Ivoirenews - Le révérend Jesse Jackson va séjourner en Côte d’ivoire du lundi 10 au mercredi 13 août. L’information a fait la « Une » de plusieurs quotidiens ivoiriens. Cependant, ce qui manque au « scoop » c’est la somme déboursée par le camp présidentiel pour financer cette opération de charme de l’électorat ivoirien.
Ceux des Ivoiriens – très nombreux on s’en doute – qui pensent que le révérend américain Jesse Jackson se rend en Côte d’Ivoire pour les beaux yeux des Ivoiriens ou de leur président, peuvent se remettre de leurs illusions. Ce voyage en terre d’Eburnie n’est juste qu’une opération de lobbying qui va coûter aux contribuables ivoiriens des centaines de milliers de dollars.
Les élections présidentielles prochaines étant l’affaire des Ivoiriens, d’où vient alors que Laurent Gbagbo s’acharne à faire défiler, en Côte d’ivoire, des ressortissants américains, alors que ses partisans le présentent comme étant « le candidat des Ivoiriens » ? C’est d’abord le porte-parole du président Gbagbo, M. Gervais Coulibaly qui, à travers Cap URLG, a fait brandir à la télévision ivoirienne, des « Américains » venus prendre part au Colloque international sur la réélection du candidat Gbagbo. Ensuite c’est Blé Goudé, président du Cojep, qui a annoncé la « bonne nouvelle » de l’arrivée prochaine du révérend Jesse Jackson.
Pour comprendre ses motivations, il faut remonter à l’année 2001. Juste après son élection « calamiteuse » en 2000, Laurent Gbagbo signe avec la firme américaine – Valis & Associates, dirigée par Wayne Valis - un contrat de lobbying pour embellir son image et celle de son régime auprès de la classe politique américaine. Coût de l’opération : 35.000 dollars versés à la signature du contrat (mars 2001) en plus d’un décaissement mensuel de 16.700 dollars.
Malgré les montants astronomiques engloutis dans l’opération, Laurent Gbagbo n’a jamais réussi, en huit ans de pouvoir, à approcher de 100 mètres, la clôture de la Maison Blanche, encore moins celle du Département d’Etat. De guerre las, le président ivoirien a fini par jeter l’éponge, en attribuant cet échec au président George Bush et au parti républicain, réputés plus intransigeants.
Aussi, dès l’élection du démocrate Barack Obama, Laurent Gbagbo s’empresse t-il d’envoyer au successeur de George Bush, un message de félicitations, lui promettant de se « mettre à sa disposition ( !?) ». Non seulement ce message chaleureux est resté sans suite, pis, c’est au Ghana voisin que « Air Force One » le Boeing présidentiel a atterri, quelques mois plus tard, en guise de première sortie officielle du chef de l’exécutif américain sur le sol africain.
Durant ce bref séjour au pays de Kwamé Nkrumah, ni la Côte d’Ivoire voisine, encore moins son président ne sont mentionnés par Barack Obama lors de son allocution au Parlement ghanéen.
La cause était ainsi entendue du côté d’Abidjan chez ceux qui gardaient encore un brin d’espoir.
Jackson, la pièce de rechange
A défaut du premier président noir des Etats-Unis, Laurent Gbagbo va se contenter de l’honneur de recevoir un autre symbole de la lutte des droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. A défaut du noble, on se contente donc du roturier. La question, cependant, est de savoir si le camp présidentiel a fait le bon choix. Rien n’est moins certain. Car le révérend Jesse Jackson n’est plus, aux Etats-Unis, le leader charismatique et l’autorité morale qu’il fut ces vingt dernières années.
Scandale sexuel
Jesse Jackson, his mistress, and his wife.
Le 19 janvier 2001, l’Amérique apprend, médusée, que le révérend Jesse Jackson est le père d’une fillette de dix mois, née d’une relation illégitime avec son assistante Karine Stanford. Dix-neuf mois plus tôt, le président Bill Clinton était encore au pouvoir. Les faits sont d’autant plus choquants que Jesse Jackson était son conseiller aux affaires morales et spirituelles. Pour camoufler son acte abject, le révérend Jackson verse à son assistante enceinte, la somme de 40.000 dollars et elle quitte son bureau de Washington sur la pointe des pieds pour s’installer discrètement en Californie. En outre, elle reçoit un versement mensuel de 3.000 dollars, le tout prélevé sur les comptes de la Rainbow/PUSH Coalition, une ONG de défense des droits civiques. Le pot aux roses est malheureusement découvert et révélé par le magazine américain « National Inquirer ».
Jackson est obligé de se confesser publiquement et annonce son retrait de la vie publique pour se consacrer au resserrement des liens avec sa famille.
Médiations lucratives
Le révérend Jesse Jackson n’est pas un philanthrope. Après une brillante carrière politique pendant laquelle il a su s’imposer au parti démocrate, l’homme a troqué sa veste de défenseur des droits civiques des Noirs contre celle du politicien-businessman. Médiateur dans de nombreux conflits opposant des employés noirs à leurs employeurs blancs, le révérend Jackson s’est spécialisé dans les règlements à l’amiable avec compensations financières. Faisant de la maxime « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès » son crédo, le médiateur est parvenu à faire décaisser par de nombreux businessmen blancs, des sommes colossales pour « calmer » les plaignants noirs. En somme, les médiations du révérend sont très lucratives. Jesse Jackson a fait de la victimisation des Noirs, sa stratégie de lutte pour les droits civiques. Une conception qui consiste à présenter le Noir comme la victime du Blanc, donc à excuser son échec.
Jackson, l’anti-Obama
Jesse Jackson, après le scandale sexuel, se porte lui-même le coup de grâce en s’attaquant à Barack Obama. Lors d’un discours de campagne, Barack Obama n’a pas hésité à fustiger les pères noirs qui fuient leurs responsabilités en ne s’occupant pas des enfants dont ils sont les géniteurs. Obama s’est pris en exemple, lui qui n’ayant pas connu son père est tout de même devenu un père exemplaire pour ses filles.
Cela aura suffi à Jesse Jackson pour sortir de ses gonds, voyant dans ces propos une antithèse de sa stratégie de victimisation. De plus, le succès de Barack Obama donne la preuve que tout Américain peut se retrouver au sommet de la hiérarchie sociale par son mérite personnel et indépendamment de la couleur de sa peau. La réaction ne s’est pas fait attendre.
Pendant qu’il attend le début d’une émission à laquelle il est invité sur la chaine « Fox News » et ne sachant pas que son micro est ouvert, Jesse Jackson chochotte à un invité : « Barack is talking down to black people. I am going to cut his nuts out ». Traduction: Barack parle mal aux Noirs. Je vais lui arracher les couilles.
Jesse Jackson on Barack Obama; "I Wanna Cut His Nuts Off"
Le producteur de l’émission qui a tout entendu et enregistré, ne se fait pas prier pour remettre la cassette au célèbre présentateur Bill O’Reilley qui la diffuse au journal de 20 heures. C’est l’émoi au sein du parti démocrate. Le propre fils du révérend, le congresseman de l’Illinois, Jesse Jackson Jr, alors membre de l’équipe de campagne d’Obama, se désolidarise de son père et condamne vivement ses propos.
Encore une fois, Jesse Jackson s’adresse solennellement aux Américains, présente des excuses à Barack Obama et au parti démocrate, très embarrassés par ces propos grossiers. C’est la disgrâce de fait du révérend Jackson qui est désormais au crépuscule de sa carrière politique, en dépit de ses agitations occasionnelles.
Tout récemment, lors de la mort du roi de la pop, Michael Jackson, le révérend Jesse Jackson a essayé de s’immiscer dans l’affaire en donnant de la voix pour réclamer une enquête judicaire. Malgré son agitation et en dépit du patronyme commun, c’est le révérend Al Sharpton que la famille de Michael Jackson a choisi pour prononcer l’oraison funèbre.
C’est à ce leader noir américain, jadis espoir de millions d’Américains, malheureusement tombé en disgrâce à cause de ses propres turpitudes, que Laurent Gbagbo fait un clin d’œil pour booster son image sur les scènes nationale et internationale.
On pourrait bien se demander qui des deux infirmes sert de béquilles à l’autre ?
Cela aurait été une simple histoire drôle s’il ne s’agissait de centaines de millions de francs des contribuables ivoiriens engloutis dans cette opération de lobbying. Car, c’est en jet privé que le révérend fera le voyage en aller et retour. Sans compter la centaine de milliers de dollars qui a dû être déjà encaissée par le révérend Jackson pour son onction du candidat Gbagbo.
Siriki Gbané
Washington, DC
Ceux des Ivoiriens – très nombreux on s’en doute – qui pensent que le révérend américain Jesse Jackson se rend en Côte d’Ivoire pour les beaux yeux des Ivoiriens ou de leur président, peuvent se remettre de leurs illusions. Ce voyage en terre d’Eburnie n’est juste qu’une opération de lobbying qui va coûter aux contribuables ivoiriens des centaines de milliers de dollars.
Les élections présidentielles prochaines étant l’affaire des Ivoiriens, d’où vient alors que Laurent Gbagbo s’acharne à faire défiler, en Côte d’ivoire, des ressortissants américains, alors que ses partisans le présentent comme étant « le candidat des Ivoiriens » ? C’est d’abord le porte-parole du président Gbagbo, M. Gervais Coulibaly qui, à travers Cap URLG, a fait brandir à la télévision ivoirienne, des « Américains » venus prendre part au Colloque international sur la réélection du candidat Gbagbo. Ensuite c’est Blé Goudé, président du Cojep, qui a annoncé la « bonne nouvelle » de l’arrivée prochaine du révérend Jesse Jackson.
Pour comprendre ses motivations, il faut remonter à l’année 2001. Juste après son élection « calamiteuse » en 2000, Laurent Gbagbo signe avec la firme américaine – Valis & Associates, dirigée par Wayne Valis - un contrat de lobbying pour embellir son image et celle de son régime auprès de la classe politique américaine. Coût de l’opération : 35.000 dollars versés à la signature du contrat (mars 2001) en plus d’un décaissement mensuel de 16.700 dollars.
Malgré les montants astronomiques engloutis dans l’opération, Laurent Gbagbo n’a jamais réussi, en huit ans de pouvoir, à approcher de 100 mètres, la clôture de la Maison Blanche, encore moins celle du Département d’Etat. De guerre las, le président ivoirien a fini par jeter l’éponge, en attribuant cet échec au président George Bush et au parti républicain, réputés plus intransigeants.
Aussi, dès l’élection du démocrate Barack Obama, Laurent Gbagbo s’empresse t-il d’envoyer au successeur de George Bush, un message de félicitations, lui promettant de se « mettre à sa disposition ( !?) ». Non seulement ce message chaleureux est resté sans suite, pis, c’est au Ghana voisin que « Air Force One » le Boeing présidentiel a atterri, quelques mois plus tard, en guise de première sortie officielle du chef de l’exécutif américain sur le sol africain.
Durant ce bref séjour au pays de Kwamé Nkrumah, ni la Côte d’Ivoire voisine, encore moins son président ne sont mentionnés par Barack Obama lors de son allocution au Parlement ghanéen.
La cause était ainsi entendue du côté d’Abidjan chez ceux qui gardaient encore un brin d’espoir.
Jackson, la pièce de rechange
A défaut du premier président noir des Etats-Unis, Laurent Gbagbo va se contenter de l’honneur de recevoir un autre symbole de la lutte des droits civiques des Noirs aux Etats-Unis. A défaut du noble, on se contente donc du roturier. La question, cependant, est de savoir si le camp présidentiel a fait le bon choix. Rien n’est moins certain. Car le révérend Jesse Jackson n’est plus, aux Etats-Unis, le leader charismatique et l’autorité morale qu’il fut ces vingt dernières années.
Scandale sexuel
Jesse Jackson, his mistress, and his wife.
Le 19 janvier 2001, l’Amérique apprend, médusée, que le révérend Jesse Jackson est le père d’une fillette de dix mois, née d’une relation illégitime avec son assistante Karine Stanford. Dix-neuf mois plus tôt, le président Bill Clinton était encore au pouvoir. Les faits sont d’autant plus choquants que Jesse Jackson était son conseiller aux affaires morales et spirituelles. Pour camoufler son acte abject, le révérend Jackson verse à son assistante enceinte, la somme de 40.000 dollars et elle quitte son bureau de Washington sur la pointe des pieds pour s’installer discrètement en Californie. En outre, elle reçoit un versement mensuel de 3.000 dollars, le tout prélevé sur les comptes de la Rainbow/PUSH Coalition, une ONG de défense des droits civiques. Le pot aux roses est malheureusement découvert et révélé par le magazine américain « National Inquirer ».
Jackson est obligé de se confesser publiquement et annonce son retrait de la vie publique pour se consacrer au resserrement des liens avec sa famille.
Médiations lucratives
Le révérend Jesse Jackson n’est pas un philanthrope. Après une brillante carrière politique pendant laquelle il a su s’imposer au parti démocrate, l’homme a troqué sa veste de défenseur des droits civiques des Noirs contre celle du politicien-businessman. Médiateur dans de nombreux conflits opposant des employés noirs à leurs employeurs blancs, le révérend Jackson s’est spécialisé dans les règlements à l’amiable avec compensations financières. Faisant de la maxime « un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès » son crédo, le médiateur est parvenu à faire décaisser par de nombreux businessmen blancs, des sommes colossales pour « calmer » les plaignants noirs. En somme, les médiations du révérend sont très lucratives. Jesse Jackson a fait de la victimisation des Noirs, sa stratégie de lutte pour les droits civiques. Une conception qui consiste à présenter le Noir comme la victime du Blanc, donc à excuser son échec.
Jackson, l’anti-Obama
Jesse Jackson, après le scandale sexuel, se porte lui-même le coup de grâce en s’attaquant à Barack Obama. Lors d’un discours de campagne, Barack Obama n’a pas hésité à fustiger les pères noirs qui fuient leurs responsabilités en ne s’occupant pas des enfants dont ils sont les géniteurs. Obama s’est pris en exemple, lui qui n’ayant pas connu son père est tout de même devenu un père exemplaire pour ses filles.
Cela aura suffi à Jesse Jackson pour sortir de ses gonds, voyant dans ces propos une antithèse de sa stratégie de victimisation. De plus, le succès de Barack Obama donne la preuve que tout Américain peut se retrouver au sommet de la hiérarchie sociale par son mérite personnel et indépendamment de la couleur de sa peau. La réaction ne s’est pas fait attendre.
Pendant qu’il attend le début d’une émission à laquelle il est invité sur la chaine « Fox News » et ne sachant pas que son micro est ouvert, Jesse Jackson chochotte à un invité : « Barack is talking down to black people. I am going to cut his nuts out ». Traduction: Barack parle mal aux Noirs. Je vais lui arracher les couilles.
Jesse Jackson on Barack Obama; "I Wanna Cut His Nuts Off"
Le producteur de l’émission qui a tout entendu et enregistré, ne se fait pas prier pour remettre la cassette au célèbre présentateur Bill O’Reilley qui la diffuse au journal de 20 heures. C’est l’émoi au sein du parti démocrate. Le propre fils du révérend, le congresseman de l’Illinois, Jesse Jackson Jr, alors membre de l’équipe de campagne d’Obama, se désolidarise de son père et condamne vivement ses propos.
Encore une fois, Jesse Jackson s’adresse solennellement aux Américains, présente des excuses à Barack Obama et au parti démocrate, très embarrassés par ces propos grossiers. C’est la disgrâce de fait du révérend Jackson qui est désormais au crépuscule de sa carrière politique, en dépit de ses agitations occasionnelles.
Tout récemment, lors de la mort du roi de la pop, Michael Jackson, le révérend Jesse Jackson a essayé de s’immiscer dans l’affaire en donnant de la voix pour réclamer une enquête judicaire. Malgré son agitation et en dépit du patronyme commun, c’est le révérend Al Sharpton que la famille de Michael Jackson a choisi pour prononcer l’oraison funèbre.
C’est à ce leader noir américain, jadis espoir de millions d’Américains, malheureusement tombé en disgrâce à cause de ses propres turpitudes, que Laurent Gbagbo fait un clin d’œil pour booster son image sur les scènes nationale et internationale.
On pourrait bien se demander qui des deux infirmes sert de béquilles à l’autre ?
Cela aurait été une simple histoire drôle s’il ne s’agissait de centaines de millions de francs des contribuables ivoiriens engloutis dans cette opération de lobbying. Car, c’est en jet privé que le révérend fera le voyage en aller et retour. Sans compter la centaine de milliers de dollars qui a dû être déjà encaissée par le révérend Jackson pour son onction du candidat Gbagbo.
Siriki Gbané
Washington, DC