Jesse Jackson n’est pas Jack Lang et Didier Julia

Ceux qui ont pensé pouvoir manipuler le Révérend Jesse Louis Jackson doivent être en train de se mordre les doigts. Ils ont voulu mener en bateau la figure de proue de la lutte pour la liberté des noirs au pays de l’Oncle Sam. Mais ils ont été déboussolés. L’hôte de marque à qui ses conseillers ont dû certainement dire la vérité sur la réalité du terrain a échappé au contrôle des partisans du pouvoir qui entendaient l’entraîner sur un terrain afin d’en récolter les dividendes. Jesse Jackson qui a soutenu devant les jeunes patriotes et leur parrain Laurent Gbagbo qu’il n’est pas venu sur les bords de la Lagune Ebrié pour ‘’les beaux yeux’’ des Refondateurs mais plutôt pour apporter son soutien à la démocratie a aussitôt joint l’acte à la parole. Après ses déclarations au Palais de la Culture avant-hier, l’homme de Dieu a décidé d’avoir lui-même une idée du paysage politique du pays. C’est dans ce sens qu’il s’est décidé à rencontrer la classe politique ivoirienne dans son ensemble. Il s’est rendu hier au cabinet du président du RDR, Alassane Dramane Ouattara, candidat à l’élection présidentielle du 29 novembre prochain. L’hôte des Ivoiriens n’a certes pas été reçu par le président du PDCI Henri Konan Bédié lui-même. Mais les deux personnalités se sont parlé au téléphone. Durant plus d’une quinzaine de minutes, le président du PDCI et l’homme de Dieu ont échangé, selon le service de communication d’Henri Konan Bédié. Ils ont parlé des questions politiques de l’heure naturellement. Le Révérend Jesse Jackson devait se rendre au domicile du président du PDCI, mais le calendrier des deux hommes ne l’a pas permis. Le candidat du PDCI ayant une urgence à Daoukro, s’y est rendu. Hier matin, Jesse Jackson a été reçu en audience par le Premier ministre Guillaume Soro à la Primature. Par ces audiences le Révérend confirme ce qu’il avait déjà dit. A savoir soutenir la démocratie. Il ne pouvait en être autrement. On ne peut pas s’appeler Révérend Jesse Louis Jackson, avoir été le symbole d’une la lutte aussi noble que la cause des noirs et se laisser mener en bateau par une pseudo association tout aussi dirigée par un pseudo patriote. Jesse Jackson a donc montré et démontré qu’il est digne de son rang. Il n’est pas un homme de la trempe des Jack Lang et autres Didier Julia, qui sont venus en Côte d’Ivoire s’asservir pour des intérêts tout aussi mesquins que pécuniaire. Le premier s’est même rendu en compagnie de Gbagbo et sa fille à la Rue Princesse, le symbole de la dépravation des mœurs à Abidjan. Le second Didier Julia, un député UMP (Union pour un Mouvement Populaire, parti de Jacques Chirac), a en effet décidé qu’il allait faire libérer Christian Chesnot et Georges Malbrunot, les deux journalistes français détenus en Irak en août 2004 par un groupe islamiste armé. Mais plus surprenante est l’apparition du Président ivoirien Laurent Gbagbo dans l’affaire. Il aurait mis à disposition de Didier Julia un jet privé afin qu’il puisse se rendre en urgence à Damas (Syrie). Cet avion aurait été affrété par le «docteur Mustapha Aziz», que l’on dit saoudien ou marocain, marchand d’armes, et qui présente comme particularité d’être conseiller diplomatique de la Côte d’Ivoire auprès de l’Unesco. Le résultat? Il s’est avéré tout simplement catastrophique. Jesse Jackson est un homme digne.

Yves-M. ABIET