Pour répondre à cette question, il convient de se pencher sur les textes qui gouvernent la structure. A ce propos, le Haut conseil qui regroupe quatre entités (église Méthodiste unie, la Fédération Evangélique de Côte d’Ivoire, la Cepmeci et le Cnepeci) a été créé sur recommandation express du Président de la République. SEM Laurent Gbagbo qui faisait l’amer constat de la division des protestants évangéliques de son pays, a souhaité la création d’une structure qui soit dirigée de façon collégiale. Sur cette base, un président qui se présente comme le porte-parole du présidium est désigné pour un mandat d’un an non renouvelable. Dès que ce mandat arrive à expiration, le président en exercice qui se donne le temps et les moyens de préparer l’investiture de son successeur, rend le tablier à celui qui doit prendre le relais. Puisque le Haut conseil est le regroupement de quatre entités, donc de quatre leaders chrétiens, il fallait que le circuit de la désignation soit fermé. Ainsi, est connu d’avance le leader qui doit accéder à la tête de la structure et le moment de sa prise de pouvoir puisque la date d’expiration du mandat est connue d’avance. D’ailleurs, les textes ne mentionnent pas qu’à l’expiration d’un mandat, un motif doit être soulevé pour retarder cette prise de pouvoir du successeur. A titre d’exemple, le Rev Nielbien a lui-même succédé au Bishop Benjamin Boni au moment où celui-ci portait encore chaudement en lui le deuil de son père. Dans cette droite ligne, le Rev Yayé Dion devrait prendre la tête du Haut conseil après le Rev Nielbien qui lui-même a succédé au Bishop Benjamin Boni à un moment particulièrement difficile pour celui-ci en raison du décès de son père. Ce malheur n’a pas empêché le Bishop Boni d’organiser les préparatifs de l’investiture du Rev Nielbien et lui passer le relais. Mais, de son côté, pour retarder son départ, le Rev Nielbien se réfugie derrière un malheur. A savoir un braquage à domicile dont il aurait été victime. « Le Rev Nielbien a été frappé par un malheur. Il a été attaqué à la veille de l’échéance de sa présidence et cela ne lui permettait pas d’organiser les préparatifs de l’investiture du Rev Yayé Dion dont nous ne contestons pas la légitimité. C’était son tour. Puisque nous étions en train de consoler et de compatir à sa peine avec cette attaque, nous ne pouvions pas organiser l’investiture. C’est pourquoi, nous avons écrit au Rev Yayé Dion pour lui demander de surseoir à l’organisation de l’investiture. Mais, il ne nous a pas écoutés», explique le Rev Alao dans un quotidien de la place. Des propos qui achèvent de convaincre que le leader de la Feci s’est écarté des préparatifs avec pour motif, un malheur. Pourquoi écrire au futur président alors que l’on a la possibilité de saisir directement le présidium qui peut apprécier la situation ? Mieux, le fait d’être frappé par un malheur implique-t-il que les textes ne soient pas appliqués ? A l’évidence, la réponse est non. En outre, avant l’avènement de ce malheur, qu’est ce qui empêchait le Rev Nielbien d’entamer les préparatifs de sa succession ? « Rien », charge le secrétaire général du Haut conseil le Prophète Jean Kouadio. « Connaissant comment le Rev Nielbien se maintient à la tête de la FECI de façon illégale, il était en train d’user des mêmes subterfuges pour allonger son mandat à la tête du Haut conseil malgré les nombreuses interpellations. Dans ses actions, on ne sentait aucune volonté de partir. On percevait plutôt des velléités de se maintenir », ajoute-t-il. Non sans déplorer qu’en lieu et place d’une saisine du présidium du Haut conseil pour expliquer les raisons de son intention de faire reporter l’échéance de son départ, c’est par une lettre de son église que le Rev Nielbien a saisi directement Yayé Dion pour le sommer de renoncer à son investiture. « Il voulait empêcher l’investiture pour se maintenir. Mais son coup d’Etat a été déjoué », souligne le Prophète Kouadio. De son côté, le concerné le Rev Yayé Dion, bien qu’accusé de s’être auto-investi, se veut optimiste quant à une issue heureuse de la palabre de succession. « Je travaille pour l’apaisement des esprits. Bien que de nombreuses contrevérités aient été distillées, je n’entends pas répondre. Je m’active à la cohésion des serviteurs du corps du Christ. La crise passera car Dieu fera son œuvre et la sagesse visitera notre frère », a-t-il noté. En attendant, la fermeté reste de mise de l’autre côté : « Puisqu’il n’y a pas eu de passation de charges, le Rev Nielbien demeure le président du Haut conseil ». Et la structure bat de l’aile sous le poids de la dyarchie. Au moment où nous mettions sous presse, une réunion de concertation se tenait entre Rev Yayé Dion et le Rev Nielbien pour désamorcer la crise.
Société Publié le samedi 25 juillet 2009 | L’intelligent d’Abidjan