Post Scriptum 5 - Sondage biaisé

Lorsqu’avant de nous envoler, le 21 juillet, pour Ouagadougou, la capitale du pays des Hommes intègres, nous avons reçu avant tout le monde, grâce à une relation au journal « Le point », les résultats du sondage de la Sofres, nous avons trouvé les chiffres si invraisemblables que nous avons longtemps hésité avant de les porter à la connaissance du grand public, de crainte de contribuer malgré nous, à une propagande. Finalement, sous le titre : « Voici les chiffres qui font rêver Gbagbo », nous avons informé les Ivoiriens de ce que le candidat du Fpi venait en première position avec 43, % des intentions de vote, Bédié avec 29% et Ouattara avec 28 %. En ce moment là, nous étions loin de nous imaginer que trois jours après, toute la presse allait faire de cette information ses choux gras. Certains confrères en ont même fait leur « exclusivité ». Qu’importe ! Nos réserves sur la fiabilité de ce sondage ne sont pas trop
liées au prétendu poids de chacun des ténors : Gbagbo, Bédié et Ouattara. Mais au pourcentage d’intentions de vote affecté aux autres prétendants au fauteuil présidentiel que sont Francis Wodié( Pit), Mabri Toikeusse( Udpci), Anaky Kobenan( Mfa), Gueu Dro Denis(Pci), Gnamien Konan( Upci) , Diomandé Mamadou( Rdp), Zémogo Fofana( Anci), Gaza Gazo( indépendant),Pierre Godé( Indépendant), Enise Kanaté ( Codemci), Sergent chef IB( Unir)... Selon Sofres, tout ce petit monde pèse Zéro %, ce qui est une grossière contrevérité. Comment croire que Francis Wodié qui sera à sa troisième participation à cette élection soit crédité de zéro% des voix. Il est tout autant aberrant d’indiquer que Mabri Toikeusse et l’Udpci qui ont fait main basse sur tout l’Ouest montagneux, ne puissent pas atteindre 1% .. Cette semaine, Jeune Afrique a donné des précisions sur « le sondage qui dérange ». On apprend ainsi que c’est à partir
d’un double échantillon de « 1000 personnes à Abidjan et mille autres ailleurs » que Tns Sofres a réalisé son enquête. Et que, c’est seulement 10 des 19 régions du pays qui ont été visitées. Quelles sont les 9 régions qui n’ont pas été dignes d’être prises en compte ? Pourquoi pour un tel travail commandité qui se veut sérieux, on ne prend pas le temps de couvrir tout le pays ? Il y a lieu de dire aux Ivoiriens pourquoi, on n’est pas allé partout. Y a véritablement anguille sous roche. Si pour Sokoury Bohui, « monsieur élections du Fpi », ce sondage « clarifie le débat politique », pour le président du Rdr, Alassane Ouattara, il est tout simplement « très amusant ». Djédjé Mady enfonce le clou : « ce sondage sent du pourri ». On le voit, la polémique va continuer d’enfler parce que le débat même sur la crédibilité des sondages est loin d’être clos. D’une manière générale, sondeur et
commanditaire donnent dans la manipulation. La façon de poser une question induit en soi une réponse. Il y a quelques mois en France alors que le débat sur "gagner plus en travaillant le dimanche», faisait rage. Afin de tenter d'influer les décisions, un journal de droite bien connu a décidé de commander un sondage. La question était :"Souhaitez-vous l'ouverture des magasins le dimanche?" La réponse? Oui à 75%. La semaine d'après, un journal de gauche non moins connu pose la question ainsi:"Etes-vous prêt à travailler le dimanche". La réponse fut tout aussi évidente, et néanmoins contraire: Non à 75%.Cet exemple illustre à merveille le côté vain des sondages: ils ne servent qu’à biaiser et pervertir le débat démocratique. Donc Gbagbo, Ado, Bédié…à vos marques car rien n’est joué!