi, ingénieur-économiste à l’université d’Abidjan-Cocody. Il ajoute que la fiscalité doit être mise au service de l’investissement, de l’emploi, et non pas exclusivement de la rente, expliquant que les PME/PMI doivent avoir la capacité à s’affirmer sur les nouveaux marchés qui sont en train de s’ouvrir, et les jeunes entreprises innovantes doivent devenir immédiatement des entreprises tournées vers l’extérieur.
Lanciné Bakayoko