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Sport Publié le samedi 18 juillet 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Après la victoire des Ivoiriens au Tour de l’Est international 2009 / Pascal Babé, président délégué de l’Asfa Moossou: “C’est une victoire collective”

M. Pascal Babé est le président délégué de l’Asfa (Association sportive Fadoul) Moossou, créée en 1994 par M. Fadoul, un ressortissant libanais. Il est arrivé à la tête de ce club en 1997. Cet homme a, depuis son arrivée, écrit de belles pages de l’Asfa Moossou. Il nous parle de ses années de gloire, de la victoire des Ivoiriens au tour de l’Est international édition 2009, du plus jeune coureur de l’Asfa Moossou, Konté Bassirou, de Lokossoué Kouamé Eugène, le vainqueur du tour de l’Est 2009 et de Ouédraogo Abdul Wahab, le grand sprinter de tous les temps de l’histoire du vélo en Côte d’Ivoire. Président comment avez-vous préparé cette victoire ? Les Ivoiriens ont été solidaires dans cette compétition. Toutes les trois équipes ivoiriennes ont accordé leurs violons pour que cette fois le maillot de leader reste en Côte d’Ivoire. Je dis merci à tous les autres clubs qui ont accepté de courir ainsi. Parce qu’habituellement, les clubs ivoiriens ne s’entendent pas. Et les pays qui viennent, profitent de nos mésententes pour prendre le maillot. Cette fois-ci, nous les responsables, nous nous sommes entendus. Nous avons fait asseoir les coureurs et nous leur avons dit : « Il y a le pays avant les clubs. Donc il n’y a pas de raison que les clubs n’unissent pas leurs forces pour faire gagner le pays. Si un coureur ivoirien qu’il soit de l’Asfa Moossou ou de l’Ascavel de Koumassi ou de la SOA, s’il a le meilleur temps, il faut que les autres l’aident à conserver le maillot ». Peut-on dire que cette idée a été salutaire ? Oui. La preuve, de la première étape à la septième à Bongouanou, c’était Bassirou (Asfa Moossou) qui avait le maillot de leader. Et quand il a perdu le maillot, Fofana Issiaka de l’Ascavel a été positionné. Et Lokossoué pour l’apothéose. Ce qui a fait que les Ivoiriens ont conservé ce maillot jusqu’à la fin. Si c’est au niveau local, chacun peut se battre pour son club et c’est compréhensif. Mais une compétition internationale, il faut travailler pour l’honneur du pays et non pour un club. Je remercie tous les présidents des clubs qui ont accepté cette proposition. Le président Eugène Dié Kacou nous a toujours demandé d’unir nos forces. Et c’est maintenant que nous avons compris. Aujourd’hui, à une compétition internationale, il n’y a plus de raisons pour que les Ivoiriens ne s`entendent pas. Je salue le président Alla Kouamé Jean-Marie de l’Ascavel qui m’a appelé pour qu’on puisse parler aux enfants à Bondoukou. Président vu les difficultés à chaque Tour est-ce que le moment n`est pas arrivé pour constituer une équipe nationale ? Il faut dire que l`équipe nationale existe. Seulement à chaque compétition, ce sont les clubs de Côte d`Ivoire (Ascavel de Koumassi, Asfa Moossou, Soa ndlr) qui sont invités. Donc une fois sur le terrain, chaque coureur se bat pour son club. C’est ce qui a posé problème. Je crois que maintenant tout ira pour le mieux. Comment avez-vous trouvé le niveau de la compétition ? C’était une compétition d’un niveau très élevé. Au regard des moyennes que nous avons eues à chaque étape. Cela fait déjà quatre ans que les Camerounais sont là mais les moyennes n’ont jamais été aussi élevées. Avant, à deux, trois ou quatre étapes déjà, le maillot était déjà parti et les Ivoiriens n’étaient plus rien dans le peloton. Mais aujourd‘hui, vous faites un contre la montre on a 42, 41, 39 de moyenne. Le niveau, cette année, a été très élevé et c’est grâce à ceux qui ont donné les moyens. Avez-vous eu peur quand votre coureur Konté Bassirou a perdu le maillot de leader ? Non, pas du tout. Puisque quand il l’a perdu un autre Ivoirien l’a récupéré. Le message avait donc été bien saisi par les enfants. A telle enseigne que les Camerounais qui nous menaçaient à chaque fois avaient du mal à comprendre cette solidarité ivoirienne. Et c’est le travail de tous les coureurs. Etes-vous satisfait ? Je suis satisfait non pas que c`est un coureur de l`Asfa Mossou qui a gagné. Mais plutôt pour l’ensemble du travail abattu par les coureurs, les dirigeants, les entraîneurs et les présidents des clubs. C’est ce qui me réjouit. Aujourd’hui, c’est Lokossoué mais demain ça peut être Fofana Issiaka de l`Ascavel ou Soro Porolo de la SOA. C’est comme ça que nous devons courir pour éviter d’être humiliés à chaque fois sur notre propre sol. Président parlons de vous-même. Depuis quand êtes-vous à la tête de l’Asfa Moossou ? Depuis 1997... Peut-on avoir une idée du travail que vous avez abattu jusque-là ? Le palmarès du club si vous-voulez. ...Mais le travail a commencé en 1989 où l’Asfa Moossou a été championne de CIDT Coton devenu après l’ « Or blanc » avec Ouédraogo Oumar. En 1999 vainqueur du tour de l’Est avec Coulibaly N’Guata, en 2000 vainqueur du tour de l’Est avec Panso Souleymane et dans la même année le tour de l’Or Blanc avec Sawadogo Abdul Wahab. En 2001 le tour de l’Est a été remporté par l’Asfa Moossou avec Ouédraogo Hamed, en 2002 le tour de l’Est avec Sesouman Abdoulaye. En 2003 nous gagnons le tour de l’Est avec Ouédraogo Hamed et dans la même année nous remportons aussi l’Or Blanc avec Yao Kouassi Eugène. En 2005 Sesouman Abdoulaye avec le tour de l’Est. Et 2007 vainqueur de l’Or Blanc avec Lokossoué Kouamé Eugène et le plus récent le tour de l’Est édition 2009 .Voilà ce que j’ai pu apporter à ce club. Président, pouvez-vous nous parler de Lokossoué Kouamé Eugène, le grand vainqueur du tour de l’Est 2009 ? Bien sûr. Lokossoué n’a pas commencé à l’Asfa Moossou. Il est venu de l’Ascavel de Koumassi vers la fin de l’année 2004. Il est le seul d’ailleurs qui n’est pas sorti de notre écurie. Mais son arrivé a beaucoup apporté au club. Parce qu’il avait déjà acquis une certaine expérience qui lui a permis d’être au top niveau. Il a eu aussi la chance d’avoir des stages en Europe en même temps que Konté Bassirou. Il s’est donc frotté aux coureurs européens. Le tour qu’il vient de remporter ne surprend pas du tout. Sinon tous les autres sont nés à l’Asfa Moossou. Et son père, M. Lokossoué Koffi ? Quand j’arrivais au cyclisme, il était déjà à la retraite. J’ai seulement entendu parler de lui. Ce que je sais, c’est qu’il a été un grand coureur. Et Ouédraogo Abdul Wahab, qui était-il ? Wahab était un coureur de l’Asfa Moossou venu du Burkina. Parce qu’au début, le club cherchait un sprinter. Il est arrivé en 1996 et il a beaucoup apporté au club. C’est un grand sprinter. Il était en fait, si je n’abuse la locomotive. Son expérience du vélo a beaucoup aidé les autres coureurs. Et après, il s’est retrouvé à l’Ascavel. Aujourd’hui, il est retourné au pays. C’est quelqu’un à qui il faut tirer le chapeau. On dit qu’il était le père spirituel de Konté Bassirou ? Oui, ça c’est vrai. Quand il était à l’Asfa Moossou, Konté était comme son dauphin, il le suivait un peu partout. Et il disait à tout le monde qu’il veut ressembler à Wahab. Je crois qu’il n’est pas loin d’atteindre son objectif. Donc Bassirou est un « bébé » de l’Asfa Moossou ? Oui. Il a commencé tout petit. Il accompagnait les coureurs comme Ouédraogo Abdul Wahab. Jusqu’ en 2002, il était un gamin. C’est lui qui accrochait les sacs de ses aînés. C’est donc au fil du temps qu’il s’est intéressé au vélo. Et pour cela, il a dû abandonner ses études pour le vélo. Depuis plus de quatre ans donc, cet enfant est avec nous. Et il fait des merveilles avec son vélo. C’est un bébé de l’Asfa Moossou. Il aime le cyclisme, il faut qu’on l’aide pour qu’il y réussisse. Mais très souvent les autres coureurs reprochent à Konté Bassirou de faire la grosse tête. Qu’avez-vous à dire sur ce fait, si c’était vrai ? Vous savez, cet enfant est encore très jeune. Il a la fougue. Et quand il gagne, il est obligé de se montrer. Quand un enfant voit qu’il a la gloire, Il y a ce que le père lui dit et ce que l’enfant fait. Donc pour ça on n’y peut rien jusqu’à ce qu’il ait l’âge adulte. Bissirou n’a que 19 ans. Avec toutes ces victoires, il oublie souvent qu’il a en face de lui des grands frères. Il fait un stage en France, il est allé déjà en Suisse, en Afrique du Sud, etc. Donc quand vous avez toutes ces opportunités contrairement aux autres qui ne sont pas encore sortis, ça vous fait gonfler la tête. C’est un enfant, je crois qu’il faut lui laisser encore du temps pour qu’il grandisse. Les dirigeants ont beau lui parler mais il y aura toujours un manquement quelque part. Le soutenez-vous ? Non pas vraiment, seulement, il faut que les gens comprennent qu’il est à un âge où tous les enfants font la grosse tête. Je pense d’ici deux ans ça va passer. Donc, il ne faut pas que les gens lui en veulent trop. Il faut l’aider à grandir. On va toujours continuer à lui parler puisqu’il faut lui permettre d’être quelqu’un demain ce n’est pas donc en se comportant ainsi. A qui pensez-vous après cette victoire ? Je dédie cette victoire au chef de l’Etat. Il a beaucoup fait pour le cyclisme ivoirien et continue de le faire. Il faut donc que les cyclistes ivoiriens fassent toujours quelque chose pour l’honorer. Le trophée est à son nom. Pourquoi à chaque fois nous le décevons en le laissant partir sous nos yeux ? Je pense au ministre de la Jeunesse, du Sport et Loisirs, M. Dagobert Banzio qui a toujours manifesté son appui à la FIC. Je n’oublie pas son président M. Eugène Dié Kacou, le président Allah du club de l’Ascavel de Koumassi à qui il faut dire merci pour son esprit de professionnalisme. Il a eu le nez creux en m’appellant pour dire qu’il faut qu’on mette les enfants ensemble pour l’honneur de la Côte d’Ivoire. C’est une victoire collective, une fierté pour la nation ivoirienne. Merci donc à tout le monde.

Réalisée par J.P.B
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