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Société Publié le mardi 21 juillet 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Lutte contre le Sida en Côte d’Ivoire : L’augmentation de la ligne budgétaire VIH toujours attendue

Le rapport national de la Côte d’Ivoire 2008 sur la lutte contre le Sida est disponible depuis le jeudi 16 juillet 2009. Ce rapport édité par le ministère de la Lutte contre le Sida piloté par le Dr Christine Adjobi retrace les efforts déployés par ce département chargé de coordonner et intensifier la Réponse nationale face à cette pandémie. Nonobstant de nombreux acquis, des défis majeurs demeurent pour maîtriser le ‘’mal du siècle’’. Notamment la persistance des inégalités du genre, l’insuffisance de coordination effective des activités de lutte contre le Sida et l’insuffisance de ressources financières. D’où le plaidoyer de Mme Adjobi pour une hausse de la ligne budgétaire VIH de l’Etat.

Le VIH-Sida, fléau des temps modernes, n’est plus perçu uniquement comme un problème de santé publique. Il est devenu un problème de développement, voire de sécurité. Depuis la découverte des premiers cas dans le monde en 1981, plus spécifiquement aux Etats-Unis, et après plus de 25 ans d’expérience de la prévention du VIH et plus de 10 ans d’expérience de la thérapie antirétrovirale, les dégâts causés par cette pandémie sont énormes. Devant la menace qu’il représente en termes de développement durable, eu égard au fait que la cible la plus touchée en Côte d’Ivoire se situe entre la tranche d’âge de 15 à 49 ans, qui constitue une force vive de la nation, et vu que les secteurs clés du développement sont durement touchés, la lutte contre le VIH-Sida a été inscrite par l’Etat de Côte d’Ivoire au rang de priorité nationale. Dans ce cadre, un ministère spécifique chargé de la lutte contre le Sida a été mis sur pied. Mission : coordonner et intensifier la Réponse nationale face à cette pandémie. Avec pour principale stratégie, la lutte multisectorielle et décentralisée. Plusieurs actions ont été initiées et menées par ce ministère sous la houlette du Dr Christine Adjobi. Première action tangible, mobilisation du financement extérieur pour engager la lutte contre le mal du siècle. 95 milliards mobilisés et dépensés en trois ans Au niveau du financement de la lutte qui se présente comme l’un des défis majeurs de la croisade contre le Sida, le ministère de la Lutte contre le Sida (MLS) conscient que la contribution de l’Etat de Côte d’Ivoire ne représente que moins du ¼ des dépenses réalisées dans le cadre de la lutte, a mis en œuvre un plan de mobilisation de financement en deux axes. Le premier concerne la mise en place d’un Fonds national de lutte contre le Sida et le second axe porte sur la réalisation d’une étude pour estimer les Ressources et les Dépenses de lutte contre le Sida (REDES). Par ces deux axes, le MLS a pu mobiliser au cours des trois dernières années près de 95 milliards de francs Cfa qui se déclinent comme suit : 21.532.122.000 F Cfa en 2006, 33.301.972.000 F Cfa en 2007 et 31.317.000.000 F Cfa en 2008. Cet argent de la lutte sur la période 2006-2008 provient des fonds publics à hauteur de 9,01 %, fonds privés 3,77 % et fonds internationaux 87,22 %. Le financement de la lutte contre le Sida en Côte d’Ivoire est donc essentiellement soutenu par les appuis extérieurs (partenaires bilatéraux et multilatéraux) qui à eux seuls ont dépensé près de 61 milliards de francs Cfa. « L’Etat de Côte d’Ivoire a apporté des ressources publiques de l’ordre de 5,1 milliards de F Cfa sur la période représentant 14,41 % (moins du quart) des dépenses réalisées par l’ensemble des partenaires financiers. Ainsi, le financement de la lutte reste largement tributaire de la solidarité internationale. Il urge d’inverser la donne, de changer la donne positivement en améliorant la ligne budgétaire nationale VIH », plaide le ministre Adjobi. Par cet appel pressant, le premier responsable du plan national de lutte contre le Sida en terre ivoirienne entend gagner le défi de l’insuffisance de ressources financières. A partir de là, vont rester en suspens la persistance des inégalités du genre, l’insuffisance de coordination effective des activités de lutte contre le Sida. Bien que ces épines aux pieds du ministre Adjobi demeurent, elle peut se réjouir des efforts notables enregistrés au niveau de la lutte. A ce propos, l’on peut égrener pêle-mêle le renforcement de la politique nationale de lutte contre le Sida avec une participation active de la société civile ivoirienne et du secteur privé. Le rapport 2008 note les progrès sensibles enregistrés au niveau de l’engagement national. Selon l’évaluation du secteur public, la note moyenne de 6,6 sur 10 en 2005 est passée à 8 sur 10 en 2007. Pour la société civile, bien que l’engagement national soit encore en deçà des attentes, la note moyenne connaît une hausse relative en passant de 2,5 à 3,75 sur 10 de 2005 à 2007. Au niveau du traitement antirétroviral, le rapport souligne que le nombre de personnes sous traitement ARV s’est considérablement accru de 2003 à 2007. Ce nombre est passé de 2473 personnes en 2003 à 17404 en 2005 pour atteindre 36348 en 2006 et 49190 en 2007. Ce nombre qui prend en compte toutes les données nationales y compris celles du privé, rapporté aux personnes ayant besoin d’un traitement ARV en 2006 et 2007 donne 21,3% et 29,7% d’infectés sous ARV. Ce progrès important dans la mise sous traitement ARV, relève le rapport, s’explique d’une part par la baisse du coût du traitement avant sa gratuité en 2009 et d’autre part par une mobilisation sociale intense. Pour relever les défis en suspens, le MLS entend mener des actions. Ce sont entre autres l’intensification de la prévention du VIH-Sida pour améliorer les connaissances des groupes les plus vulnérables sur la transmission du VIH et enrayer les fausses idées en vue de l’adoption d’un comportement à moindre risque, la mise à jour du document du programme multisectoriel contre le Sida, la mobilisation continue des ressources financières en vue de couvrir le déficit de financement pour intensifier la lutte contre le Sida, la redynamisation des organes de coordination centraux, sectoriels et décentralisés et l’élaboration de manuels de procédure permettant à tous les partenaires de s’inscrire dans les cadres ( cadre stratégique et de suivi évaluation).

M.Tié Traoré
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