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Politique Publié le vendredi 31 juillet 2009 | Notre Voie

A tout vent : Démocratie à la Mabri

Doit-on l’ignorer ou faut-il en être offusqué ? Le mercredi 29 juillet dernier, Albert Mabri Toikeusse , a animé un meeting au stade Léon Robert de Man (Ouest du pays). Il marquait ainsi le clou de sa tournée politique, une pré-campagne électorale, entamée le 14 juillet dans la région des montagnes pour, dit-il, “mobiliser les militants de l’UDPCI”. Fait à retenir, Mabri Toikeusse portait au cours de cette tournée et lors du meeting de Man, la triple casquette de ministre de la République, de chef de parti politique et de candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue pour le 29 novembre 2009. Sans se départir d’aucun de ces titres, il a attaqué le président de la République, Laurent Gbagbo. L’a qualifié de “fossoyeur” de l’UDPCI, de Chef de l’Etat dont “la présidence a été un échec” et de gestionnaire “douteux” des deniers publics. D’autant que sur ce dernier point, rapportent certains Quotidiens dans leur édition d’hier, Mabri Toikeusse a soutenu, sur la base de son expérience d’ancien ministre de la Santé publique, que “l’argent pour l’application de l’assurance maladie universelle (AMU) a été décaissé par l’Etat sans qu’on ne sache ce qu’il est devenu”. En d’autres mots, Mabri Toikeusse laisse planer une suspicion de détournement des fonds que l’Etat aurait alloué à l’AMU. Quand on sait que le projet AMU constitue un des points majeurs du programme du président Gbagbo et que le Chef de l’Etat a justement détaché des cadres de son parti d’origine, le FPI, pour le conduire ; on comprend aisément le sens des accusations portées par Mabri. Pour se donner de la contenance, l’actuel ministre des Transports a affirmé devant les populations rassemblées au stade de Man que “sur le terrain, Laurent Gbagbo a échoué et la Côte d’Ivoire a besoin d’un nouveau contrat social”, rapporte le quotidien gouvernemental Fraternité Matin.

Ces propos tenus par Mabri Toikeusse sont graves à plusieurs niveaux et ne devraient pas être ignorés au nom du destin de la Côte d’Ivoire d’être une démocratie, sans cesser d’être une République. Un homme politique digne de ce nom, qu’il soit en campagne ou non, ne devrait pas sortir de telles accusations sur son adversaire potentiel ou non, s’il n’en a pas les preuves.

Ensuite, c’est un principe républicain que toutes les démocraties ont fait sien, on ne peut pas être ministre d’un gouvernement ; continuer de jouir des prérogatives de l’exécutif, et tenir de tels propos à l’endroit du président de la République, Chef de l’exécutif, garant de toutes les institutions de la République dont le gouvernement constitue l’une des émanations. Dans un régime présidentiel comme le nôtre ; si M. Mabri veut critiquer le Chef de l’Etat ou le gouvernement, ce qui est son droit en tant que citoyen (encore que ce qu’il dit est très discutable), qu’il rende sa démission du gouvernement pour arborer exclusivement la casquette de leader politique et de candidat à la présidentielle.

Autrement dit, ça fait cacophonie. Même si certains politiciens d’ici ou d’ailleurs pensent à tort que la démocratie se résume à cette réflexion de Jean-Louis Barrault (1910-1994), metteur en scène et directeur du théâtre français, qui disait que “la dictature, c’est ferme la gueule ; la démocratie, c’est cause toujours”.

Mais alors doit-on causer toujours même lorsqu’on débite des fadaises, des contrevérités et de la démagogie ? La démocratie, sous nos cieux, doit-elle se jauger à l’aune de cette liberté d’expression à la Mabri Toikeusse et à la Kobenan Kouassi Adjoumani? Une liberté de parole qui n’a aucun égard pour la République et ses institutions !


Par Didier Depry ddepry@hotmail.com
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