En octobre 2007, Palé Jérémie, 36 ans, pasteur, fait la connaissance de Raph Makouba. Le second n’est pas un enfant de cœur. Il s’est présenté à son hôte comme étant un réfugié mozambicain qui venait de débarquer sur les bords de la lagune Ebrié. En réalité, il est d’origine soudanaise. « Après le culte, il a insisté pour me rencontrer parce qu’il a des problèmes. Il m’a expliqué qu’il est arrivé à bord d’un bateau qui a accosté à San Pedro. Selon lui, il avait assez de bagages qui sont restés avec les armateurs faute d’argent pour les récupérer », souligne Jérémie qui tombe dans le piège. Puisqu’il remet dans un premier temps 200.000 F cfa à Raph pour retirer ses affaires. C’est le début de l’arnaque. Une semaine plus tard, il refait surface cette fois-ci en compagnie d’un quidam. « Cet individu élégamment habillé tenait à me rassurer sur la véracité des dires du réfugié. Ce dernier s’est présenté comme le représentant des armateurs. Il a déclaré que si les affaires duraient avec eux, alors Raph perdrait ses bagages », rapporte le pasteur qui soutient que « son étranger » lui a demandé de compléter les 200.000 Fcfa à 1 million Fcfa. « Ce que j’ai fait. Après avoir reçu cette somme, Raph a disparu environ une semaine sans donner signe de vie », ajoute-t-il. Mais, le bonimenteur savait bien ce qu’il faisait. Il se présente de nouveau au pasteur avec d’autres arguments. « Il m’a laissé entendre que les armateurs qui ont réalisé la qualité des affaires réclament finalement sept millions de Fcfa. Je lui ai trouvé six millions de Fcfa. Cela fait un total de sept millions fcfa», précise Jérémie. Après avoir reçu l’argent, Raph met le guide religieux devant le fait accompli. «Il m’a avoué que c’est une affaire de billet noirs à faire laver. Je lui ai manifesté ma réprobation et j’ai exigé le remboursement intégral de mon dû », mentionne le pasteur. Raph et son acolyte prennent le large. Deux ans plus tard, le larron est rattrapé par les faits. « Je l’ai surpris le 15 juillet 2009 quelque part aux II-Plateau les vallons », soutient la victime. Conduit au commissariat de police du 18èmearrondissement, Raph reconnaît les faits d’escroquerie portant sur la somme de sept millions Fcfa. Le 28 juillet, à la barre du tribunal des flagrants délits du Plateau, il réitère ses aveux. « J’ai joué sur ses sentiments de bon chrétien. Le rôle de mon frère Senna était de se faire passer pour l’un des armateurs. Je suis parvenu à lui faire croire que les bagages étaient de grande quantité. Je lui ai dit que j’avais des euros dont il serait bénéficiaire s’il m’aidait à les faire sortir », affirme le prévenu. « En lui miroitant cette possibilité de s’enrichir, j’ai réussi à lui soutirer la somme totale de sept millions de Fcfa. Dès que nous avons reçu cet argent nous avons disparu », avoue-t-il. Mais, aujourd’hui, fait remarquer le juge, vous êtes devant le tribunal. Selon le prévenu, il a dépensé la totalité de l’argent lors des funérailles de son père, au Soudan. « A mon retour, j’ai appris que Senna s’est rendu en Afrique du Sud où il réside désormais », se défend Raph. Cependant, le tribunal l’a envoyé à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca) où il restera pour cinq ans fermes.
Bahi K.
Bahi K.