La violence sur les femmes reste encore un phénomène d'actualité en Côte d'Ivoire. Chaque jour, plusieurs femmes essuient les humeurs de leurs maris qui continuent de se prendre pour des dieux sur terre.
Jadis cloîtrée au foyer et juste à la perpétuation de l'espèce, la femme est devenue aujourd'hui incontournable dans le développement des sociétés. Malgré ce changement notable dans son statut, ses droits sont bafoués par des hommes qui leur infligent un traitement de seconde zone quand il n'est pas humiliant et dégradant. La violence sur les femmes est un phénomène universel, présent dans toutes les sociétés, indépendamment de leur degré de développement. En Côte d'Ivoire, c'est un phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur. Même si nous ne disposons pas de statistiques pour situer l'ampleur, toujours est-il qu'il ne se passe pas de jours sans que des femmes ne soient battues ou humiliées par leurs conjoints. Ainsi dame T. O. ménagère à Abobo, subit très souvent les agressions de la part de son mari. " Lorsque mon mari rentre tard, il se plaint que je ne lui ai pas vite ouvert la porte. Il pense que c'est pour exprimer ma jalousie que j'agis ainsi. Alors que c'est le sommeil. Et chaque fois, il me frappe. Mes cris réveillent les enfants qui sont aujourd'hui traumatisés ". Relate-t- elle. Tout comme elle, dame B. Maïmouna, commerçante à Adjamé, dit avoir plusieurs fois été victimes des coups et blessures de son compagnon. " J'aime bien mon homme. Mais, il veut m'isoler par jalousie. Pour un ''oui'' ou pour un ''non'', il me bat même en présence des enfants. Regarde toutes cicatrices que j'ai actuellement. J'ai l'oreille gauche qui me fait constamment mal ". Les viols conjugaux sont devenues monnaies courantes.
Le viol conjugal
De nombreuses femmes sont victimes de cette forme de violence dans leurs foyers. Elles disent avoir été obligées de faire l'amour même quand elles n'en n'ont pas envie. C'est dire qu'avec ou sans leur consentement, les conjoints satisfont leur libido. " Chaque nuit, que je veuille ou non, je fais l'amour avec mon mari. Même malade, il insiste pour coucher avec moi. Lorsque je refuse, il me viole. Je me débats, mais pour finir, je cède. D'ailleurs, si je lui résiste trop, il me bat, se satisfait sans ce soucier de ce que je ressens ". Dénonce dame Sidonie. Il importe de souligner par ailleurs que certaines sociétés ignorent la notion de viol conjugal. Au contraire, refuser d'avoir des rapports sexuels avec son mari constitue un crime de lèse-majesté, sévèrement puni. Ainsi, lorsque les voisins attirés par les cris d'une femme battue trouvent au seuil de la porte le pantalon de l'homme, ils rebroussent chemin. Tout simplement parce qu'un femme ''rebelle'' au lit ne mérite pas d'intercession auprès de son ''maître''. La plupart des femmes victimes des coups et blessures et autres agressions intériorisent leur situation et se résignent. Soit par respect pour la tradition ou par amour pour leurs enfants. " Les femmes n'aiment pas exposer leur problème. Une femme qui parle des problèmes du couple n'est pas une bonne femme ". Dans certaines sociétés, africaines, le mariage est considéré comme une providence et le divorce comme un drame. Pour les femmes issues de ces communautés, il vaut mieux avoir un mauvais mariage, subir la violence du conjoint que de vivre le célibat, facteur de mépris et de toutes sortes de rejets. Ainsi, dans une cour commune de Koumassi, un homme excédé par les violences physiques d'un de ses voisins sur sa conjointe le menace de faire appel à la police s'il n'arrête pas. Et la femme est venue le supplier en ces termes : " Pardon monsieur ! Si tu envoies mon mari à la police, qu'est ce que je vais dire au village ? C'est l'honneur de ma famille qui sera en jeu. Que va faire ma mère ? Elle sera la risée de tous pour avoir mis au monde une fille rebelle et indigne. Je t'en prie. Si mon mari me frappe, il faut lui demander seulement pardon ". Pour sa part, K.C est formelle : " j'ai fait le travail de bonne depuis plus de 30 ans. Où voulez vous que j'aille. Mes frères qui sont en ville ont des maisons très étroites. Même si mon mari me bat et me blesse souvent, je préfère rester avec lui. Ne vous inquiétez pas pour mon œil poché, ça va passer. Tu sais, mon mari est un ange quand il ne boit pas ".
Le conseil sans commentaire d'une grand-mère
Que dire alors des conseils de cette grand-mère lorsque nous avons demandé son avis sur le viol conjugal. " Mon petit, les blancs sont en train de vous blaguer. Quelle est encore cette histoire de viol conjugal ? N’a t-on pas dit que la femme appartient corps et âme à son mari ? Femme, ne te rebelle jamais contre ton mari. Veux tu avoir le secret de la réussite et de la ''baraka'' (bénédiction) pour tes enfants et ta descendance ? Sois une femme soumise à ton mari surtout dans vos rapports intimes. Ne sois pas une poule. Sois plutôt la femelle du canard. Tu vois, chaque jour, les poulets sont sacrifiés aussi bien par les croyants que par les féticheurs. Mais le jour où un homme donne en guise de sacrifice, un canard, il fera la prison tout simplement par ce que le canard femelle est par excellence, le symbole de la soumission au mâle en matière sexuelle, contrairement à la poule que le coq doit toujours dompter avant de passer à l'acte sexuel ". Que peut dire une matraquée avec ce genre de conseils. Peut-elle saisir les juridictions compétentes en cas de violence ? Toujours est-il que des femmes victimes de violence ont recours à la justice. Selon Mme N'Dri avocate, " elles sont nombreuses les femmes qui viennent au tribunal se plaindre de leur mari. Chaque jour, nous recevons des dossiers. Aujourd'hui (Ndlr : vendredi dernier), j'ai cinq dossiers sous la main. Sachez que la majorité des femmes qui saisissent les tribunaux sont des intellectuelles qui ont une fonction rémunérée… Elles viennent souvent avec un œil tuméfié et des certificats médicaux. Ce sont pour la plupart des femmes musulmanes. Nous accueillons rarement des femmes qui ne travaillent pas. La violence conjugale peut avoir des conséquences graves sur tous les membres de la famille.
Des conséquences désastreuses pour la famille
Selon M Tanoh Roger, conseillé matrimonial, les enfants, souvent témoins des scènes, subissent un déséquilibre psychologique qui peut se traduire par un sentiment d'insécurité, la haine pour le père, des troubles de comportement. Toutes choses qui auront une incidence fâcheuse sur leurs résultats scolaires. Parfois, les plus grands essaient de protéger leur mère et les plus jeunes. Certains enfants finissent par faire des fugues pour ne pas assister impuissants au calvaire de leur génitrice. D'autres s'adonnent à la consommation de la drogue, de l'alcool ainsi qu'à d'autres vices. " Mon fils est devenu bizarre ces temps-ci. Il ne s'ouvre plus à moi. Son résultat scolaire est si médiocre que nous avons été convoqués par son école. Et le psychologue nous a indiqué que l'atmosphère familiale était la cause de cette situation ". Nous explique dame victorine. Toujours selon M Tanoh Roger, d'autres enfants par contre développent une tolérance de la violence et en font une arme d'expression et de résolution des conflits. " Face aux mauvais traitements que je subis chaque jour, mon fils aîné a quitté la maison. Je crains qu'il ne devienne un bandit " s'inquiète A. K. Aussi, les hommes doivent-ils comprendre que la violence sur les partenaires est un frein à l'évolution de la famille et de la nation. Pour combattre la violence sur les femmes, des associations et Ong existent sur le terrain. Il leur faut retrousser les manches, car l'heure est de plus en plus grave. Quand au ministère de la famille et de la femme, il doit songer à des campagnes de sensibilisation ainsi qu'à de mesures plus dissuasives.
sangabou2000@yahoo.fr
Jadis cloîtrée au foyer et juste à la perpétuation de l'espèce, la femme est devenue aujourd'hui incontournable dans le développement des sociétés. Malgré ce changement notable dans son statut, ses droits sont bafoués par des hommes qui leur infligent un traitement de seconde zone quand il n'est pas humiliant et dégradant. La violence sur les femmes est un phénomène universel, présent dans toutes les sociétés, indépendamment de leur degré de développement. En Côte d'Ivoire, c'est un phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur. Même si nous ne disposons pas de statistiques pour situer l'ampleur, toujours est-il qu'il ne se passe pas de jours sans que des femmes ne soient battues ou humiliées par leurs conjoints. Ainsi dame T. O. ménagère à Abobo, subit très souvent les agressions de la part de son mari. " Lorsque mon mari rentre tard, il se plaint que je ne lui ai pas vite ouvert la porte. Il pense que c'est pour exprimer ma jalousie que j'agis ainsi. Alors que c'est le sommeil. Et chaque fois, il me frappe. Mes cris réveillent les enfants qui sont aujourd'hui traumatisés ". Relate-t- elle. Tout comme elle, dame B. Maïmouna, commerçante à Adjamé, dit avoir plusieurs fois été victimes des coups et blessures de son compagnon. " J'aime bien mon homme. Mais, il veut m'isoler par jalousie. Pour un ''oui'' ou pour un ''non'', il me bat même en présence des enfants. Regarde toutes cicatrices que j'ai actuellement. J'ai l'oreille gauche qui me fait constamment mal ". Les viols conjugaux sont devenues monnaies courantes.
Le viol conjugal
De nombreuses femmes sont victimes de cette forme de violence dans leurs foyers. Elles disent avoir été obligées de faire l'amour même quand elles n'en n'ont pas envie. C'est dire qu'avec ou sans leur consentement, les conjoints satisfont leur libido. " Chaque nuit, que je veuille ou non, je fais l'amour avec mon mari. Même malade, il insiste pour coucher avec moi. Lorsque je refuse, il me viole. Je me débats, mais pour finir, je cède. D'ailleurs, si je lui résiste trop, il me bat, se satisfait sans ce soucier de ce que je ressens ". Dénonce dame Sidonie. Il importe de souligner par ailleurs que certaines sociétés ignorent la notion de viol conjugal. Au contraire, refuser d'avoir des rapports sexuels avec son mari constitue un crime de lèse-majesté, sévèrement puni. Ainsi, lorsque les voisins attirés par les cris d'une femme battue trouvent au seuil de la porte le pantalon de l'homme, ils rebroussent chemin. Tout simplement parce qu'un femme ''rebelle'' au lit ne mérite pas d'intercession auprès de son ''maître''. La plupart des femmes victimes des coups et blessures et autres agressions intériorisent leur situation et se résignent. Soit par respect pour la tradition ou par amour pour leurs enfants. " Les femmes n'aiment pas exposer leur problème. Une femme qui parle des problèmes du couple n'est pas une bonne femme ". Dans certaines sociétés, africaines, le mariage est considéré comme une providence et le divorce comme un drame. Pour les femmes issues de ces communautés, il vaut mieux avoir un mauvais mariage, subir la violence du conjoint que de vivre le célibat, facteur de mépris et de toutes sortes de rejets. Ainsi, dans une cour commune de Koumassi, un homme excédé par les violences physiques d'un de ses voisins sur sa conjointe le menace de faire appel à la police s'il n'arrête pas. Et la femme est venue le supplier en ces termes : " Pardon monsieur ! Si tu envoies mon mari à la police, qu'est ce que je vais dire au village ? C'est l'honneur de ma famille qui sera en jeu. Que va faire ma mère ? Elle sera la risée de tous pour avoir mis au monde une fille rebelle et indigne. Je t'en prie. Si mon mari me frappe, il faut lui demander seulement pardon ". Pour sa part, K.C est formelle : " j'ai fait le travail de bonne depuis plus de 30 ans. Où voulez vous que j'aille. Mes frères qui sont en ville ont des maisons très étroites. Même si mon mari me bat et me blesse souvent, je préfère rester avec lui. Ne vous inquiétez pas pour mon œil poché, ça va passer. Tu sais, mon mari est un ange quand il ne boit pas ".
Le conseil sans commentaire d'une grand-mère
Que dire alors des conseils de cette grand-mère lorsque nous avons demandé son avis sur le viol conjugal. " Mon petit, les blancs sont en train de vous blaguer. Quelle est encore cette histoire de viol conjugal ? N’a t-on pas dit que la femme appartient corps et âme à son mari ? Femme, ne te rebelle jamais contre ton mari. Veux tu avoir le secret de la réussite et de la ''baraka'' (bénédiction) pour tes enfants et ta descendance ? Sois une femme soumise à ton mari surtout dans vos rapports intimes. Ne sois pas une poule. Sois plutôt la femelle du canard. Tu vois, chaque jour, les poulets sont sacrifiés aussi bien par les croyants que par les féticheurs. Mais le jour où un homme donne en guise de sacrifice, un canard, il fera la prison tout simplement par ce que le canard femelle est par excellence, le symbole de la soumission au mâle en matière sexuelle, contrairement à la poule que le coq doit toujours dompter avant de passer à l'acte sexuel ". Que peut dire une matraquée avec ce genre de conseils. Peut-elle saisir les juridictions compétentes en cas de violence ? Toujours est-il que des femmes victimes de violence ont recours à la justice. Selon Mme N'Dri avocate, " elles sont nombreuses les femmes qui viennent au tribunal se plaindre de leur mari. Chaque jour, nous recevons des dossiers. Aujourd'hui (Ndlr : vendredi dernier), j'ai cinq dossiers sous la main. Sachez que la majorité des femmes qui saisissent les tribunaux sont des intellectuelles qui ont une fonction rémunérée… Elles viennent souvent avec un œil tuméfié et des certificats médicaux. Ce sont pour la plupart des femmes musulmanes. Nous accueillons rarement des femmes qui ne travaillent pas. La violence conjugale peut avoir des conséquences graves sur tous les membres de la famille.
Des conséquences désastreuses pour la famille
Selon M Tanoh Roger, conseillé matrimonial, les enfants, souvent témoins des scènes, subissent un déséquilibre psychologique qui peut se traduire par un sentiment d'insécurité, la haine pour le père, des troubles de comportement. Toutes choses qui auront une incidence fâcheuse sur leurs résultats scolaires. Parfois, les plus grands essaient de protéger leur mère et les plus jeunes. Certains enfants finissent par faire des fugues pour ne pas assister impuissants au calvaire de leur génitrice. D'autres s'adonnent à la consommation de la drogue, de l'alcool ainsi qu'à d'autres vices. " Mon fils est devenu bizarre ces temps-ci. Il ne s'ouvre plus à moi. Son résultat scolaire est si médiocre que nous avons été convoqués par son école. Et le psychologue nous a indiqué que l'atmosphère familiale était la cause de cette situation ". Nous explique dame victorine. Toujours selon M Tanoh Roger, d'autres enfants par contre développent une tolérance de la violence et en font une arme d'expression et de résolution des conflits. " Face aux mauvais traitements que je subis chaque jour, mon fils aîné a quitté la maison. Je crains qu'il ne devienne un bandit " s'inquiète A. K. Aussi, les hommes doivent-ils comprendre que la violence sur les partenaires est un frein à l'évolution de la famille et de la nation. Pour combattre la violence sur les femmes, des associations et Ong existent sur le terrain. Il leur faut retrousser les manches, car l'heure est de plus en plus grave. Quand au ministère de la famille et de la femme, il doit songer à des campagnes de sensibilisation ainsi qu'à de mesures plus dissuasives.
sangabou2000@yahoo.fr