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Société Publié le vendredi 17 juillet 2009 |

Projet d’Urgence Multisectoriel de Lutte contre le Sida en Côte d’Ivoire (PUMLS) : Sept ans de préparation … 10 milliards pour quatre régions

Santesurlabrechemagazine.net - Financement sans intermédiaire, sans plancher ni plafond imposé. Des financements alloués selon les besoins du terrain à satisfaire par les soumissionnaires.
Les populations cibles ne sont pas à sacrifier aux procédures d’attribution, ce qui explique, que le projet d’urgence multisectoriel de lutte contre le sida fasse vraiment dans l’urgence. Urgence adaptée aux réalités du terrain pour une lutte contre le sida dans quatre régions du pays. Avec 10 milliards de FCFA. Le projet d’urgence multisectoriel de lutte contre le sida en Côte d’Ivoire (PUMLS), exposé par son coordonnateur national, M. Bamba Adama, que nous avons rencontré.

Pouvez vous nous présenter brièvement ce nouveau projet de lutte contre le sida ?
Le projet d’urgence multisectoriel de lutte contre le sida de la Côte d’Ivoire en abrégé PUMLS, est un projet issu de la mise en commun de deux cadres stratégiques, disons le plan stratégique national de lutte contre le sida de Côte d’Ivoire et le programme plurinational de lutte contre le sida de la Banque Mondiale. C’est donc un projet conçu par la Côte d’Ivoire avec l’appui des partenaires au développement, notamment l’ONUSIDA, la Banque Mondiale, l’OMS, le PNUD ainsi que les acteurs nationaux de lutte contre le VIH/SIDA.
Ce projet a pour vocation d’appuyer la réponse du gouvernement ivoirien à la pandémie en Côte d’Ivoire.

Je crois savoir qu’il y a quand même un moment que vous êtes sur cette affaire, les démarches avaient commencé puis, les choses ont été interrompues …L’accouchement semble avoir été difficile ?
Disons que la préparation du projet a commencé depuis fin 2001. De 2002 jusqu’en 2004, nous avons avancé dans la préparation du projet et en 2004 effectivement, il y a eu la mesure de suspension des décaissements des financements au profit de la Côte d’Ivoire. Cette mesure a été prise par la Banque Mondiale en octobre 2004.
On était prêt à aller aux négociations, on avait déjà eu la mission d’évaluation et le document d’évaluation qu’on appelle le PAD était prêt. Le staff avait déjà été recruté, notamment le coordonnateur national et deux chargés de programme. On était en 2004.
Il y a donc eu arrêt dans la préparation du projet de 2004 jusqu’en 2007 et c’est à la fin de 2007, qu’en prévision de la reprise de la coopération financière entre la Côte d’Ivoire et la Banque Mondiale que nous avons repris à nouveau la préparation du projet.

Quand exactement a repris la préparation du projet ?
Nous avons repris en Novembre 2007, la préparation du projet. En février 2008, il y a eu à nouveau une mission d’évaluation du projet. Nous avons négocié, les 21 et 22 Mai ici même à Abidjan. La délégation de la Côte d’Ivoire était conduite par le ministère de l’économie et des finances, nous étions membres de cette délégation. Le projet a été présenté au conseil d’administration de la Banque Mondiale le 12 Juin 2008 et la convention, l’accord de don a été signé le 25 Juillet 2008 et le projet a été mis en vigueur le 1er Octobre 2008.

Il y a eu des suspensions, mais on a vu M. Bamba Adama à l’œuvre, visitant les ONG pour leur expliquer les mécanismes et canevas d’un projet qui n’était même pas à l’ordre du jour ? A quoi répondait ces démarches et c’était à quel titre puisque le projet était suspendu ?
Nous avons eu foi en ce projet et partant nous y avons mis beaucoup d’espoir. Nous avons eu beaucoup de chance de participer à sa conception, donc c’était un peu comme notre bébé, personne n’a envie de voir son bébé mourir. C’est vrai qu’il y a eu la suspension des décaissements en 2004, d’aucuns auraient pu se décourager, mais on a estimé que la Banque Mondiale ne pouvait pas abandonner la Côte d’Ivoire définitivement. Un jour ou l’autre, la Banque allait revenir, on a donc maintenu la flamme bien que nous soyons en situation de suspension de décaissement, et que la préparation du projet se soit arrêtée. Nous avons continué à sensibiliser les ONG pour la simple raison que le plus difficile dans un projet ce n’est pas tant sa préparation, mais c’est sa mise en œuvre. Et pour réussir la mise en œuvre d’un tel projet qui demande une forte participation de tous les secteurs, il est bon que les structures d’exécutions que sont les ONG, les hôpitaux ou les structures publiques, les comités sectoriels que ces structures soient prêtes, préparées pour la mise en œuvre.
Donc pendant la période de suspension, nous avons effectivement continué à sensibiliser ces structures, pour leurs dire de s’apprêter, de faire en sorte que lorsque le financement sera prêt qu’on ne perde pas le temps encore à se préparer. Il fallait prendre possession des manuels de procédures qui étaient déjà prêts. Nous avons effectivement pris le temps de préparer tous ceux qui peuvent être éligibles à ce projet .Ce qui a fait que lorsque le projet a effectivement démarré, vous voyez on vient de signer 21 conventions aussi bien avec les faîtières d’ONG, que les comités sectoriels, les programmes, parce que les gens étaient plus ou moins prêts.

On reviendra sur les conventions. Mais pourquoi ce projet à mis tant de temps pour se concrétiser ? Encore la guerre ?
Disons que le ministère de l’économie et des finances est mieux placé pour répondre à cette question, mais à mon niveau ce que je peux vous dire, c’est que la cessation n’était pas liée à la situation de guerre en Côte d’Ivoire. La version que la Banque a toujours donnée était que la Côte d’Ivoire n’avait pas payé ses arriérés. La banque précise toujours que ces dispositions ont été votées par les pays membres de la Banque mondiale, à un certain niveau de dette on suspend tout décaissement au profit du pays.
Je rappelle d’ailleurs qu’on était suspendu au même titre que le Togo, et donc en 2007 comme je l’ai dit tantôt, c’était en prévision de la reprise de la coopération financière que nous avons repris la préparation du projet. Rappelez-vous que la Côte d’ Ivoire avait déjà commencé à payer sa dette vis-à-vis de la banque mondiale et je crois en février ou mars 2008 la Côte d’Ivoire était à jour.

Mais le fait est que pendant tout ce temps vous, travaillant au MLS (ministère de la lutte contre le sida), étiez entrain de sensibiliser pour le PUMLS.
Disons que la Banque Mondiale a une approche très claire avec les pays. Pour le peu que je sais de la Banque Mondiale, c’est qu’elle respecte la partie nationale. Elle ne prépare de projets avec le pays. La banque souvent vous dit qu’elle n’a pas de projet, mais elle appuie les pays à préparer des projets, à les lui soumettre. Une fois que la banque a financé, elle accompagne le pays dans la mise en œuvre. C’est donc dans cette phase de préparation du projet, que lorsque nous étions encore en service au ministère de la lutte contre le sida, on était membre de ce comité de préparation et à un moment donné, on a présidé donc ce comité de préparation. Mais à l’état actuel de la phase de mise en œuvre du projet, nous sommes en disponibilité, ce qui fait que nous ne travaillons que pour le PUMLS.



On peut dire ouf, que ce fût long. Mais l’effort en valait bien la peine puisqu’au bout, ce sont plusieurs milliards de FCFA pour la lutte contre le VIH/SIDA en Côte d’Ivoire ?
Le montant du don de l’Association Internationale du Développement (IDA) qui fait parti du groupe de la Banque Mondiale est de vingt millions de dollars. Si le taux d’échange est de un dollar pour 500 FCFA, cela nous fait 10 milliards de francs CFA.
La durée contractuelle est de quatre ans, c’est ce qui est dans l’accord de don, mais comme je le dis souvent, ce n’est pas une durée rigide. Si nous arrivons à atteindre les résultats en moins de quatre ans, c'est-à-dire en un de temps record, avec la qualité requise, on fait le bilan, avec la banque mondiale, et on négocie le passage à échelle afin de pouvoir couvrir l’ensemble du territoire.

Parce que toute la Côte d’Ivoire ne peut pas profiter de ce don ?
Nous ne couvrons que quatre régions et nous ne travaillons pas avec la totalité des ministères.

Et pourquoi cette restriction ?
Simplement parce que nous n’avons pas assez de ressources pour couvrir les 19 régions du pays et travailler avec les 32 ministères.

Qu’est ce qui a prévalu au choix de ces quatre régions ?
Disons que les régions qu’on a ciblé, je dis nous mais en fait ce n’est pas l’unité de coordination du PUMLS, mais la Côte d’Ivoire à travers les programmes nationaux, les comités sectoriels, bien sûr l’équipe de préparation du projet, les ONG, on a estimé qu’avec dix milliards on ne pouvait pas couvrir tous les besoins de la lutte contre le VIH /SIDA de toutes les régions. Et donc qu’il fallait cibler des régions prioritaires en termes de besoin bien sûr en prenant en compte la séroprévalence. Lorsqu’on a fait le tour, on a identifié les régions des savanes, des montagnes, du sud Comoé et des lagunes.

Qui sont les heureux bénéficiaires dans ces quatre régions ?
Comme bénéficiaires, ce sont essentiellement les populations cibles du plan stratégique national 2006-2010 de la Côte d’Ivoire. Ce qui veut dire qu’on a les orphelins et enfants rendus vulnérables du fait du VIH/SIDA ; les personnes vivant avec le VIH/SIDA, les militaires, les policiers, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, les professionnels du sexe, les jeunes et les femmes en situation difficile, les enseignants, les élèves et bien sûr la population générale qui bénéficie des campagnes de sensibilisation et de la prise en charge.

Et pour la mise en œuvre ?
Il y a sept ministères principalement. Bien sûr vous avez le ministère de la lutte contre le sida, qui est chargé de la coordination de toutes les interventions dans la lutte contre le VIH/SIDA. Mais quand nous disons le ministère de la lutte contre le sida, ne voyez pas tout le département ministériel, il y a des structures à l’intérieur. Vous avez le secrétariat technique qui, je le rappelle est la structure chargée de la coordination opérationnelle de toutes les interventions de lutte contre le sida en Côte d’Ivoire, il ya le programme de lutte contre le sida auprès des populations hautement vulnérables (il s’occupe en fait des questions liées aux professionnels du sexe, des personnes qui ont des rapports sexuels avec des hommes). Il y a également toujours au compte du ministère de la lutte contre le sida, quatre structures de coordination dans les quatre régions retenues. Ce sont des cellules techniques d’appui aux initiatives locales.
Pour le ministère de la santé, il y a comme bénéficiaire, les programmes nationaux de prise en charge contre le VIH/SIDA ou PNECPEC pour les questions de CDV, PTME. Il ya également de santé de la reproduction pour les questions de violence basées sur le genre, de nutrition pour les questions de nutrition lié au VIH/SIDA et la direction générale de l’hygiène publique pour gérer les questions de déchets médicaux.
Le troisième ministère qui bénéficie des financements du PUMLS est celui de la Famille, de la Femme et des Affaires Sociales à travers le programme national de prise en charge des orphelins et des enfants rendus vulnérables du fait du VIH/SIDA (PNOEV).
Le quatrième ministère est celui de la défense à travers son comité sectoriel. On a ensuite le ministère, de l’intérieur surtout pour les questions de prévention et de prise en charge des policiers, puis il y a le ministère de la jeunesse et des sports pour les questions de jeunes et enfin le ministère de l’éducation nationale pour la sensibilisation et la prise en charge des élèves et des enseignants. Ce sont là les sept ministères bénéficiaires pour la mise en oeuvre.

Une mise en œuvre seulement dans les quatre régions ?
Oui, dans les quatre régions pour cinq ministères car je précise que pour ce qui est des ministères de la défense et de l’intérieur, la mise en œuvre ne se fait pas seulement dans les quatre régions. Elle couvre l’ensemble du territoire.

A combien s’élève les fonds alloués à chaque ministère ?
Cela dépendait des plans d’action. Ce n’était pas une cagnotte à distribuer. Certaines structures se sont vues allouer plus d’un milliard. Si vous prenez par exemple le PNEPEC qui fait de la prise en charge, il est claire que vous ne pouvez pas avoir le même montant qu’une autre structure qui ne fait que de la sensibilisation.
Les fonds alloués vont autour de 50 millions jusqu’à un milliard. Et le total de ce qu’on vient de signer est de trois milliards 178 millions.

Quels sont les mécanismes de contrôle surtout quand il s’agit du public ?
Avec la Banque mondiale lorsqu’il y a mauvaise gestion, il est demandé à l’état de rembourser. C’est la même démarche avec les structures. Sur la base de leur plan d’action on a signé des conventions. Dans les conventions, il est écrit de façon très claire qu’à tout moment on peut arrêter les financements. Mais ensuite quand ce n’est pas gérer à bon escient, le ministère concerné va rembourser. C’est pour cela que nous avons voulu au delà des responsables opérationnels, que les ministres eux-mêmes signent les conventions. Les sept ministres étaient présents à la cérémonie du 03 Juin dernier. Les sept ministres ont apposé leur signature pour marquer leur engagement à la mise en œuvre du projet.


Parlons maintenant des faîtières qui viennent aussi de bénéficier de fonds du PUMLS ?
Je rappelle que les faîtières sont des réseaux d’ONG. Dans le monde communautaire aussi, il y a une bonne division du travail. Vous avez les réseaux qui font de la planification, coordination, supervision, la formation, disons le renforcement de capacités, et les ONG membres qui font de l’exécution, les mises en œuvre.
Avec les réseaux, la démarche a été identique qu’avec les ministères. Il s’agissait pour ces réseaux de faire leur plan d’action annuel 2009. Et c’est ce que nous avons financé.
Pour les faîtières le total du financement était de 411 millions143 milles francs CFA.
Six réseaux ou faîtières ont reçu des financements. Il s’agit du COSCI (Conseil des Organisations de lutte contre le Sida en Côte d'Ivoire), le RIP (Réseau Ivoirien des Organisations de Personnes vivant avec le VIH), le RIJES( Réseau Ivoirien des Jeunes contre le Sida, le REPMASCI ( Réseau des Professionnels de la Presse, des Médias et du sport contre le Sida en Côte d'Ivoire), l’ARSIP (Alliance des Religieux contre le Sida et les autres Pandémies), et la CECI ( Coalition des Entreprises contre le Sida en Contre d'Ivoire).

Vous avez financé les réseaux, on s’attend à ce que ceux-ci fassent descendre le financement au niveau des ONG qu’ils coordonnent. Mais vous avez lancé un appel à soumission de sous projets pour les ONG ?
Nous, nous supprimons tout ce qui est intermédiaire. On ne passe pas par une structure pour donner à une autre. Nous voulons que les structures soient responsables de la mise en œuvre. On ne veut pas qu’une structure dise, je n’ai pas atteint mes résultats parce que l’autre ne m’a pas remis les fonds. Donc un réseau fait son plan d’action, il est responsable de la réussite de sa mise en œuvre.
Pour les ONG qui font véritablement de l’exécution, la démarche est tout autre pour la simple raison que vous avez une multitude d’ONG. Je rappelle toujours qu’elles sont des prestataires de services car ce qui nous intéresse ce sont nos populations cibles : les orphelins, les personnes vivant avec le VIH/SIDA etc. Donc nous cherchons des structures qui peuvent fournir des prestations à ces populations cibles.
Pour certaines de ces populations, les meilleurs prestataires sont des ONG. Disons qu’à la limite nous cherchons des ONG pour prendre en charge nos populations cibles. Mais, comme il y en a une multitude, à la différence des réseaux, ou des ministères, on fait appel à soumission de sous projets à la différence des réseaux où on finance des plans d’action.
Les ONG vont donc soumettre des sous projets en précisant les besoins à couvrir et l’effectif des populations à satisfaire.
C’est l’objet de notre appel à sous projets paru dans les quotidiens de la place les 12 et 13 Mai 2009.

Il n’est donc pas obligatoire de s’affilier à un réseau pour soumissionner au PUMLS ?
Disons que nous encourageons le reseautage pour la simple raison que c’est à plusieurs qu’on est intelligent et c’est à plusieurs qu’on est fort. Si vous remettez des fonds à une ONG donné, il est bon que pour renforcer les capacités de cette ONG, que ce renforcement se fasse dans un cadre plus large. Si vous voulez formé une ONG, là il y aura entre 50 et 100 ONG, à qui nous allons remettre des fonds, si nous voulons les former à nos procédures de suivi évaluation ou alors les former par exemple au nouveau protocole de dépistage, on ne les forme pas ONG par ONG. On les regroupe. Et pour les regrouper, il est bon de passer par un réseau avec lequel ces ONG là travaillent déjà. C’est plus facile. Ce n’est pas une condition comme quoi si une ONG n’est pas membre d’un réseau elle ne peut pas soumissionner. Les soumissions sont ouvertes à toutes les ONG. Aussi bien les ONG nationales qu’internationales. Celles qui appartiennent à des réseaux tout comme celles qui n’appartiennent pas à un réseau. Mais nous encourageons le fait d’appartenir à un réseau.


Vous allez certainement vous retrouvez avec de nombreux sous projets, quelles sont vos procédures de sélection pour être à l’abri de soupçons de favoritisme ?
Nous voulons être transparents et nous le sommes. Nous voulons une bonne gestion des projets. On a donc conclu que ce n’est pas à nous de nous enfermer dans un bureau pour désigner les meilleures soumissions et être taxé de les avoir fait de façon subjective.
Pour éviter tout cela on a mis en place des comités d’approbation.
Pour les soumissions qui doivent satisfaire des besoins dans une région donnée, il y a dans chaque région un comité régional d’approbation mis en place par le comité régional de lutte contre le sida. Qui, je le rappelle est présidé par le préfet. Ce sont ces comités qui sont dans les régions, donc proches des besoins à satisfaire qui définissent les critères, qui analysent les soumissions et font une première approbation.
Lorsque ce sont des sous projets qui couvrent plusieurs régions, on a un comité national. Mais je rappelle aussi que pour des montants d’un certain niveau, le comité régional fait une première analyse, mais l’approbation se fait au niveau national. L’idée c’est de faire en sorte que les ONG retenues le soient sur la base de la qualité de leur soumission et que celles qui ont perdu le reconnaissent. D’ailleurs qu’elles soient informées des raisons pour lesquelles elles ont perdu.
Nous comptons en effet publier les résultats et écrire aux ONG afin qu’elles sachent pourquoi elles ont perdu. Parce que c’est cela aussi l’occasion pour ces ONG de renforcer leurs capacités. Et le renforcement de capacités passe d’abord par la reconnaissance de ses faiblesses.

Vous n’allez pas vous en tenir à cette reconnaissance des faiblesses comme renforcements de capacités ?
Non bien évidemment. Nous avons un médecin pour le renforcement communautaire.
Pour nous ce financement est certes là, pour mener des activités aux bénéfices de nos populations, mais c’est une opportunité pour les ONG, le secteur public, le secteur privé de renforcer ses capacités. Lorsque le financement va finir, il faudrait qu’il y ait suffisamment de capacités dans ce pays pour continuer le travail, pour la pérennisation. Donc nous mettons fortement l’accent sur le renforcement de capacités. Et nous appuyons les structures depuis le début.
Des canevas ont été faits, des procédures qui sont élaborées, elles sont contenues dans cinq manuels, qu’on a validé avec les différentes structures. L’idée c’est de faire en sorte qu’on se mette d’accord sur les procédures et les outils avant même que les financements soient à disposition.

Quels sont les montants autorisés pour les demandes de financements des ONG ?
Il n’ y a pas de plancher, il n’y a pas de plafond. Comme je l’ai dit on cherche à satisfaire des besoins. Si dans une région il y a 30000 orphelins à prendre en charge, il est clair que les besoins ne seront les même que dans la région où il y a que 200 orphelins à prendre en charge.
Le montant est donc lié aux besoins que l’on veut satisfaire.

Comment fonctionne ce projet ? Est-ce aussi une affaire de round ?
Non, nous ne fonctionnons pas sur la base de round.
Pour l’instant, la Banque Mondiale a mis à la disposition de L’état de Côte d’Ivoire dix milliards de f CFA, avec des résultats très clairs, des objectifs à atteindre dans un délai donné. Mais si les objectifs sont atteints en un temps plus réduits, et avec la qualité requise on va négocier encore avec la banque pour une deuxième phase afin de couvrir le reste du pays.
Je rappelle d’ailleurs que la Côte d’Ivoire est en retard par rapport à ce programme communément appelé MAP. Plusieurs pays sont déjà à leur MAP 2, c'est-à-dire à leur deuxième étape.
Cela a commencé depuis 2000-2001 dans tous les pays de l’Afrique de l’ouest. Pratiquement tous nos voisins ont le MAP depuis 2000. On était les seuls en Afrique de l’ouest avec le Togo, à ne pas avoir le MAP. C’est dire qu’après ce financement, on va encore négocier avec la Banque Mondiale pour avoir cette deuxième étape dont a déjà bénéficié les autres.



Les ONG avaient jusqu’au 29 Mai pour soumissionner, il y aura-t-il un autre appel ou est ce qu’il faut attendre la renégociation pour un autre financement de la banque ?
Les annonces qu’on a eu à faire cette année, c’était pour couvrir les besoins jusqu’au 31 Décembre 2009. S’il y a eu de bonnes propositions, et que les besoins sont satisfaites, en principe, on n’aura plus de faire des annonces avant le 31 Décembre 2009. Mais il peut arriver que pour un domaine donné, il n y ait pas eu de bonnes soumissions ou alors que les ONG n’aient pas été suffisamment informées. Ce qui me paraîtrait extraordinaire dans la mesure où on a largement diffusé là dessus. Il y a eu des affiches dans les préfectures, dans les bureaux des réseaux, dans la presse écrite, les radios de proximité. En principe, l’information a été de source blanche. Mais si par extraordinaire, un domaine n’a pas été suffisamment renseigné, on va à nouveau lancer des appels à sous projets.

Les ONG nationales souffrent souvent de ce que les financements à elles accordées pour l’exécution de projets ne prennent pas en compte ou ne prévoient pas un soutien pour le siège ou leur fonctionnement, alors qu’on leur impose souvent des ONG internationales comme intermédiaires dont les sièges et le fonctionnement sont pris en compte. Que dit le MAP ?

Ce que nous avons mis en place pendant la préparation de ce projet et en accord avec la Banque Mondiale, c’est de faire en sorte que les plans d’action des structures qu’on a financé, mais aussi des sous projets des ONG qu’on va financer, fasse une différence entre le financement nécessaire pour la mise en œuvre des activités et ce qui peut être utilisé un peu comme frais de gestion. Parce que si vous remettez de l’argent à une ONG et que vous ne faites pas cette différence, cela pousse les pousses à donner des résultats qui ne sont pas forcements corrects.
De toute façon les ONG ont besoin de payer leur siège, des frais de communication etc. il faut estimer clairement les besoins de financement pour la mise en œuvre des activités identifiés. Pour exemple, si le besoin de financement pour la mise en œuvre de vos activités est de 100 millions, ce qu’on a décidé au PUMLS, c’est que les soumissionnaires ajoutent 20% de ce montant (les 100 millions) pour en faire des frais de gestion. Cela, afin de couvrir ce que cette ONG estime être nécessaire de façon connexe pour l’aider à la réalisation de ses activités. Cela fait que les ONG qui vont bénéficier de ce financement auront de façon relative suffisamment de fonds pour aussi bien mener les activités, que pour prendre en charge certaines questions de fonctionnement.

Le 03 Juin, vous avez signé 21 conventions avec sept ministères et six réseaux, à quand la signature de celles des ONG ?
Depuis le 15 Juin nous avons commencé à signer quelques conventions avec certaines ONG qui ont bénéficié de ce qu’on a appelé « procédure d’urgence » afin que ces ONG puissent commencer au plus tard le 1er Juillet.
Malheureusement, la distance a fait que certaines ONG n'ont pas pu encore signer leur partie assez vite et nous retourner le document. Ce qui a fait que le processus de mise à disposition de fonds a pris du retard par rapport aux prévisions. Il faut savoir que 20 sous- projets sont concernés par cette mesure de procédure d’urgence.
Pour les ONG qui ont fait des soumissions après notre appel à sous projet, les comités régionaux ont fini leurs travaux. Les sous Projets des ONG viennent d'être retenus par le Comité National d'Approbation (CNA) des sous projets, qui s'est réuni du 22 au 27 juin 2009. Cela s’est fait à la Suite des sessions des Comités Régionaux d'Approbation des Régions des savanes, des Lagunes, des Montagnes et du Sud Comoé.
Le CNA a retenu au total 54 sous Projets d'ONG sur les 288 soumissions.
Nous allons bientôt procéder à la signature des conventions afin de mettre à disposition des structures les fonds pour qu’elles puissent travailler.


C’est quoi cette mesure de procédures d’urgence ?
Nous avons eu à effectuer des missions sur le terrain avec la Banque Mondiale .Nous sommes dans un contexte qui fait que des financements arrivent à terme notamment le fonds mondial. Quand vous allez les régions, vous avez des ONG qui font de très bonnes choses, qui vous disent on a sous la main 2000 orphelins (c’est un exemple), mais le financement qu’on avait de tel bailleur vient à terme, on n’a plus d’argent pour prendre en charge ces orphelins. On était donc face à un dilemme, c’était de se dire est ce qu’il faut sacrifier ses enfants à nos procédures, le temps que les appels à sous projets se fassent, s’il y a des orphelins malades, qui ne peuvent pas se faire prendre en charge pour des médicaments de 2000 FCFA, ces enfants ont le temps mourir ?
Tout le monde était d’accord pour dire qu’il fallait parer au plus pressé, d’aller très rapidement au secours de ces ONG qui avaient déjà des financements, qui menaient très bien leurs activités et qui avaient de très bons résultats. Et l’objectif était de faire en sorte de venir au secours de ces populations cibles.


A vous entendre on a l’impression que ce projet est beaucoup plus réaliste. Vous avez certainement appris des échecs ou des difficultés des autres ?
Merci pour ces compliments, mais ce que nous voulons véritablement, c’est que nous sommes là pour renforcer le leadership national, pour renforcer les structures qui existent et qui veulent travailler avec nous. Notre approche, c’est de laisser les gens décider, mais de les appuyer à renforcer leur capacité. Nous sommes avec les structures depuis le début jusqu’à la fin. Nous avons remis des fonds à des structures, mais nous sommes là. D’ailleurs, nous avons commencé à les former à nos procédures, qui sont la synthèse des procédures nationales et celles de la banque mondiale. Nous faisons du coaching, nous sommes régulièrement avec ces structures. Nous faisons de la supervision, parce que l’objectif n’est pas de sanctionner, mais de chercher à faire en sorte que tout le monde puisse réussir. Et nous voulons réussir ensemble.

Vous les suivez aussi pour le suivi évaluation ?
Nous les suivons dans tous les domaines. D’abord la coordination, la planification, et ensuite le suivi évaluation, mais en plus la passation des marchés, les procédures d’achat, c'est-à-dire comment acheter avec l’argent reçu ? Comment gérer leur comptabilité ? Comment faire les rapports ? Etc.
Pour toutes les ONG qui vont bénéficier de nos financements, nous sommes obligées de les former. Si vous voulez que quelqu’un atteigne des résultats, il faut le former à vos procédures, à l’utilisation de vos outils.
C’est très souvent qu’on entend beaucoup de récrimination à l’encontre les ONG, mais si vous ne les former pas ! Il faut les former. Tout les monde n’a pas de formation spécifique en gestion financière de projets ou en passation de marchés. Donc nous les formons. Bien sûr les modules sont adaptés au niveau. Nous avons des guides simplifiés mis à la disposition des structures. Nous les formons avant de leur donner de l’argent, c’est la formation initiale. Et nous les formons aussi après. C’est la formation continue.



Comment se font les décaissements au PUMLS ?
Il y a deux niveaux. Pour les plans d’action (les programmes nationaux, les comités sectoriels et les faîtières, Nous nous sommes mis d’accord pour que la première tranche soit portée sur les activités du 1er C'est-à-dire, 1er mois d’activités, ils justifient, ensuite deuxième mois, ils justifient. Et après cela, c’est de façon trimestrielle que se fait la justification. Nous avons voulu avoir une démarche pédagogique. Vous savez qu’avec le financement de la Banque Mondiale, il faut faire beaucoup attention. Lorsqu’il y a une mauvaise gestion quelque part, cela affecte l’ensemble du projet.
Quand on dit mauvaise gestion, ce n’est pas parce que les gens veulent forcément mal gérer, mais quelquefois, c’est parce que les gens ne savent pas comment faire. Donc de bonne foi, souvent on gère mal, simplement parce qu’on ne sait pas les procédures. Nous avons formé depuis le mois de Mai, les structures qui viennent de bénéficier des financements le 03 Juin. Mais nous sommes conscients que la meilleure formation c’est à la pratique. C’est pourquoi nous leur donnons le financement pour les activités du 1er mois, ils vont exécuter selon les procédures. Et à la fin du mois ils envoient les justifications, qui nous l’espérons seront de bonnes pièces.
Mais pour ceux qui n’auront pas compris la procédure, c’est aussi l’occasion pour nous de rattraper. Nous avons voulu éviter le fait de mettre l’argent à la disposition pour se rendre compte trois mois après que l’argent n’est pas bien géré. Et c’est difficile à rattraper. Mais quand vous avancez ainsi par tâtonnement, par essai, cela vous permet de rattraper.

Vous avez un programme par exemple qui a un milliard et qui vous dit que selon ces capacités, il a besoin de 20 ou 100 millions. Le plan du 1er mois est proposé par la structure elle-même. Nous n’imposons rien du tout. Cela est pour les plans d’action.

Pour les ONG, nous sommes convenus de faire en quatre tranches de 30%. Mais ces 30% ne sont pas forcements liés à la durée. C'est-à-dire que l’ONG peut atteindre rapidement ses résultats sans tenir compte du temps d’exécution prévu.

B. Zeguela Gala

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